Pniné Halakha

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b-La prière de remplacement (Tachloumin)

08 – Procédure de remplacement d’une ‘Amida que l’on aurait oubliée

Si l’on a oublié, ou encore si l’on a été empêché de réciter l’une des trois prières quotidiennes, on doit la remplacer, à la suite de la prochaine prière. Si l’on a oublié de dire la prière de Cha’harit, on remplacera la ‘Amida omise, en récitant une seconde ‘Amida à la suite de l’office de Min’ha. On fera d’abord la prière de Min’ha puis, après le dernier Qaddich, on dira une seconde ‘Amida à titre de remplacement (Tachloumin) pour celle de Cha’harit. Si l’on préfère, on peut réciter la seconde ‘Amida en même temps que la répétition de l’officiant, mais on devra alors avoir soin de marquer, entre la première ‘Amida et la seconde, une pause correspondant au moins au temps nécessaire pour parcourir quatre amot (environ deux mètres).

Si l’on a oublié de réciter la prière de Min’ha, on la remplacera à la suite de l’office d’Arvit : après le dernier Qaddich, on répétera la ‘Amida, à titre de remplacement pour celle de Min’ha. Si l’on a oublié de dire la prière d’Arvit, on remplacera la ‘Amida à la suite de la prière de Cha’harit : on pourra réciter la ‘Amida de remplacement, soit simultanément avec la répétition de l’officiant, soit après le dernier Qaddich de l’office[9][h].

Si l’on a oublié de réciter la ‘Amida de Tachloumin après la ‘Amida principale, on peut, a posteriori, la réciter tant que le délai de récitation de la ‘Amida principale n’est pas expiré. Ainsi, si l’on a oublié ou été empêché de réciter la prière de Min’ha, et que l’on n’a pas réparé cette omission immédiatement après l’office d’Arvit, on peut a posteriori réciter la ‘Amida de Tachloumin jusqu’au milieu de la nuit (‘Hatsot), qui est le terme a priori de la prière d’Arvit. Certains permettent même, a posteriori, de réparer son omission jusqu’à l’aube (‘amoud hacha’har). Si l’on a manqué de réparer l’omission de la ‘Amida d’Arvit immédiatement après avoir fait la prière de Cha’harit, on peut, a posteriori, réciter la ‘Amida de remplacement jusqu’à la fin de la quatrième heure solaire. Si l’on a manqué de réparer l’omission de la ‘Amida de Cha’harit immédiatement après l’office de Min’ha, on peut, a posteriori, réciter la ‘Amida de remplacement jusqu’au coucher du soleil (cf. Michna Beroura 108, 15 ; Kaf Ha’haïm 11). On n’attendra cependant pas le dernier moment avant le terme, mais on dira la ‘Amida de remplacement dès que l’on se sera aperçu qu’on ne l’a pas encore récitée, cela afin de ne pas prolonger davantage l’interruption entre la ‘Amida principale et la ‘Amida de Tachloumin. Et même si l’on a commencé à manger, on interrompra son repas pour prier, dès que l’on s’apercevra que l’on doit réciter la ‘Amida de Tachloumin (Michna Beroura 108, 10).

Il faut avoir soin de réciter la ‘Amida de Tachloumin seulement après la ‘Amida principale du présent office. Si l’on a eu pour intention de dire la première ‘Amida à titre de Tachloumin, et la seconde à titre de prière principale, on n’est pas quitte, par la première, de son obligation de Tachloumin. Par conséquent, on devra réciter une troisième ‘Amida, à titre de Tachloumin. Par exemple : si l’on a oublié de dire la prière de Min’ha le jour de Chabbat, et qu’à l’issue de Chabbat, durant l’office d’Arvit, on ait volontairement omis d’inclure dans sa première ‘Amida le texte additionnel de séparation entre le Chabbat et la semaine (Ata ‘honantanou : « Tu nous as gratifiés… »), en raison du fait que l’on a pensé que cette ‘Amida était dite à titre de Tachloumin pour Min’ha, incluant par ailleurs ce texte additionnel dans la seconde ‘Amida, on devra répéter la ‘Amida de remplacement pour Min’ha. En revanche, si l’on a simplement oublié de dire Ata ‘honantanou dans la première ‘Amida, que l’on s’en est souvenu dans la seconde et que l’on y a inclus ce texte, on est quitte, dès lors que l’on a eu l’intention, dans la première, de dire la ‘Amida d’Arvit, et dans la seconde, de dire la ‘Amida de Tachloumin[10].


