Pniné Halakha

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02. Fête de la liberté, dévoilement de la morale

Pourquoi Israël a-t-il dû, avant d’advenir en tant que peuple, connaître un asservissement si redoutable en Egypte ? L’explication simple est la suivante : la vocation du peuple juif est de réparer le monde d’un point de vue moral[g] ; or pour réaliser cette mission, il doit connaître de façon sensible la souffrance et la douleur que l’homme peut causer à autrui.

Ainsi, lorsque la Torah légifère sur les relations entre l’homme et son prochain, elle rappelle à plusieurs reprises notre épreuve égyptienne. Par exemple : « Tu n’opprimeras pas le prosélyte ; en effet, vous connaissez [les tourments éprouvés par] l’âme du prosélyte, car vous fûtes étrangers en terre d’Egypte » (Ex 23, 9). De même : « Lorsqu’un prosélyte habitera avec toi dans votre pays, vous ne le léserez pas. Il sera pour vous comme un autochtone d’entre vous, le prosélyte qui réside avec vous, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous fûtes étrangers en terre d’Egypte ; Je suis l’Eternel votre Dieu » (Lv  19, 33-34).

Dans le même sens, nos sages enseignent qu’avant de frapper les Egyptiens, le Saint béni soit-Il ordonna à Moïse de transmettre à Israël le commandement de l’affranchissement des esclaves ; cela, afin qu’avant même d’être libérés de l’Egypte, les Hébreux prissent sur eux, lorsqu’ils seraient libres et posséderaient eux-mêmes des serviteurs, de ne point les maltraiter et, passées six années, de les libérer en leur offrant de généreux cadeaux (Talmud de Jérusalem, Roch Hachana 3, 5).

En effet, une chose extraordinaire s’est produite lors de la sortie d’Egypte : lorsque quelque peuple au monde réussit à vaincre ses oppresseurs, il s’enorgueillit et se transforme à son tour en oppresseur de ses anciens maîtres. Israël au contraire, après que les Egyptiens furent totalement réduits, n’a pas essayé de les soumettre ni de les asservir, mais seulement de sortir libres. C’est la première fois dans l’Histoire qu’apparaît l’idée morale de liberté de l’homme.

C’est pour cette raison que la fête de Pessa’h s’appelle aussi ‘hag ha-‘hérout, fête de la liberté, selon la dénomination instituée par les sages dans le texte de la prière : zman ‘hérouténou, « le temps de notre liberté ». Et ce n’est pas pour rien que Pessa’h constitue la première des fêtes du calendrier liturgique, car le principe de liberté de l’homme s’y trouve inscrit, et, partant, le principe de responsabilité morale de l’homme à l’égard de tout acte qu’il accomplit, tant comme individu que comme membre d’une société. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle on comptait autrefois les années des règnes successifs à partir du mois de nissan[h], afin que l’idée de liberté fût à la base de la royauté d’Israël.


[g]. La notion de tiqoun (réparation, parachèvement, rédemption) est centrale dans le judaïsme, particulièrement dans la Kabbale. Un comportement moral de l’homme ici-bas a pour effet de réparer le monde terrestre et les mondes spirituels.

[h]. Premier mois de l’année liturgique juive, durant lequel a précisément lieu la fête de Pessa’h.

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