Pniné Halakha

Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Les Jours redoutables

01. Les jours de la création – bénédiction et jugement

Chaque année, le Saint béni soit-Il crée de nouveau la vie de chacune de ses créatures. Et pour que sa grâce n’atteigne pas les impies, l’Eternel juge, à Roch Hachana (le jour de l’an), toutes ses créatures, dispensant abondance et bénédiction aux bonnes personnes, et limitant l’abondance et la bénédiction pour les mauvaises. En plus d’être convenable et juste, ce jugement et cette rétribution sont également nécessaires au parachèvement[a] du monde : car si les impies continuaient de recevoir abondance de vie et de bénédiction, ils s’en trouveraient renforcés dans leur méchanceté, et amèneraient le mal et la malédiction dans le monde entier (Chné Lou’hot Haberit).

Par conséquent, ces jours, durant lesquels l’Eternel se rapproche de ses créatures et leur dispense une vie nouvelle, sont ceux-là mêmes où Il les juge. Ces mêmes jours sont aussi ceux où la téchouva (repentir, retour à la foi et à la pratique) est le plus agréée, car alors l’Eternel est plus proche de ses créatures. Aussi, bien que tous les jours de l’année conviennent bien à la téchouva, celle-ci est davantage agréée encore durant les dix jours qui vont de Roch Hachana à Yom Kipour (le jour des expiations), comme il est dit : « Recherchez l’Eternel tant qu’Il est accessible, appelez-le tant qu’Il est proche » (Is 55, 6). Aussi, ces jours sont-ils appelés les dix jours de repentir (‘asséret yemé téchouva) (Roch Hachana 18a, Maïmonide, Hilkhot Téchouva 2, 6).

Bien que le jugement lui-même ait lieu à Roch Hachana et durant les dix jours de téchouva, il est préférable de commencer à s’éveiller au repentir avant le commencement du jugement, afin que, lorsqu’on arrive à ces dix jours, on puisse véritablement avoir le mérite de retourner à Dieu. De plus, mieux vaut prévenir que guérir ; car les principes du jugement sont tels que, avant sa convocation aux fins d’être jugé pour les fautes qu’il a commises, l’homme peut, avec une relative facilité, éprouver des regrets, réparer ses fautes par son repentir, et annuler l’accusation qui pèse contre lui, ou, à tout le moins, l’atténuer, comme il est également d’usage dans les tribunaux de ce monde-ci. Mais après qu’a déjà sonné l’heure du jugement, et que l’accusation s’est déjà dressée pour présenter ses charges, il est plus difficile d’annuler ladite accusation (Sifré, Nasso 42). Aussi, le peuple juif a-t-il coutume de s’éveiller au repentir dès le mois d’éloul.

Chaque année de nouveau, nous abordons les jours de téchouva avec crainte et joie. Crainte, parce que nous ne savons pas si nous serons acquittés devant l’Eternel, ni ce qui sera décrété à notre endroit ; en effet, nombreux sont ceux qui vivaient paisiblement au début de l’année, mais qui, à son terme, n’étaient plus au nombre des vivants, ou se trouvaient accablés de dures épreuves. Joie, pour l’occasion qui nous est donnée de revenir à Dieu par le biais de la téchouva, de nous tenir devant l’Eternel en lui adressant notre prière et nos supplications, de nous nettoyer du mal qui s’était attaché à nous, et de nous lier de nouveau à toutes les valeurs dans lesquelles nous croyons. Même si des épreuves nous étaient échues, celles-ci seraient pour notre bien, et serviraient à nous purger de nos péchés, afin que nous puissions mériter un parfait amendement et une bonne vie.

Sans examen de conscience annuel, les nécessités du quotidien nous feraient oublier tous les grands idéaux auxquels notre âme aspire. Sans vision de l’idéal, les mauvais penchants se renforcent, l’homme devient asservi à ses désirs et sombre dans l’animalité. Grâce aux jours redoutables (yamim noraïm), il nous est donné de nous rappeler, chaque année, tous les espoirs vertueux que nous avons éprouvés – tous les sujets, tous les livres que nous souhaitions étudier, toutes les bonnes actions que nous aspirions à accomplir. Grâce à cela, nous abhorrons les fautes qui se sont attachées à nous, les regrettons et les confessons, et distinguons de nouveau nos ordres de priorité. Cela, afin que, durant l’année qui s’ouvre à nous – puisse-t-elle nous réserver le bien –, nous nous élevions dans l’étude de la Torah, dans la pratique des commandements et des bonnes actions,  et que nous nous investissions dans l’édification de notre famille, de la société et du peuple. Ainsi, nous méritons de nous élever, d’année en année, et de nous associer à la réparation et à l’édification du monde.


[a]. Tiqoun : litt. réparation. Amendement, processus visant à amener le monde à son but et à sa perfection. Nous traduisons selon le contexte par réparation, parachèvement ou amendement.

02. La question du jugement

Le fondement de la foi consiste à reconnaître que l’Eternel a créé le monde et le fait vivre ; s’Il cessait, ne serait-ce qu’un instant, de dispenser la vie à l’univers, celui-ci retournerait au néant. L’Eternel a doté l’homme du libre arbitre : s’il choisit le bien, il attire à lui et vers le monde la vie et la bénédiction ; s’il choisit le mal, il cause la mort et les souffrances. Telle est la loi d’après laquelle l’Eternel dispense sa grâce au monde. En effet, Dieu a décrété, lors de la création du monde, que quiconque s’approcherait de Lui mériterait abondance de bénédiction, et que quiconque s’éloignerait de Lui verrait s’amoindrir l’abondance et la vie à lui accordés, et, de ce fait, serait soumis au tourment et à la perte. Or la voie par laquelle l’homme peut s’attacher à Dieu est l’étude de sa Torah et l’accomplissement de ses commandements (les mitsvot[b]), tandis que celui qui se détourne de la Torah et transgresse ses commandements s’attache à la mort.

Il est dit, de même :

Vois, J’ai placé devant toi, aujourd’hui, la vie et le bien, la mort et le mal. Par ce que Je te prescris en ce jour, d’aimer l’Eternel ton Dieu, de marcher dans ses voies et de garder ses commandements, ses lois et ses préceptes, tu vivras, multiplieras, et l’Eternel ton Dieu te bénira dans le pays où tu te rends pour l’hériter. Mais si ton cœur se détourne et que tu n’écoutes pas, que tu déchoies, te prosternes devant d’autres divinités et les serves, Je vous le dis aujourd’hui : vous disparaîtrez assurément, vos jours ne se prolongeront pas sur la terre où, traversant le Jourdain, tu te rends pour l’hériter (Dt 30, 15-18).

Or l’Eternel veut que nous choisissions la vie, comme il est dit :

J’en prends à témoin contre vous, en ce jour, les cieux et la terre : c’est la vie et la mort que j’ai placées devant toi, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance, en aimant l’Eternel ton Dieu, écoutant sa voix et t’attachant à Lui ; car c’est là ta vie et ta longévité, afin que tu résides sur la terre que l’Eternel a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de leur donner (ibid. 19-20).

