Ce désir ardent, qui attire l’homme vers la femme, risque de le faire chuter jusqu’aux profondeurs de l’abîme (cheol ta’htiot), de le conduire à poursuivre une femme étrangère, à fauter en commettant des unions interdites, à détruire des familles et à perdre sa vie, tant en ce monde-ci (ha‘olam hazé) que dans le monde futur (ha‘olam haba). Quand ce penchant au mal attaque l’homme, il risque de perdre son sain jugement, et de se conduire comme un dément ; comme le disent nos sages sur l’ensemble des transgressions, et en particulier sur celle-là : « L’homme ne commet de transgression (‘avéra) que si un esprit de démence est entré en lui » (Sota 3a). Nous voyons ainsi des hommes, dont la volonté première était bonne, et qui, au moment de leur mariage, avaient véritablement l’intention d’être fidèles à la femme de leur alliance, mais qui, dès lors qu’ils acceptèrent de donner place à leur penchant au mal, furent progressivement dominés par celui-ci, au point qu’ils devinrent prêts à violer tous leurs serments, à trahir la femme de leur alliance, à rendre malheureux leurs enfants, à perdre leur argent et leur position.
Contre cela, le sage (‘hakham), auteur du livre des Proverbes, multiplie les mises en garde : « Pour te sauver de la femme étrangère, de l’étrangère aux paroles mielleuses (…) Car elle incline vers la mort – sa maison –, ses pas conduisent vers les trépassés. Aucun de ceux qui viennent à elle ne revient ; ils n’atteindront pas les chemins de la vie » (Pr 2, 16-19). Il est dit également : « Mon fils, écoute ma sagesse, à mon discernement prête l’oreille (…) Car c’est du miel que distillent les lèvres de l’étrangère, et plus doux que l’huile est son palais. Mais à la fin, elle devient amère comme l’absinthe, aiguisée comme une épée à double tranchant. Ses pieds descendent vers la mort, c’est l’enfer que ses pas soutiennent (…) Que ta source soit bénie, réjouis-toi de la femme de ta jeunesse. Biche d’amour et gazelle de grâce, que son affection t’enivre en tout temps, à son amour pense toujours. Pourquoi penserais-tu, mon fils, à une étrangère, et enlacerais-tu le corps d’une métèque ? » (ibid. 5, 1-20). Il est dit encore : « … pour te garder de la femme mauvaise, de la langue doucereuse de l’étrangère. Ne convoite point sa beauté en ton cœur, ne te laisse pas prendre à ses paupières. Car pour une courtisane, on est réduit à une miche de pain, et la femme adultère chasse une âme précieuse » (ibid. 6, 24-26)[1].