Pniné Halakha

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06 – Conseil pour éviter de se tromper

L’erreur la plus fréquente, dans la ‘Amida, est celle qui touche à la mention des pluies et à la demande de la pluie. En effet, tous les six mois, le texte change : dans la mesure où l’on s’est habitué à un texte déterminé durant six mois, l’automatisme nous conduit à répéter ce texte habituel. Or, comme nous l’avons vu, trois des quatre erreurs possibles en la matière obligent à se reprendre (cf. note 4).

Si l’on doute d’avoir dit le texte qui convient, et tant qu’on est encore dans les trente jours qui suivent le changement de texte – au début de l’été ou de l’hiver –, il faut considérer que l’on s’est probablement trompé, car l’habitude est encore rivée au texte de la période précédente. Si donc il s’agit de l’une des trois erreurs obligeant à se reprendre, il faut se reprendre et prier comme il convient. Mais si trente jours sont déjà passés, on présume que la bouche s’est déjà habituée au changement de texte et que l’on a probablement prié correctement ; aussi ne doit-on pas reprendre sa prière.

Afin de lever ce type de doute, en raison duquel on doit souvent répéter sa ‘Amida, il est bon que chacun s’habitue au nouveau texte, le jour du changement, en le répétant quatre-vingt-dix fois[g], afin que ce nouveau texte soit courant dans sa bouche et que l’on ne se trompe pas. De cette façon, même si l’on doute, par la suite, d’avoir dit le texte adéquat lors d’une ‘Amida, on présumera que cela a bien été le cas, dans la mesure où l’on avait déjà habitué sa langue à dire ce texte quatre-vingt-dix fois ; et l’on n’aura pas, par conséquent, à reprendre sa prière (Choul’han ‘Aroukh 114, 8-9).

Aussi, selon la coutume séfarade, dans laquelle tout le texte de la bénédiction des années est renouvelé, quand arrive la nuit du 7 ‘hechvan, on s’habitue à entamer la bénédiction comme il convient, en répétant quatre-vingt-dix fois l’enchaînement entre la bénédiction précédente (celle de la guérison) et celle des années : Rofé ‘holé ‘amo Israël / Barekh alénou (« qui guéris les malades de Ton peuple Israël / Bénis, en notre faveur… »). Selon la coutume ashkénaze, on dira : Vé-et kol miné tévouata létova, véten tal oumatar livrakha (« … et toutes sortes de récolte, pour le bien ; et amène la rosée et la pluie, pour la bénédiction »). À l’approche de l’office de Moussaf du premier jour de Pessa’h, on dira quatre-vingt-dix fois : Mé’hayé métim Ata, rav léhochia, morid hatal (« Tu ressuscites les morts, Ton secours et grand, Tu envoies la rosée »). A la sortie du jour de fête, avant la prière d’Arvit de ‘Hol hamoed, on dira selon l’usage séfarade : Rofé ‘holé amo Israël / Barkhénou (« Qui guéris les malades de Ton peuple Israël / Bénis-nous ») ; selon l’usage ashkénaze, on dira : Vé-et kol miné tévouatah létova, véten berakha (« Et toutes sortes de récolte, pour le bien ; et amène la bénédiction ») (Michna Beroura 114, 40 ; Kaf Ha’haïm 60)[4].


[g]. Nombre correspondant aux trois offices quotidiens multiplié par le nombre de jours nécessaires pour prendre un nouvel automatisme. Cet exercice se fait en-dehors des offices.
[4]. Mais quand il s’agit du passage de l’été à l’hiver, en ce qui concerne la mention des pluies, on ne doit pas se reprendre dans le cas où l’on s’est trompé. Nous avons vu, en effet, que si l’on a omis de dire Machiv haroua’h oumorid haguéchem (« Tu fais souffler le vent et tomber la pluie »), on est quitte, du moment que l’on a mentionné la rosée (Morid hatal : « Tu fais tomber la rosée ») ; et puisque nous disons précisément Morid hatal en été, on sera quitte, même si l’on a dit en hiver le texte prévu pour l’été. (Le Rama 114, 3 écrit certes que l’on ne dit pas Morid hatal en été, mais la coutume ashkénaze en terre d’Israël est de le dire). En revanche, en ce qui concerne le passage de l’hiver à l’été, l’erreur invalide la prière, car elle consiste alors à dire Morid haguéchem (« Tu fais tomber la pluie ») en été. Quant à la demande de la pluie, toute erreur a un effet invalidant. En résumé, sur les quatre possibilités d’erreur, trois obligent à se reprendre, et dans un seul cas il n’est pas nécessaire de se reprendre.

La source de la règle selon laquelle on doit se reprendre durant les trente premiers jours après le changement de saison se trouve dans le Talmud de Jérusalem, Taanit I, 1. C’est le Maharam de Rothenburg qui conseille d’habituer sa bouche en répétant les enchaînements quatre-vingt-dix fois. Bien que Rabbénou Pérets s’oppose à lui sur ce point, le Roch s’accorde avec son opinion, et c’est en ce sens que tranche le Choul’han ‘Aroukh. Cela reste cependant un peu problématique car, pendant trente jours, c’est une centaine de fois que se dit la deuxième bénédiction de la ‘Amida, en raison des offices additionnels de Moussaf, les jours de Chabbat, de fête et de ‘Hol hamoed. À l’inverse, la bénédiction des années, dans sa nouvelle version, se dit moins de quatre-vingt fois en trente jours, puisqu’on ne la dit pas durant les offices réguliers de Chabbat, ni à Moussaf. De fait, certains pensent que le principe consiste à s’habituer au nouveau texte dans le cadre de quatre-vingt-dix prières. C’est ce qu’écrivent Elya Rabba et Dérekh Ha’haïm. D’après le Taz, le Gaon de Vilna et d’autres A’haronim, le fait de s’habituer dépend essentiellement des prières s’inscrivant dans une période de trente jours, même si le nombre de répétitions n’atteint pas nécessairement quatre-vingt-dix. Cf. Michna Beroura 114, 37. Au paragraphe 41, le Michna Beroura écrit en ce sens, au nom du ‘Hatam Sofer, qu’il est bon, a priori, de s’habituer à dire le nouveau texte cent-une fois. Toutefois, en pratique, le Michna Beroura conclut que si l’on s’est contenté de quatre-vingt-dix répétitions, il n’est pas en notre pouvoir de prescrire, contre l’avis du Choul’han ‘Aroukh, de se reprendre en cas de doute. Il semble que, dans la pensée du Maharam de Rothenburg, il n’y ait pas de différence significative entre quatre-vingt, quatre-vingt-dix ou cent fois, et que plus on récite de répétitions, plus on habitue sa bouche. Et dans la mesure où le Talmud de Jérusalem a établi qu’après trente jours on ne se trompe probablement plus, le Maharam a décidé qu’avec quatre-vingt-dix répétitions, moyenne du nombre de mentions et de prières pour la pluie prononcées en un mois, on peut habituer sa langue aux textes nouveaux.

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