C’est bien ce que commandent la justice et le droit, car celui qui se rapproche de l’Eternel se rapproche de la source de la vie et de la bénédiction ; dès lors, il jouit d’un supplément de vie et de bénédiction. Celui qui, par contre, s’éloigne de Dieu, parce qu’il s’éloigne de la source de la vie, voit sa propre vie s’amoindrir ; dès lors, les maladies, les épreuves et les catastrophes s’emparent de lui.

C’est là un bon présent que Dieu a fait à l’homme, que de lui octroyer le libre arbitre : grâce à cela, tous les bienfaits que l’homme reçoit de Dieu, c’est conformément à la justice et au droit qu’il les reçoit, et il en tire satisfaction et joie, car c’est lui-même qui, par le biais de ses actes, s’est acquis sa place et son statut dans le monde. Mais si l’Eternel donnait gratuitement tous ses bienfaits à l’homme, celui-ci n’en tirerait ni satisfaction ni joie (Rabbi Moché Haïm Luzzato, Dérekh Hachem I 2).

Aussi le jugement doit-il être un jugement de vérité, précis et détaillé, portant sur chaque acte, chaque parole et chaque pensée. C’est pourquoi, bien que l’homme soit globalement jugé en fonction de la majorité de ses actions – si la majorité est constituée d’actes méritoires, il est jugé favorablement –, il sera néanmoins sanctionné pour chacune des fautes qu’il n’aura point corrigées par le biais de la téchouva. De même, si la majorité de ses actes a pour effet de le faire juger défavorablement, il sera néanmoins récompensé pour chaque mitsva qu’il aura accomplie. C’est Dieu, le Roi juge, qui sait calculer cela, et c’est Lui qui fixe l’échéance de la récompense et celle de la punition (Baba Qama 50a, ‘Haguiga 5a).

Or l’Eternel veut prodiguer le bien à ses créatures, ainsi qu’il est dit : « L’Eternel est bon à l’égard de tous, et sa miséricorde s’étend à toutes ses œuvres » (Ps 145, 9) ; et le but de la punition est l’amendement, non la vengeance. En ce bas monde, la punition est destinée à orienter l’homme, afin qu’il se détourne de la faute et revienne dans le droit chemin, comme il est dit : « Tu sauras avec ton cœur que, de même qu’un homme corrige son fils, ainsi l’Eternel ton Dieu te corrige » (Dt 8, 5). Si l’homme n’a pas eu l’avantage de faire téchouva en ce monde-ci – et quoiqu’il ait des mérites à son actif –, il ne peut, tant que le mal est encore attaché à lui, jouir du bien divin. Aussi est-il condamné à des épreuves, dans le Guéhinom[c]; là, il est lavé de son mal, après quoi il a le mérite de monter au Gan ‘Eden[d], comme il est dit : « L’Eternel fait mourir et fait vivre, il fait descendre au Chéol[e] et en fait remonter » (I Sam 2, 6). Quant à ceux dont la méchanceté est entière, ils sont anéantis dans le Guéhinom et sont détruits (Roch Hachana 17a ; Pessiqta Rabbati 40 ; Néfech Ha’haïm 1, 12).


[b]. Mitsva, plur. mitsvot : commandement.

[c]. Enfer, géhenne.

[d]. Litt. jardin d’Eden ; paradis.

[e]. Séjour des morts.

03. Les temps du jugement

Comme nous l’avons vu (§ 1), la bénédiction et le jugement sont intimement liés : le moment même où l’Eternel dispense la vie au monde est aussi le temps du jugement, d’après lequel il est décidé à qui seront octroyées la vie et la bénédiction, et à qui elles ne le seront point. Or puisque, à Roch Hachana, le Saint béni soit-Il crée de nouveau la vie pour le courant de l’année nouvelle, c’est ce jour qui est principalement affecté au jugement, pour l’univers entier.

C’est à ce propos que les sages de la Michna enseignent :

À Roch Hachana, tous les êtres au monde passent devant Dieu, comme un troupeau, comme il est dit (Ps 33, 15) : « C’est Lui qui crée tout ensemble leurs cœurs, qui discerne tous leurs actes » (Roch Hachana 16a).

Ils disent encore :

De même que la nourriture de l’homme lui est fixée à Roch Hachana, ainsi ses manques lui sont fixés à Roch Hachana (Baba Batra 10a).

Bien que le jugement et son inscription aient essentiellement lieu à Roch Hachana, c’est à Yom Kipour que le jugement est scellé. Aussi, la période allant de Roch Hachana à Yom Kipour est-elle une période de repentir et de prière, afin de rendre le jugement plus indulgent. C’est à ce propos que Rabbi Méïr dit :

Tous les hommes sont jugés à Roch Hachana, mais la sentence est scellée le jour de Kipour (Roch Hachana 16a).

De même, nos sages enseignent :

Tous les revenus de l’homme lui sont fixés de Roch Hachana au jour de Kipour (Beitsa 16a).

Bien que le jugement soit scellé le jour de Kipour, il est encore possible, dans certains cas particuliers, d’annuler le jugement ou de le rendre plus favorable, ce jusqu’à Hochana Rabba[f], voire jusqu’à Chemini Atséret[g]. En effet, c’est seulement alors que les anges chargés d’exécuter les sentences reçoivent les « fiches » (pitqaot) où sont consignés les jugements à appliquer en pratique ; aussi n’est-ce qu’alors qu’a lieu la clôture finale du jugement annuel (Zohar III 33b ; Pniné Halakha, Soukot 6, 1).

Hormis le fait que Roch Hachana est le jour du jugement général applicable à toute l’année, les trois jours de fête de pèlerinage sont, eux aussi, à trois égards, des jours de jugement : à Pessa’h, on est jugé à l’égard de la récolte céréalière ; à Chavou’ot, à l’égard des fruits de l’arbre ; et à Soukot à l’égard de l’eau (Michna Roch Hachana 16a). Cela signifie que la bénédiction divine descend dans le monde par le biais des jours saints ; dès lors, ces derniers comportent une notion de jugement à l’égard de la bénédiction dispensée par leur biais. Le temps des fêtes correspond aux processus naturels qui sont à l’œuvre dans le monde (Pniné Halakha, Mo’adim[h] 1, 2). La fête de Soukot précède l’hiver ; c’est donc par son biais que nous parvient la bénédiction de l’eau, et c’est alors que l’on est jugé à l’égard de l’eau. Durant les journées de Pessa’h, les céréales croissent ; aussi est-ce par l’effet de cette fête que viennent la bénédiction et le jugement relatifs à la récolte céréalière. À Chavou’ot, les fruits de l’arbre comment à croître et à mûrir, si bien que c’est par cette fête que viennent la bénédiction et le jugement afférents aux fruits. Nous voyons donc que, à Roch Hachana, la question de l’eau, des céréales et des fruits est jugée de manière générale, tandis que le jugement détaillé portant sur l’eau a lieu durant la fête de Soukot, celui  qui porte sur les céréales a lieu à Pessa’h, et celui qui a trait aux fruits a lieu à Chavou’ot[1].


[f]. Septième jour de Soukot.

[g]. Fête de clôture qui suit Soukot, le 22 tichri, douze jours après Kipour.

[h]. À paraître en français sous le titre Mo’adim – Fêtes et solennités juives, vol. 2.

