Pniné Halakha

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03. L’obligation d’amorcer le séder par une question

La mitsva consiste à raconter la sortie d’Egypte sous forme de questions et de réponses, comme il est dit : « Lorsque ton fils t’interrogera, demandera, demain (…), tu diras à ton fils : “Nous étions esclaves de Pharaon en Egypte…” » (Dt 6, 20-22). De même, il est dit : « Alors, quand vos enfants vous demanderont : “Qu’est-ce que ce service pour vous ?”, vous leur direz : “C’est le sacrifice pascal dédié à l’Eternel” » (Ex 12, 26-27). Il est dit encore : « Alors, quand ton fils, demain, t’interrogera, en disant : “Qu’est cela ?”, tu lui diras : “D’une main forte, l’Eternel nous fit sortir d’Egypte » (Ex 13, 14).

Par la question, le cœur et l’esprit s’ouvrent à l’accueil de la réponse. Or puisque le message que nous avons à transmettre, le soir du séder, est d’une importance essentielle, il nous est prescrit de le transmettre sous la meilleure forme : celle de questions et de réponses.

Les mitsvot particulières à la nuit du séder, consommation de la matsa, sacrifice pascal, herbes amères, répondent à la même raison première : amener les enfants à demander : Ma nichtana ? – « En quoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres nuits ? » – afin qu’ils perçoivent qu’il s’agit d’une nuit particulière, dont il faut comprendre la nature. Comme prolongement à cela, les sages ont apporté plusieurs changements à l’ordonnancement habituel du repas, afin de conduire les enfants à s’étonner davantage, et à poser des questions. Au début de la soirée, on leur distribue des noix et des grains grillés, grâce à quoi ils comprennent qu’il s’agit d’une soirée festive et particulière. Après le Qidouch, les sages ont prescrit de se laver les mains et de manger du karpas[a] trempé dans de l’eau salée, ce que l’on ne fait pas dans le reste de l’année. Bien plus, par la suite, au lieu de commencer le repas, on sert une deuxième coupe de vin[b], et l’on ôte le plateau et les matsot de la table. Tout cela vise à éveiller l’attention des enfants, afin qu’ils comprennent que cette nuit est une nuit différente, qu’ils s’intéressent véritablement à sa signification, et qu’ils demandent, des profondeurs de leur cœur : Ma nichtana ?

Dans cette question, Ma nichtana, est peut-être enfouie une question plus vaste, redoutable question sur tout ce qui a trait au peuple d’Israël : pourquoi est-il différent de tous les peuples, en sa foi, en ses lois, en ses épreuves, en ses réalisations spirituelles, en son exil et en sa Délivrance ? C’est une question à laquelle il est impossible de donner une réponse complète : ce n’est qu’en méditant sur la sortie d’Egypte et sur l’élection d’Israël que nous pourrons nous rendre compte qu’il s’agit là d’un fait divin, fait qu’il nous est donné de comprendre partiellement, mais que nous ne comprendrons jamais intégralement. Ainsi, cette question nous pousse-t-elle toujours plus haut, vers une compréhension plus profonde et plus élevée, sans fin. C’est peut-être pour cela que la Torah nous prescrit, le soir de Pessa’h, de nous livrer au récit de la sortie d’Egypte et de l’élection d’Israël sous forme de questions et de réponses : parce que l’essence même de l’idée juive dépend du questionnement, lequel nous ouvre à un flux infini d’idées. Or sans transmission de la Torah et du récit aux enfants, il est impossible que de nouvelles questions jaillissent, et que nous continuions de nous élever.


[a]. Selon les traditions, céleri, cerfeuil ou pomme de terre. Cf. chap. 16 § 15.

[b]. La première est celle du Qidouch.

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