Pniné Halakha

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Chapitre 23 – Conclusion de l’office du matin et règles du Qaddich

11 – Règles du Qaddich

En raison de l’importance du Qaddich, on a assimilé les lois qui le régissent à celles de la ‘Amida. Par conséquent, celui qui prononce le Qaddich doit se tenir debout, et il est d’usage de se tenir pieds joints. De même qu’il est interdit de passer devant un fidèle qui récite la ‘Amida, ce jusqu’à une distance de quatre amot (coudées, cf. chap. 17 § 18), de même est-il interdit de passer dans les quatre amot de celui qui récite le Qaddich. Cet interdit ne s’applique que jusqu’à la fin de la partie principale du texte, celle qui forme le Qaddich abrégé (Birké Yossef, Kaf Ha’haïm 55, 9).

Selon certains, puisque le Qaddich est considéré comme une « parole sainte » (davar chébiqdoucha), l’assemblée doit, elle aussi, se lever quand le Qaddich est récité, jusqu’à la fin de sa partie principale ou, au moins, jusqu’à ce que l’on ait répondu Yehé chemeh rabba etc. (« Que Son grand nom soit béni… ») (Rama, Michna Beroura 56, 7-8). De même, il faut se lever pour répondre à Barekhou (Michna Beroura 146, 18). D’autres disent qu’il n’est pas obligatoire d’être debout quand se disent des paroles saintes, mais que, si l’on est déjà levé au début du Qaddich, il faut rester debout ; et si l’on était assis avant que ne commence le Qaddich, on peut rester assis. Tel était l’usage de Rabbi Isaac Louria (Maharil, Kaf Ha’haïm 56, 20 ; 146, 20-21).

Avant d’arriver à la dernière phrase du Qaddich, l’officiant, comme à la fin de la ‘Amida, s’incline et fait trois pas en arrière. Il s’incline alors du côté gauche et dit Ossé chalom bimromav (« Celui qui fait régner la paix dans Ses cieux… ») ; puis il s’incline du côté droit et dit Hou yaassé chalom ‘alénou (« … qu’Il fasse régner la paix sur nous… ») ; il s’incline enfin de face en disant véal kol Israël véimrou amen (« … et sur tout Israël, et dites amen ») (Choul’han ‘Aroukh 56, 5 ; 123, 1)[12].

Certains officiants ont coutume de s’incliner légèrement à chaque fois que l’assemblée répond amen à leur suite ; d’autres s’inclinent à d’autres endroits ; d’autres enfin ne s’inclinent pas[13].

Il existe des différences de coutume dans la manière de répondre Yehé chemeh rabba… (« Que Son grand nom soit béni »). Selon la coutume ashkénaze et yéménite Baladi, l’assemblée prononce cette phrase jusqu’aux mots lé’alam oul’almé ‘almaya (« à jamais, pour l’éternité ») inclus. D’après l’usage ‘hassidique et yéménite Chami, on prononce également le mot yitbarakh (« qu’Il soit béni »). Selon la coutume séfarade, on continue de réciter jusqu’aux mots daamiran bé’alma (« qui se disent dans le monde »). Autre différence : après que l’officiant a prononcé les mots berikh Hou (« béni soit-Il »), les Ashkénazes répondent berikh Hou. D’après l’usage séfarade, si l’on a le temps de réciter jusqu’aux mots daamiran bé’alma avant que l’officiant n’arrive à berikh Hou, on répond amen à berikh Hou. Si l’on n’a pas eu le temps de tout dire, on ne répond pas à berikh Hou[14].

Quant on répond Amen ; yehé chemeh rabba…, il faut marquer une pause entre amen et yehé chemeh rabba ; en effet, le mot amen est relatif à la phrase précédente énoncée par l’officiant, tandis que yehé chemeh rabba constitue une louange en tant que telle (Michna Beroura 56, 2).


[12]. Selon le Kaf Ha’haïm (56, 36), c’est seulement pour le Qaddich Titqabal, parce qu’il est lié à la ‘Amida, que l’officiant recule de trois pas ; en revanche, pour les autres Qaddich, qui ne sont pas liés à la ‘Amida, il n’y a pas lieu de marquer ces trois pas. Pourtant, le Yabia’ Omer V 9 défend l’opinion du Choul’han ‘Aroukh, selon laquelle on recule de trois pas à l’occasion de tous les Qaddich. On peut soutenir que le Qaddich en tant que tel est considéré comme une prière, et qu’il convient d’en « prendre congé » par trois pas en arrière. Tel est l’usage ashkénaze.
[13]. D’après le Choul’han ‘Aroukh 56, 4, l’officiant s’incline à cinq moments, durant le Qaddich. Quand il dit : 1) Yitgadal (« Que soit élevé ») ; 2) Yehé chemeh rabba (« Que Son grand nom ») ; 3) Yitbarakh (« Qu’Il soit béni ») ; 4) Berikh Hou (« béni soit-Il ») ; 5) Amen (qui conclut la partie principale du Qaddich). Selon le Kaf Ha’haïm 56, 35 au nom de plusieurs A’haronim, l’officiant s’incline à chaque fois que l’assemblée répond amen à sa suite. Or il semble que, même d’après la coutume du Kaf Ha’haïm, on ne s’incline qu’en cinq endroits : les cinq endroits où l’assemblée répond amen dans la partie principale du Qaddich. Le Gaon de Vilna est dubitatif à l’égard de ces révérences ; selon lui, il n’y a pas lieu d’ajouter aux prosternations décrétées par les sages du Talmud dans la ‘Amida. Selon le ‘Aroukh Hachoul’han (56, 7), il ne s’agit que de légères inflexions, qui ne sont donc pas semblables aux prosternations de la ‘Amida ; aussi, ne constituent-elles pas, selon lui, un ajout au décret des sages.
[14]. Le Beit Yossef résume les opinions et écrit au nom de Maïmonide, de Rachi, de Kolbo et de Rabbi David Aboudraham que l’on ne répond que jusqu’à oul’almé ‘almaya ; ce qui fait un compte de vingt-huit lettres [28 est la valeur numérique du mot koa’h, « force »]. Tel est l’usage ashkénaze. Cependant, le Midrach dit qu’il faut prendre grand soin de ne pas séparer ‘almaya de yitbarakh, car celui qui séparerait les deux mots serait puni. Par conséquent, nombreux sont ceux qui ont coutume de poursuivre jusqu’à daamiran bé’alma, ce qui fait un compte de vingt-huit mots. Il ressort des termes du Choul’han ‘Aroukh 56, 3 que telle est son opinion. C’est en ce sens que se prononce le Kaf Ha’haïm L’usage ‘hassidique est de poursuivre jusqu’à yitbarakh: de cette façon, on associe les mots ‘almaya et yitbarakh; telle est l’opinion de Rabbi Joseph Gikatila. Le Maguen Avraham écrit que tel est l’usage des anciens. Toutefois, d’après le Gaon de Vilna, se fondant sur les Richonim, il n’y a pas lieu de dire yitbarakh, car ce mot amorce une autre louange. Le Michna Beroura 15 écrit qu’à ce qu’il semble, si l’on dit ces deux mots en deux souffles distincts (« oul’almé ‘almaya. Yitbarakh »), cela devient permis, même selon le Gaon de Vilna.

