Pniné Halakha

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12.Sim’hat beit hachoéva de nos jours

Les communautés juives ont pris l’usage d’organiser des réjouissances, les soirs de ‘Hol hamo’ed, en souvenir des festivités de Sim’hat beit hachoéva qui avaient lieu au Temple. Chaque fois que l’on organise des réjouissances durant la fête, on accomplit une mitsva, comme il est dit : « Tu te réjouiras en ta fête » (Dt 16, 14). Quand il s’agit de celles qui se tiennent en souvenir de Sim’hat beit hachoéva, on accomplit une mitsva supplémentaire, puisque l’on perpétue la mémoire des festivités qui avaient lieu au Temple, et que l’on rapproche ainsi le temps de sa reconstruction (Souka 41a).

On assiste à un renouveau de ces réjouissances dans ces derniers siècles, depuis que des Juifs ont commencé à se regrouper en terre d’Israël et que la lumière du salut a commencé de poindre. Au début, c’est en terre d’Israël que l’on prit l’usage de marquer ces réjouissances ; de là, la coutume s’étendit à la diaspora. Comme l’écrit Rabbi ‘Haïm ben Atar[p], dans une lettre qui fut envoyée de Jérusalem et datée de 5503 (1743) : « À ‘hol hamo’ed, nous avons fêté Sim’hat beit hachoéva, et j’ai allumé les lumières l’un des soirs. Nous avons fait de grandes réjouissances. » De même, on raconte en d’autres endroits que l’on dansait en rond, torches en main. Des ‘Hassidim qui immigrèrent d’Europe en terre d’Israël racontent également qu’ils fêtaient Sim’hat beit hachoéva à Safed, au son des tambours, avec des danses et des flambeaux.

De même, Rabbi Yehossef Schwarz (5565-5625/1804-1865), dans une lettre à son frère, décrit les célébrations particulières qui avaient lieu à Jérusalem, et rapporte même que, à la synagogue Qehal Tsion, on avait installé une machine spéciale, qui projetait de l’eau en l’air durant les festivités. Le Rav Orenstein (président du tribunal rabbinique des ‘Hassidé Yerouchalaïm depuis l’an 5633/1873), écrit que les ‘Hassidim de Sadigora qui avaient immigré à Jérusalem recrutaient des instrumentistes non juifs pour jouer tous les soirs de ‘Hol hamo’ed, durant les festivités de Sim’hat beit hachoéva (Responsa du Moharil, p. 8). Toutefois, les Ashkénazes n’avaient pas coutume d’allumer des flambeaux (‘Ir Haqodech Véhamiqdach III 25, 8-9).

Rabbi ‘Haïm Aboulafia, lui aussi, décida que, dans les synagogues de Smyrne, des festivités de Sim’hat beit hachoéva seraient organisées en souvenir du Temple, que l’on y allumerait de nombreuses lampes, y interpréterait des mélodies liturgiques pendant environ deux heures, et que les anciens et les gens de mérite danseraient, comme on le faisait au Temple (‘Haïm va’hessed 497, 11). De même, Rabbi Avraham ‘Haïm Adadi, rabbin de Tripoli, écrit en 5570/1810 que, conformément à ce qui fut institué par un envoyé de la ville sainte, on a pris l’usage de célébrer Sim’hat beit hachoéva les soirs de ‘Hol hamo’ed : on jouait des instruments et l’on dansait durant deux ou trois heures, l’administrateur de la synagogue distribuait des bougies aux danseurs, et chaque danseur se prosternait préalablement devant l’arche sainte (Vayiqra Avraham, Qountras Maqom Chénahagou, p. 123). On permettait même à un endeuillé de jouer d’un instrument, à Sim’hat beit hachoéva, car il s’agit de réjouissances propres à une mitsva, en souvenir du Temple (Zéra’ Emet 2, 157). Certains avaient coutume, à Sim’hat beit hachoéva, de chanter quelques-uns des poèmes liturgiques propres aux jours redoutables (Yessod Véchorech Ha’avoda 11, 14).

Bien qu’il n’y ait pas d’obligation (‘hova) à célébrer Sim’hat beit hachoéva, le faire constitue une mitsva[q]. En particulier, il convient d’encourager ceux qui n’étudient pas la Torah à se joindre à ces réjouissances, et à ne pas perdre leur temps en choses vaines (Bekhori Ya’aqov 661, 3).

Certains ont coutume de réciter, au début des réjouissances, les dix cantiques des degrés (Chir hama’alot, Ps 120 à 134), qui ont pour vertu de favoriser l’abondance d’eau et de bénédiction. Cette coutume se fonde sur le midrach de nos sages, rapporté au traité Souka 53a-b : quand le roi David ouvrit les chitin pour les besoins des libations d’eau, les eaux de l’abîme commencèrent à monter, menaçant de submerger la terre. On écrivit le nom de Dieu (le tétragramme) sur un morceau d’argile que l’on posa au-dessus du gouffre : l’eau reflua de six cent mille coudées, et le monde devint très sec. Le roi David dit les quinze cantiques des degrés : à chaque cantique, les eaux remontèrent de mille coudées, et le monde redevint humide.


[p]. Auteur d’Or Ha’haïm, commentaire de la Torah.

[q]. On n’annule pas une mitsva positive si l’on s’abstient de célébrer cette réjouissance, mais la célébrer est constitutif d’une mitsva, puisqu’on intensifie ainsi la joie de la fête. La joie est en effet une mitsva, comme il est dit : « Tu te réjouiras en ta fête » (Dt 16, 14).

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