[1]. La Guémara Roch Hachana 16a explique que les propos de la Michna vont dans le même sens que ceux du Tana de l’académie de Rabbi Ichmaël, qui dit : « C’est en quatre étapes que le monde est jugé : à Pessa’h pour la récolte céréalière, à Chavou’ot pour les fruits de l’arbre, à Soukot pour l’eau, et l’homme est jugé à Roch Hachana, tandis que sa sentence est scellée le jour de Kipour. » Selon Rabbi Yehouda, « tout est jugé à Roch Hachana, mais la sentence relative à chaque chose est scellée, pour chacune, à son époque : à Pessa’h pour les céréales, à Chavou’ot pour les fruits de l’arbre, à Soukot pour l’eau ; quant à l’homme, il est jugé à Roch Hachana, et son arrêt est scellé le jour de Kipour. »

Il ne semble pas qu’il y ait là une controverse vive : le Tana de l’académie de Rabbi Ichmaël reconnaîtrait lui-même que l’ensemble du jugement a lieu à Roch Hachana ; simplement, la situation générale est fixée à Roch Hachana, tandis que le jugement spécifique de l’eau, des céréales et des fruits est fixé durant les fêtes, tout en recevant, bien sûr, l’influence du jugement général prononcé à Roch Hachana. Rabbi Yehouda, quant à lui, estime qu’à Roch Hachana est également tranché le jugement se rapportant à l’eau, aux céréales et aux fruits, et que seul le scellement de la sentence a lieu durant les fêtes. (Dans le même ordre d’idées, Na’hmanide explique, dans son homélie sur Roch Hachana, que l’ensemble du jugement a lieu à Roch Hachana, et que le jugement particulier afférent à la bénédiction de l’eau se produit à Soukot, etc. C’est en ce sens que va notre propos, dans le corps de texte. Le Ran, dans son commentaire sur Roch Hachana 16a, écrit que l’ensemble du jugement portant sur l’eau a lieu à Soukot, et ainsi de la production céréalière à Pessa’h et des fruits de l’arbre à Chavou’ot, mais que ce que recevra l’homme de tous ces produits est décidé à Roch Hachana.)

04. Descente graduelle de la bénédiction et du jugement

Bien que le jugement soit écrit à Roch Hachana et scellé le jour de Kipour, le comportement de l’homme, tout au long de l’année, exerce encore une influence significative. Cela, parce que l’influx vital, déterminé à Roch Hachana, descend chaînon par chaînon vers le monde, de manière graduelle, par le biais des néoménies[i] et des Chabbats ; au cours de cette descente progressive, on peut orienter l’influx vital, pour le bien ou pour le mal. Le principe est le suivant : les jours saints sont destinés à l’épanchement de la bénédiction dans le monde, chaque jour suivant sa thématique particulière ; et, avec la bénédiction, afin que celle-ci parvienne à celui qui la mérite, le jugement est amené lui aussi.

Or, puisque la bénédiction parvient au monde par enchaînement, par le biais des maillons que forment les néoménies, ces dernières sont, elles aussi, des jours de jugement. Aussi conviennent-elles particulièrement au repentir (téchouva), à l’expiation (kapara) et au pardon (seli’ha). Ceux qui apportent à leur pratique un supplément de perfection ont coutume de se repentir la veille de Roch ‘hodech (appelée Yom Kipour Qatan, « petit Yom Kipour »).

Le jour de Chabbat est, lui aussi, saint et béni ; par son biais, la bénédiction parvient aux six jours de l’action. Afin que la bénédiction soit correctement suscitée, il faut revenir à Dieu, le Chabbat, par une téchouva opérée par amour (ahava)[j]. Le mot Chabbat (cessation) lui-même est proche de téchouva (retour).

L’influx qui se propage par le biais des néoménies et des Chabbats descend graduellement jusqu’aux jours de la semaine. En effet, chaque jour porte, lui aussi, une sainteté particulière car, chaque jour, se dévoile une notion du divin qui ne s’était point révélée quelque autre jour. Par conséquent, chaque jour, l’homme est jugé quant à l’influx  particulier à ce jour, ainsi que l’enseigne Rabbi Yossé : « L’homme est jugé chaque jour. » Chaque heure même porte en elle sa particularité : on y peut révéler une certaine facette de la sainteté ; aussi, il existe un certain degré de jugement à cette heure, comme l’enseigne Rabbi Nathan : « L’homme est jugé à chaque heure » (Roch Hachana 16a). En regard de la bénédiction et du jugement propres à chaque jour, nous prions chaque jour, aux offices de Cha’harit, Min’ha et Arvit, afin de donner à la bénédiction et au jugement spécifiques à ce jour un tour favorable[2].

Le jugement prononcé lors des néoménies, des Chabbats et de tous les autres jours de l’année, ne modifie pas le jugement qui fut écrit et scellé au début de celle-ci. Le fait est que, bien que le jugement ait déjà été écrit et scellé au début de l’année, les modalités de son application n’ont pas été fixées ; or les modalités d’application ont une influence significative, pour le bien ou pour le mal. On peut illustrer cette idée à l’aide d’un exemple, celui du budget de l’Etat. Bien que le budget soit décidé législativement au début de l’année, et que le gouvernement n’ait pas autorité pour le modifier, chaque ministre a tout de même la possibilité de décider de quelle manière le budget alloué à son ministère sera distribué. Les fonctionnaires de l’Etat, eux-mêmes, ont la possibilité de l’orienter pour le bien ou pour le mal (cf. Berakhot 58a).

Dans le même ordre d’idées, nos sages disent que les actes accomplis tout au long de l’année peuvent infléchir le jugement, pour le bien ou pour le mal :

Pour le bien, comment cela ? C’est le cas, par exemple, si les Juifs se trouvaient être de parfaits impies à Roch Hachana, et que de faibles pluies aient été décrétées pour eux. Finalement, ils se repentent. On ne saurait leur ajouter des pluies, puisque le décret a déjà été tranché. Mais le Saint béni soit-Il fait descendre la pluie sur la terre au moment où celle-ci en a besoin, tout étant fonction de la terre [de cette façon, des pluies peu abondantes sont néanmoins porteuses d’une grande bénédiction]. Pour le mal, comment cela ? C’est le cas, par exemple, si les Juifs étaient des justes parfaits à Roch Hachana, et que d’abondantes pluies leur aient été accordées. Finalement, ils changent de conduite. Diminuer leurs pluies est impossible, car le décret a déjà été tranché ; mais le Saint béni soit-Il fait descendre la pluie en dehors de son temps, quand la terre n’en a pas besoin ; ainsi, les Juifs ne tirent pas bénéfice des pluies (Roch Hachana 17b)[3].

La méthode bien ordonnée consiste à nous éveiller au repentir au mois d’éloul, et à nous soumettre à la royauté divine à Roch Hachana ; alors, notre jugement est prononcé favorablement. Puis nous continuons de nous élever dans la voie de la téchouva à Yom Kipour ; par cela, nous orientons favorablement le scellement. Grâce à cela, nous continuerons à marcher dans les voies de l’Eternel, et intégrerons l’abondance de sainteté des Chabbats, des fêtes et de néoménies, ce par quoi l’illumination et la bénédiction abonderont tous les jours, à chaque heure et à chaque instant.


[i]. Premier jour du mois, Roch ‘hodech (plur. Raché ‘hodachim).

[j]. Par opposition à la téchouva opérée par la crainte (yira).

