{"id":797,"date":"2016-04-08T01:00:15","date_gmt":"2016-04-07T22:00:15","guid":{"rendered":"https:\/\/ph.yhb.org.il\/fr\/?p=797"},"modified":"2018-03-20T11:43:33","modified_gmt":"2018-03-20T09:43:33","slug":"04-08-01","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/ph.yhb.org.il\/fr\/04-08-01\/","title":{"rendered":"01. La matsa \u2018achira<\/em>, pain azyme p\u00e9tri dans un liquide autre que l\u2019eau"},"content":{"rendered":"

La p\u00e2te lev\u00e9e que la Torah interdit est le produit de la farine et de l\u2019eau. Mais si l\u2019on a p\u00e9tri de la farine dans du jus de fruit (mei p\u00e9rot<\/em>), m\u00eame si l\u2019on a laiss\u00e9 le m\u00e9lange reposer un jour entier, au point que la p\u00e2te a gonfl\u00e9, cette p\u00e2te n\u2019est pas consid\u00e9r\u00e9e comme du \u2018hamets, car ce gonflement diff\u00e8re du gonflement propre au \u2018hamets, que la Torah interdit. Parmi les liquides ayant statut de mei p\u00e9rot<\/em> au sens large du terme, on trouve non seulement tous les jus obtenus effectivement par pressage de fruits, tels que le jus de pomme ou de fraise, mais encore le vin, le miel, le lait, l\u2019huile, l\u2019\u0153uf. Puisque ces diff\u00e9rents liquides n\u2019ont pas la propri\u00e9t\u00e9 de fermenter, au sens halakhique du mot, il est permis, \u00e0 Pessa\u2019h, de les employer au p\u00e9trissage de la p\u00e2te, puis de cuire celle-ci et de la manger. Simplement, on ne saurait se rendre quitte, par une telle consommation, de la mitsva de consommer de la matsa (pain azyme) le premier soir de Pessa\u2019h, car la Torah appelle la matsa \u00ab\u00a0pain pauvre\u00a0\u00bb (l\u00e9\u2019hem \u2018oni<\/em>)\u00a0; or la matsa p\u00e9trie \u00e0 l\u2019aide de liquides autres que l\u2019eau est \u00ab\u00a0riche[a]<\/a><\/sup>\u00a0\u00bb, puisqu\u2019elle poss\u00e8de un suppl\u00e9ment de go\u00fbt par rapport au simple m\u00e9lange de farine et d\u2019eau.<\/p>\n

Si un peu d\u2019eau s\u2019est m\u00eal\u00e9e au jus de fruit \u2013 ou \u00e0 quelque autre liquide de m\u00eame statut \u2013, ce m\u00e9lange est susceptible de faire fermenter la p\u00e2te. Bien plus, selon de nombreux d\u00e9cisionnaires, l\u2019eau adjointe \u00e0 l\u2019un de ces autres liquides entra\u00eene une fermentation plus rapide. Aussi, pour ne pas s\u2019exposer au risque d\u2019une fermentation, nos sages ont interdit, \u00e0 Pessa\u2019h, de p\u00e9trir une p\u00e2te avec du jus de fruit m\u00eal\u00e9 d\u2019eau (Choul\u2019han \u2018Aroukh<\/em> 462, 1-3).<\/p>\n

La coutume ashk\u00e9naze est d\u2019interdire la consommation d\u2019un aliment p\u00e9tri \u00e0 l\u2019aide de farine et de mei p\u00e9rot<\/em>[b]<\/a><\/sup>, car on craint que de l\u2019eau ne s\u2019y soit m\u00eal\u00e9e, ce qui conduirait la p\u00e2te \u00e0 fermenter. De plus, on tient compte de l\u2019opinion de Rachi qui, \u00e0 la diff\u00e9rence de la majorit\u00e9 des d\u00e9cisionnaires, estime que les mei p\u00e9rot<\/em> \u00e0 eux seuls peuvent entra\u00eener une fermentation rabbiniquement interdite. Certes, si l\u2019on s\u2019en tenait \u00e0 la stricte obligation, on pourrait \u00eatre indulgent, conform\u00e9ment \u00e0 l\u2019opinion d\u2019une nette majorit\u00e9 de d\u00e9cisionnaires\u00a0; mais la coutume ashk\u00e9naze \u2013 et il n\u2019y a pas lieu d\u2019en changer\u00a0\u2013 est d\u2019\u00eatre rigoureux. Ce n\u2019est que pour les besoins d\u2019un malade ou d\u2019une personne \u00e2g\u00e9e que l\u2019on a l\u2019usage d\u2019\u00eatre indulgent (Rama 462, 4). M\u00eame parmi les d\u00e9cisionnaires s\u00e9farades, nombreux sont rigoureux, de nos jours. En effet, il s\u2019est av\u00e9r\u00e9 qu\u2019en g\u00e9n\u00e9ral on ajoute de l\u2019eau et diff\u00e9rents additifs aux jus de fruit et aux liquides de m\u00eame statut, de sorte qu\u2019il est grandement \u00e0 craindre qu\u2019une fermentation interdite se produise dans la matsa \u2018achira <\/em>(Rav Mordekha\u00ef Elyahou)[1]<\/a><\/sup>.<\/p>\n

