Pniné Halakha

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Chapitre 17 – Prières qui suivent la ‘Amida de Cha’harit

01. Les femmes sont dispensées de tous les textes qui suivent la ‘Amida

Les femmes sont dispensées de tout ce que les hommes ont coutume de réciter après la ‘Amida, c’est-à-dire : Ta’hanoun (les supplications, dont la Néfilat apayim), Achré-Tehila lé-David (seconde mention du psaume 145, précédé des deux versets commençant par Achré), Lamnatséa’h (psaume 20), Qédoucha de-sidra (également appelée Ouva lé-Tsion), Chir chel yom (psaume du jour), Pitoum haqetoret (versets de l’encens et passages talmudiques sur ce même thème), ‘Alénou léchabéa’h (« Il nous revient de louer le Maître de tout… »). Cela, parce que les hommes eux-mêmes ne sont pas véritablement obligés de dire ces textes – simplement, pour d’importantes raisons, ils ont pris l’usage de les dire, si bien que leur récitation est devenue comparable à une coutume obligatoire ; tandis que les femmes, qui n’en ont pas pris l’usage, n’y sont évidemment pas obligées. Tout ce à quoi les femmes sont tenues consiste dans la ‘Amida, et non dans ce que l’on a pris l’usage de dire après celle-ci. Toutefois, celle qui voudrait apporter à sa prière un supplément de perfection peut dire ces passages[1].

En tout état de cause, il convient d’apprendre ces règles, afin de compléter l’étude des lois de la prière, et afin de savoir comment se récitent lesdits textes conformément à la halakha, dans le cas où l’on voudrait apporter à sa prière ce supplément de perfection.


[1]. Cf. Halikhot Beitah 7, Halikhot bat Israël 2, 12-13. Certes, ces ouvrages requièrent des femmes la récitation de ‘Alénou léchabéa’h, et hésitent quant au Pitoum haqetoret. Cependant, puisque même pour les hommes l’obligation de lire ces textes n’est pas absolue, mais seulement fondée sur la coutume, on ne saurait donner pour directive aux femmes, qui n’ont pas pris cet usage, de réciter ‘Alénou léchabéa’h. C’est en ce sens que s’exprime le Ma’hazé Elyahou 20. Mais si l’on souhaite apporter un supplément de perfection à sa prière, on peut réciter tous les textes, comme les hommes, ainsi que le rapporte le Kaf Ha’haïm 70, 1.

02. Néfilat apayim

Dans l’ordonnancement de leur prière, les hommes ont coutume, après la ‘Amida de Cha’harit, de « tomber sur leur face »[a] et de supplier l’Eternel, béni soit-Il ; cela, afin de pratiquer la prière dans chacune de ses trois formes : assis pendant le Chéma et ses bénédictions, debout pendant la ‘Amida, face tournée vers la terre pendant la supplication qui suit. C’est ainsi que Moïse notre maître pria pour Israël, quand il demanda à Dieu de pardonner la faute du veau d’or.

Cette prière possède une force particulièrement grande, et c’est la plus efficace en temps de détresse. Ainsi, lors de la controverse de Qora’h (Coré) et de sa faction, lorsque Dieu dit à Moïse et à Aaron : « Séparez-vous de cette communauté, je veux l’anéantir en un instant », Moïse et Aaron comprirent immédiatement qu’il leur fallait intensifier grandement leur prière. Ils prièrent en se prosternant, comme il est dit : « Ils tombèrent sur leur face et dirent : “Seigneur, Dieu des esprits de toute chair ! Un seul homme pécherait et tu t’irriterais contre toute la communauté !” » (Nb 16, 21-22). Grâce à cette prière, dite dans une attitude de prosternation, le décret fut annulé.

