Pniné Halakha

Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

24. Eau provenant d’un cumulus (chauffe-eau électrique)

Il est interdit, le Chabbat, de profiter d’une eau qui a été chauffée de manière interdite. En revanche, si l’eau a été chauffée sans qu’aucun acte interdit n’ait été accompli par nous, il nous sera permis d’en profiter pendant Chabbat. D’après cela, si un cumulus (chauffe-eau électrique) a été activé avant l’entrée de Chabbat, il devrait être permis, de prime abord, d’utiliser l’eau chaude qui en provient. Mais il y a un problème : nos cumulus sont fabriqués de telle façon que, à chaque fois que l’on ouvre l’eau chaude, l’eau utilisée est remplacée par de l’eau froide ; si les éléments chauffants du cumulus fonctionnent, la conséquence en est donc que, en ouvrant le robinet d’eau chaude durant Chabbat, on provoquera la cuisson de l’eau froide entrée dans le cumulus à la place de l’eau chaude utilisée. Il est donc interdit d’ouvrir, pendant Chabbat, le robinet d’eau chaude quand le cumulus fonctionne.

Mais si l’on a éteint le cumulus avant Chabbat, la règle dépend du fait de savoir si l’eau froide qui entrera dans le cumulus cuira. Si l’eau chaude qui sort du cumulus est brûlante, au point que l’on ne pourrait la toucher, il sera interdit d’ouvrir le robinet d’eau chaude, car cela aurait pour effet de cuire l’eau froide venant remplacer l’eau chaude dans le cumulus. En revanche, s’il est possible, même difficilement, de toucher l’eau chaude qui sort du cumulus, bien que cette chaleur soit équivalente au degré de yad solédet bo, il sera permis de s’en servir le Chabbat, car l’eau restée dans le cumulus ne sera pas en mesure de provoquer la cuisson de l’eau froide qui y entrera pour la remplacer (cf. note 28)[r]. Et même quand il est douteux que l’eau contenue dans le cumulus soit si bouillante, il sera permis d’ouvrir le robinet d’eau chaude ; en effet, ce n’est que lorsqu’il est certain que l’eau froide entrée dans le cumulus cuira qu’il est interdit d’ouvrir le robinet d’eau chaude. S’il était douteux que l’eau fût brûlante, que l’on ait ouvert le robinet et qu’il soit apparu que l’eau était effectivement brûlante, on versera beaucoup d’eau froide[s] afin que sa température descende en-deçà du degré de yad solédet bo[28].

De même, on peut régler le cumulus sur minuterie sabbatique, de manière que, à intervalles réguliers, la fonction chauffage fonctionne durant environ un quart d’heure, afin que l’eau s’y réchauffe quelque peu, sans pour autant parvenir au degré de yad solédet bo. De cette façon, on pourra utiliser sans crainte, durant Chabbat, l’eau tiède contenue dans le chauffe-eau.


[r]. La conformation des cumulus n’est pas identique dans tous les pays ; de plus, leur extinction même n’est pas toujours possible avant Chabbat. Pour connaître la règle applicable dans sa ville ou dans son appartement, on s’adressera au rabbin local.

 

[s]. Cela, rapidement.

 

[28]. Certains, il est vrai, estiment que le degré de yad solédet bo est atteint dès lors qu’il n’est pas agréable de maintenir longtemps sa main sur la chose chaude, ce qui équivaut à une température de 45°, comme nous l’avons vu au paragraphe 4. Mais dans notre cas, il ne faut être rigoureux que lorsque l’eau qui sort du cumulus atteint la température de 80°, de sorte qu’il ne soit pas possible de la toucher. En effet, les cumulus sont fabriqués de telle façon que l’eau la plus chaude se trouve dans la partie supérieure, tandis que, dans la partie inférieure, se trouve une eau moins chaude, avec une différence significative de température. Or l’eau froide entre dans la partie inférieure, de sorte que, s’il est possible de toucher l’eau chaude qui sort de la partie supérieure du cumulus – qui est l’eau la plus chaude –, il est presque certain que l’eau située dans la partie inférieure n’atteint pas le degré de yad solédet bo, et il est évident qu’elle n’est pas en mesure de provoquer la cuisson de l’eau froide qui pénétrera dans le cumulus.

