{"id":99,"date":"2016-01-14T06:00:39","date_gmt":"2016-01-14T04:00:39","guid":{"rendered":"https:\/\/ph.yhb.org.il\/fr\/?p=99"},"modified":"2018-03-19T10:55:14","modified_gmt":"2018-03-19T08:55:14","slug":"05-14-06","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/ph.yhb.org.il\/fr\/05-14-06\/","title":{"rendered":"06. La paracha Zakhor<\/em>"},"content":{"rendered":"

Nos sages ont d\u00e9cid\u00e9 que la mitsva toranique consistant \u00e0 se souvenir des m\u00e9faits d\u2019Amaleq, et de ne point les oublier, s\u2019accomplirait par le biais de la lecture de la paracha Zakhor<\/em>, une fois par an. En nous en souvenant une fois par an, on accomplit la mitsva de la Torah, car c\u2019est seulement dans le cas o\u00f9 une ann\u00e9e enti\u00e8re passe sans que l\u2019on se soit souvenu d\u2019Amaleq, que le sujet est consid\u00e9r\u00e9 comme oubli\u00e9\u00a0; en revanche, en nous en souvenant une fois l\u2019an, on accomplit ce devoir de souvenir. Les sages ont fix\u00e9 la lecture de la paracha Zakhor<\/em> au Chabbat qui pr\u00e9c\u00e8de Pourim, afin de juxtaposer ledit souvenir \u00e0 l\u2019effacement d\u2019Haman, qui descendait d\u2019Amaleq.<\/p>\n

La Torah oblige \u00e0 exprimer ce souvenir verbalement\u00a0; mais il n\u2019est pas n\u00e9cessaire que chaque personne lise elle-m\u00eame la paracha Zakhor<\/em>\u00a0: en \u00e9coutant le lecteur de la Torah (le ba\u2019al-qria<\/em>), tous les fid\u00e8les s\u2019acquittent de la mitsva du souvenir.<\/p>\n

De l\u2019avis de plusieurs auteurs, parmi les plus grands Richonim, la mitsva toranique consiste \u00e0 lire la paracha Zakhor <\/em>dans le rouleau de la Torah lui-m\u00eame. Par cons\u00e9quent, il convient de lire la paracha Zakhor <\/em>dans un rouleau de belle facture, et le lecteur doit s\u2019efforcer d\u2019\u00eatre pr\u00e9cis, autant qu\u2019il est possible, dans sa lecture.<\/p>\n

A priori, il convient que chacun entende une lecture faite suivant la cantillation (des signes musicaux, les te\u2019amim<\/em>) et la prononciation habituelles \u00e0 sa famille. Cependant, si l\u2019on s\u2019en tient \u00e0 la stricte r\u00e8gle halakhique, les membres de toutes les communaut\u00e9s peuvent s\u2019acquitter de leur obligation par le biais de toute cantillation admise parmi le peuple juif, que celle-ci soit s\u00e9farade, ashk\u00e9naze ou y\u00e9m\u00e9nite[6]<\/a><\/sup>.<\/p>\n

Si l\u2019on se trouve en un endroit o\u00f9 il n\u2019y a pas de minyan, et qu\u2019il y ait en revanche un rouleau de la Torah, on lira la paracha Zakhor<\/em> dans ce rouleau, sans minyan. S\u2019il ne se trouve pas de rouleau de la Torah, on lira la paracha Zakhor<\/em> dans son pentateuque (\u2018Houmach<\/em>) ou son livre de pri\u00e8re (sidour<\/em>)[7]<\/a><\/sup>.<\/p>\n

Les mitsvot, pour \u00eatre valablement accomplies, n\u00e9cessitent une intentionnalit\u00e9. Aussi doit-on former l\u2019intention, lors de la lecture de Zakhor<\/em>, d\u2019accomplir la mitsva de se souvenir des actes d\u2019Amaleq. Il est bon que, avant la lecture, l\u2019administrateur de la synagogue (gaba\u00ef<\/em>) ou le lecteur rappelle cette n\u00e9cessit\u00e9[8]<\/a><\/sup>.<\/p>\n

\n
\n
\n[6]<\/a>. Certes, il semble \u00e9vident que, dans une partie de nos usages de prononciation, des confusions se soient gliss\u00e9es. En effet, avant l\u2019exil d\u2019Isra\u00ebl, une prononciation unique \u00e9tait en cours, parmi tout le peuple juif. Mais notre prononciation impr\u00e9cise suffit \u00e0 nous rendre quittes de notre obligation car, tant qu\u2019elle est admise et pratiqu\u00e9e par une large part du peuple juif, elle est valide.<\/p>\n

