{"id":3901,"date":"2014-04-04T00:06:12","date_gmt":"2014-04-03T21:06:12","guid":{"rendered":"https:\/\/ph.yhb.org.il\/fr\/?p=3901"},"modified":"2018-11-11T12:21:03","modified_gmt":"2018-11-11T10:21:03","slug":"14-04-06","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/ph.yhb.org.il\/fr\/14-04-06\/","title":{"rendered":"06. Pens\u00e9es fautives\u00a0: deux cat\u00e9gories d\u2019interdit"},"content":{"rendered":"
Il existe deux types de pens\u00e9es (hirhourim<\/em>) interdites. L\u2019une consiste \u00e0 entretenir en soi la pens\u00e9e de la faute d\u2019adult\u00e8re\u00a0; l\u2019autre consiste \u00e0 penser \u00e0 une chose susceptible d\u2019entra\u00eener une perte s\u00e9minale accidentelle, pendant son sommeil. La raison de l\u2019interdit, dans les deux cas, est que ces pens\u00e9es portent atteinte \u00e0 l\u2019unit\u00e9 sainte qui relie les membres du couple\u00a0; elles orientent vers des r\u00e9gions \u00e9trang\u00e8res la passion charnelle, qui doit au contraire ajouter \u00e0 l\u2019amour et \u00e0 l\u2019attachement entre \u00e9poux\u00a0; et elles ont pour effet l\u2019\u00e9loignement de la Pr\u00e9sence divine (Ch\u00e9khina<\/em>) \u00e0 l\u2019\u00e9gard du couple.<\/p>\n Le premier interdit porte donc sur le fait d\u2019entretenir en son esprit la pens\u00e9e de la faute, c\u2019est-\u00e0-dire de s\u2019imaginer avoir des relations sexuelles avec une femme autre que la sienne, et \u00e0 plus forte raison de projeter de commettre une telle faute. Il est dit, en effet\u00a0: \u00ab\u00a0Vous ne vous \u00e9garerez pas \u00e0 la suite de vos c\u0153urs et \u00e0 la suite de vos yeux, apr\u00e8s lesquels vous vous prostituez\u00a0\u00bb (Nb 15, 39). Nos sages commentent\u00a0: \u00ab\u00a0\u00c0 la suite de vos c\u0153urs\u00a0: c\u2019est l\u2019h\u00e9r\u00e9sie [l\u2019idol\u00e2trie ou le reniement de la foi] (\u2026) \u00c0 la suite de vos yeux\u00a0: ce sont les pens\u00e9es p\u00e9cheresses [le fait d\u2019imaginer se livrer \u00e0 des relations sexuelles interdites]\u00a0\u00bb (Berakhot<\/em> 12b). Par cons\u00e9quent, il est interdit \u00e0 l\u2019homme de contempler des femmes, ou leurs v\u00eatements, d\u2019une mani\u00e8re qui risque de l\u2019amener \u00e0 penser \u00e0 la faute (Choul\u2019han \u2018Aroukh, Even Ha\u2019ezer<\/em> 21, 1). Non seulement le fait d\u2019entretenir l\u2019id\u00e9e de la faute, en tant que tel, est interdit \u2013 parce qu\u2019il porte atteinte \u00e0 l\u2019amour entre l\u2019homme et sa femme, et rend impure sa pens\u00e9e en l\u2019encombrant de choses interdites \u2013, mais cela risque \u00e9galement de le conduire \u00e0 un adult\u00e8re r\u00e9el. En effet, la faute commence par les pens\u00e9es concupiscentes\u00a0: en s\u2019intensifiant, elles permettent au mauvais penchant de dominer l\u2019homme, au point de lui faire commettre l\u2019adult\u00e8re. Nos sages enseignent, \u00e0 cet \u00e9gard, que la pens\u00e9e de la faute est plus dure encore que la faute elle-m\u00eame (Yoma<\/em> 29a). Certes, la peine est plus grave pour l\u2019adult\u00e8re lui-m\u00eame, mais ce sont les id\u00e9es adult\u00e8res qui entra\u00eenent l\u2019homme \u00e0 violer l\u2019alliance qui l\u2019unit \u00e0 sa femme et \u00e0 commettre effectivement la faute d\u2019adult\u00e8re\u00a0; ce sont elles qui se poursuivent, avant et apr\u00e8s la faute\u00a0; et ce sont elles qui rendent le plus impures la pens\u00e9e et l\u2019\u00e2me.<\/p>\n L\u2019une des raisons pour lesquelles les sages ont d\u00e9cr\u00e9t\u00e9 la lecture quotidienne du troisi\u00e8me paragraphe du Ch\u00e9ma Isra\u00ebl (Vayomer<\/em>) est d\u2019\u00e9veiller l\u2019attention de l\u2019homme sur la n\u00e9cessit\u00e9 de se garder de la pens\u00e9e de la faute, ainsi qu\u2019il est dit\u00a0: \u00ab\u00a0Vous ne vous \u00e9garerez pas \u00e0 la suite de vos c\u0153urs et \u00e0 la suite de vos yeux, apr\u00e8s lesquels vous vous prostituez\u00a0\u00bb (Nb 15, 39, Berakhot<\/em> 12b). Par le rappel que constituent les tsitsit <\/em>(franges rituelles), l\u2019homme peut en effet se pr\u00e9server de la faute (Mena\u2019hot<\/em> 44a\u00a0; cf. ci-dessus chap. 3 \u00a7 6)[9]<\/a><\/sup>.