Pniné Halakha

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10. Mitsva de la lecture ; que faire quand on manque un mot

La mitsva de la lecture de la Méguila consiste, nous l’avons vu, à lire celle-ci dans un rouleau valide, c’est-à-dire écrit à l’encre sur parchemin. Si on l’a récitée par cœur, ou qu’on en ait fait la lecture à partir d’un livre imprimé, on n’est pas quitte de son obligation (Choul’han ‘Aroukh 690, 3). Si on en a lu l’essentiel dans un rouleau valide, et une partie dans un livre imprimé, ou qu’on ait récité par cœur une partie du texte, on est quitte, à condition d’avoir effectivement récité tout le texte, sans en retrancher un seul mot (comme nous l’avons vu au paragraphe précédent).

Mais si le lecteur a omis un mot, ou qu’il se soit trompé sur un mot, de telle sorte que l’erreur modifie le sens du mot, la majorité des décisionnaires estiment qu’il n’est pas quitte de son obligation : le lecteur doit répéter sa lecture de la Méguila, de façon cette fois conforme à la halakha[12].

Même quand le lecteur a lu tous les mots de façon conforme à la halakha, si l’auditeur, lui, n’a pas entendu l’un des mots, cet auditeur n’est pas quitte. C’est là, en pratique, la règle la plus importante parmi celles de la Méguila car, du fait de la présence d’enfants à la synagogue, le bruit est fort, et certains fidèles ne parviennent pas à entendre tous les mots. En particulier, le risque s’accroît lorsque le nom d’Haman est recouvert du bruit des crécelles : il arrive que le lecteur poursuive sa lecture alors que les enfants font du bruit ; ceux qui sont assis au fond de la synagogue ne peuvent entendre tel mot, perdant ainsi le bénéfice de toute la lecture.

La solution consiste, quand on a manqué d’entendre un ou plusieurs mots, à compléter immédiatement les mots manquants en les lisant (de manière articulée, à voix basse), dans le livre que l’on a face à soi. Si, entre-temps, l’officiant a poursuivi sa lecture, on continuera de lire à voix basse jusqu’à ce qu’on atteigne l’endroit où le lecteur se trouve. Il est vrai que le livre imprimé, qui est placé face à soi, n’est pas valide pour y lire la Méguila au titre de la mitsva ; mais puisque l’on aura entendu la majorité du texte, lu dans un rouleau valide, on pourra, a posteriori, compléter pour soi-même les mots manquants en les lisant dans un livre imprimé. Par contre, lorsqu’on entend correctement les mots chantés par le lecteur, on ne les articulera pas en même temps, en suivant dans son livre imprimé[13].


[12]. Si le lecteur a omis un mot, le Rachba et le Ran estiment que l’on n’est point quitte. Selon Rabbi Yechaya A’haron zal, tant que la signification n’est pas modifiée, on est quitte. Si l’on a prononcé un mot de manière défectueuse, et que cela ait modifié le sens – par exemple, si le lecteur a dit nafal (il tomba) au lieu de nofel (il tombe) –, le Rachba, le Ran et le Or’hot ‘Haïm pensent que l’on n’est point quitte ; mais on peut inférer des propos du Tour et du Choul’han ‘Aroukh 690, 14 que, selon certains, on est quitte ; et telle est peut-être l’opinion de Maïmonide. Selon le ‘Aroukh Hachoul’han 690, 20, a posteriori, si l’on n’a pas fait répéter le lecteur, on est quitte. En pratique : pour la majorité des décisionnaires, dans les deux cas, on n’est point quitte, et il faut répéter la lecture, comme le disent le Michna Beroura 690, 5 et le Béour Halakha 690, 14.

Dans le cas où le lecteur a omis un mot, et que cette omission modifie le sens, tout le monde s’accorde à dire que l’on doit répéter la lecture. [Dans tout cas d’erreur ou d’omission, on doit reprendre le lecteur de façon qu’il corrige sa lecture.] Cf. Torat Hamo’adim 5, 26 et 28 ; Hilkhot ‘Hag Be’hag 12, 7.

À notre humble avis, si la modification est telle que la plupart des auditeurs ne comprennent pas la différence de sens, il n’est pas nécessaire, a posteriori, de répéter, puisque, de toute façon, le public n’aura pas compris un faux sens.

Certains ont coutume de lire certains mots de la Méguila deux fois, en raison du doute dont ils sont l’objet. Par exemple, au chap. 3, verset 4 : ké-omram (כאמרם) se lit bé-omram (באמרם), et certains lisent donc le mot sous ces deux formes. Même chose pour laharog (להרג) et vé-laharog (ולהרג) (8, 11), bifnéhem (בפניהם) et lifnéhem (לפניהם) (9, 2) ; mais le fait de ne pas mentionner ces deux formes n’invalide pas la lecture. Cf. Torat Hamo’adim 5, 38, Pisqé Techouvot 690, 3.

[13]. Ceux qui apportent un supplément de perfection à la pratique de cette mitsva achètent une Méguila valide, afin que, s’ils manquent d’entendre un mot, ils puissent le rattraper en le lisant dans une véritable Méguila ; ils seront alors quittes, conformément aux usages les plus rigoureux (Michna Beroura 689, 19). Toutefois, si l’on ne sait pas lire, au sein d’une Méguila, en respectant la vocalisation juste [laquelle n’apparaît pas, puisque les voyelles n’y sont pas écrites], y lire les mots manquants reviendrait à perdre d’un côté ce que l’on gagne de l’autre. En effet, comme nous l’avons vu, une erreur de prononciation ayant pour effet de changer le sens du mot invalide la lecture.

Le Choul’han ‘Aroukh 690, 4 et le Michna Beroura 13 expliquent pourquoi, tout au long de son écoute, l’auditeur ne devra pas subvocaliser, en suivant des yeux le texte dans son livre imprimé.

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