Pniné Halakha

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04. Quand le 9 av tombe à l’issue de Chabbat

Il est de règle qu’il n’y a point de deuil le Chabbat. Aussi, même si le 9 av tombe un Chabbat, le jeûne est repoussé au dimanche ; et ce Chabbat, on mange de la viande, on boit du vin, et l’on peut même servir un repas digne de Salomon dans toute sa gloire. De même, on chante des cantiques de Chabbat, comme à l’habitude, puisqu’il n’y a pas de deuil pendant Chabbat. Bien entendu, la règle est la même si le 9 av tombe le dimanche : le Chabbat précédent, on se conduit comme chaque Chabbat. Mais entre le Chabbat et le commencement du jeûne, il y a un temps intermédiaire, durant lequel le Chabbat n’est pas encore achevé et, en revanche, les interdits liés au jeûne s’appliquent déjà. Cela s’explique par le fait qu’un doute existe quant au moment exact où se termine le jour précédent et ou commence le jour nouveau : est-ce au coucher du soleil (cheqi’at ha’hama), ou à la tombée de la nuit (tset hakokhavim, « sortie des étoiles ») ? Aussi, la période qui sépare le coucher du soleil de la tombée de la nuit est-elle douteuse : elle relève peut-être du jour, peut-être de la nuit. On appelle cette période bein hachmachot (crépuscule, litt. « entre les soleils »). Or, comme il existe une mitsva d’ajouter du temps au Chabbat (mitsva de tosséfet Chabbat), celui-ci se prolonge quelques minutes encore après la tombée de la nuit. En conséquence, la période qui va du coucher du soleil aux quelques minutes suivant la tombée de la nuit est une période commune au Chabbat et au jeûne. Durant cette période, il est interdit de faire un acte qui serait regardé comme une coutume de deuil, puisqu’il n’y a pas de deuil le Chabbat ; mais en revanche, dès le coucher du soleil, on s’abstient des choses qui ne sont pas indispensables au Chabbat, telles que manger, boire, se laver et s’oindre.

Par conséquent, à la sé’ouda chelichit (le troisième repas sabbatique), on mange comme on le fait chaque Chabbat, et l’on chante des cantiques sabbatiques comme à l’accoutumée. Simplement, on s’arrête de manger et de boire avant le coucher du soleil, puisqu’il n’y a pas d’obligation, du point de vue du Chabbat, à continuer de manger, durant ce troisième repas, après le coucher du soleil (Choul’han ‘Aroukh 552, 10, Michna Beroura 23). De même, il convient de ne plus chanter de cantiques joyeux à partir du coucher du soleil ; il n’y a pas, en cela, de signe de deuil, puisque, de toute façon, on n’a pas l’usage d’entonner des chants de joie à toute heure du Chabbat. Dans le même ordre d’idées, on s’abstient de se laver et de s’oindre, dès le coucher du soleil, puisque, de toute façon, on ne se lave pas à toute heure du Chabbat. Toutefois, si l’on est allé aux toilettes durant cette période crépusculaire, on se lavera les mains comme d’habitude, car ne pas le faire reviendrait à s’endeuiller pendant Chabbat.

On garde ses vêtements sabbatiques et ses chaussures, même si elles sont en cuir, on reste assis sur sa chaise, et l’on continue de se saluer en disant chalom, jusqu’à ce qu’apparaissent trois étoiles moyennes dans le ciel et qu’expirent encore quelques minutes, en tant que supplément au Chabbat (tosséfet Chabbat) (conformément à l’heure de sortie de Chabbat indiquée dans les calendriers). Alors, on doit dire les mots Baroukh hamavdil bein qodech le’hol (« Béni soit Celui qui distingue le saint du profane ») ; par cette formule, on se sépare du Chabbat. Après cela, on retire ses chaussures de cuir, on quitte ses vêtements sabbatiques, et l’on met des vêtements de semaine. Il faut mettre des vêtements que l’on avait déjà portés durant la semaine écoulée, car il ne faut pas porter de vêtements lessivés, le 9 av[3].

On a l’usage de retarder l’office d’Arvit, à l’issue de Chabbat, d’un quart d’heure environ, afin que tous les fidèles aient le temps de prendre congé du Chabbat, à leur domicile, de quitter leur chaussures de cuir, de se changer, et de se rendre à la synagogue pour l’office d’Arvit et la lecture du rouleau d’Eikha (les Lamentations) en vêtements de semaine.


[3]. Certains ont coutume de retirer leurs chaussures de cuir dès le coucher du soleil, à condition de ne pas ressentir, en faisant cela, que ce retrait exprime le deuil. Cependant, la coutume la plus répandue consiste à retirer ses chaussures de cuir après la tombée de la nuit. Cf. Hilkhot ‘Hag Be’hag 8, notes 2 et 7, qui se fonde sur le Gaon de Vilna pour expliquer que l’on ne se fait pas souffrir le Chabbat ; d’après cela, l’auteur estime même qu’il est permis de se laver et de s’oindre jusqu’à l’issue de Chabbat. Mais suivant la coutume généralement observée, il y a lieu de s’abstenir de tout ce qui n’est pas reconnaissable comme expression de deuil. Aussi, a priori, il ne faut ni se laver ni s’oindre ; mais si l’on sort des toilettes, on se lavera les mains de la manière habituelle, c’est-à-dire en mouillant toute la main, et non pas seulement les doigts comme on le fait le 9 av.

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