\n
\n
\n[a]<\/a>. Cette matsa p\u00e9trie \u00e0 l\u2019aide de liquides autres que l\u2019eau s\u2019appelle matsa \u2018achira<\/em>, litt\u00e9ralement \u00ab\u00a0pain azyme riche\u00a0\u00bb.<\/p>\n

[b]<\/a>. Afin de ne pas alourdir la version fran\u00e7aise, nous ne traduirons plus, dans la suite de ce chapitre, cette expression h\u00e9bra\u00efque qui, on l\u2019a vu, d\u00e9signe non seulement les jus de fruits mais encore d\u2019autres liquides, \u00e0 l\u2019exclusion de l\u2019eau.<\/p>\n

[1]<\/a>. Nous sommes ici en pr\u00e9sence de deux sujets\u00a0: a) la farine m\u00e9lang\u00e9e \u00e0 des mei p\u00e9rot<\/em> peut-elle fermenter\u00a0? b) lorsqu\u2019on a ajout\u00e9 de l\u2019eau et que la p\u00e2te risque de fermenter, est-il permis de p\u00e9trir cette p\u00e2te en prenant soin qu\u2019elle ne fermente pas\u00a0? Le premier sujet est r\u00e9sum\u00e9 par le B\u00e9rour Halakha <\/em>sur Pessa\u2019him<\/em> 35a \u05d3\u00a0\u00bb\u05d4 \u05de\u05d9 \u05e4\u05d9\u05e8\u05d5\u05ea \u05d0\u05d9\u05df \u05de\u05d7\u05de\u05d9\u05e6\u05d9\u05df. Selon Rachi et ceux qui partagent son avis, la r\u00e9union de farine et de mei p\u00e9rot<\/em> produit une fermentation\u00a0; simplement, le \u2018hamets ainsi produit est ce que l\u2019on appelle \u2018hamets nouqch\u00e9<\/em> (\u2018hamets alt\u00e9r\u00e9), qui n\u2019est interdit que rabbiniquement. Selon la majorit\u00e9 des Richonim, en revanche, la farine r\u00e9unie \u00e0 des mei p\u00e9rot<\/em> ne fermente jamais\u00a0; toutefois, si l\u2019on y a m\u00eal\u00e9 de l\u2019eau, le m\u00e9lange est susceptible de fermenter. Les avis s\u2019opposent simplement quant au degr\u00e9 d\u2019interdiction d\u2019un \u2018hamets ainsi obtenu\u00a0: pour Ma\u00efmonide, il s\u2019agit de \u2018hamets parfait\u00a0; pour Rabb\u00e9nou Tam, il ne s\u2019agit que de \u2018hamets nouqch\u00e9<\/em>. Selon le Peri M\u00e9gadim<\/em>, si la majorit\u00e9 [du liquide utilis\u00e9] est de l\u2019eau, tout le monde s\u2019accorde \u00e0 dire qu\u2019il s\u2019agit de \u2018hamets parfait (B\u00e9our Halakha<\/em> 462, 2 \u05d3\u00a0\u00bb\u05d4 \u05de\u05de\u05d4\u05e8\u05d9\u05dd). Cf. B\u00e9rour Halakha<\/em>, r\u00e9f. cit., et, du Rav Ido Alba, Matsa \u2018Achira<\/em> 5, 7-8.<\/p>\n