S\u2019agissant m\u00eame du commandement de la \u2018halitsa<\/em> [c\u00e9r\u00e9monie du \u00ab\u00a0d\u00e9chaussage\u00a0\u00bb, dispensant du devoir d\u2019exercer le l\u00e9virat], o\u00f9 les paroles prononc\u00e9es par la femme et par l\u2019homme conditionnent la validit\u00e9 de la mitsva, et o\u00f9 ceux-ci doivent s\u2019exprimer en h\u00e9breu \u2013 la langue sainte \u2013, on n\u2019impose pas qu\u2019ils r\u00e9citent leur texte suivant toutes les prononciations\u00a0: une seule suffit \u00e0 donner \u00e0 la femme la facult\u00e9 d\u2019\u00e9pouser quelque autre homme (Igrot Moch\u00e9, Ora\u2019h \u2018Ha\u00efm<\/em> III 5). \u00c0 plus forte raison n\u2019y a-t-il pas d\u2019obligation de lire la paracha Zakhor<\/em> selon toutes les prononciations. C\u2019est la position du Rav Chelomo Zalman Auerbach, rapport\u00e9e dans Halikhot Chelomo<\/em> 18, 1, et qu\u2019il tire des lois des v\u0153ux (n\u00e9darim<\/em>), lois selon lesquelles une parole embrouill\u00e9e est consid\u00e9r\u00e9e, elle aussi, comme une parole prenant effet.<\/p>\n

Toutefois, nombreux sont ceux qui ont coutume d\u2019\u00eatre pointilleux \u00e0 cet \u00e9gard. Dans notre communaut\u00e9, il est d\u2019usage de lire d\u2019abord la paracha Zakhor<\/em> suivant la prononciation habituelle \u00e0 toute l\u2019ann\u00e9e\u00a0; puis, apr\u00e8s la b\u00e9n\u00e9diction finale seulement, ceux qui veulent lire ce passage suivant d\u2019autres prononciations viennent faire leur lecture. Simplement, par le fait m\u00eame que ces lectures additionnelles sont donn\u00e9es apr\u00e8s la b\u00e9n\u00e9diction, on montre que l\u2019on est d\u00e9j\u00e0 quitte de son obligation par la lecture usuelle faite d\u2019abord.<\/p>\n

[7]<\/a>. La mitsva du souvenir doit s\u2019accomplir verbalement. Les sages enseignent en effet que l\u2019injonction de ne pas oublier<\/em> ce que nous fit Amaleq (Dt 25, 19) comprend d\u00e9j\u00e0 l\u2019obligation de se rappeler cette question en son for int\u00e9rieur, de sorte que, lorsqu\u2019il nous est enjoint de nous souvenir <\/em>(ibid., verset 17), le propos est de mentionner verbalement<\/em> l\u2019objet de notre souvenir (M\u00e9guila<\/em> 18a).<\/p>\n

Les d\u00e9cisionnaires sont partag\u00e9s quant au fait de savoir ce \u00e0 quoi, du point de vue de la Torah, la mitsva nous oblige. Des propos de Ma\u00efmonide et de Na\u2019hmanide, il ressort que le fait de lire ce passage dans le rouleau de la Torah est une directive rabbinique (taqana<\/em>), tandis que, du point de vue toranique, on pourrait accomplir la mitsva en lisant dans un pentateuque, ou par quelque autre mention de ce passage (Mar\u2019h\u00e9chet<\/em> 1, 22 d\u2019apr\u00e8s Na\u2019hmanide, fin de la lection Ki tets\u00e9<\/em>, o\u00f9 il est dit que la lecture du rouleau d\u2019Esther \u00e0 Pourim est, elle aussi, une mani\u00e8re d\u2019accomplir la mitsva du souvenir d\u2019Amaleq). Cependant, pour Tossephot<\/em>, le Rachba sur Berakhot<\/em> 13a, le Roch et le Echkol<\/em>, c\u2019est une obligation toranique que d\u2019\u00e9couter la paracha lue dans un rouleau de la Torah. C\u2019est en ce sens que tranche le Choul\u2019han \u2018Aroukh, Ora\u2019h \u2018Ha\u00efm<\/em> 146, 2 (cf. Miqra\u00e9 Qodech<\/em> du Rav Franck, Pourim<\/em> 5, Torat Hamo\u2019adim <\/em>2, 6). Aussi fait-on venir un rouleau de la Torah aupr\u00e8s du malade ou du prisonnier en son lieu de r\u00e9clusion, afin de lui lire la paracha Zakhor<\/em>, ce que l\u2019on ne fait pas pour les autres lectures de l\u2019ann\u00e9e (Michna Beroura<\/em> 135, 46\u00a0; cf. B\u00e9our Halakha<\/em> ad loc.).<\/p>\n

