Selon la majorité des décisionnaires, les femmes n’ont pas l’obligation d’accomplir la mitsva du souvenir d’Amaleq, car cette mitsva du souvenir est liée à celle d’effacer la trace de ce peuple. Or, puisque les femmes n’ont pas l’obligation de faire la guerre, il n’est pas non plus indispensable qu’elles se rappellent les actes d’Amaleq (Séfer Ha’hinoukh 603). Selon d’autres auteurs, les femmes ont part à la mitsva de la guerre, puisqu’elles doivent aider les combattants ; aussi, la mitsva du souvenir d’Amaleq leur incombe également. Et bien que nos sages aient décidé d’un temps fixe pour la lecture de la paracha Zakhor (le Chabbat qui précède Pourim), cette mitsva n’est pas, toraniquement, assortie d’un temps précis, si bien qu’elle appartient à la catégorie des mitsvot non conditionnées par le temps, mitsvot auxquelles les femmes sont assujetties (Min’hat ‘Hinoukh ad loc.).
En pratique, les femmes sont dispensées d’écouter la paracha Zakhor ; toutefois, a priori, il est bon qu’elles l’écoutent. Et tel est l’usage de nombreuses femmes.
Celle à qui il est difficile de se rendre à la synagogue, et qui souhaite cependant accomplir la mitsva, lira elle-même ce passage dans un pentateuque (‘Houmach). En effet, de l’avis de nombreux auteurs, on s’acquitte, même de cette façon, de l’obligation du souvenir, telle que la Torah la conçoit. Dans une communauté où a lieu un cours pour femmes, donné à la synagogue, on pourra sortir le rouleau de la Torah, afin de lire la paracha Zakhor en présence des participantes. Bien qu’il n’y ait pas alors de minyan, il y aura là un supplément de perfection (hidour), puisque les femmes entendront la paracha lue dans un rouleau de la Torah valide[9].
D’autres auteurs pensent que les femmes ont l’obligation d’entendre cette lecture. En effet, quand la guerre est obligatoire (mil’hémet mitsva), les femmes, elles aussi, ont le devoir d’y prendre part (Min’hat ‘Hinoukh). Le Radbaz (sur Maïmonide, Mélakhim 7, 4) explique qu’elles ont le devoir de fournir de l’eau et de la nourriture aux soldats. Les responsa Binyan Tsion 2, 8 ajoutent que le souvenir présente une utilité à long terme pour les femmes : ainsi, Yaël tua Sisra, Esther fit tuer Haman et Judith tua le ministre grec ennemi. Cf. Halikhot Beitah 9, 5-6, et note 8 ; Yabia’ Omer VIII 54.
Par conséquent, a priori, les femmes écouteront ce paragraphe en minyan ; sinon, il est bon qu’elles l’écoutent lu dans un rouleau de la Torah, sans minyan ; si cela non plus n’est pas possible, il est bon qu’elles le récitent dans leur pentateuque (‘Houmach). Certains A’haronim, il est vrai, estiment que l’on ne sort pas le rouleau de la Torah pour les femmes. C’est ce qu’écrivent les responsa Qinyan Torah VII 53 et le Halikhot Beitah 9, 8. Cependant, on ne comprend pas quel problème il y a à sortir le rouleau de la Torah. En effet, fondamentalement, il est permis de le sortir de l’arche sainte pour y étudier. Et en effet, certaines communautés ont coutume de le sortir pour faire une lecture destinée aux femmes, comme le rapportent le Min’hat Yits’haq IX 68 et le Torat Hamo’adim 2, 13.