{"id":578,"date":"2016-02-07T00:02:16","date_gmt":"2016-02-06T22:02:16","guid":{"rendered":"https:\/\/ph.yhb.org.il\/fr\/?p=578"},"modified":"2017-01-04T12:13:01","modified_gmt":"2017-01-04T10:13:01","slug":"02-07-02","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/ph.yhb.org.il\/fr\/02-07-02\/","title":{"rendered":"02 \u2013 S\u2019habiller avec pudeur"},"content":{"rendered":"
Lorsqu\u2019on s\u2019habille, m\u00eame si l\u2019on est seul chez soi, il convient de se conduire avec pudeur. Il ne faut pas se dire\u00a0: \u00ab\u00a0Me voici dans la plus grande intimit\u00e9, qui me verra\u00a0?\u00a0\u00bb, car la gloire du Saint b\u00e9ni soit-Il emplit tout l\u2019univers. Par cons\u00e9quent, si l\u2019on dort sans v\u00eatement, il faut prendre soin de ne pas se lever nu pour ensuite s\u2019habiller, mais de mettre une chemise de nuit ou un bas de pyjama alors qu\u2019on est encore dans son lit, sous la couverture, afin que le lieu de sa nudit\u00e9 reste couvert, m\u00eame lorsque l\u2019on s\u2019habille. De m\u00eame, lorsqu\u2019on doit se changer de sous-v\u00eatement, il convient de se changer sous une couverture ou en portant une longue robe de chambre, qui couvre sa nudit\u00e9. On peut encore se changer dans la salle de bain ou dans les toilettes, car ce sont des endroits\u00a0 destin\u00e9s \u00e0 cela, et le fait de s\u2019y d\u00e9shabiller ne porte pas atteinte \u00e0 la pudeur.<\/p>\n
C\u2019est une coutume pieuse que de veiller \u00e0 ce que toutes les parties du corps que l\u2019homme a l\u2019habitude de couvrir par respect, lorsqu\u2019il se trouve parmi les membres de sa famille ou parmi des amis proches, soient aussi couvertes lorsqu\u2019il est seul. Aussi, est-ce un pieux usage, m\u00eame quand on est seul dans sa chambre, de ne pas rester sans maillot de corps. M\u00eame lorsqu\u2019on se change de maillot de corps, il est bon de le faire dans la salle de bain.<\/p>\n
Lorsqu\u2019on souffre, en raison d\u2019une grande chaleur, on est autoris\u00e9 \u00e0 \u00f4ter son maillot de corps\u00a0; en revanche, il ne faut \u00e9videmment pas d\u00e9voiler l\u2019organe de sa nudit\u00e9. Les talmid\u00e9 \u2018hakhamim<\/em> 1<\/a><\/sup>ont l\u2019usage d\u2019\u00eatre plus rigoureux\u00a0: m\u00eame lorsque les journ\u00e9es sont chaudes et qu\u2019ils se trouvent seuls dans leur chambre, ils n\u2019\u00f4tent pas leur maillot de corps\u00a0; et lorsqu\u2019ils sont chez eux en pr\u00e9sence d\u2019amis proches ou de membres de leur famille, ils ne restent pas sans chemise.<\/p>\n Tout ce qui vient d\u2019\u00eatre dit concerne les cas o\u00f9 il n\u2019y a pas de n\u00e9cessit\u00e9 r\u00e9elle de se d\u00e9couvrir. Mais lorsqu\u2019il y a une telle n\u00e9cessit\u00e9, par exemple pour les besoins d\u2019un bain ou pour un besoin m\u00e9dical, il est permis de d\u00e9couvrir le lieu de sa nudit\u00e9 (Igrot Moch\u00e9<\/em>, Yor\u00e9 D\u00e9\u2019a<\/em> III 68, 4) 2<\/a><\/sup>. Les d\u00e9cisionnaires ont appris de cela la pieuse coutume consistant, m\u00eame quand on est seul dans sa chambre, \u00e0 ne pas d\u00e9voiler les endroits habituellement couverts de son corps. Cet usage est cit\u00e9 comme r\u00e8gle par le Choul\u2019han \u2018Aroukh<\/em>, Ora\u2019h \u2018Ha\u00efm<\/em> 2, 1-2. Or on peut s\u2019interroger sur ce qui constituait la motivation essentielle de la pr\u00e9caution\u00a0: craignait-on principalement, quand on s\u2019habillait, que le si\u00e8ge de sa nudit\u00e9 ne f\u00fbt d\u00e9voil\u00e9, parce que l\u2019on avait l\u2019habitude de dormir nu sous sa