[2]. C’est dans ce sens que s’expriment un responsum attribué au Rif, Rabbi Yossef Gikatilla, dans l’article Din (jugement) du Klalé Hamitsvot, Don Isaac Abravanel (sur Lv 23), le Méïri (sur Roch Hachana 16a), le Maharal dans ‘Hidouché Agadot (ad loc.), le Tsla’h, le Touré Even et le Ben Yehoyada’ ad loc. Le Rav Kook explique, quant à lui, que, lorsque le jugement prononcé à Roch Hachana n’est pas absolument arrêté, il y a davantage d’influence laissée au jugement propre à Roch ‘hodech et aux jours ordinaires (Midbar Chour, neuvième discours).

[3]. Parfois, il n’est pas possible d’infléchir le jugement dans un sens favorable, parce que le jugement a été prononcé de manière résolue. C’est par exemple le cas lorsque les pluies prévues sont en si faible quantité que, même si elles tombaient très utilement, il y aurait encore une dure sécheresse. Quoi qu’il en soit, la collectivité garde une grande faculté : si elle opère un entier repentir et prie l’Eternel à cette fin, elle pourra même obtenir que la sentence prononcée contre elle soit déchirée (Roch Hachana 17b).

Quant au particulier, bien qu’il ne puisse obtenir que soit déchirée totalement la sentence à lui applicable, il peut, en faisant téchouva et en criant vers l’Eternel du plus profond de son cœur, l’améliorer, de manière telle que, s’il est possible d’alléger sa peine en interprétant plus favorablement quelque point qui, dans cette sentence, prête à interprétation, on la lui allégera. Par exemple, si un homme a été condamné à mort, et que le décret prête encore à interprétation, cet homme pourra, par une pleine téchouva et par une prière implorante, obtenir que l’on commue la mort en pauvreté, ou en exil, ou encore en de durs outrages, car tout cela comporte une certaine proximité avec la mort. C’est ce qu’enseigne Rabbi Yits’haq : « Il est bon pour l’homme d’implorer Dieu vivement, que ce soit avant le prononcé de la sentence ou après » (Roch Hachana 16a ; 18a). En d’autres termes, l’imploration est bonne et utile, mais on ne déchire pas pour autant la sentence (Ran, Maharal ad loc.). C’est une tradition que nous tenons de la maison du roi David : « Même si une épée aiguisée est posé sur son cou, l’homme ne doit cesser de demander miséricorde » (Berakhot 10a).

05. Le jugement à l’égard du monde futur

Le jugement prononcé à l’égard de l’homme, à Roch Hachana vise son existence dans ce monde-ci (ha‘olam hazé) et son existence dans le monde futur (ha’olam haba). Nous avons, dans les paragraphes précédents, abordé la question du jugement applicable à ce monde-ci – et nous verrons d’autres notions à ce sujet dans de prochains paragraphes. À présent, examinons la question du jugement applicable au monde futur. Il faut d’abord expliquer que la vie éternelle se compose de deux étapes. La première commence après la mort de l’homme ; alors, son âme monte dans le monde des âmes, lequel se compose du Gan ‘Eden pour les justes et du Guéhinom pour les méchants. La seconde étape adviendra après que sera achevé l’amendement (tiqoun) du monde par la résurrection des morts. Alors, les âmes reviendront s’unir aux corps. Avec eux, les âmes s’élèveront sans fin (Na’hmanide, Cha’ar Hagmoul ; Rabbi H. D. Luzzato, Dérekh Hachem I, chap. 3 ; cf. Chné Lou’hot Habrit, Toledot Adam beit David).

Le monde futur, dans ses deux étapes, est également appelé monde de vérité (‘olam ha-émet), parce que, en regard de ce bas monde, où le mensonge a l’avantage, et où l’apparence extérieure cache l’essence intérieure, dans le monde futur se révèle la stature véritable de l’homme, et la vraie valeur de ses actes.

Or le monde futur est incomparablement plus important que ce monde-ci ; nos sages disent : « Ce monde-ci ressemble à un vestibule devant le monde futur » (Maximes des pères 4, 16). Par conséquent, la partie essentielle du jugement de Roch Hachana vise le monde futur. Ce jugement est divisé en deux parties : l’une consiste, chaque année, à estimer tous les actes que l’homme a accomplis durant l’année. La récompense de ses bonnes actions lui est réservée pour le monde futur, et la punition de ses mauvaises actions lui est également réservée pour le monde futur. Cependant, le jugement fixé à Roch Hachana n’est pas définitif ; en effet, si l’homme, le long des années suivantes, fait téchouva, il se soustraira à la peine du Guéhinom, et sa récompense dans le monde futur sera grande. À l’inverse, si, à Dieu ne plaise, il se ravise et regrette les bonnes actions qu’il a accomplies, il héritera du Guéhinom et perdra la récompense qui lui était gardée dans le monde futur.

La deuxième partie du jugement porte sur la possibilité de se rapprocher de l’Eternel durant l’année nouvelle. Quand, à Roch Hachana, l’homme a obtenu une sentence de vie, des événements se présenteront à lui au cours de l’année, qui l’aideront à continuer de s’élever dans la Torah et dans la pratique des mitsvot, par lesquelles il méritera la vie éternelle. Au moment où il s’adonnera à l’étude de la Torah, il jouira d’un supplément d’illumination et de compréhension ; et quand il se livrera à la pratique des mitsvot et des bonnes œuvres, il bénéficiera d’un supplément de joie et de bénédiction, qui seront comme un avant-goût du monde futur. Mais si, ce qu’à Dieu ne plaise, on le condamne à mort, des circonstances et des événements se présenteront à lui dans le cours de l’année nouvelle, qui seront susceptibles de l’éloigner de l’Eternel et de lui faire perdre son monde futur. Même quand il étudiera la Torah, il lui sera difficile d’intégrer la lumière divine qui s’y trouve ; et même quand il s’adonnera à la pratique des mitsvot, il ne pourra ressentir convenablement la sainteté et le délice dont ces mitsvot sont porteuses. C’est là ce que signifie la parole de nos sages (Maximes des pères 4, 2) : « La mitsva entraîne la mitsva, et la transgression entraîne la transgression ; car le salaire de la mitsva est la mitsva, et le salaire de la transgression est la transgression » (Néfech Ha’haïm 1, 12).

La récompense est, dans sa généralité, appelée vie ; la punition est, dans sa généralité, appelée mort. Le mot vie (‘haïm) signifie la proximité de Dieu, le fait de se lier à Dieu, source de la vie. Par cela, l’homme bénéficie de tous les bienfaits que l’Eternel dispense dans ce monde-ci, dans le monde des âmes et dans le monde futur. Et dès lors que la racine de tous les bienfaits et de toutes les délices existant en ce monde émane de la vie que l’Eternel dispense au monde, la récompense prévue dans le monde futur est incommensurablement plus grande que toutes les délices de ce monde-ci, qui ne sont qu’un pâle reflet de la racine des délices. Nos sages enseignent, à cet égard : « Une seule heure de satisfaction dans le monde futur surpasse toute la vie de ce monde-ci » (Maximes des pères 4 ,17). En effet, dans le monde futur, chacun peut mériter de jouir de la splendeur de la Présence divine (la Chékhina), et se délecter en l’Eternel ; la vie dont on est animé croît et se renforce à un degré inestimable. Dans ce monde-ci, par contre, la lumière divine nous parvient par le biais d’écrans, de manière très réduite. Malgré cela, par l’attachement à Dieu (deveqout), auquel on parvient par l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvot, l’homme peut obtenir, même dans ce monde-ci, un avant-goût du monde futur, et se délecter de l’attachement à Dieu.