Le second sujet se trouve au trait\u00e9 Pessa\u2019him<\/em> 36a, o\u00f9 est cit\u00e9e la controverse opposant les Tanna\u00efm quant \u00e0 la matsa \u2018achira<\/em> \u00e0 Pessa\u2019h, controverse rapport\u00e9e par une bara\u00eftha<\/em> [texte tanna\u00eftique ext\u00e9rieure \u00e0 la Michna]. Selon le Rif et Ma\u00efmonide, la halakha est conforme \u00e0 l\u2019opinion de Rabbi Aqiba, selon lequel il est permis de p\u00e9trir de la farine dans un m\u00e9lange de mei p\u00e9rot<\/em> ajout\u00e9s d\u2019eau, \u00e0 condition de bien veiller \u00e0 ce que le m\u00e9lange ne fermente pas, tout comme on veille \u00e0 ce que ne fermente pas un m\u00e9lange de farine et d\u2019eau. C\u2019est aussi l\u2019avis de Rav N\u00e9trona\u00ef Gaon et du M\u00e9\u00efri. Face \u00e0 eux, de nombreux auteurs estiment qu\u2019il ne faut pas p\u00e9trir de la farine dans des mei p\u00e9rot<\/em> ajout\u00e9s d\u2019eau, car un tel m\u00e9lange fermente plus rapidement. Ces m\u00eames auteurs sont partag\u00e9s quant \u00e0 la r\u00e8gle applicable a posteriori, quand un tel m\u00e9lange a d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 fait. Selon Rav Ha\u00ef Gaon et le Halakhot Guedolot<\/em>, la halakha suit Rabban Gamliel\u00a0: si un tel m\u00e9lange a \u00e9t\u00e9 fait, il doit \u00eatre br\u00fbl\u00e9. Mais pour Rabb\u00e9nou \u2018Hananel, Rabb\u00e9nou Yits\u2019haq Ibn Giat et le Roch, la halakha suit l\u2019opinion de la collectivit\u00e9 des sages (\u2018Hakhamim), pour qui, si l\u2019on est en mesure de se d\u00e9p\u00eacher grandement pour mettre au four le m\u00e9lange, il sera permis de le manger. C\u2019est en ce sens que tranche le Choul\u2019han \u2018Aroukh<\/em> 462, 2.<\/p>\n

La coutume ashk\u00e9naze est d\u2019\u00eatre rigoureux\u00a0: on tient compte de l\u2019opinion de Rachi et de ceux qui se rangent \u00e0 ses c\u00f4t\u00e9s, qui estiment que les mei p\u00e9rot<\/em>, m\u00eame \u00e0 eux seuls, peuvent provoquer la fermentation\u00a0; ou bien encore on craint que de l\u2019eau ne se soit m\u00e9lang\u00e9e aux mei p\u00e9rot<\/em>. Quant \u00e0 ce que l\u2019on consid\u00e8re comme eau, d\u2019une part, et comme mei p\u00e9rot<\/em>, d\u2019autre part, les choses sont d\u00e9finies en Choul\u2019han \u2018Aroukh<\/em> 462, 3, 7, ainsi que 466 (cf. Encyclop\u00e9die talmudique<\/em>, entr\u00e9e \u2018Hamets<\/em> 8, pp. 89-99).<\/p>\n

Concernant la coutume s\u00e9farade, le Primat de Sion, Rav Mordekha\u00ef Elyahou (que la m\u00e9moire du juste soit b\u00e9nie) s\u2019est, il y a longtemps d\u00e9j\u00e0, oppos\u00e9 \u00e0 ce que l\u2019on accord\u00e2t un certificat de cacheroute \u00e0 des matsot ainsi enrichies, car il est \u00e0 craindre que, aux mei p\u00e9rot<\/em>, ne soient m\u00eal\u00e9s de l\u2019eau, ou des produits de m\u00eame statut que l\u2019eau, tels que des produits levants (il y a un autre motif d\u2019interdiction de ces produits : ils entra\u00eenent un effet proche de la fermentation, comme il appara\u00eet dans le commentaire du Maharam Halawa sur Pessa\u2019him<\/em> 28a, et en Matsa \u2018Achira<\/em> p. 178). Avec le temps, il est apparu que les craintes du Rav Elyahou \u00e9taient justifi\u00e9es, et que l\u2019on mettait effectivement de l\u2019eau dans les jus, et parfois m\u00eame des mati\u00e8res levantes. Malgr\u00e9 cela, certains auteurs restent indulgents en la mati\u00e8re, car, \u00e0 leur avis, ces mati\u00e8res levantes ne fermentent pas de la mani\u00e8re qui est interdite<\/em>. C\u2019est ce qu\u2019\u00e9crivent le Yabia\u2019 Omer<\/em> IX 42 et le Chama\u2019 Chelomo<\/em> IV 13-17. Mais selon de nombreux d\u00e9cisionnaires, la matsa \u2018achira<\/em> est interdite toraniquement, ou au moins rabbiniquement, et il est interdit, m\u00eame aux S\u00e9farades, de manger \u00e0 Pessa\u2019h de la matsa \u2018achira<\/em> fabriqu\u00e9e industriellement (ou quelque autre p\u00e2tisserie azyme ajout\u00e9e de mei p\u00e9rot<\/em>, produite industriellement).<\/em><\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

La p\u00e2te lev\u00e9e que la Torah interdit est le produit de la farine et de l\u2019eau. Mais si l\u2019on a p\u00e9tri de la farine dans du jus de fruit (mei p\u00e9rot), m\u00eame si l\u2019on a laiss\u00e9 le m\u00e9lange reposer un jour entier, au point que la p\u00e2te a gonfl\u00e9, cette p\u00e2te n\u2019est pas consid\u00e9r\u00e9e comme […]<\/p>\n","protected":false},"author":9,"featured_media":0,"comment_status":"closed","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[76],"tags":[],"class_list":["post-797","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-04-08"],"yoast_head":"\n01. 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