couverture\u00a0? Craignait-on que ne se d\u00e9couvr\u00eet une grande partie de sa chair\u00a0? Ou bien encore \u00e9tait-on plus rigoureux, de fa\u00e7on que toutes les parties du corps que l\u2019on avait l\u2019habitude de recouvrir durant la journ\u00e9e restassent couvertes au moment de l\u2019habillage\u00a0(cf. Beit Yossef<\/em>)\u00a0? Implication pratique \u00e0 cette question\u00a0: convient-il de se couvrir d\u2019une couverture [ou bien encore d\u2019aller \u00e0 la salle de bain] pour se changer de maillot de corps ou de pantalon\u00a0?<\/li>\n<\/ol>\n Le \u2018Aroukh Hachoul\u2019han<\/em> 2, 1 laisse entendre que le souci, en la mati\u00e8re, est essentiellement de ne pas d\u00e9voiler la moiti\u00e9 de son corps ; mais il permet clairement de d\u00e9voiler les jambes. Si bien qu\u2019il est permis, selon lui, de se changer de pantalon sans avoir \u00e0 se recouvrir, alors qu\u2019il faut s\u2019en garder pour ce qui concerne le maillot de corps. Le Rav Mordekha\u00ef Elyahou note, dans le m\u00eame sens, dans son Qitsour Choul\u2019han \u2018Aroukh<\/em> que, si l\u2019on porte des sous-v\u00eatements, on n\u2019a pas besoin de s\u2019habiller sous une couverture. Le Michna Beroura<\/em> 2, 1, qui se fonde sur plusieurs A\u2019haronim, est plus rigoureux\u00a0: selon lui, il ne faut pas que se d\u00e9voilent les parties du corps que l\u2019on a l\u2019habitude de couvrir\u00a0; aussi, m\u00eame les chaussettes doivent \u00eatre mises sous une couverture. Cependant le Igrot Moch\u00e9<\/em>, Yor\u00e9 D\u00e9\u2019a<\/em> III 47, 3 et 68, 4 explique que l\u2019intention du Michna Beroura<\/em> est simplement de dire que toute partie du corps qu\u2019il est consid\u00e9r\u00e9 comme honteux de d\u00e9voiler lorsque l\u2019on est chez soi, en compagnie des gens de sa maison ou de ses amis, ne doit pas non plus \u00eatre d\u00e9voil\u00e9e quand on est seul\u00a0; et chaque\u00a0 contr\u00e9e va selon son usage. Par cons\u00e9quent, il est certain que, m\u00eame de l\u2019avis du Michna Beroura<\/em>, il n\u2019est pas n\u00e9cessaire, de nos jours, d\u2019\u00eatre rigoureux en ce qui concerne les chaussettes.<\/p>\n Le Igrot Moch\u00e9 <\/em>\u00e9crit encore que tous les usages de pi\u00e9t\u00e9 d\u00e9crits \u00e0 ce propos sont applicables par temps normal\u00a0; mais si l\u2019on souffre de la chaleur on peut \u00eatre indulgent (en enlevant sa chemise, et m\u00eame son maillot de corps). La r\u00e8gle est la m\u00eame en ce qui concerne un homme \u00e2g\u00e9 \u00e0 qui il est difficile de se changer de maillot de corps sous la couverture, ou une femme qui craint que sa chemise ne se froisse (l\u2019auteur du \u00a0Halakha B\u00e9roura<\/em> va dans le m\u00eame sens, au nom de son p\u00e8re, le Rav Ovadia Yossef). Toutefois, le Igrot Moch\u00e9<\/em> ajoute qu\u2019il ne faut en aucun cas d\u00e9couvrir sa nudit\u00e9, \u00e0 moins d\u2019un besoin r\u00e9el, tel qu\u2019un bain ou une consultation m\u00e9dicale. D\u2019apr\u00e8s cela, j\u2019ai distingu\u00e9, \u00e0 l\u2019\u00e9gard des \u00ab\u00a0usages\u00a0de pi\u00e9t\u00e9 \u00bb (minhag \u2018hassidout<\/em>), entre le si\u00e8ge de la nudit\u00e9 et les autres endroits habituellement recouverts\u00a0; j\u2019ai \u00e9crit, au sujet du maillot de corps, que ne pas l\u2019enlever hors des couvertures ou de la salle de bain \u00e9tait un \u00ab\u00a0usage\u00a0de pi\u00e9t\u00e9 \u00bb [c\u2019est-\u00e0-dire un usage qui d\u00e9passe la stricte obligation]. Et bien que le Choul\u2019han \u2018Aroukh<\/em> ait rapport\u00e9 comme r\u00e8gle (halakha) l\u2019usage