Si la puissance de cette prière est si grande, c’est qu’elle exprime l’entière abolition du moi à l’égard de son Créateur, allant jusqu’au don total de sa personne. Tout se passe comme si l’homme disait au Maître du monde : « Tous mes sens et mes membres sont annihilés devant Toi, fais de moi ce que bon Te semble, car je suis entièrement à Toi. » C’est pourquoi, par la prière de Nefilat apayim, on peut réparer des failles spirituelles qu’il serait impossible de réparer dans le cadre d’une prière habituelle (cf. Zohar, section Bamidbar 120, 2).

La Nefilat apayim traduit également la honte que l’on éprouve à l’égard du Ciel, une fois la prière récitée. Durant la ‘Amida, nous avons médité sur la grandeur de Dieu, béni soit-Il, et Lui avons présenté toutes nos requêtes ; une fois terminée la ‘Amida, nous avons honte de montrer notre visage : comment avons-nous osé nous tenir en prière devant Dieu ? Aussi tombons-nous sur notre face. De plus, ce rite exprime la souffrance émanant du repentir des fautes : en raison de notre grande peine, nous ne pouvons élever notre visage (cf. Rabbénou Be’hayé sur Nb 16, 22).

Bien que la prière de Nefilat apayim soit très élevée, les sages ne l’ont pas instituée comme prière obligatoire, et ne l’ont pas dotée d’un texte fixe. Autrefois, toute personne qui le désirait ajoutait sa propre supplication, qu’elle disait en s’inclinant, après la ‘Amida. C’est peut-être précisément en raison de sa grande élévation, en ce qu’elle traduit l’abolition entière du moi à l’égard du Créateur béni soit-Il, que cette prière doit sortir du cœur, par l’effet d’une libre volonté.


[a]. La suite du chapitre expliquera en quoi consisite cette gestuelle.

03. L’usage des supplications (Ta’hanounim) de nos jours

Jadis, on avait l’usage, pour accomplir la « chute de la face », de tomber en prostration ou de se prosterner. Par la prostration (hichta’havaya), le fidèle s’étendait de tout son long sur le sol, bras et jambes étendus à terre. Par la prosternation (qida) proprement dite, le fidèle s’agenouillait et baissait la tête en l’appliquant au sol (Berakhot 34b ; Maïmonide, Téphila 5, 13-14).

Cependant, en raison de plusieurs craintes, l’usage de la prostration ou de la prosternation a été annulé. Une partie de ces craintes relèvent de la halakha et sont liées, d’une part, à l’interdit de la prostration sur un sol dallé de pierres taillées, d’autre part à l’interdit fait à un homme important de tomber à terre en public sans qu’il soit assuré d’être agréé, comme nous l’apprenons du cas de Josué (Jos 7, 10). Mais le motif principal de crainte repose sur les paroles du Zohar (section Bamidbar 121, 1). Le Zohar exalte la haute importance de la Nefilat apayim, dans laquelle le fidèle doit faire don de sa personne à Dieu et se considérer comme ayant quitté le monde, grâce à quoi toutes ses fautes s’absolvent ; mais si ce n’est pas avec sincérité que l’on fait don de sa personne, on se met en danger ; aussi nous abstenons-nous de nous prostrer ou de nous prosterner face contre terre (cf. La Prière d’Israël 21, 3).

En pratique, la coutume de tous les Ashkénazes et d’une partie des Séfarades est de se courber, en posture assise, en enfouissant sa tête sous son bras gauche. Un tel geste réalise, dans une certaine mesure, l’idée de « chute de la face », en ce qu’il est une amorce de prosternation. Pour autant, ce geste n’est pas une prosternation entière, et il n’est pas assimilable à une prostration sur un sol de pierre (Béour Halakha 131, 1). Ceux qui suivent les coutumes du Ben Ich ‘Haï craignent davantage encore la mise en garde du Zohar et ne marquent aucune ébauche de prosternation ; tel est l’usage de nombreuses communautés du Moyen-Orient.

