Pniné Halakha

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03. Année embolismique et adar I

On le sait, les mois sont fixés d’après le cycle de la lune. Les années, en revanche, le sont d’après les saisons, qui dépendent du cycle solaire ; cela, parce que la fête de Pessa’h doit toujours avoir lieu à l’époque du printemps, comme il est dit : « Garde le mois du printemps, et tu feras la Pâque en l’honneur de l’Eternel ton Dieu, car, au mois du printemps, l’Eternel ton Dieu t’a fait sortir de l’Egypte, de nuit » (Dt 16, 1). Pour faire coïncider les mois et l’année solaire, on doit parfois rendre l’année embolismique, c’est-à-dire ajouter un mois à l’année, afin que celle-ci comprenne treize mois. On ne redouble ainsi que le mois d’adar, ce par quoi l’on repousse le mois de nissan, afin que celui-ci tombe au printemps. Jadis, c’était le tribunal rabbinique (beit-din) qui décidait de l’ajout d’un mois aux années, en fonction de l’état de l’agriculture et de la supputation des années ; aujourd’hui, où nous n’avons plus de beit-din ayant reçu l’ordination, nos sages ont déterminé un calendrier permanent de dix-neuf années, comportant douze années simples et sept années embolismiques[3].

Les années embolismiques, on fête Pourim et on lit les quatre parachiot le second mois d’adar. Si Pourim se fête en adar II, c’est pour juxtaposer la joie de la délivrance célébrée par cette fête à la délivrance d’Egypte, fêtée à Pessa’h. Les quatre parachiot se lisent en adar II, parce que la lecture de Cheqalim, de Para et de Ha’hodech a été instituée comme préparation au mois de nissan. Quant à la paracha Zakhor, elle doit être lue à l’approche de Pourim, qui, lui aussi, se fête en adar II (cf. Méguila 6b).

Cependant, le premier mois d’adar possède, lui aussi, un certain caractère festif. Par conséquent, les 14 et 15 adar I, on ne jeûne pas, on ne fait pas d’éloge funèbre, et l’on ne récite pas les Ta’hanounim (supplications). Il est recommandé de faire d’abondants repas, le 14 adar I, jour appelé Pourim qatan (« petit Pourim ») (Choul’han ‘Aroukh et Rama 697, 1). De même, la parole de nos sages rapportée ci-dessus, « quand débute adar, on intensifie la joie », laisse entendre que cet accroissement de la joie s’applique dès le commencement du premier mois d’adar (la façon de fixer les dates de bar-mitsva ou de jahrzeit est expliquée dans la note)[4].


[3]. Douze mois lunaires font ensemble 354 jours (auxquels s’ajoutent 8 heures, 48 minutes et environ 40 secondes). L’année solaire, elle, est d’environ 365 jours (plus 5 heures, 55 minutes et environ 25 secondes). Dans un cycle de dix-neuf ans, les années embolismiques sont : les années 3, 6, 8, 11, 14, 17, 19. L’année 5758, par exemple, était la première du cycle de dix-neuf.

[4]. La Michna enseigne : « Le premier adar et le second adar ne se différencient que par la lecture de la Méguila [le rouleau d’Esther] et par les matanot la-evionim [les dons aux pauvres] » (Méguila 6b). La Guémara ajoute à ces éléments de différenciation les quatre parachiot. Cela laisse entendre que, du point de vue de la joie, ces deux mois sont équivalents. C’est ce qui ressort des propos du Maguen Avraham et du Gaon de Vilna sur Ora’h ‘Haïm 568, 7. Cf. Torat Hamo’adim 1, 8, Hilkhot ‘Hag Be’hag 1, note 1. Selon le Michna Beroura 4, on ne fait pas de repas particulièrement abondants le 15 adar I, même dans les villes entourées de murailles ; pour le Min’hat Yits’haq X 58, à Jérusalem, il y a lieu de marquer également le 15 adar I par d’abondants repas.

Bar-mitsva : puisque adar II est le principal des deux mois, la personne née, une année ordinaire, au mois d’adar, et dont la bar-mitsva tombe une année embolismique, deviendra bar-mitsva (religieusement majeure) en adar II. Si l’on est né en adar I pendant une année embolismique, et que l’année de la bar-mitsva soit également embolismique, le jour de la bar-mitsva sera en adar I.

Jour du souvenir (jour anniversaire d’un décès, appelé yom zikaron ou jahrzeit) qui a lieu en adar : suivant l’usage séfarade, une année embolismique, on marquera ce jour en adar II, qui est, eu égard à la fête de Pourim et à la lecture des quatre parachiot, le principal des deux mois d’adar. Suivant la coutume ashkénaze, on fixe le jahrzeit au premier mois d’adar, afin de ne pas repousser l’accomplissement de la mitsva ; quand à adar II, ce mois n’est principal qu’à l’égard de Pourim et des quatre parachiot, non à l’égard des autres pratiques ; de plus, dans la mesure où le second adar est plus joyeux – puisqu’on y marque la joie de Pourim –, il y a lieu de fixer le souvenir des défunts au premier adar.

Certains Ashkénazes sont rigoureux, et fixent deux fois le jahrzeit, à l’un et à l’autre de ces mois (Choul’han ‘Aroukh et Rama 568, 7, Michna Beroura 41). Un Ashkénaze qui a commencé à pratiquer la coutume consistant à jeûner, le jour du souvenir, à chacun des deux mois d’adar, continuera selon sa coutume. De même, si l’on a pris sur soi, par un vœu explicite, de jeûner le jour du jahrzeit, on devra, selon le Maguen Avraham et le Michna Beroura 42, jeûner aussi bien le premier mois que le second.

Si le décès a eu lieu pendant une année embolismique, on fixera le jahrzeit, quand l’année présente est aussi embolismique, à celui des deux mois d’adar où le décès est survenu.

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