Pniné Halakha

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05. S’il est permis de faire Min’ha après avoir reçu la tosséfet Chabbat

Dans certaines synagogues, c’est le soir de Chabbat, après le coucher du soleil, que l’on achève l’office de Min’ha du vendredi ; de sorte que, si l’on attendait la fin de l’office de Min’ha pour accueillir le Chabbat, celui-ci serait déjà entré de lui-même, et l’on ne pourrait accomplir la mitsva de tosséfet Chabbat. La question qui se pose est donc : peut-on accueillir la sainteté de Chabbat et réciter ensuite la prière de Min’ha des jours de semaine ?

De l’avis de certains décisionnaires, celui qui prend sur soi de recevoir le Chabbat ne peut plus réciter la prière de Min’ha, car il est impossible de dire la prière des jours profanes dès lors que le Chabbat a commencé ; et l’on ne peut pas non plus réciter Min’ha de Chabbat, car cette prière n’a été instituée que pour la journée de Chabbat. Par conséquent, selon cet avis, si l’on a, par erreur, déjà pris sur soi de recevoir Chabbat avant d’avoir récité Min’ha, on a manqué ladite prière, et l’on récitera donc deux fois la ‘Amida d’Arvit : la première fois au titre d’Arvit même, la seconde à titre de remplacement (tachloumin) pour la prière de Min’ha que l’on aura manquée (Choul’han ‘Aroukh 263, 15 ; Michna Beroura 263, 60). La règle est la même pour la femme : il lui est interdit de réciter Min’ha après avoir allumé les veilleuses, car comment pourrait-elle faire une prière afférente aux jours profanes après avoir accueilli le Chabbat ? Si donc elle souhaite remplacer la prière de Min’ha, elle récitera deux fois la ‘Amida d’Arvit (Michna Beroura 263, 43). Par conséquent, la seule conduite à recommander a priori est de réciter Min’ha alors qu’il fait encore jour, avant d’accueillir le Chabbat. En un lieu où la communauté récite Min’ha après le coucher du soleil, on devra prendre les devants et faire seul sa prière de Min’ha, afin d’avoir le temps d’accueillir le Chabbat avant le coucher du soleil, car la mitsva toranique de tosséfet Chabbat a priorité sur la mitsva rabbinique consistant à prier en minyan (Chemirat Chabbat Kehilkhata 46, 5).

Toutefois, de l’avis d’autres décisionnaires, on peut dire la prière de Min’ha des jours profanes, même après avoir pris sur soi la tosséfet Chabbat. En effet, selon eux, l’accueil de la tosséfet Chabbat oblige seulement à se garder de tous les interdits sabbatiques dont la source est toranique, tandis qu’il est permis de réciter Min’ha des jours profanes. Et de la même manière qu’il est permis de faire, durant la période de tosséfet Chabbat, des choses que les sages ont interdites pendant Chabbat, du moment qu’on les fait pour les besoins d’une mitsva, de même est-il permis de réciter Min’ha des jours de semaine. Ce n’est que si l’on reçoit le Chabbat au sein de l’assemblée des fidèles qu’il sera interdit de réciter Min’ha des jours de semaine. Par conséquent, si l’on n’a pas encore dit Min’ha et que le coucher du soleil approche, on accueillera la tosséfet Chabbat en le déclarant oralement, puis on dira Min’ha de semaine (Tsits Eliézer XIII 42 ; Min’hat Yits’haq IX 20). Selon certains, il faut avoir soin, dans un tel cas, de n’accueillir la tosséfet Chabbat qu’en pensée ; en effet, on peut également accueillir la tosséfet Chabbat par la simple pensée, et, d’un autre côté, dès lors que l’on a accueilli le Chabbat en pensée seulement, il est permis de réciter Min’ha des jours de semaine (Yabia’ Omer VII 34).