À l’époque des Guéonim, un rituel fixe a commencé à se former, pour la Nefilat apayim comme pour les autres supplications (Ta’hanounim) qui suivent la ‘Amida.  À l’époque des Richonim[b], le rituel s’est formalisé davantage, au point que tout le peuple juif a pris sur lui, comme obligation, de dire des supplications déterminées. Il semble qu’en raison des épreuves de l’exil, qui se sont accrues au fil du temps, les cœurs se sont obturés, au point que nous avons eu besoin d’un rituel fixe de supplications. Et puisque le rituel des Ta’hanounim s’est répandu après la dispersion des communautés à travers leurs exils, les différences entre rituels ashkénaze et séfarade y sont plus apparentes que dans d’autres parties de l’office.

Puisque  la Nefilat apayim est une prière qui exprime la brisure du cœur, dans le délaissement du corps et le don de l’âme, on ne la récite pas les jours de réjouissance liée à l’observance d’une mitsva (comme il est précisé dans les livres de prière). De même, lorsque des gens ayant un motif de réjouissance liée à une mitsva se trouvent à la synagogue – tels qu’un nouveau marié ou l’une des personnes associées à une circoncision –, on ne dit pas les Ta’hanounim (cf. La Prière d’Israël 21, 7-8). Dans une maison de deuil, on a l’usage de ne pas dire les Ta’hanounim, car la mesure de rigueur y réside, et l’on doit prendre soin de ne pas l’intensifier (Michna Beroura 131, 20).


[b]. Guéonim : du 6ème au 11ème siècle de l’ère civile. Richonim : du 11ème au 16ème siècle.

04. Comment se pratique la Néfilat apayim (pour ceux qui ont l’usage d’enfouir la tête sous leur bras)

Comme nous l’avons vu, selon l’usage ashkénaze et d’une partie des communautés séfarades, la Néfilat apayim se pratique par l’inclination de la tête, qui prend appui sur le bras. Une femme qui souhaiterait réciter la Néfilat apayim en s’inclinant, s’inclinera sur le bras gauche et orientera quelque peu son visage du côté droit, afin que la face ne soit pas orientée droit vers le sol. Il faut enfouir son visage dans un vêtement ou dans la manche, et l’on ne se contente pas d’enfouir la tête dans son bras sans que cette partie du bras soit recouverte de la manche, puisque le bras et le visage font partie du même corps, et que nous avons pour principe que le corps ne peut se couvrir lui-même (Choul’han ‘Aroukh 131, 1 ; Michna Beroura ad loc.). L’intention essentielle de  la couverture de la face est la pudeur, à la façon de l’homme qui cache son visage par crainte et par honte devant l’Eternel béni soit-Il. A posteriori, le fidèle qui porte des manches courtes, s’il n’a pas d’écharpe ou de foulard à portée de main, inclinera la tête sur son bras dévêtu. S’il se trouve une table, il y appuiera sa tête et son bras, et la table sera considérée comme la couverture principale du visage (La Prière d’Israël 21, 4).

On a l’usage de n’enfouir sa tête dans son bras que dans un endroit où se trouve un séfer-Torah (rouleau de la Torah), ou même d’autres livres saints en version imprimée. Mais dans un endroit où il n’y a pas de livres saints, on récite le psaume assis, sans flexion de la tête sur le bras. À Jérusalem, on a l’usage d’incliner la tête, même dans un endroit où ne se trouvent pas de livres saints, car la sainteté de la ville suffit à remplacer celle des livres (op. cit.).

Dans un lieu où il est impossible de s’asseoir pour réciter le psaume de Néfilat apayim (par exemple, s’il n’y a pas de chaise, ou encore si l’on ne peut s’asseoir parce que, juste derrière soi, se trouve quelqu’un qui n’a pas terminé sa ‘Amida, et qu’il soit impossible d’aller à un autre endroit de la synagogue), on récite la Néfilat apayim debout (Michna Beroura 131, 10). Si l’on est près d’un mur, il est préférable d’appuyer son bras et sa tête contre le mur, à la manière d’une « inclination de la face », de façon telle que, s’il n’y avait pas de mur, on tomberait. Cette attitude est alors considérée comme apparentée, quelque peu, à la situation assise et à la « chute de la face » (Kaf Ha’haïm 38).