[9]. Les A’haronim sont partagés sur la question de savoir s’il est possible de se rendre quitte de la prière de Tachloumin par l’écoute de la répétition de l’officiant. Selon le Peri Mégadim et le Michna Beroura 108, 5, puisque la récitation d’une ‘Amida de Tachloumin constitue une obligation, on ne peut se rendre quitte par l’écoute de l’officiant, dès lors que l’on appartient soi-même à la catégorie de Baqi (personne qui sait prier en s’aidant de son livre de prières). Selon le ‘Hida, en revanche, on peut réparer l’omission de la ‘Amida d’Arvit par l’écoute de l’officiant durant la répétition de la ‘Amida de Cha’harit, puisque, à l’origine, l’office d’Arvit a un caractère facultatif (voir chap. 24 § 2). C’est également ce que décide le Kaf Ha’haïm 108, 6. Cependant, il faut vérifier que l’officiant a effectivement l’intention d’acquitter les auditeurs par sa répétition. C’est également ce qu’écrit le Yalqout Yossef I p. 226. Le Michna Beroura est lui-même indulgent a posteriori : si un fidèle a eu l’intention de se rendre quitte en écoutant la répétition de l’officiant à Cha’harit, il est quitte. Le ‘Aroukh Hachoul’han 108, 16 est totalement indulgent, laissant entendre que l’on pourrait procéder de la sorte également pendant la répétition de Min’ha (pour réparer l’omission de la ‘Amida de Cha’harit). En ce qui concerne l’officiant lui-même, si celui-ci a manqué de dire la prière précédente, par oubli ou contrainte, tout le monde s’accorde à dire que la répétition qu’il fait de la ‘Amida peut, en ce qui le concerne, constituer efficacement une ‘Amida de Tachloumin (Michna Beroura 108, 4).

Lorsque le Choul’han ‘Aroukh 108, 2 écrit que la ‘Amida de Tachloumin venant remplacer celle d’Arvit doit se dire « après la ‘Amida de Cha’harit », il semble que cette disposition concerne précisément le particulier lorsqu’il prie seul. En revanche, si l’on prie au sein de l’assemblée, il est préférable de réciter la seconde ‘Amida simultanément avec la répétition de l’officiant, ou encore après le dernier Qaddich. En effet, si l’on disait la seconde ‘Amida après la fin de la répétition, il s’ensuivrait que l’on ne pourrait répondre à un certain nombre de Qaddich, ni à la Qédoucha qui se dit dans Ouva lé-Tsion (cf. chap. 23 § 2). Toutefois, Iché Israël 30, 6 comprend le Choul’han ‘Aroukh littéralement, même pour une prière publique. Voir Yalqout Yossef I p. 222 s.

[h]. La seconde ‘Amida, dite à titre de Tachloumin, suit le modèle de la première, dite à titre principal (voir § 10).
[10]. Selon la majorité des décisionnaires, tout dépend de la kavana (l’intention) (Michna Beroura 108, 28, contrairement au Taz). [Du point de vue factuel, les mêmes textes ont été dits, dans les deux cas, dans le même ordre. Seule l’intention associée à la récitation a pour effet de rendre juridiquement valide ou non la prière prononcée.] Le Maguen Avraham et le Taz hésitent, dans le cas où : a) l’intention aurait consisté à faire une première ‘Amida à titre de Tachloumin et une seconde à titre principal ; b) mais où aucun texte tel qu’Ata ‘honantanou ne marquerait de différence visible entre les deux récitations. Peut-être, dans un tel cas, n’y aurait-il pas besoin, selon ces auteurs, de refaire sa ‘Amida de Tachloumin. Toutefois, l’opinion du Choul’han ‘Aroukh et de la majorité des décisionnaires est que l’on doit en effet refaire la ‘Amida de Tachloumin, et telle est la règle. Il est bon, néanmoins, d’émettre intérieurement la condition selon laquelle, si jamais on n’avait pas réellement besoin de refaire cette ‘Amida de Tachloumin, la ‘Amida que l’on s’apprête à dire aurait valeur de prière additionnelle volontaire (nédava) (Michna Beroura 108, 7 ; Yalqout Yossef I p. 214).