 

Même en cas de doute, il est permis d’ouvrir le robinet d’eau chaude pour vérifier si l’eau est au degré de yad solédet bo. Et même s’il apparaît que l’eau est brûlante, on n’aura pas transgressé d’interdit car, au moment où l’on ouvrait le robinet, la chose était douteuse, ce qui rattache l’acte à la catégorie de davar ché-eino mitkaven, (chose sur laquelle ne porte pas l’intention, cf. chap. 9 § 5), cas dans lequel l’acte est permis. (La chose est certainement permise pour le Taz, peut-être également pour Rabbi Aqiba Eiger, car il se peut que l’on utilise tellement d’eau que l’eau restante ne sera plus susceptible de provoquer la cuisson. Cf. chap. 9, note 2 et Har’havot ad loc. De plus, l’entrée de l’eau froide dans le cumulus se fait sur le mode indirect – grama –, sans intention de la chauffer. Cf. Chemirat Chabbat Kehilkhata 1, note 132.)

 

Il est même permis d’utiliser cette eau, ce qui ne sera pas considéré comme un profit tiré d’un travail fait pendant Chabbat. En effet, dans la mesure où l’on ignorait que l’eau était brûlante, il était permis d’ouvrir le robinet d’eau chaude. De plus, dès lors que l’eau brûlante coule déjà, il est permis de la mêler à beaucoup d’eau froide, de manière que celle-ci n’atteigne pas le degré de yad solédet bo ; car si elle atteignait le degré de yad solédet bo, cela aurait pour effet qu’une eau froide, ajoutée en petite quantité à l’eau brûlante, cuirait. Et puisque l’eau chaude est déjà ouverte, il est préférable de nettoyer autant de vaisselle que possible, afin qu’autant d’eau chaude que possible sorte du cumulus : ainsi, l’eau restant dans le cumulus ne sera plus en mesure de provoquer la cuisson de l’eau froide qui y entrera.

 

Si l’on n’a besoin que d’un peu d’eau chaude : selon certains avis, il est interdit de refermer l’eau chaude avant que toute l’eau brûlante ne soit sortie ; cela, afin qu’il soit certain que l’eau froide qui entrera dans le cumulus ne cuira pas (Menou’hat Ahava II 10, 13). D’autres le permettent, car la cuisson n’est provoquée que de manière indirecte (grama) ; or, dans un cas où une perte serait occasionnée, il n’y a pas lieu d’être rigoureux (Otsrot Chabbat 1 p. 61 au nom du Chibolé Haléqet. Cf. Chemirat Chabbat Kehilkhata 1, fin de la note 131). La halakha est conforme à l’opinion indulgente car, en plus des arguments que ses tenants avancent, il reste presque toujours incertain que l’eau contenue dans le cumulus soit en mesure de chauffer l’eau froide qui y entre ; par conséquent, nous sommes à la fois dans un cas de davar ché-eino mitkaven (puisque l’on n’a pas l’intention de provoquer le chauffage de l’eau froide) en matière de règle rabbinique, et dans un cas de grama (acte indirect).

 

En cas de nécessité – par exemple lorsqu’il fait froid et qu’il est difficile de faire la vaisselle à l’eau froide –, il semble permis, si l’on doit laver beaucoup de vaisselle et utiliser beaucoup d’eau chaude, d’ouvrir d’abord le robinet d’eau froide, puis d’y mêler de l’eau du robinet d’eau chaude, même dans le cas où il est certain que l’eau contenue dans le cumulus est brûlante. De cette façon, l’eau froide qui entrera en contact avec l’eau chaude sortant du robinet ne cuira pas. Puisqu’il est clair que l’on utilisera beaucoup d’eau chaude, l’eau restée dans le cumulus ne sera certainement pas en mesure de provoquer la cuisson de l’eau froide qui y entrera.

Livres de Pniné Halakha à des prix spéciaux

Livres

Série Pniné Halakha 9 volumes
Commandez maintenant