Quand un ustensile de poterie (argile, grès, terre cuite…) a absorbé du ‘hamets à chaud, même quand le degré de chaleur est celui d’un keli chéni, l’échaudage ne saurait être efficace. Certes, le chauffage à blanc serait bien efficace pour brûler toute saveur retenue dans les parois ; mais il est à craindre que l’ustensile ne se fende, si bien que nos sages ont interdit de le cachériser par chauffage à blanc (comme nous l’avons vu ci-dessus, chapitre 10 § 7). En revanche, si l’on ne s’en est servi qu’à froid, on pourra le cachériser en le lavant bien. Si quelque liquide ‘hamets y est resté pendant vingt-quatre heures, on pourra cachériser l’ustensile en l’immergeant dans l’eau pendant trois jours (suivant la méthode exposée ci-dessus, chap. 10 § 14).
Les ustensiles de faïence, d’argile et de céramique ont même statut que les ustensiles de poterie.
Quant aux ustensiles de porcelaine, qui sont fabriqués comme de la poterie, mais dont la surface est lisse à la manière du verre, la majorité des décisionnaires estiment que leur statut est semblable à celui des ustensiles de poterie, et qu’ils ne peuvent être cachérisés. Telle est la halakha (Michna Beroura 451, 163, Kaf Ha’haïm 305). Toutefois, certains estiment que, dans la mesure où elle est lisse comme du verre, la porcelaine n’absorbe rien. Lorsque d’autres facteurs de doute sont présents, on peut y associer l’opinion de ces décisionnaires pour aller dans le sens de l’indulgence[11].
Quand de la porcelaine véritable se casse, on voit que sa texture interne est rugueuse comme la terre cuite, et que sa surface extérieure est lisse. D’autres ustensiles de porcelaine sont lisses à l’intérieur et rugueux à l’extérieur : il semble que, s’ils ont absorbé quelque saveur du côté extérieur, tous les avis concordent à assimiler de tels ustensiles à de la poterie.
De nos jours, les assiettes sont, en majorité, fabriquées en dehors d’Israël, et leur texture est dure, semblable au verre (bien que l’on en trouve qui ne sont pas lisses comme du verre, comme l’Arcopal® et autres produits de ce genre). À notre humble avis, leur statut est semblable au verre car, quand ces assiettes se cassent, on voit que le matériau intérieur est dense, à la manière du verre, et non comme la porcelaine. Leur statut est donc semblable aux bons ustensiles de verre, qui résistent à l’échaudage. Comme nous le verrons au paragraphe suivant, on peut, en cas de nécessité, être indulgent, même suivant la coutume ashkénaze, et permettre de les cachériser pour ôter les saveurs interdites qu’ils renferment. Pour sortir du doute, il faut procéder à trois échaudages successifs (sans pousser la rigueur jusqu’à changer l’eau chaque fois), méthode qui, selon le ‘Itour, serait même efficace pour les ustensiles de poterie. D’autre part, il semble que, du point de vue même du Choul’han ‘Aroukh, pour lequel les ustensiles de verre n’ont pas besoin d’être échaudés, il convienne de cachériser par échaudage, et par trois fois, cette céramique lisse et semblable au verre ; en effet, ces ustensiles sont tout de même moins lisses que le verre, et leur texture est douteuse. (Nous ne citons pas ici de noms particuliers désignant tel ou tel type d’assiette, car les différents composants se renouvellent sans cesse ; nous visions ici les ustensiles dont la texture est, par sa dureté, semblable à celle du verre.)