09 – Quand ne peut-on pas remplacer une prière omise ?

Nos sages ont décrété qu’il est possible de rattraper une prière omise quand celle-ci précède immédiatement l’office présent. Aussi, si l’on a été contraint de manquer les prières de Cha’harit et de Min’ha, on récitera, après l’office d’Arvit, une seule ‘Amida à titre de Tachloumin, pour remplacer celle de Min’ha. Si on le souhaite, on pourra cependant ajouter après cela une ‘Amida additionnelle volontaire, en raison du fait que l’on a manqué la prière de Cha’harit (Choul’han ‘Aroukh 108, 4-5). Toutefois, de nos jours, on n’a pas l’usage de réciter la ‘Amida à titre volontaire (nédava)[11].

Si l’on a oublié de réciter la ‘Amida de Moussaf (prière additionnelle des jours de Chabbat et de fête), on ne peut la remplacer, du fait que les offrandes de Moussaf ne sont offertes que le jour même du Chabbat ou de la fête. Si l’on a oublié de dire la ‘Amida de Cha’harit un jour où l’on dit également Moussaf : bien que, comme nous l’avons vu, on ne puisse en principe remplacer d’autre ‘Amida que celle précédant immédiatement, on ne tient pas compte à cet égard de la prière de Moussaf, et l’on dit une ‘Amida de Tachloumin après la prière de Min’ha.

Si c’est intentionnellement que l’on a omis de réciter l’une des trois prières quotidiennes, on ne peut la remplacer. Les Richonim écrivent cependant que, si on le souhaite, on peut en ce cas dire une ‘Amida supplémentaire à titre volontaire (Choul’han ‘Aroukh 105, 7). Or nous avons déjà vu que, de nos jours, nous n’avons pas coutume de réciter la ‘Amida à titre de prière volontaire. En effet, si l’on fait une telle ‘Amida, il faut être sûr de pouvoir se concentrer sur le sens des mots durant toute cette prière, du début à la fin (Kaf Ha’haïm 108, 31).

En revanche, si l’on a manqué de dire Min’ha ou ‘Arvit quand on en avait encore le temps, parce que l’on estimait qu’après avoir terminé l’activité à laquelle on avait commencé à se livrer il resterait du temps pour prier, et qu’en fin de compte on s’est laissé entraîner par ladite activité au point que l’heure limite de la prière a expiré, on n’est pas considéré comme ayant intentionnellement annulé sa prière. Dans un tel cas, on dira une ‘Amida à titre de Tachloumin après la prière suivante. De même, si l’on a commencé à manger avant de prier, en pensant avoir le temps de prier après son repas, et qu’en fin de compte on a oublié de prier, on dira une ‘Amida de Tachloumin après la prière suivante, bien que l’on ait commencé à manger de façon interdite à l’heure de la prière. En effet, ce n’est pas par mépris de la mitsva que l’on a omis de prier (Choul’han ‘Aroukh 108, 8). Si l’on se livrait à un jeu, par exemple le football, que l’on nous ait appelé pour venir prier et que, dans sa grande passion pour le jeu en cours, on ait répondu : « J’arrive dans un instant ! » ; si l’on a continué à jouer et qu’entre-temps l’heure limite de la prière ait expiré, on ne peut remplacer la prière négligée par une ‘Amida de Tachloumin. Et bien que, s’il n’y avait eu ce jeu, on aurait été très heureux de prier, on est considéré comme ayant annulé sa prière par mépris de la mitsva. En effet, on savait pertinemment que le terme de la prière était sur le point d’expirer.