consistant \u00e0 ne pas d\u00e9voiler des parties de son corps habituellement couvertes, la majorit\u00e9 des d\u00e9cisionnaires s\u2019accordent \u00e0 dire qu\u2019il s\u2019agit seulement d\u2019un pieux usage<\/em> et non d\u2019une stricte obligation (cf. cependant Michna Beroura<\/em>, pour lequel il est question d\u2019obligation). On peut dire encore que, du temps des ma\u00eetres du Talmud, une solution commode consistait, pour s\u2019habiller, \u00e0 faire entrer sa t\u00eate et ses mains dans sa tunique alors que l\u2019on \u00e9tait couch\u00e9, de fa\u00e7on que, lorsqu\u2019on se levait, on f\u00fbt automatiquement couvert\u00a0; alors que rev\u00eatir un maillot de corps \u00e9troit sous la couverture est plus difficile, ce qui en fait un pieux usage et non une obligation. De plus, dans certains endroits, on n\u2019est pas g\u00ean\u00e9 de rester sans maillot de corps avec ses amis.<\/p>\n Mais les disciples des sages<\/strong> (talmid\u00e9 \u2018hakhamim<\/em>) ont l\u2019habitude d\u2019\u00eatre plus pointilleux dans la pratique d\u2019un usage de pi\u00e9t\u00e9\u00a0; m\u00eame lorsqu\u2019il fait tr\u00e8s chaud, il est certain qu\u2019ils ne restent pas chez eux sans maillot de corps. Beaucoup d\u2019entre eux ont m\u00eame soin de ne pas aller et venir chez eux en tricot \u00e0 manches courtes. Cf. responsa Az Nidberou<\/em> 6, 40.].<\/p>\n Afin d\u2019expliquer quelque peu le th\u00e8me de la pudeur, il faut faire une remarque pr\u00e9alable\u00a0: lorsque le premier homme a \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9, celui-ci \u00e9tait pur et int\u00e8gre, dans son esprit comme dans son corps, et il n\u2019\u00e9prouvait pas le besoin de porter des v\u00eatements. En revanche, apr\u00e8s la faute, l\u2019homme a commenc\u00e9 \u00e0 avoir honte de sa nudit\u00e9\u00a0; depuis, tout le monde recouvre son corps de v\u00eatements, particuli\u00e8rement les parties du corps li\u00e9es au d\u00e9sir physique et \u00e0 l\u2019expulsion des d\u00e9chets.<\/p>\n Le corps d\u00e9voil\u00e9 met l\u2019accent de mani\u00e8re extr\u00eame sur le c\u00f4t\u00e9 mat\u00e9riel et animal qui est en l\u2019homme. Certes, la forme du corps, dans tous ses d\u00e9tails et ses membres, porte en elle des allusions profondes, merveilleuses, \u00e0 l\u2019\u00e2me, allusions dont la sagesse kabbalistique traite largement. Le corps a pour but de concr\u00e9tiser toutes ces notions. Mais \u00e0 cause de la faute, notre regard est devenu plus ext\u00e9rieur, et nous ne voyons du corps que l\u2019aspect mat\u00e9riel, qui nous fait oublier l\u2019int\u00e9riorit\u00e9 spirituelle. Aussi faut-il cacher celles des parties du corps qui sont habituellement recouvertes, afin de mettre davantage l\u2019accent sur la spiritualit\u00e9 int\u00e9rieure, source de la beaut\u00e9\u00a0; de cette fa\u00e7on, la beaut\u00e9 sup\u00e9rieure \u00a0se r\u00e9pand dans tout le corps. C\u2019est ce \u00e0 quoi nos sages, de m\u00e9moire b\u00e9nie, font allusion en enseignant que c\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment la pudeur qui conserve la beaut\u00e9, par le fait qu\u2019elle nourrit la racine \u00e9ternelle de celle-ci (cf. Bamidbar Rabba<\/em> 1, 3).<\/p>\n Lorsqu\u2019on s\u2019habille, m\u00eame si l\u2019on est seul chez soi, il convient de se conduire avec pudeur. Il ne faut pas se dire\u00a0: \u00ab\u00a0Me voici dans la plus grande intimit\u00e9, qui me verra\u00a0?\u00a0\u00bb, car la gloire du Saint b\u00e9ni soit-Il emplit tout l\u2019univers. 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