05. Le rituel des Ta’hanounim

Quand une femme souhaite réciter les Ta’hanounim, il convient qu’elle s’abstienne de s’interrompre par des paroles entre la fin de la ‘Amida et le début de ces supplications. En effet, lorsqu’elles se disent immédiatement après la ‘Amida, elles sont davantage agréées (Choul’han ‘Aroukh 131, 1 ; Michna Beroura 1).

Selon les rites séfarade et sfard, on a coutume de réciter, avant le psaume de Néfilat apayim, la confession des fautes (Vidouï) et les treize attributs de miséricorde (Cheloch ‘esré midot ra’hamim), afin qu’après avoir bénéficié de l’expiation apportée par ces deux textes, le fidèle en vienne au sommet que constitue la Néfilat apayim (Kaf Ha’haïm 131, 5). D’après les rites ashkénaze et yéménite baladi, ce n’est que le lundi et le jeudi que l’on ajoute le Vidouï et les treize attributs de miséricorde.

Nos maîtres disent des treize attributs de miséricorde qu’ils sont d’un grand secours pour le pardon des fautes. En recevant la foi à ce haut degré que portent en eux les treize attributs de miséricorde, nous nous relions à Dieu de façon si profonde et si élevée que les fautes se font marginales et extérieures, comparément à l’essence de notre attachement à Dieu et en Sa providence ; de là naît l’expiation (kapara). Aussi, au cours du rituel des Seli’hot (récitées à l’approche des jours redoutables) et le jour de Kippour, nous les récitons maintes fois.

Les treize attributs de miséricorde sont considérés comme des paroles consacrées (devarim chébiqdoucha), aussi faut-il se trouver dans le cadre de la prière publique pour pouvoir les dire (La Prière d’Israël 21, 5). Par conséquent, une femme qui prierait sans être au sein d’un minyan et qui voudrait réciter les Ta’hanounim devrait omettre la mention des treize attributs de miséricorde.

Dans le rite séfarade, on dit, comme texte de Néfilat apayim, le psaume 25 ; dans le rite ashkénaze et dans le rite sfard-‘hassidique, on dit le psaume 6.

Le lundi et le jeudi, on ajoute d’autres supplications, car ces jours sont propices et la prière y est agréée. On dit ces supplications en se tenant debout (Choul’han ‘Aroukh et Rama 134, 1). Le texte Vé-Hou Ra’houm (« Il est miséricordieux ») a été rédigé par trois anciens, exilés de Jérusalem, comme le rapportent les ouvrages des Richonim (Aboudraham, Raavan, Hamanhig, Kolbo 18). Aussi ne présente-t-il  pas de grandes différences entre les rituels. Toutefois, les Séfarades ont fixé, avant sa lecture, certaines supplications supplémentaires, et les Ashkénazes ont fixé des supplications après sa lecture.

Autre différence : dans les rituels séfarade et sfard-‘hassidique, on dit les supplications additionnelles du lundi et du jeudi après la Néfilat apayim ; tandis que, dans le rituel ashkénaze, on les dit avant[c].


[c]. Dans les communautés séfarades, des variations peuvent aussi être observées : dans le sidour Tephilat Ha’hodech, le psaume 25 et Avinou Malkénou apparaissent, le lundi et le jeudi, à la fin des Ta’hanounim. Toutefois, dans la majorité des rituels séfarades, les textes additionnels du lundi et du jeudi sont imprimés après le psaume 25 et Avinou Malkénou.

