Pniné Halakha

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12. Récitation du Hallel

C’est une coutume du peuple juif que de lire le Hallel à Roch ‘hodech. Certes, si l’on s’en tient à la stricte règle, il n’y a pas d’obligation à le réciter à Roch ‘hodech, car cette obligation ne vaut que les jours appelés mo’ed (fête) et où il est interdit de travailler, tandis qu’à Roch ‘hodech, quoique ce jour soit appelé mo’ed, il est permis de travailler. Néanmoins, les communautés juives ont adopté la coutume de réciter le Hallel à Roch ‘hodech, afin de donner expression à la sainteté du jour, sainteté grâce à laquelle on peut s’élever au degré d’élévation nécessaire pour exprimer sa louange (hallel) à l’Eternel. Et pour qu’il soit manifeste que la lecture du Hallel, à Roch ‘hodech, est une coutume, et non une stricte obligation, on omet deux passages, qui font partie de sa version intégrale (le Hallel complet va du psaume 113 au psaume 118 ; dans le Hallel abrégé, on omet : Ps 115, 1-11 et Ps 116, 1-11).

Les Richonim (décisionnaires de l’époque médiévale) sont partagés quant à la bénédiction du Hallel. Selon Maïmonide et Rachi, puisque la lecture du Hallel à Roch ‘hodech est fondée sur une coutume seulement, il n’y a pas lieu de prononcer de bénédiction relative à cette lecture, car on ne dit pas de bénédiction pour l’accomplissement d’une coutume. Selon Rabbénou Tam, le Roch et le Ran, pour une coutume importante, telle que la lecture du Hallel, on prononce une bénédiction. En pratique, la coutume ashkénaze veut que, même si l’on prie seul, on dit la bénédiction du Hallel. Les Séfarades originaires de communautés établies en terre d’Israël et dans les pays voisins ont coutume de ne réciter aucune bénédiction pour le Hallel de Roch ‘hodech, même quand on prie en communauté. Dans la majorité des communautés séfarades d’Afrique du Nord, l’officiant prononce la bénédiction introductive et la bénédiction finale, à voix haute, et acquitte par-là l’ensemble des fidèles ; mais si l’on ne prie pas en communauté, on ne récite pas la bénédiction. Chacun continuera selon sa coutume.

Il faut s’efforcer de réciter le Hallel en communauté. Selon de nombreux décisionnaires, si l’on arrive à la synagogue en retard, en un moment où la communauté disent le Hallel, on le dira avec elle, et l’on récitera la Pessouqé dezimra seulement ensuite (Michna Beroura 422, 16, Yalqout Yossef 422, 8 ; selon le Kaf Ha’haïm 38, se basant sur Rabbi Isaac Louria, en revanche, il n’y a pas lieu de modifier l’ordre de sa prière)[16].


[16]. La question du Hallel à Roch ‘hodech est exposée au traité ‘Arakhin 10b et au traité Ta’anit 28b, références annotées par Tossephot, qui commente également Berakhot 14a sur le même sujet. Cf. Roch ‘Hodech 6 § 1-6 et § 20, ainsi que les notes ; sur le sens de cette coutume, notes 2 et 27. (Il existe d’autres circonstances justifiant la récitation du Hallel, autres que la sainteté du jour, telles que la célébration du secours divin ; ainsi de ‘Hanouka ; cf. ci-après chap. 4 § 6 et chap. 11 § 8).

En pratique, la majorité des Richonim estiment que l’on prononce la bénédiction du Hallel ; telle est l’opinion du Halakhot Guedolot, de Rabbi Yits’haq ibn Ghiyat, du Raavad, de Rabbénou Tam, du Roch et du Ran. Selon Rav Haï Gaon, Rabbénou ‘Hananel et les disciples de Rabbénou Yona, on prononce la bénédiction en communauté, mais non quand on prie seul. Cf. Beit Yossef et Choul’han ‘Aroukh 422, 2. Comme l’écrit le Choul’han ‘Aroukh, en terre d’Israël et dans les pays voisins, on a pris l’usage de ne pas réciter la bénédiction ; mais en Espagne, on avait l’usage de la réciter (Ran, Maguid Michné). Le Rama 422, 2 écrit que l’on a l’usage de la réciter, même si l’on prie seul, mais qu’il est préférable de la réciter au sein d’un minyan, afin d’être également quitte aux yeux de ceux qui pensent que l’on ne la récite qu’au sein d’un minyan.

Dans certaines communautés séfarades, comme celles du Maroc, de Tunisie, de Turquie, il était d’usage, encore il y a peu, que l’officiant prononce la bénédiction introductive, Baroukh Ata… vétsivanou liqro et ha-Hallel (« Béni sois-Tu… qui nous as sanctifiés par tes commandements et nous as prescrit de lire le Hallel »), et la bénédiction finale, Yehaleloukha (« Que toutes tes œuvres te louent… »), et que les fidèles répondent amen, s’acquittant ainsi de l’obligation de bénir ; en revanche, si l’on priait seul, l’usage était de ne point dire la bénédiction. C’est ce qu’en pratique écrit le Rav Chalom Messas dans Tévouot Chémech, Ora’h ‘Haïm 68. L’auteur précise qu’il avait lui-même coutume de réciter la bénédiction à voix basse, avec l’officiant. Le Rav Moché Kalfon Hacohen, président du tribunal rabbinique de Djerba, se prononce dans le même sens dans Berit Kehouna, Ora’h ‘Haïm 200, 5 et dans Choel Vénichal II 60. Se prononcent encore dans le même sens le Rav Falaggi, dans Kaf Ha’haïm 33, le Chalmé ‘Haguiga p. 224, le ‘Hessed Laalafim 422, 2, Cha’ar Hamifqad, et les responsa Miqvé Hamayim III 24. Chaque communauté poursuivra selon sa coutume.

Lorsque des membres de communautés différentes prient ensemble, il est bon, dans le cas où l’officiant n’a pas coutume de prononcer les bénédictions du Hallel, qu’un fidèle ayant, lui, coutume de les dire, les fasse entendre à haute voix, en formant l’intention d’acquitter par elles ceux des fidèles qui n’en ont point coutume. De cette façon, les fidèles s’acquitteront de leur obligation aux yeux des nombreux décisionnaires qui estiment qu’il faut dire la bénédiction ; et d’un autre côté, ils n’auront pas à craindre de réciter une bénédiction vaine. (Cf. Ye’havé Da’at IV 31, où l’auteur craint même qu’il ne faille point répondre cet amen, qui serait vain selon lui. Mais selon de nombreux autres décisionnaires, il n’y a rien à craindre, dès lors que l’on répond amen à la bénédiction d’une personne qui détient cette coutume de ses pères, coutume fondée sur d’importants décisionnaires. C’est ce que nous avons entendu de la part du Rav Mordekhaï Elyahou.)

Les tenants de toutes les coutumes s’accordent à dire qu’il faut s’efforcer de dire le Hallel en communauté. Aussi est-il préférable que le fidèle le récite au sein du minyan, même s’il n’a pas encore dit sa prière, plutôt que de le réciter seul après la prière, comme le dit le Beit Yossef 422, 2 au nom de Rabbénou Pérets ; de nombreux A’haronim le citent, comme nous le signalons ci-dessus et comme le rapporte le Roch ‘Hodech 23, note 44. Selon le Kaf Ha’haïm 422, 38, il n’y a pas lieu de modifier l’ordre de la prière.

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