En regard de la récompense, appelée vie, le nom générique de la punition est mort (mavet), qui signifie l’éloignement d’avec la source de vie, cet éloignement causant le renforcement des souffrances, jusqu’à la mort du corps dans ce monde-ci et les tourments de l’âme dans le Guéhinom[4].


[4]. Roch Hachana 16b : « Trois livres sont ouverts à Roch Hachana : celui des impies accomplis, celui des justes accomplis, et celui des hommes moyens. Les justes accomplis sont immédiatement inscrits et scellés pour la vie. Les impies accomplis sont inscrits et immédiatement inscrits et scellés pour la mort. Le sort des hommes moyens est laissé en suspens de Roch Hachana à Yom Kipour. S’ils se montrent méritants, ils sont inscrits pour la vie ; s’ils ne le sont pas, ils sont inscrits pour la mort. »La question qui se pose est de savoir de quelle vie et de quelle mort parlent les sages. Selon Tossephot, il s’agit de la vie éternelle (la « vie du monde futur », ‘hayé ha’olam haba) ; c’est aussi ce qu’enseigne le Cha’aré Ora, huitième portique. Selon Na’hmanide, le Ran, le Rachba et d’autres auteurs, les sages visent ici la vie en ce monde-ci (‘hayé ha’olam hazé). Il semble cependant qu’il n’y ait pas controverse ; en effet, la récompense en ce monde-ci touche principalement à la vie éternelle, car le monde d’ici-bas est un vestibule menant au monde futur (Rabbi Mena’hem Azaria da Fano, ‘Assara Maamarot, ‘Hiqour hadin 2, 21 ; Rabbi M. H. Luzzato, Dérekh Hachem II 2 ; commentaire du Gaon de Vilna sur Ora’h ‘Haïm 582, 24 ; Rabbi ‘Haïm de Volozhin, dans l’homélie qui ponctue le Néfech Ha’haïm). De plus, dans le cadre du jugement de l’homme, on examine s’il mérite de connaître, en ce monde-ci, un avant-goût de l’illumination du monde futur. Il est dit ainsi : « Ton monde, tu le verras de ton vivant » (Berakhot 17a) ; cf. Orot Haqodech III 122.

06. Profondeur et complexité du jugement

Bien que les principes généraux du jugement soient simples – celui qui marche dans les voies de l’Eternel reçoit la bénédiction en ce monde-ci et dans le monde futur, et le méchant est puni dans l’un et l’autre de ces deux mondes –, les détails du jugement sont infiniment profonds et complexes. Aussi y a-t-il des cas dans lesquels le juste souffre de pauvreté et de maladie, et meurt avant l’âge, et des cas dans lesquels le méchant persévère en sa méchanceté, dans la richesse et la santé. Il peut y avoir à cela de nombreuses causes, comme nous le verrons plus loin, et tout cela vise le parachèvement (tiqoun) du monde.

Avant tout, il importe de connaître un principe essentiel : pour les besoins du parachèvement du monde, il est indispensable que l’homme soit doté du libre-arbitre. Aussi, tant que le monde n’est pas parvenu à sa perfection, il se conduit suivant les lois de la nature, et selon la prédestination fixée par Dieu. Dès lors, La conduite du jugement est donc très complexe, et ses détails sont nombreux, de telle manière que, toujours, des justes sont confrontés à des souffrances, et des méchants paraissent jouir des délices de ce monde. Par cela, le libre arbitre n’est pas affecté, et l’homme qui choisit le bien a le mérite de s’amender soi-même et d’amender le monde entier.

Quoi qu’il en soit, lorsqu’on réfléchit au long terme, par exemple aux questions familiales et au bonheur véritable dans l’existence, nous voyons que, généralement, les justes jouissent, même en ce monde-ci, de la bénédiction, et les impies sont punis. Tel est le principe de l’épreuve : le penchant au mal (yétser hara’) incite l’homme à considérer le monde d’un point de vue superficiel et à court terme, tandis que le penchant au bien (yétser hatov) éveille l’homme et l’incite à voir les choses dans leur profondeur, et à long terme. Aussi, bien que, dans ce bas monde lui-même, les justes bénéficient généralement, à long terme, de nombreux biens, et que les méchants sont éprouvés, le libre arbitre reste intact, car à court terme cela ne se discerne pas aisément.

Commençons à étudier les détails du jugement. Soit un homme destiné à devenir riche et à se mesurer aux tentations qui accompagnent cet état. Même s’il commettait de nombreuses fautes, il demeurerait riche. Tout le jugement de Roch Hachana, en cette matière, concernerait ses conditions de vie en tant que personne fortunée : sa fortune sera-t-elle pour lui une source de joie, ou connaîtra-t-il des soucis à cause d’elle. De même, s’agissant de sa vie dans le monde futur : sa fortune le conduira-t-il à connaître de très dures épreuves, ou des épreuves faciles, ou peut-être encore l’aidera-t-elle dans son service de Dieu ? Voici un autre homme, dont le destin est d’être confronté à la pauvreté ; dût-il multiplier les mérites, il resterait pauvre. Son jugement consisterait à décider si sa pauvreté doit être terrible ou supportable. Quant au monde futur, il s’agira de savoir si ses conditions de vie, en tant que pauvre, lui seront utiles dans son service de Dieu ou le perturberont. Rarement, par le biais de mérites particuliers ou de graves fautes, l’homme peut modifier son destin.

Parfois, le destin n’est pas impérieux, mais fixe simplement une orientation, permettant encore certains changements. Alors, le jugement de Roch Hachana pourra également influer sur celui dont le destin est d’être riche, en déterminant s’il sera simplement aisé, riche ou très riche. De même pour le pauvre : sera-t-il quelque peu limité, véritablement pauvre ou indigent[5].


[5]. Mo’ed Qatan 28a : « La fertilité, la longévité et la fortune ne dépendent pas du mérite mais de la prédestination. » La preuve en est que Rabba et Rav ‘Hisda étaient tous deux des justes, et que, lorsque la pluie venait à cesser, les prières de l’un et de l’autre étaient agréées. Rav ‘Hisda vécut quatre-vingt-douze ans, et Rabba vécut quarante ans. Dans la famille de Rav ‘Hisda, on célébra soixante mariages ; dans celle de Rabba, on déplora soixante cas de perte d’enfant. Chez Rav ‘Hisda, on était riche, et les chiens eux-mêmes étaient nourris à la farine de froment ; chez Rabba, on était pauvre, et l’on n’avait pas toujours de pain à sa suffisance, même de pain d’orge bon marché.Le traité Chabbat 156a rapporte que, selon Rabbi ‘Hanina, la prédestination existe pour le Juif (yech mazal lé-Israël), tandis que, selon Rabbi Yo’hanan et Rav, il n’y a pas de prédestination pour le Juif (ein mazal lé-Israël). Les Tossephot ad loc. expliquent ce qu’il faut entendre par la formule « il n’y a pas de prédestination », pour les tenants de cette thèse : un grand mérite permet de modifier son destin (comme expliqué en Yevamot 50a) ; mais eux-mêmes reconnaissent que, parfois, même avec un très grand mérite, le destin ne saurait changer, comme il apparaît au sujet de Rabbi Eléazar ben Pedat (Ta’anit 25a). Il faut ajouter que seuls les individus sont soumis au destin, mais que la collectivité n’y est pas soumise ; telle est la théorie de la rétribution selon la Torah (responsa du Rachba I 148). Simplement, les individus eux-mêmes peuvent, au prix d’un grand effort spirituel, s’élever au niveau de la collectivité, au-delà de la prédestination.Il convient de noter que la récompense et la punition dont parle la Torah – au sujet des affaires de ce monde – visent essentiellement la collectivité d’Israël, et adviennent de manière naturelle ; aussi cela n’atteint-il point le libre arbitre, car sur les individus s’exerce encore une destinée propre (cf. ci-après, § 8).