06. Achré, Lamnatséa’h et Ouva lé-Tsion

Après les supplications (Ta’hanounim) – ou, le lundi et le jeudi, après la lecture de la Torah –, les hommes ont l’usage de réciter trois prières. La première est Achré/Tehila lé-David (Ps 145 précédé de deux versets). Bien que l’on ait déjà récité ce psaume pendant les Pessouqé dezimra, on le répète en considération de son importance (cf. La Prière d’Israël 23, 1-2 et 14, note 5, où l’on dit que les hommes récitent Achré/Tehila lé-David trois fois par jour).

Après cela, on récite le psaume 20, Lamnatséa’h mizmor lé-David, ya’anekha Ado-naï bé-yom tsara… (« Au chef des chantres, cantique de David. L’Eternel te répondra au jour de détresse… »). Le thème de ce psaume prolonge les supplications qui suivent la ‘Amida. Puisqu’il s’agit d’une prière pour un « jour de détresse », on ne la récite pas pendant les jours de réjouissance (selon les dates et circonstances indiquées dans les livres de prière. Dans La Prière d’Israël 23, 1, sont présentées les différences de coutume entre Ashkénazes et Séfarades à cet égard).

Après cela, on récite Ouva lé-Tsion, aussi appelé Qédoucha de-sidra[d], c’est-à-dire les versets Qadoch, qadoch, qadoch… (« Saint, saint, saint est l’Eternel, Dieu des légions, toute la terre est emplie de Sa majesté »), Baroukh kevod Ado-naï mimeqomo (« Béni soit l’honneur de l’Eternel depuis Son séjour ») et Ado-naï yimlokh lé’olam va’ed (« L’Eternel régnera à jamais »). Ce qui est particulier dans cette Qédoucha, c’est qu’on récite ses versets avec leur traduction araméenne. Nos sages ont institué cette lecture – bien que l’on ait déjà dit une Qédoucha au cours de la bénédiction Yotser or et une autre dans la répétition de la ‘Amida (si l’on prie en minyan) –, afin que chaque fidèle ait le mérite d’apprendre chaque jour quelques versets des Prophètes ; c’est pourquoi on a traduit ces versets en araméen, de façon que tout le peuple, dont la langue d’usage était l’araméen, en comprît le sens. En effet, il convient que les hommes, qui sont tenus d’étudier la Torah, étudient chaque jour le Pentateuque, les Prophètes et les paroles des sages. En ce qui concerne le Pentateuque, on s’acquitte de cette étude minimale par la lecture du Chéma ; dans la Qédoucha de-sidra, on s’acquitte de l’étude des Prophètes, et l’on ajoute des paroles de nos sages à la fin de l’office.

Les sages ont hautement loué la récitation de la Qédoucha de-sidra : après la destruction du Temple, ont-ils dit, ce texte compte parmi les paroles grâce auxquelles le monde se maintient (Sota 49a). Rachi explique qu’il y a deux grands mérites à réciter ce passage : l’un est l’étude même de versets de la Torah ; l’autre est que ces versets traitent de la sainteté de Dieu : quand ils sont lus par un minyan, le nom de l’Eternel est sanctifié en public. À l’office du matin de Chabbat, il n’est pas besoin de dire la Qédoucha de-sidra, car on s’acquitte déjà de l’étude des prophètes par la lecture de la haftara[e]. Quoi qu’il en soit, afin de ne pas en annuler la lecture, on a l’usage de la réciter au début de l’office de Min’ha, pour ajouter encore à l’étude de Chabbat et, plus encore, pour y ajouter une étude qui traite de la sainteté de Dieu (cf. La Prière d’Israël 23, 2).