[11]. Selon Maïmonide, le Roch, les élèves de Rabbénou Yona, le Rachbam et le Choul’han ‘Aroukh, on ne peut rattraper que la dernière prière. D’autres disent que l’on peut rattraper toutes les prières que l’on a manquées. C’est ce qu’écrivent le Rachba et un second avis mentionné par les élèves de Rabbénou Yona. Le Choul’han ‘Aroukh écrit qu’il est bon de compléter toutes les prières manquées par autant de récitations de la ‘Amida à titre de prière volontaire. Seulement, puisque de nos jours nous n’avons pas l’usage de réciter la ‘Amida à titre volontaire, il semble que seul un fidèle certain de se concentrer comme il convient tout au long de la ‘Amida, pourra prier à titre volontaire aux fins de remplacer une ‘Amida manquée.

10 – Règles supplémentaires et cas de doute

Si l’on a oublié de dire la prière de Min’ha à la veille de Chabbat, on dira deux fois la ‘Amida d’Arvit de Chabbat : la première fois pour Arvit même, la seconde à titre de Tachloumin pour Min’ha. Certes, la ‘Amida de Min’ha aurait dû compter dix-neuf bénédictions (et non sept seulement, comme celle du vendredi soir) ; mais puisque le moment du remplacement tombe le Chabbat, on doit prier selon le rituel propre à la prière de Chabbat (Choul’han ‘Aroukh 108, 9).

Si l’on a oublié de dire le passage Yaalé véyavo à l’office de Min’ha de la néoménie (Roch ‘hodech), on n’est pas quitte de son obligation. Si le jour suivant se trouve être un second jour de Roch ‘hodech, il est clair que l’on devra réciter, après la ‘Amida d’Arvit, une seconde ‘Amida à titre de Tachloumin pour Min’ha et que, dans les deux prières, on mentionnera Yaalé véyavo. En revanche, si le jour suivant est un jour ordinaire, un doute apparaît. D’un côté, on peut soutenir que le seul défaut de la ‘Amida dite à Min’ha était l’omission de Yaalé véyavo ; par conséquent, en quoi sera-t-il utile d’ajouter, après l’office d’Arvit, une seconde ‘Amida sans Yaalé véyavo ? D’un autre côté, la raison pour laquelle on ne s’est pas rendu quitte lors de l’office de Min’ha est qu’à ce moment, c’était Roch ‘hodech, et que l’on a alors omis d’inclure Yaalé véyavo ; en revanche, lors de la prière de Tachloumin, on se rend quitte dès lors que l’on prie selon les règles en vigueur au moment présent. En pratique, il a été décidé que l’on réciterait deux fois la ‘Amida d’Arvit, tout en émettant intérieurement la condition selon laquelle, dans le cas où l’on n’aurait pas l’obligation de remplacer la ‘Amida omise, la seconde ‘Amida aurait valeur de prière additionnelle volontaire (nédava). Pour autant, il n’est pas nécessaire d’inclure quelque demande additionnelle à l’intérieur de cette seconde ‘Amida, comme le voudrait l’usage des prières volontaires.

Dans le même sens, si l’on se trompe pendant le Chabbat, et qu’au lieu de la ‘Amida de Min’ha de Chabbat on récite la ‘Amida des jours ouvrables sans mentionner la sainteté du jour, on devra réciter deux fois, à l’issue du Chabbat, la ‘Amida des jours ouvrables. On émettra alors intérieurement la condition selon laquelle, dans le cas où l’on ne devrait pas remplacer la ‘Amida omise, la seconde ‘Amida que l’on s’apprête à dire aurait valeur de prière volontaire (Choul’han ‘Aroukh 108, 11).

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