<\/p>\n Le second interdit, pour l\u2019homme, consiste \u00e0 penser \u00e0 des choses qui excitent son mauvais penchant, et risquent de causer une perte de semence, la nuit, pendant son sommeil. Il est dit en effet\u00a0: \u00ab\u00a0Tu te garderas de toute chose mauvaise\u00a0\u00bb (Dt 23, 10), ce que les sages commentent\u00a0: \u00ab\u00a0L\u2019homme n\u2019entretiendra pas, pendant le jour, des pens\u00e9es qui le m\u00e8neront \u00e0 l\u2019impuret\u00e9 pendant la nuit\u00a0\u00bb (\u2018Avoda Zara<\/em> 20b). Cet interdit inclut le fait de penser, de lire ou de regarder des choses excitant le mauvais penchant, et conduisant le membre viril \u00e0 durcir\u00a0; cela, bien que l\u2019homme ne s\u2019imagine pas s\u2019approchant d\u2019une femme qui lui est interdite. M\u00eame si l\u2019on est mari\u00e9, il est interdit, lorsque sa femme est en \u00e9tat d\u2019impuret\u00e9, ou que l\u2019on se trouve loin d\u2019elle, d\u2019entretenir des pens\u00e9es relatives \u00e0 l\u2019union charnelle avec elle, de fa\u00e7on telle que l\u2019on en \u00e9prouve une excitation, de crainte d\u2019en venir \u00e0 une impuret\u00e9 nocturne. Toute cette passion, en effet, doit \u00eatre r\u00e9serv\u00e9e \u00e0 sa femme, de fa\u00e7on exclusive[10]<\/a><\/sup>.<\/p>\n L\u2019\u00e9mission s\u00e9minale durant la nuit est appel\u00e9e qeri <\/em>(accident)[b]<\/a><\/sup>, ou encore touma<\/em> (impuret\u00e9). Qeri<\/em>, parce que cette chose se produit sans qu\u2019une intention y ait \u00e9t\u00e9 mise, mais comme un \u00ab\u00a0hasard nocturne[c]<\/a><\/sup>\u00a0\u00bb. Il y a l\u00e0 \u00e9galement un fait d\u2019impuret\u00e9, car la Torah applique un statut d\u2019impuret\u00e9 \u00e0 celui qui a \u00e9mis de la semence\u00a0: il lui est interdit de monter sur le mont du Temple, ou de manger des choses consacr\u00e9es. Pour se purifier, il doit s\u2019immerger dans un bain rituel (miqv\u00e9<\/em>)\u00a0; et pour \u00eatre en mesure de consommer des nourritures consacr\u00e9es, il doit encore, apr\u00e8s son immersion, attendre la tomb\u00e9e de la nuit (cf. ci-dessus, chap. 3 \u00a7 8).<\/p>\n Un accident nocturne est l\u2019effet de la nature du corps, qui produit de la semence, nature \u00e0 laquelle se m\u00ealent des pens\u00e9es que l\u2019homme entretient \u00e0 l\u2019\u00e9tat de veille. Ces pens\u00e9es excitent son penchant, et d\u00e9terminent le durcissement de son membre viril. Et, bien que, durant la journ\u00e9e, on r\u00e9ussisse \u00e0 se dominer, et que l\u2019on n\u2019ait pas d\u2019\u00e9mission s\u00e9minale vaine, ces pens\u00e9es reviennent au cours de ses r\u00eaves, entra\u00eenant l\u2019accident nocturne. Quoi qu\u2019il en soit, m\u00eame des justes (tsadiqim<\/em>), qui r\u00e9ussissent \u00e0 ma\u00eetriser leurs pens\u00e9es le jour, constatent de temps \u00e0 autre une perte s\u00e9minale nocturne, car telle est la nature du corps que de produire de la semence, et plus les jours passent sans qu\u2019il soit \u00e9mis de semence, plus le corps a tendance \u00e0 l\u2019expulser. Cette chose arrive aux jeunes plus fr\u00e9quemment qu\u2019aux hommes plus \u00e2g\u00e9s. (L\u2019interdit de la masturbation et des pens\u00e9es fautives chez la femme sera expos\u00e9 ci-apr\u00e8s, \u00a7 10-12.)<\/p>\n [10]<\/a>. Selon de nombreux d\u00e9cisionnaires, celui qui entretient des pens\u00e9es qui risquent de le conduire \u00e0 une impuret\u00e9 nocturne transgresse un interdit toranique, car la deracha<\/em> (lecture herm\u00e9neutique) du verset \u00ab\u00a0Tu te garderas de toute chose mauvaise\u00a0\u00bb est une deracha<\/em> au plein sens du terme, et non un simple appui scripturaire (asmakhta<\/em>) \u00e0 une norme rabbinique (S\u00e9fer Mitsvot Gadol<\/em>, interdit n\u00b0 126, S\u00e9fer Mitsvot Qatan<\/em> 24, Ran sur \u2018Houlin <\/em>37b, Beit Chemouel<\/em> 21, 2). Face \u00e0 ces avis, le S\u00e9fer Yere\u00efm<\/em> 45 estime que l\u2019interdit est rabbinique. Le Peri M\u00e9gadim<\/em>, le \u2018Ezer Miqodech<\/em> et les responsa A\u2019hi\u2019\u00e9zer <\/em>III 24, 5 estiment aussi que, si Ma\u00efmonide et le Choul\u2019han \u2018Aroukh<\/em> ne mentionnent pas cette mise en garde, c\u2019est parce que, \u00e0 leur avis, cette deracha<\/em> est seulement un appui scripturaire \u00e0 une norme rabbinique. Cf. Otsar Haposqim <\/em>23, 7-8.<\/p>\n
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