07. Détails du jugement

Certains individus ne sont pas particulièrement destinés à être pauvres ou riches. Aussi leur sort n’est-il pas fixé : s’ils choisissent le bien dans les domaines liés à l’argent et à la charité (tsédaqa), il leur revient, selon le jugement, de devenir riches : ils s’enrichissent de plus en plus, afin de pouvoir continuer à s’élever dans la piété et la justice. Parfois, Dieu, qui connaît les choses cachées, sait que tel homme, s’il devenait riche, se laisserait dominer par son penchant au mal, et qu’il serait à craindre de le voir tomber dans l’orgueil, les passions et l’avarice, et perdre sa position de juste. Aussi, puisque l’attachement à Dieu est la chose essentielle, et que de cela dépend la vie de cet homme dans le monde futur, on le prend en miséricorde, et on le condamne à des difficultés de subsistance, afin qu’il échappe à une plus dure épreuve et mérite la vie éternelle. Si l’homme n’est pas tellement méritant, il se peut qu’il jouisse de la richesse dans ce monde-ci, mais qu’il doive faire face à de dures épreuves, qui risquent de le faire chuter dans les profondeurs de l’abîme.

Un autre élément entre en considération, c’est le degré de résistance nécessaire à la personne pour qu’elle choisisse le bien et s’abstienne du mal. Il existe des gens qui, par l’effet de leur destinée, ont été créés avec un très fort penchant au mal, ou qui ont grandi dans un environnement difficile et mauvais, de sorte que, s’ils réussissaient à apprendre ne serait-ce qu’un peu de Torah et à accomplir ne serait-ce quelques bonnes actions, cela aurait une valeur prodigieuse ; une grande récompense leur serait réservée. Les sages disent ainsi : « Selon l’effort vient le salaire » (Maximes des pères 5, 23). D’autres ont naturellement un fort penchant au bien, et ont grandi dans un bon environnement ; s’ils fautent, ils sont sévèrement punis.

Autre élément entrant en considération : parfois, quand est jugé un impie qui a accompli quelques mitsvot, on fait en sorte qu’il reçoive tout le salaire de ses mitsvot dans ce monde-ci, pour l’anéantir dans le Guéhinom. De même, il arrive qu’un juste ayant commis quelques fautes soit condamné à recevoir toute sa peine dans ce monde-ci, afin qu’il monte au Gan ‘Eden en étant pur et limpide. Et bien que la rétribution dans ce monde-ci ne puisse se comparer à celle du monde futur, cela est convenable et justifié, parce que le méchant a accompli ses mitsvot pour des motifs extérieurs, pour en tirer orgueil et se vanter ; aussi convient-il que sa récompense, elle aussi, se situe dans ce monde éphémère, et qu’il ne reçoive pas pour cela de récompense dans le monde de vérité. Dans le même ordre d’idées, s’agissant du juste : puisque sa volonté essentielle est de s’attacher à Dieu et qu’il n’a fauté que par erreur, il convient que la punition de cette faute soit extérieure et appartienne à ce monde-ci, de même que sa faute fut extérieure. De cette façon, il sera purifié, au point qu’il ne restera de cette faute aucune tache dans le monde futur (Qidouchin 39b ; Dérekh Hachem II 2, 6).

Voilà donc quelques-uns des calculs qui s’associent les uns aux autres dans le cadre du jugement. Il y a, de plus, des calculs portant sur la collectivité, que nous aborderons au paragraphe suivant. Le principal, du point de vue de l’homme, est de revenir à l’Eternel ; car, même si nous ne comprenons pas la profondeur du jugement, nous savons avec certitude que le repentir et les bonnes actions sont toujours utiles à l’homme, et que l’essentiel de la récompense est réservé au monde futur, tandis qu’une petite partie de cette récompense est attirée dans ce monde-ci. Et tant que l’homme se trouve dans ce monde-ci, lieu du libre-arbitre, la valeur de ses actes est infiniment grande ; aussi lui assurent-ils une récompense éternelle. Nos sages disent à ce propos : « Une seule heure de téchouva et de bonnes actions en ce monde-ci vaut mieux que toute la vie du monde futur » (Maximes de pères 4, 2).

08. Jugement du peuple et jugement de l’individu, en terre d’Israël et en exil

Il faut encore savoir que, bien que le jugement de Roch Hachana concerne le peuple dans son ensemble et chaque individu en particulier, la situation générale du peuple a, en ce monde-ci, une grande influence sur le jugement qui s’applique à l’individu ; cela est vrai pour chaque peuple selon son état ; et cela est vrai d’Israël, comme nous le voyons dans les paragraphes de la Torah consacrés aux bénédictions et aux malédictions (Lv 26, 3-38) :

Si vous marchez selon mes lois, que vous gardiez mes commandements et les accomplissiez, Je donnerai vos pluies en leur temps, la terre donnera son produit, et l’arbre du champ donnera son fruit. (…) J’établirai la paix dans le pays. (…) Vous poursuivrez… Vous poursuivrez vos ennemis, et ils tomberont devant vous par l’épée. (…) Je marcherai au milieu de vous, Je vous serai Dieu, et vous me serez peuple. (…) Mais si vous ne m’écoutez pas et que vous n’accomplissiez pas tous ces commandements, (…) Moi aussi Je vous ferai cela : Je susciterai contre vous l’épouvante : la consomption et la fièvre, qui consument les yeux et font souffrir l’âme. Vous planterez à vide votre semence, et ce sont vos ennemis qui la mangeront. (…) Je briserai votre puissant orgueil, et Je rendrai vos cieux pareils au fer, votre terre pareille au cuivre. Votre force s’épuisera à vide, votre terre ne donnera pas son produit, et l’arbre de la terre ne donnera pas son fruit. (…) Je ferai de vos villes une ruine, Je détruirai vos sanctuaires, et Je ne respirerai plus vos parfums agréables. (…) Et vous, Je vous disperserai parmi les peuples, Je tirerai contre vous l’épée, votre terre sera une désolation, et vos villes une ruine. (…) Vous vous perdrez parmi les peuples, et la terre de vos ennemis vous dévorera…

