Les jours de ‘Hanouka ont été institués en tant que jours de louange et de reconnaissance ; mais à la différence de Pourim, où prendre part à un festin est l’une des mitsvot du jour, il n’est pas obligatoire de faire un repas de fête à ‘Hanouka. La raison en est que, à l’époque à laquelle se réfère la fête de Pourim, un décret d’extermination avait été pris contre le peuple juif, visé dans son existence physique, de sorte que la mitsva consiste à réjouir le corps par le biais de la nourriture et de la boisson. En revanche, à ‘Hanouka, la victoire fut spirituelle, car le décret des Grecs visait seulement à remettre en cause le maintien de la Torah : quiconque était prêt à se conduire comme un Grec pouvait se préserver. Aussi, le propos essentiel de la fête de ‘Hanouka est-il spirituel : il consiste à exprimer sa reconnaissance et sa louange à l’Eternel, qui nous aida à conserver la Torah et les mitsvot (Levouch).
Bien qu’il ne soit pas obligatoire de faire un repas festif à ‘Hanouka, faire un tel repas, afin de se réjouir du secours dont l’Eternel gratifia Israël en ce temps-là, à pareille époque, est aux yeux de nombreux décisionnaires constitutif d’une mitsva. Selon certains, les sages ont certes institué la récitation du Hallel et de paroles de reconnaissance pour le miracle de notre sauvetage spirituel ; mais en souvenir de l’inauguration du Temple, il convient de prendre un repas festif.
En pratique, on a coutume de faire de copieux repas à ‘Hanouka, au cours desquels on dit de nombreux propos de Torah, et l’on chante des cantiques et des louanges. De cette façon, tous les décisionnaires s’accordent à dire que ces repas ont le caractère de repas associés à une mitsva (sé’oudat mitsva). De plus, grâce aux paroles de Torah que l’on y prononcera, ces repas prendront le caractère particulier à ‘Hanouka, où la joie est essentiellement spirituelle ; ainsi, la joie s’étendra également à la sé’ouda[11].
On a coutume, à ‘Hanouka, de manger des aliments lactés et du fromage, en souvenir d’un miracle où ces aliments ont joué un rôle : Judith, fille du Grand-prêtre Yo’hanan, avait servi des produits laitiers à l’ennemi ; après que celui-ci se fut endormi, elle le tua, et Israël fut ainsi secouru.
Bien que cet épisode ait eu lieu avant l’époque de ‘Hanouka, le souvenir de l’acte héroïque de Judith inspira plus tard les Hasmonéens, qui eurent l’audace de se révolter contre les Grecs, de sorte que l’héroïsme de Judith ressortit également au miracle de ‘Hanouka. On a aussi l’usage, durant cette fête, de manger des mets frits dans l’huile, tels que des beignets (soufganiot) et des galettes de pomme de terre (levivot ou latkes)[12].
Plusieurs Richonim tranchent – et le Rama se prononce, en pratique, dans le même sens –, en recommandant de prononcer des paroles de Torah, au cours des repas de ‘Hanouka. De cette façon, ces repas prendront, de l’avis de tous, le caractère de sé’oudat mitsva. Cf. Yemé Hallel Véhodaa 1, 1, Torat Hamo’adim 9, 10, Yemé Ha’hanouka 16, 8.
[12]. La coutume consistant à manger des produits laitiers est rapportée par le Ran, dans son commentaire sur Chabbat 21b, par le Rama 670, 2 et par d’autres décisionnaires, Richonim et A’haronim. De nombreux auteurs signalent que l’acte de Judith n’eut pas lieu à l’époque de la révolte des Macchabées. Selon le Ben Ich ‘Haï, Vayéchev 24, puisque l’ennemi que visait cet acte était aussi l’un des monarques grecs, qui cherchait à réprimer la religion des Juifs, on associa cette coutume à ‘Hanouka, en souvenir de ce miracle.
Une autre coutume, mineure, que mentionnent un petit nombre d’ouvrages, consiste à manger des aliments frits dans l’huile. Dans son commentaire sur ‘Hanouka, Rabbénou Maïmon, père de Maïmonide, écrit qu’il ne faut renoncer à aucune coutume, même mineure, telle que la consommation de beignets, coutume très ancienne, et qu’il ne faut pas prendre à la légère les coutumes du peuple. Cf. Yemé Hallel Véhodaa 1, 2.