L’usage répandu est le suivant : si, dans une communauté, le coucher du soleil approche et que l’on n’ait pas encore récité Min’ha, on accueille la tosséfet Chabbat, par la parole ou en pensée, puis on récite Min’ha du jour profane.  Pour les femmes aussi, il est permis a posteriori de dire Min’ha après l’allumage des veilleuses. Mais a priori, si l’on sait que la communauté tarde à faire l’office de Min’ha, il sera préférable d’être quitte d’après tous les décisionnaires, et de dire Min’ha individuellement ; on aura ensuite le temps d’accueillir Chabbat avant le coucher du soleil. Et si l’on sait que l’on aura le temps d’accueillir la tosséfet Chabbat pendant la répétition de l’officiant, il vaut encore mieux prier avec la communauté puis, durant la répétition, on prendra sur soi la tosséfet Chabbat[6].


[6]. Selon la première opinion, si l’on arrive à la synagogue peu de temps avant le coucher du soleil et que l’on sache que, si l’on commençait à dire Min’ha des jours de semaine, on ne pourrait terminer sa propre ‘Amida avant le coucher du soleil, il sera préférable d’accueillir la tosséfet Chabbat puis, arrivé à ‘Arvit de Chabbat, de réciter deux fois la ‘Amida. C’est l’opinion du Michna Beroura 263, 43, du Chemirat Chabbat Kehilkhata et du Rav Mazouz. Une femme à qui il ne reste pas de temps pour réciter Min’ha avant d’allumer les bougies allumera les bougies et ne dira pas Min’ha. Si elle a l’habitude de dire Min’ha régulièrement, elle pourra réciter deux fois la ‘Amida d’Arvit de Chabbat, la deuxième fois en tant que prière de remplacement (tachloumin). Cf. La Prière juive au féminin 13, 6.

 

Selon la deuxième opinion, on accueillera la tosséfet Chabbat puis on récitera Min’ha des jours de semaine, car il est permis de réciter Min’ha des jours ouvrables après l’accueil de la tosséfet Chabbat. En effet, ce sont seulement les travaux qui sont interdits pendant la période de tosséfet Chabbat, et non la prière. C’est ce qu’écrit le Tsits Eliézer d’après le Zera’ Emet et d’autres A’haronim. C’est aussi l’opinion du Min’hat Yits’haq IX 20, qui ajoute une raison supplémentaire à cela : durant le Chabbat lui-même, en principe, on pourrait réciter la ‘Amida des jours ouvrables, et ce n’est que pour ne pas étendre trop longtemps la prière que nos sages ont institué une version plus courte. Par conséquent, en cas de besoin, on peut réciter Min’ha des jours de semaine après l’accueil de la tosséfet Chabbat. C’est aussi ce qu’exprime le Pisqé Techouvot 263 au nom d’autres A’haronim.

 

D’autres encore tiennent pour le second avis, mais ajoutent qu’il faut avoir soin de prendre sur soi la tosséfet Chabbat en pensée, et non en paroles ; c’est-à-dire de décider de s’abstenir à partir de maintenant de tout travail. Par cela, on accomplira la mitsva de tosséfet Chabbat et, parce que l’on n’aura pas mentionné cela verbalement, on pourra encore réciter Min’ha des jours ouvrables. C’est l’avis du Yabia’ Omer VII 34 p. 97, également mentionné dans le Liviat ‘Hen 6, et celui du Menou’hat Ahava I 5, 6.

 

Les A’haronim discutent encore d’un autre point : pour le Ye’havé Da’at VI 18, dans le cas où Arvit de Chabbat est dit en avance, si l’on répond à Barekhou [court texte dialogué entre l’officiant et les fidèles, en introduction à l’office] avec l’assemblée, on ne peut plus former l’intention de ne pas encore recevoir Chabbat, si bien que l’on ne peut plus dire Min’ha des jours de semaine. Selon le Igrot Moché III 37, si l’on émet en soi-même l’intention de ne pas recevoir encore le Chabbat, on pourra réciter Min’ha des jours ouvrables ; en ce cas, conformément à ce qu’explique le Choul’han ‘Aroukh 263, 15, on aura soin de prier en dehors de la synagogue.

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