Il arrive qu’il n’y ait pas d’opposition entre le jugement du peuple et celui de l’individu. En effet, quand bien même le peuple, dans son ensemble, mérite abondance de bénédiction, celle-ci n’est pas altérée par le fait que certains individus sont punis pour leurs fautes. De même, lorsque le peuple, dans son ensemble, reçoit une punition, celle-ci n’est pas altérée par le fait que quelques individus méritent une récompense. Mais il existe parfois une opposition entre jugement du peuple et jugement de l’individu. C’est le cas, par exemple, quand un dur décret a été pris contre le peuple, tel que la destruction du Temple et l’exil ; alors, il n’y a pas de moyen, même pour les justes, d’échapper à la sanction. Quoi qu’il en soit, même ainsi la justice est maintenue, car dans le monde des âmes, au Gan Eden, les justes recevront leur pleine récompense. À l’inverse, il arrive que le jugement du peuple soit favorable, tant et si bien qu’il est impossible que les impies reçoivent en ce monde la pleine mesure de leur punition. Mais en tout état de cause le jugement sera accompli dans le monde des âmes, en l’occurrence dans le Guéhinom. Quant à l’ultime accomplissement, il aura lieu dans le monde futur, au temps de la résurrection des morts, quand les âmes se réunifieront avec leur corps[6].

Il faut encore savoir que, lorsqu’Israël est en exil et que le Temple est détruit, la conduite divine en ce monde-ci est très voilée : il semble que l’Eternel ait abandonné la terre, que l’impie domine dans le monde, que les méchants aient bonne part, et les justes mauvaise part. Car de même que les forces spirituelles de l’impiété se sont accrues, au point qu’elles ont détruit le Temple, de même la voie des impies connaît la réussite. Et de même que la Présence divine est en exil, de même les justes sont plongés dans la souffrance et les épreuves. En plus de cela, lorsque de durs décrets sont prononcés contre Israël, tous les individus souffrent des décrets pesant sur la collectivité[7].

Bien que, de prime abord, il ne soit pas équitable que des justes souffrent plus que d’autres, telle est la voie des justes que de s’affliger davantage de l’exil d’Israël ; tant que l’honneur du Ciel est profané parmi les peuples, ils ne trouvent point de satisfaction dans les délices de ce monde-ci. Et par l’effet de leur souffrance et de leur deuil pour Sion et pour le Temple, ils ont le mérite de s’attacher à la Présence divine et de hâter la Délivrance ; leur récompense à cet égard est très grande.


[6]. En raison de la faute du premier homme, une séparation s’est opérée entre les mondes, et entre le corps et l’âme : c’est la mort, qui fut infligée à l’homme, et par laquelle son âme se sépare de son corps. De ce fait, une situation nouvelle s’est fait jour, dans laquelle la rétribution ne peut arriver à sa plénitude dans ce monde matériel. Une petite part de cette rétribution se réalise en ce monde-ci, mais une part plus grande se produit dans le monde des âmes, le Gan Éden et la géhenne (Guéhinom) ; quant à… la partie principale, elle aura lieu lors de la résurrection des morts. Alors, le monde retournera à sa plénitude, les mondes se réunifieront, et les âmes et les corps seront, eux aussi, réunis. En cette matière, le peuple juif présente une particularité : il représente, dès maintenant, en ce monde, cette unité entre l’âme et le corps, la vision et l’acte ; car, même lorsque la collectivité d’Israël est atteinte dans sa spiritualité ou sa matérialité, elle tient ferme, en son noyau spirituel et matériel ; aussi, même en ce monde, sa vie est-elle une vie de vérité. Cf. paragraphe suivant.[7]. Le Tanya, Iguéret Hatechouva chap. 4-6 explique ainsi que, tant que le Temple est détruit et que le peuple juif est en exil, il nous est impossible de comprendre « ni la tranquillité des méchants, ni les épreuves des justes » (selon l’expression des Maximes des pères 4, 15), car la direction du monde par Dieu est voilée, et les forces de l’impureté croissent par l’effet des fautes. Tel est le sens de la notion d’exil de la Présence divine, tombée dans la captivité des écorces [les extériorités impures qui s’efforcent de retenir la sainteté] ; l’abondance qui descend vers elle est captée par l’autre côté (la sitra a’hara, monde de l’impureté), pour renforcer les méchants et faire pâtir les justes. Au temps de l’exil, les peines de retranchement et de mort infligée par le Ciel, dont parle la Torah, ne s’appliquent pas ; aussi, de nombreuses personnes passibles de retranchement coulent de longs jours, dans le bien et l’agrément.

09. Le jugement d’Israël

Le jugement d’Israël influe sur le monde entier, car Israël, parmi les nations, est comme le cœur à l’égard des membres, et toute la pérennité du monde dépend d’Israël, qui doit y révéler la lumière de la Torah afin de le guider vers son parfait amendement. Les sages ont ainsi enseigné :

Le Saint béni soit-Il a émis une condition à l’égard des éléments de la Création, en leur disant : « Si Israël reçoit la Torah, vous vous maintenez ; sinon, Je vous renvoie au tohu-bohu » (Chabbat 88a).

Ainsi, depuis le don de la Torah, grâce à l’attachement d’Israël à la Torah et aux commandements, le monde se maintient ; et c’est de la téchouva d’Israël que dépend la Délivrance du monde. Or, puisque la responsabilité incombant au peuple juif est grande, la sanction des fautes d’Israël est plus grande que celle qui frappe les autres peuples pour leurs fautes. D’un autre côté, la récompense d’Israël pour le choix du bien est, elle aussi, plus grande, puisque Israël apporte, par ce biais, la bénédiction et la Délivrance au monde entier.

Aussi le jugement de Roch Hachana commence-t-il par le peuple juif, ainsi qu’il est dit : « Sonnez du chofar au commencement du mois, à la néoménie, pour notre solennité. Car c’est une loi pour Israël, un précepte[k] du Dieu de Jacob » (Ps 81, 4-5). Après qu’Israël a comparu pour être jugé, l’Eternel juge tous les autres peuples (Roch Hachana 8a-b).

De prime abord, d’après les principes du jugement, si les Juifs choisissaient le mal, à Dieu ne plaise, Dieu devrait les détruire et réduire le monde en ruines. Mais Dieu a choisi son peuple, et a conclu une alliance avec lui ; aussi, même si les fautes d’Israël devaient être innombrables, Il ne l’abandonnerait pas, mais le punirait par de redoutables épreuves redoutables épreuves, et régnerait sur eux dans une débordante colère, afin qu’il revienne au droit chemin. Il est dit ainsi, à la fin du paragraphe sur les malédictions :

Et cependant, même alors, quand ils seront dans le pays de leurs ennemis, Je ne les dédaignerai ni ne les prendrai en dégoût au point de les anéantir, de rompre mon alliance avec eux, car Je suis l’Eternel leur Dieu. Et Je me souviendrai, en leur faveur, de l’alliance des aïeux, quand Je les fis sortir du pays d’Egypte, à la vue des peuples, pour leur être Dieu, Je suis l’Eternel (Lv 26, 44-45).

De même, nous apprenons dans les paragraphes du Deutéronome relatifs aux bénédictions et aux malédictions que, à la fin, après toutes les épreuves, l’Eternel punira avec une sévérité redoublée les impies qui, par leurs péchés, auront fait souffrir Israël ; Il délivrera son peuple et donnera l’expiation à sa terre, ainsi qu’il est dit :

Car Il vengera le sang de ses serviteurs, exercera sa vindicte contre ses ennemis, et donnera expiation à sa terre, à son peuple (Dt 32, 43).

