Pniné Halakha

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05. Le jeûne de Guédalia

Le 3 tichri, fut assassiné Guédalia fils d’A’hiqam. Après la destruction du premier Temple et l’exil de la majorité du peuple juif en Babylonie, le roi de Babylone nomma Guédalia fils d’A’hiqam gouverneur des Juifs qui restèrent en Judée. On fondait de grands espoirs sur les survivants restant en Judée : par la consolidation de leur présence dans le pays, et avec le concours des rapatriés de Babylonie, dont on attendait le retour soixante-dix ans plus tard, ils pourraient reconstruire le Temple et restaurer la royauté d’Israël. Aussi, pendant un temps, il semblait que la plèbe qui était restée dans le pays se rétablissait de la destruction, travaillant ses champs et ses vignes.

Mais le roi des Ammonites, qui voulait arrêter les survivants d’Israël dans leur effort de restauration, envoya Ichmaël fils de Netanya pour assassiner Guédalia fils d’A’hiqam. Ichmaël fils de Netanya avait également une raison personnelle de réaliser son dessein : il était de la famille des rois de Juda, et pensait secrètement que c’était à lui-même que revenait le droit de gouverner la Judée, et non à Guédalia fils d’A’hiqam. Plusieurs des officiers de l’armée qui était auprès de Guédalia le mirent en garde contre Ichmaël, et lui conseillèrent même de le faire tuer avant qu’il ne mette à exécution sa machination.

Mais Guédalia ne les crut pas, et il les accusa de débiter des mensonges contre Ichmaël.

Le septième mois, Ichmaël fils de Netanya, fils d’Elichama, qui était d’ascendance royale et un des dignitaires du roi, vint avec dix hommes auprès de Guédalia fils d’A’hiqam, à Mitspa. Ils mangèrent là du pain, ensemble, à Mitspa. Ichmaël fils de Netanya se leva, ainsi que les dix hommes qui étaient avec lui, et ils frappèrent par l’épée Guédalia fils d’A’hiqam, fils de Chafan, et le firent périr (…) ainsi que tous les Judéens qui étaient avec lui (…) et les Chaldéens qui se trouvaient là (Jr 41, 1-3).

Par cela, s’éteignit la dernière braise d’autonomie juive en terre d’Israël, et l’exil atteignit son comble. C’est en souvenir de cela que les prophètes instituèrent un jeûne.

Toutefois, il existe un certain doute sur la date exacte de l’assassinat de Guédalia. Le Talmud dit que, le 3 tichri, Guédalia fils d’A’hiqam fut tué (Roch Hachana 18b, Talmud de Jérusalem, Ta’anit 4, 5). Cependant, certains Richonim estiment que Guédalia fut tué le 1er tichri, mais que, puisque ce jour est un jour de fête, celui de Roch hachana, nos maîtres repoussèrent le jeûne au 3 tichri[3].

Nos sages ont encore dit que, de l’institution du jeûne de Guédalia, on peut apprendre que la mort des justes est considérée comme équivalente à l’incendie de la Maison de notre Dieu (Roch Hachana 18b).


[3]. C’est ce qu’écrit Rabbénou Yerou’ham (Netiv 18, deuxième partie). De même, Ibn Ezra et le Radaq expliquent que le mot mois (dans l’expression du verset de Jérémie « le septième mois ») signifie le premier du mois, moment où se renouvelle le mois. Simplement, le jeûne fut repoussé au 3. Et bien que, à l’époque, on fêtât Roch hachana durant un seul jour, les sages ne voulurent pas instituer un jeûne immédiatement après un jour de fête, de sorte qu’ils le reportèrent au 3 tichri. Et même quand on prit la coutume d’observer deux jours de Roch hachana, le jeûne demeura le 3 tichri. Pour des sources supplémentaires, cf. Torat Hamo’adim 1, 2 (p. 8).

Selon les responsa Roch Yossef, puisque le jeûne de Guédalia a été repoussé, son statut est plus léger que d’autres, et, si l’on fête une circoncision (en tant que père de l’enfant, circonciseur ou sandaq), on n’est pas tenu d’achever son jeûne : on pourra prendre une sé’oudat mitsva (repas servi à l’occasion de la mitsva). Mais le Touré Zahav repousse les propos de cet auteur (549). De même, le Béour Halakha ad loc., se fondant sur le Ritva, repousse l’avis du Roch Yossef. La raison en est que, même si l’on est d’avis que le meurtre de Guédalia eut en réalité lieu le 1er tichri, le fait que le jeûne ait été institué le 3 signifie qu’il ne saurait être considéré comme un jeûne repoussé : tel est son jour.

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