[d]. Qédoucha de-sidra: littéralement « Qédoucha (sainteté) de l’ordre », c’est-à-dire : Qédoucha qui s’insère dans l’ordre de la prière Ouva lé-Tsion, ou encore Qédoucha qui s’insère dans l’ordre de l’étude des versets des prophètes. Cette prière commence par les versets Ouva lé-Tsion, se poursuit par une Qédoucha, et s’achève par d’autres versets et requêtes. On l’appelle donc Ouva lé-Tsion, d’après ses premiers mots, ou Qédoucha de-sidra, d’après la Qédoucha qu’elle contient.

[e]. Haftara: passage des prophètes qui est lu, le Chabbat, les jours de fête et certains jours de jeûne, après la lecture de la Torah.

07. Psaume du jour, Pitoum haqetoret et ‘Alénou léchabéa’h

Puisque l’office de Cha’harit a été institué en référence au sacrifice journalier, et qu’après l’oblation du sacrifice, les lévites chantaient le cantique du jour, on a pris l’usage de réciter ce cantique à la fin de la prière (Sofrim 18, 1). Toutefois, à l’origine, nos sages n’ont pas fait de cet usage une obligation, et l’on trouvait certaines communautés qui n’avaient pas coutume de lire le psaume du jour. À la fin de la période des Richonim, tout le monde avait déjà pris l’usage de le lire.

Avant de réciter le psaume, on mentionne le jour : « Aujourd’hui, premier jour à compter du Chabbat », et ainsi de suite ; cela, afin d’accomplir la mitsva de se souvenir du jour de Chabbat tous les jours de la semaine (d’après Na’hmanide sur Ex 20, 8, et Rabbi Isaac Louria, tel que le cite le Kaf Ha’haïm 132, 26).

Après le psaume du jour, on a coutume de dire le Pitoum haqetoret (paragraphes de l’encens), précédé de l’hymne Ein Kélo-hénou (« Il n’est personne qui soit comparable à notre Dieu »). Il y a deux raisons à cette récitation : la première est que ces paragraphes viennent en regard de l’offrande de l’encens, que l’on faisait fumer chaque matin et chaque soir au Temple. La seconde raison est de donner à chaque Juif mâle, qui est tenu d’étudier la Torah, le mérite d’étudier chaque jour les paroles des sages. On a aussi ajouté à cela des paroles d’aggada (partie narrative/spéculative de la Torah), afin que l’on se livre aussi chaque jour à une étude minimale de ce domaine (cf. La Prière d’Israël 23, 5, note 5).

On a coutume de dire, à la fin de l’office de Cha’harit, ‘Alénou léchabéa’h (« Il nous revient de louer le Seigneur de toute chose… »), afin d’implanter dans nos cœurs la foi en Dieu et l’espoir de la Délivrance ; et afin qu’ensuite, lorsque le Juif rencontrera des non-Juifs dans son commerce et ses travaux, il ne soit pas attiré par leurs divinités et par leur foi (Ba’h, Ora’h ‘Haïm 133). Suivant en cela l’avis de Rabbi Isaac Louria, on a pris coutume de réciter également ‘Alénou léchabéa’h à la fin des offices de Min’ha et d’Arvit. En raison de l’importance de cette prière, on a coutume de la dire debout. On a l’usage de s’incliner quelque peu quand on dit « Nous nous prosternons devant le Roi des rois, le Saint béni soit-Il » (Vaana’hnou kor’im, selon la version ashkénaze, Vaana’hnou michta’havim dans la version séfarade) (Michna Beroura 132, 9).

Dans la mesure où ces ajouts sont relativement tardifs, ils comportent des différences entre les rituels. Par exemple, dans le rituel séfarade, on ajoute encore d’autres psaumes et versets, qui s’intercalent avant le psaume du jour, et la version du Pitoum Haqetoret est aussi plus longue. On trouve encore une différence dans l’ordonnancement des textes : dans le rite ashkénaze, on dit ‘Alénou léchabéa’h avant le psaume du jour, tandis que, dans les rites séfarade et ‘hassidique, l’ordre est tel que nous l’avons décrit (cf. La Prière d’Israël 23, 4-5).

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