Si, apr\u00e8s la lecture, on s\u2019aper\u00e7oit que le rouleau o\u00f9 l\u2019on a lu Zakhor<\/em> n\u2019\u00e9tait pas valide, il n\u2019est pas n\u00e9cessaire de relire dans un autre rouleau (Halikhot Chelomo<\/em> 18, 4). En effet, de l\u2019avis de nombreux d\u00e9cisionnaires, on s\u2019acquitterait, m\u00eame sans rouleau, de son obligation\u00a0; d\u2019autres encore estiment qu\u2019il faut un rouleau, mais que l\u2019on s\u2019acquitte aussi par un rouleau non valide. Il nous semble toutefois que, dans le cas o\u00f9 c\u2019est ce Chabbat m\u00eame que l\u2019erreur est trouv\u00e9e, on relira Zakhor<\/em>, puisque la directive des sages consiste \u00e0 lire ce passage ce Chabbat-l\u00e0 (cf. Peri M\u00e9gadim, Michbetsot Zahav<\/em> 143, 1, Torat Hamo\u2019adim<\/em> p. 36).<\/p>\n

Le Teroumat Had\u00e9chen<\/em> 108 conclut des propos du Roch que la mitsva de se souvenir doit, selon la Torah, s\u2019accomplir \u00e0 partir d\u2019un rouleau de la Torah, en une lecture faite en pr\u00e9sence de dix hommes. Selon plusieurs A\u2019haronim, la raison en est que le souvenir doit mener \u00e0 la guerre, or la guerre incombe \u00e0 la collectivit\u00e9. Aussi faut-il lire cette paracha en public (Q\u00e9ren Ora<\/em>, Maharam Shik).<\/p>\n

Il semble cependant que, de l\u2019avis m\u00eame du Teroumat Had\u00e9chen<\/em>, il y ait une mitsva de lire ce passage individuellement, quand on n\u2019est pas en communaut\u00e9.\u00a0 Le Cha\u2019ar Hatsioun <\/em>685, 5 s\u2019\u00e9tonne de cette position, et pense que, aux yeux des autres Richonim, la lecture publique soit d\u2019institution rabbinique seulement (cf. Torat Hamo\u2019adim<\/em> 2, 9).<\/p>\n

En pratique, si l\u2019on se trouve en un lieu o\u00f9 le minyan n\u2019est pas constitu\u00e9, on lira individuellement, dans le rouleau de la Torah. Si l\u2019on n\u2019a pas de rouleau, on lira dans\u00a0son \u2018houmach<\/em>. Nous l\u2019avons vu en effet, certains d\u00e9cisionnaires estiment que, aux yeux de la Torah, on s\u2019acquitte de la mitsva m\u00eame sans rouleau (cf. responsa Binyan Chelomo<\/em> 54, Kaf Ha\u2019ha\u00efm<\/em> 685, 35).<\/p>\n

Selon le Maguen Avraham<\/em>, si l\u2019on n\u2019a pas entendu la paracha Zakhor<\/em> pendant le Chabbat, on pourra s\u2019acquitter de son obligation, a posteriori, en \u00e9coutant la lecture de Pourim\u00a0: Vayavo Amaleq<\/em> (Ex 17, 8-16). Le Michna Beroura<\/em> 685, 16 est dubitatif \u00e0 cet \u00e9gard, parce que ce passage mentionne seulement l\u2019\u00e9pisode de la guerre contre Amaleq, et non la mitsva de s\u2019en souvenir et de l\u2019effacer.<\/p>\n

