Pniné Halakha

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09 – Quand des Juifs originaires de différentes diasporas prient ensemble

Dans de nombreux endroits, des Juifs de toutes origines prient ensemble. Tel est l’usage courant dans de nombreuses yéchivot, afin de ne pas créer de séparation, au quotidien, entre les étudiants. Et tel est aussi l’usage dans de nombreux petits villages, où il n’y a pas assez de monde pour fonder un grand minyan pour chaque communauté d’origine, en assurant à la fois les offices et des cours de Torah.

Certes, autrefois, afin de ne pas altérer le cérémonial de la prière et de ne pas créer de différences de coutume à l’intérieur de la même synagogue, on fixait un rite unique d’après la majorité des fidèles (cf. Igrot Moché, Ora’h ‘Haïm 4, 34). Cependant, de nos jours, parmi notre public, qui connaît les différentes coutumes et y est habitué, on a l’usage en de nombreux endroits de donner à chaque tradition la possibilité de s’exprimer au sein des offices. En général, on va d’après l’officiant. Si celui-ci est séfarade, il conduit l’office selon le rite séfarade ; s’il est ashkénaze, il officie selon le rite ashkénaze. Dans certains endroits, même si l’officiant est yéménite – et bien que la prononciation yéménite soit très différente de celle qui est habituelle – il conduit l’office suivant son habitude, dans la prononciation yéménite. Dans la mesure où toutes les coutumes sont cachères et connues de tous, il n’y a pas ici à craindre de transgresser la mise en garde lo titgodedou (« Ne vous divisez pas en petits clans »), et cela n’est pas non plus de nature à entraîner la polémique.

Tel est notre usage, dans notre village de Har Brakha. Et lorsqu’il y a de grandes différences entre les coutumes, notre habitude est de suivre la solution la plus courte. Par exemple, les jours de jeûne de « lundi, jeudi et lundi » 1, durant lesquels les Ashkénazes ont pour coutume de dire des Seli’hot (prières pour le pardon divin), nous ne disons pas ces Seli’hot spécifiques en communauté. De même, nous ne disons pas le Cantique des Cantiques avant l’office d’accueil du Chabbat, comme les Séfarades en ont l’usage. Nous ne disons pas non plus à haute voix et publiquement tout le rituel des sacrifices (Séder haqorbanot) : ceux qui veulent le dire ont soin de le faire avant l’heure de l’office. Toutefois, quand il est question d’un ajout qui n’est pas susceptible de déranger – comme à la fin de la prière, où les Séfarades ont un rituel plus long dans la lecture du psaume journalier et ajoutent le Pitoum haqetoret (rappel de l’offrande d’encens), ou encore dans les supplications (Ta’hanounim) du lundi et du jeudi – nous allons d’après l’officiant.

Bien que, selon la coutume séfarade, l’officiant chante à haute voix tous les psaumes ainsi que les bénédictions du Chéma afin d’acquitter ceux qui ne sauraient pas lire, l’usage répandu consiste néanmoins, même pour les officiants séfarades, à ne dire à voix haute que la fin des psaumes et des bénédictions. En effet, de nos jours, tout le monde sait lire2 ; de plus la récitation à voix haute prolonge la durée de la prière et perturbe la concentration d’une partie des fidèles.

En principe, pour les passages qui se récitent à voix haute, on suit la coutume de l’officiant. Et pour les passages qui se récitent à voix basse, chacun prie selon sa coutume. On n’est pas pointilleux en ce domaine : ceux qui veulent prier selon le rituel de l’officiant a le droit de le faire, car cela est conforme à l’avis d’une partie des décisionnaires ; et ceux qui veulent dire, non seulement les passages dits en silence, mais aussi les passages dits à voix haute selon le rite de ses pères, y est autorisé, à condition de dire ces passages en silence, cela afin de ne pas déranger l’assemblée et de ne pas mettre en relief les différences qui existent entre l’officiant et lui.

Lorsqu’un officiant séfarade dit trois fois les treize attributs de miséricorde, lors des Ta’hanounim du lundi et du jeudi, il convient que les Ashkénazes s’interrompent pour s’y associer, et répondent à l’officiant en répétant, eux aussi, les treize attributs de miséricorde.

En toutes ces matières, dans lesquelles sont pris en compte, d’une part, le bien de la communauté et le bon ordre de la prière, et d’autre part la conservation des coutumes, c’est au Rav du lieu qu’il revient de décider.

  1. Dans les communautés ashkénazes, on a l’habitude de jeûner le lundi, le jeudi et encore le lundi (בה »ב), qui suivent les fêtes de Pessa’h et de Soukot. Parmi les raisons de ces jeûnes : la crainte d’avoir fauté durant la fête, et la supplication pour la pluie après Soukot, qui marque le début de l’automne.
  2. En Israël, où enseigne l’auteur.
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