Il est dit encore :

Car l’Eternel ne délaissera pas son peuple, et son héritage Il ne l’abandonnera pas (Ps 94, 14).

Nous voyons donc que le jugement ne porte pas sur le maintien même du peuple juif en ce monde-ci, mais sur la voie par laquelle il se maintiendra : dans la paix et la bénédiction, ou, à Dieu ne plaise, le contraire. De même, le peuple juif est assuré que la Délivrance viendra ; simplement, si les Juifs font téchouva, la Délivrance viendra rapidement, dans la tranquillité et le calme. Et s’ils ne font pas téchouva, de dures et redoutables épreuves suivront un long exil ; puis les diasporas se rassembleront, et le pays d’Israël sera reconstruit. Nous continuerons alors de nous élever, jusqu’à ce que nous méritions la Délivrance et la pleine téchouva (Sanhédrin 97b-98a, Zohar III 66b).


[k]. Littéralement un jugement (de par le Dieu de Jacob).

01. Le mois d’éloul (et la sonnerie du chofar)

Les jours d’éloul et les dix jours de pénitence (‘asséret yemé téchouva) conviennent particulièrement à l’effort de repentir (téchouva). Nous voyons en effet que, durant ces jours, l’Eternel consentit à pardonner la faute du veau d’or à Israël. Quarante jours après le don de la Torah, alors que Moïse notre maître tardait à redescendre du mont Sinaï, un groupe de pécheurs influença le peuple, le poussant à fabriquer un veau d’or, supposé servir de substitut à la direction divine. À ce moment, une terrible colère divine s’éveilla contre Israël, au point que l’Eternel dit à Moïse : « Laisse-moi, et ma colère s’enflammera contre eux, et Je les détruirai ; et Je ferai de toi un grand peuple » (Ex 32, 10). Mais Moïse notre maître s’évertua dans sa prière, invoqua le mérite des patriarches, et réussit à retenir la punition. Il descendit immédiatement de la montagne, brisa les tables de la Loi, et, avec le concours des lévites, exécuta les pécheurs. Il brûla et réduisit en poudre le veau d’or, et mêla cette poudre à de l’eau, qu’il fit boire à tout Israël. Or cette eau permit de tester chacun : quiconque avait participé à la faute du veau d’or mourait, par l’effet de cette eau. Cependant, le décret de destruction planait toujours au-dessus d’Israël. Moïse notre maître se tint donc avec abnégation devant l’Eternel, et dit : « Et maintenant, puisses-Tu remettre leur faute ; sinon, efface-moi, de grâce, de ton livre, que Tu as écrit » (Ex 32, 32). C’est ainsi que le décret d’anéantissement s’écarta d’Israël. Cependant les Hébreux étaient encore réprouvés et éloignés de Dieu, comme s’ils n’en étaient plus les fils, ni les serviteurs, et qu’ils ne fussent plus son peuple d’élection. Les premières tables de la Loi elles-mêmes, qui avaient été données à Israël par le biais de Moïse, étaient brisées.

À la néoménie (Roch ‘hodech) d’éloul, Moïse remonta sur le Sinaï afin de prier et de demander, au nom d’Israël, pardon et miséricorde. Le jour de Kipour, le repentir d’Israël fut entièrement agréé ; Moïse redescendit pour remettre à Israël les secondes tables, et pour lui annoncer son pardon. En signe de proximité renouvelée, pour qu’Israël fût de nouveau considéré comme son peuple d’élection, Dieu ordonna que l’on érige le Tabernacle, afin que, par son biais, la Présence divine se révélât au sein d’Israël. Or, puisque les dates auxquelles eurent lieu des événements si importants ne sont point l’effet du hasard, nous apprenons que les quarante jours qui vont du début d’éloul au jour de Kipour sont les jours les plus propices à la téchouva, au retour à Dieu.

Nos sages enseignent ainsi :

À la néoménie d’éloul, le Saint béni soit-Il dit à Moïse : « Monte vers moi, sur la montagne » (Dt 10, 1). On fit entendre le chofar [la sonnerie de la corne de bélier] dans tout le camp, afin d’informer que Moïse gravissait la montagne, et que l’on ne se méprît pas davantage en versant dans l’idolâtrie. Le Saint béni soit-Il s’éleva, le même jour, au son de ce même chofar, ainsi qu’il est dit : « Dieu monte au milieu de la fanfare (térou’a), l’Eternel au son du cor (chofar) » (Ps 47, 6). Aussi les sages prescrivirent-ils de sonner du chofar à la néoménie d’éloul, chaque année (Pirqé de-Rabbi Eliézer 46).

Les sages choisirent d’éveiller le peuple par l’intermédiaire du son du chofar, car ce son a pour propriété de mettre en garde le peuple contre le péché, et d’appeler la collectivité à la repentance (Tour et Beit Yossef, Ora’h ‘Haïm 581, 1).

C’est ainsi que les communautés d’Israël ont coutume de sonner du chofar durant le mois d’éloul. La coutume ashkénaze consiste à sonner chaque jour, au terme de l’office de Cha’harit. La coutume séfarade est de réciter des prières appelées Seli’hot[a], pendant le mois d’éloul, et de sonner du chofar pendant la récitation du Qaddich qui ponctue les Seli’hot. Dans de nombreuses communautés séfarades, on a l’usage de sonner également pendant la récitation des treize attributs de miséricorde (Cheloch-‘esré midot ra’hamim). Cette coutume de la sonnerie du chofar au mois d’éloul n’est pas une obligation. Cependant, il convient que la communauté s’efforce de l’observer. Mais un particulier, qui n’aurait pas entendu le chofar, n’a pas besoin de rechercher quelqu’un qui soit capable de lui en faire entendre la sonnerie[1].


[a]. Litt. les pardons. Prières où est invoqué le pardon divin.[1]. Autrefois, il y avait des communautés séfarades où il n’était pas d’usage de sonner du chofar pendant les Seli’hot, tandis que d’autres communautés avaient cet usage (Kaf Ha’haïm 581, 13). De nos jours, presque toutes les communautés séfarades sonnent du chofar à la fin des Seli’hot, pendant le Qaddich Titqabal, suivant l’ordonnancement traditionnel des sonneries (désigné par l’acronyme תשר »ת תש »ת תר »ת [cf. ci-après, chap. 4]) ; et certains sonnent aussi pendant la récitation des treize attributs. Les Juifs du Yémen, eux aussi, sonnent à la fin des Seli’hot, et certains d’entre eux le font aussi pendant la mention des treize attributs. La coutume ashkénaze est de sonner à la fin de l’office de Cha’harit, et seulement suivant l’ordre dit תשר »ת [cf. chap. 4]. Selon le Tsits Eliézer XII 48, la coutume incombe à la communauté et non à l’individu. Une coutume supplémentaire a cours dans les communautés ashkénazes, celle de lire le psaume 27 (Lé-David, Hachem ori…), depuis Roch ‘hodech éloul jusqu’à Chemini ‘atséret, à l’office de Cha’harit, ainsi qu’à celui de Min’ha ou d’Arvit.