Certains auteurs conseillent \u00e0 celui qui n\u2019a pas entendu Zakhor <\/em>de demander au lecteur, au moment o\u00f9 celui-ci lira la paracha Ki tets\u00e9<\/em> (Dt 21, 10 \u2013 25,19) dans le cadre de la lecture hebdomadaire (paracha \u00e0 la fin de laquelle se trouvent les trois versets de Zakhor<\/em>), de former l\u2019intention de l\u2019acquitter, par cette lecture, de la mitsva du souvenir d\u2019Amaleq. Il faut, en ce cas, que le lecteur comme l\u2019auditeur aient l\u2019intention d\u2019accomplir, ce faisant, la mitsva (Miqra\u00e9 Qodech<\/em> du Rav Franck, Pourim <\/em>6).<\/p>\n

Toutefois, il nous semble que, pour \u00e9viter tout oubli, la meilleure solution soit que la personne ayant manqu\u00e9 d\u2019entendre Zakhor<\/em> se h\u00e2te de lire ce passage, individuellement, dans un rouleau de la Torah\u00a0: par cela, on s\u2019acquittera de son obligation, de l\u2019avis de la grande majorit\u00e9 des d\u00e9cisionnaires. Puis, si l\u2019on s\u2019en souvient alors, on donnera \u00e0 sa pratique un suppl\u00e9ment de perfection, en formant l\u2019intention de s\u2019acquitter de la mitsva du souvenir, \u00e0 Pourim, pendant la lecture de la Torah qui y est faite, puis lors de la lecture de la paracha Ki tets\u00e9<\/em>.<\/p>\n

Les A\u2019haronim sont partag\u00e9s quant au sens de la mitsva\u00a0: selon le Q\u00e9ren Ora<\/em>, se souvenir de ce que nous fit Amaleq a pour but d\u2019en venir \u00e0 l\u2019effacement de ce peuple\u00a0; d\u00e8s lors, une fois qu\u2019Amaleq sera an\u00e9anti, il n\u2019y aura plus de mitsva de s\u2019en souvenir. Selon le M\u00e9l\u00e9khet Chelomo<\/em>, en revanche, il restera, m\u00eame apr\u00e8s l\u2019effacement d\u2019Amaleq, une mitsva de s\u2019en souvenir, en raison des principes de foi (\u00e9mouna<\/em>) sous-tendus par ce commandement (cf. Encyclop\u00e9die talmudique<\/em>, entr\u00e9e \u00ab\u00a0Zekhirat ma\u2019ass\u00e9 Amaleq<\/em>\u00a0\u00bb, notes 33-34).<\/p>\n

[8]<\/a>. Les Richonim sont partag\u00e9s quant au fait de savoir si les mitsvot requi\u00e8rent une intentionnalit\u00e9 (kavana<\/em>). Le Choul\u2019han \u2018Aroukh<\/em> 60, 4 tranche\u00a0: elles requi\u00e8rent une kavana<\/em>. Toutefois, a posteriori, m\u00eame quand elle n\u2019en a pas form\u00e9 l\u2019intention expresse, toute personne qui sait que la lecture de Zakhor<\/em> est destin\u00e9e \u00e0 l\u2019accomplissement de la mitsva de se souvenir d\u2019Amaleq b\u00e9n\u00e9ficie d\u2019une intention \u00ab\u00a0en veille\u00a0\u00bb, par laquelle elle est quitte de son obligation. Par contre, si l\u2019on ne savait pas m\u00eame \u00e0 quel titre on lit la paracha de Zakhor<\/em>, on ne serait point quitte, de l\u2019avis des d\u00e9cisionnaires qui estiment que l\u2019intention est requise (\u2018Hay\u00e9 Adam<\/em>, Michna Beroura<\/em> 60, 10). Si l\u2019on n\u2019a pas entendu tous les mots r\u00e9cit\u00e9s par le lecteur, mais que l\u2019on ait entendu l\u2019essentiel de ce qui forme la th\u00e9matique d\u2019Amaleq, on est quitte (Halikhot Chelomo<\/em> 18, 1).<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Nos sages ont d\u00e9cid\u00e9 que la mitsva toranique consistant \u00e0 se souvenir des m\u00e9faits d\u2019Amaleq, et de ne point les oublier, s\u2019accomplirait par le biais de la lecture de la paracha Zakhor, une fois par an. En nous en souvenant une fois par an, on accomplit la mitsva de la Torah, car c\u2019est seulement dans […]<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"closed","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[39],"tags":[],"class_list":["post-99","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-05-14"],"yoast_head":"\n06. 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