Selon le Michna Beroura, si l’on récite un passage pendant lequel il est interdit de s’interrompre, on répond seulement jusqu’à‘almaya. D’après le Kaf Ha’haïm, même en ce cas, on récite tout, jusqu’à daamiran bé’alma. Selon le Yalqout Yossef I p. 115, si l’on se trouve entre les paragraphes du Chéma, ou entre les bénédictions du Chéma, on récite tout, mais si l’on est à l’intérieur des paragraphes ou des bénédictions, on répond seulement jusqu’à yitbarakh inclus.

Selon le Choul’han ‘Aroukh 55, 2, après que l’on a dit Yehé chemeh rabba etc., et que l’officiant arrive au mot yitbarakh, on répond amen. De nos jours, seuls les Yéménites procèdent ainsi. Selon l’usage séfarade, qui veut que l’on poursuive la récitation jusqu’à daamiran bé’alma, il est impossible de répondre amen à temps à ce moment-là. On ne parvient même pas toujours à répondre à berikh Hou. En ce sens, le Kaf Ha’haïm 56, 29 écrit que, selon les kavanot (méditations mystiques) de Rabbi Isaac Louria, il n’est pas prévu de répondre amen après yitbarakh.

Il conviendrait que l’assemblée répondît suivant l’usage de l’officiant ou de la personne qui récite le Qaddich (en disant berikh Hou ou amen, selon le cas), comme on l’a expliqué au chap. 6 § 5. Cependant, le public n’y est pas habitué. Aussi, nombreux sont ceux qui continuent de répondre suivant leur propre usage, bien que cela semble s’apparenter à l’interdit de lo titgodedou (« Vous ne vous séparerez pas en petits clans »).

12 – Récitation du Qaddich après une étude

C’est une mitsva de prononcer le Qaddich après toute étude publique. Si l’on a appris des versets (Torah écrite), on dit le Qaddich Yehé chelama rabba. Si l’on a étudié des paroles des sages (Torah orale), on dit le Qaddich derabbanan. On a l’usage, après avoir étudié les paroles des sages, d’ajouter des fragments d’Aggada[h], propres à réjouir le cœur, afin que le Qaddich se dise à leur suite, avec joie (Birké Yossef 55, 1 ; cf. Michna Beroura 55, 9). Aussi ajoute-t-on, après les paragraphes de l’encens, des passages aggadiques consacrés au mérite d’étudier les lois chaque jour, et aux sages, qui répandent la paix dans le monde.

Certains pensent que l’on ne récite le Qaddich après une étude que dans le cas où dix hommes ont effectivement étudié ensemble, qu’il s’agisse de versets ou de paroles des sages (‘Aroukh Hachoul’han 55, 5). D’autres disent que, même si deux personnes seulement ont étudié ensemble, et qu’immédiatement après la fin de leur étude d’autres personnes se sont rassemblées dans ce même endroit, formant le quorum de dix, on peut réciter le Qaddich à l’occasion de cette étude (Maguen Avraham, Michna Beroura 54, 9 ; 55, 2). L’usage veut que, lorsque quelqu’un désire réciter le Qaddich après son étude, il prononce préalablement à voix haute la maxime talmudique : « Rabbi ‘Hananya ben Aqachya dit : le Saint béni soit-Il a voulu conférer du mérite au peuple d’Israël, aussi a-t-il multiplié, à son intention, la Torah et les commandements, comme il est dit (Is 42, 21) : “L’Eternel a désiré, pour manifester Sa justice, rendre la Torah grande et puissante” » (Makot 3, 16). Et dès lors que dix hommes entendent ces paroles de nos sages, on considère que ces dix personnes étudient ensemble ; on peut donc prononcer alors le Qaddich en conformité avec toutes les opinions. De même, quand on dit le Qaddich après la récitation de versets, on prononce préalablement trois versets à voix haute ; après quoi, on peut réciter le Qaddich d’après toutes les opinions.


[h]. Aggada: partie non-juridique du Talmud et du Midrach, composée de passages narratifs et de maximes sapientiales et éthiques.

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