Pniné Halakha

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07. Si l’on oublie de compter l’un des jours

Les Richonim sont partagés quant au fait de savoir si le compte de l’omer constitue une seule et longue mitsva, qui s’étend de la fête de Pessa’h à celle de Chavou’ot, ou bien si, chaque jour, il existe une mitsva autonome de compter. Selon le Halakhot Guedolot, le compte de l’omer est une seule et longue mitsva, comme il est dit : « Sept semaines, qui seront entières » (Lv 23, 15). Par conséquent, celui qui oublie de compter un jour, a manqué d’accomplir la mitsva, et ne comptera plus les jours suivants. Mais selon la majorité des décisionnaires, le compte de chaque jour constitue une mitsva en soi ; aussi, celui qui oublie de compter un jour n’a manqué d’accomplir que la mitsva de ce jour, et il devra, le lendemain, continuer de compter en récitant la bénédiction (Tossephot, Roch, Ritva et d’autres).

En pratique, la halakha est la suivante : si l’on a oublié de compter un jour, on doit continuer de compter les jours suivants, conformément à l’opinion de la majorité des décisionnaires, qui estiment que chaque jour est autonome à cet égard. Simplement, on comptera sans bénédiction, car nous prenons en considération l’opinion selon laquelle tout le compte de l’omer constitue une seule mitsva, de sorte que, dès lors que l’on a oublié un jour, on a perdu la mitsva ; pour ne pas entrer dans un cas douteux en prononçant une bénédiction peut-être vaine, on comptera donc, les jours suivants, sans réciter la bénédiction (Choul’han ‘Aroukh 489, 8).

Toutefois, pour ne pas perdre entièrement le mérite de la bénédiction, tous ceux qui ont oublié de compter l’un des jours de l’omer devront former l’intention de s’acquitter de l’obligation de la bénédiction par le biais de l’écoute de celle-ci, récitée par l’officiant[6].

Cette règle illustre la tension accompagnant le compte de l’omer, car quiconque oublie un jour disjoint, dans une certaine mesure, la chaîne reliant Pessa’h à Chavou’ot, et perd le bénéfice de la bénédiction. Il est en effet grandement nécessaire de relier Pessa’h, qui exprime l’identité nationale du peuple juif, identité sainte, à Chavou’ot où nous avons reçu la Torah : il ne saurait y avoir de Torah sans Israël, ni d’Israël sans Torah.


[6]. Quelques explications supplémentaires sur la question : selon le Halakhot Guedolot, celui qui oublie un jour a manqué d’accomplir la mitsva, car il n’aura pas compté sept semaines complètes. Selon Rav Saadia Gaon, si l’on a oublié de compter le premier jour, on a manqué d’accomplir la mitsva, mais, si l’oubli porte sur quelque autre jour, on pourra continuer de compter avec bénédiction. Selon Tossephot sur Mena’hot 66a, l’opinion du Halakhot Guedolot est étonnante, et chaque jour donne lieu à une mitsva autonome. C’est aussi l’opinion de Rabbénou Yits’haq, du Roch, du Ritva et d’autres. Le Tour écrit que c’est aussi l’opinion de Rav Haï Gaon. Rabbi Yits’haq Ibn Ghiyat écrit aussi au nom de Rav Haï Gaon que, si l’on oublie de compter un jour, on comptera le lendemain selon le compte du jour, puis on ajoutera : « Et hier, c’était tel jour et telle semaine. » De cette manière, on compensera ce que l’on aura manqué.

En pratique, on prend en considération l’opinion du Halakhot Guedolot ; aussi, dans le cas où l’on aurait oublié de compter tel jour, on continuera de compter les jours suivants, mais sans bénédictions. C’est en ce sens que tranche le Choul’han ‘Aroukh 489, 8, et telle est l’opinion de la majorité des A’haronim. Toutefois, certains A’haronim donnent pour instruction, en pratique, de se conformer à l’opinion de la majorité des Guéonim et des Richonim, pour lesquels, si l’on oublie de compter un jour, on peut continuer de compter, les jours suivants, avec bénédiction. C’est l’opinion du Che’arim Métsouyanim Behalakha 120, 7.

Une question se pose, à l’égard de l’opinion du Halakhot Guedolot : pourquoi, selon lui, répète-t-on la bénédiction chaque jour ? On est obligé de dire que, de l’avis même du Halakhot Guedolot, une mitsva différenciée se renouvelle chaque jour ; simplement, si l’on a oublié un jour, on a porté atteinte à l’entièreté du compte de l’omer, et l’on ne peut plus continuer de compter.

Si l’on sait d’avance que, tel jour de l’omer, on se trouvera dans un cas d’empêchement, et que l’on ne pourra compter, le ‘Hida estime que, dès le premier jour, on s’abstiendra de dire la bénédiction (‘Avodat Haqodech 7, 217). En effet, de l’avis du Halakhot Guedolot, toutes les bénédictions dites les jours précédant la carence l’auront été vainement.

Mais pour la majorité des décisionnaires, on comptera, jusqu’au jour de l’empêchement, sans omettre la bénédiction, car, de l’avis même du Halakhot Guedolot (auquel s’opposent d’ailleurs la grande majorité des décisionnaires), quand on omet de compter un jour, les bénédictions des jours précédents ne deviennent pas vaines pour autant (Qinat Sofrim, Rav Pe’alim, Ora’h ‘Haïm III 32). Cela ne peut se comparer au cas du compte des jours de purification de la zava [femme qui a un écoulement sanguin, trois jours de suite, mais dans une période autre que les règles]. Tossephot (sur Ketoubot 72a) explique en effet que l’on ne dit pas de bénédiction sur un tel compte car, si la femme venait à l’interrompre, ce compte serait entièrement invalidé ; dans le cas de l’omer, en revanche, la période de supputation se poursuit, même si l’on a oublié de compter, et la fête de Chavou’ot arrive le cinquantième jour. Si bien que tout ce que l’on aura compté de façon continue l’aura été valablement, et la bénédiction aura été valablement dite. Ce n’est qu’après avoir manqué de compter un jour que, puisque désormais le compte individuel ne peut plus être plus continu, le Halakhot Guedolot estimera que le compte n’est plus complet. Cf. Pisqé Techouvot 489, 22.

Si l’on a oublié de compter un jour, et que l’on doive officier (par exemple à l’occasion du jahrzeit [anniversaire de la mort] d’un proche parent), on demandera à un autre fidèle de dire la bénédiction de l’omer et de compter à sa place, malgré la gêne que l’on peut ressentir. Certains estiment que, pour éviter une situation de honte, il est permis à l’officiant de s’appuyer sur la majorité des décisionnaires, qui pensent que, même si l’on a oublié de compter un jour, on a l’obligation de poursuivre le compte, et que l’on peut donc réciter la bénédiction et acquitter, par elle, les fidèles. Cf. Pisqé Techouvot 489, 20.

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