Pniné Halakha

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Chapitre 18 – Erreurs et oublis dans la récitation de la ‘Amida

01 – Omission, erreur et interruption dans la ‘Amida

Si l’on omet de réciter l’une des bénédictions de la ‘Amida, on ne se rend pas quitte de l’obligation de la prière. Même si l’on modifie l’ordre des bénédictions, et bien qu’en fin de compte on les prononce toutes, on ne s’acquitte pas de son obligation. En effet, les membres de la Grande Assemblée, qui ont institué le rituel de la prière, ont été pointilleux quant à l’ordre des bénédictions, et ont basé celui-ci sur des versets. Si donc on modifie l’ordre par eux fixé, on ne s’acquitte pas de son obligation (Méguila 17b ; Choul’han ‘Aroukh 119, 3).

De même, quand on s’est trompé dans la récitation d’une des bénédictions, de telle manière que l’on a altéré celle-ci dans son fond – par exemple, si l’on n’a pas récité la formule finale de la bénédiction (Baroukh Ata Ado-naï…) –, ou si l’on a mentionné une chose hors-sujet – en demandant la pluie en été, par exemple –, on considère que ladite bénédiction n’a pas été valablement prononcée (Béour Halakha 119, 3).

Si l’on a déjà terminé sa ‘Amida, et que l’on s’aperçoive que l’on a omis une bénédiction, ou que l’on s’est trompé dans sa récitation, il faut répéter la ‘Amida. Même si l’on n’a pas encore reculé de trois pas, du moment que l’on a terminé la prière conclusive Elo-haï Netsor et que l’on s’apprête à reculer, on doit revenir au début de la ‘Amida (Choul’han ‘Aroukh 117, 5).

Dans le cas où l’on n’a pas encore terminé sa ‘Amida, et où l’on s’aperçoit d’une omission ou d’une erreur dans l’une des treize bénédictions centrales[a], on doit répéter cette bénédiction, puis reprendre à partir de celle-ci les bénédictions suivantes dans l’ordre. Et bien que l’on répète, en ce cas, des bénédictions déjà récitées, on considère néanmoins que celles-ci n’ont pas été valablement dites, dans la mesure où tout ce qui a été prononcé après la bénédiction omise ou altérée l’aura été sans conformité à l’ordonnancement normal des bénédictions.

Dans le cas d’une omission ou d’une erreur portant sur l’une des trois premières ou des trois dernières bénédictions, on revient au début du groupe de trois bénédictions considéré. En effet, les trois premières bénédictions possèdent une thématique commune ; il en va de même pour les trois dernières (cf. ci-dessus, chap. 17 § 10). Aussi, chacun de ces deux groupes de trois bénédictions est-il considéré comme un seul bloc, et toute erreur commise dans l’une des bénédictions qui le constituent est considérée comme affectant l’ensemble d’entre elles, si bien qu’il faut répéter cet ensemble depuis le début (Berakhot 34a ; Rama 114, 6).

Si l’on s’est interrompu au milieu de la ‘Amida, en parlant, ou au contraire en se taisant ; si l’interruption a été courte, on reprend sa prière depuis l’endroit où l’on s’est interrompu ; mais si l’interruption a été longue, de façon que, dans un tel laps de temps, le fidèle aurait pu réciter l’intégralité de la ‘Amida, du début à la fin, il faut revenir au début de la ‘Amida. Selon certains avis, il n’y a pas, à cet égard, de différence à faire entre le cas où l’interruption a été motivée par la propre volonté du fidèle et le cas où celui-ci s’est trouvé contraint : en tout état de cause, dès lors que le temps de l’interruption équivaut au temps nécessaire au fidèle pour réciter la ‘Amida, il lui faut reprendre celle-ci à son début (Choul’han ‘Aroukh 104, 5). Selon d’autres, c’est seulement dans le cas où l’interruption a été causée par une contrainte que l’on revient au début ; si, en revanche, on s’est interrompu volontairement, on ne reprend sa prière qu’à l’endroit de l’interruption, même si celle-ci a été longue (Rama 65, 1 ; Michna Beroura 104, 16)[1].


[a]. Sur la structure générale de la ‘Amida, voir chap. 17 § 10.
[1]. Les décisionnaires discutent de la règle applicable à celui qui parle volontairement au milieu de sa ‘Amida. Selon certains, la règle est semblable à tous les cas où l’on s’interrompt au milieu de la ‘Amida. Telle est l’opinion du Choul’han ‘Aroukh, du Taz, du Kaf Ha’haïm 104, 33. Selon d’autres, puisque l’interruption a été intentionnelle, la prière est invalidée, et il faut donc la reprendre à son début. Telle est l’opinion du Ba’h, du Maguen Avraham et du ‘Hayé Adam. Voir aussi Béour Halakha 104, 6.

02 – Ajouts se rapportant à la thématique du jour

Les jours particuliers, on ajoute à la ‘Amida des passages se rapportant à la thématique du jour. Certains de ces ajouts sont d’importance telle que, si l’on oublie de les réciter, on ne s’acquitte pas de son obligation de réciter la ‘Amida. Dans d’autres cas, l’ajout doit a priori être dit, mais a posteriori, s’il ne l’a pas été, la ‘Amida n’est pas invalidée.

A ‘Hol hamoed de Pessa’h et de Soukot[b], on ajoute, au milieu de la bénédiction Retsé (« Agrée… »), le passage Yaalé véyavo (« Que notre souvenir… s’élève et parvienne devant Toi »). Si l’on a oublié de dire ce passage, il faut y revenir. Dans le cas où l’on n’a pas encore terminé sa ‘Amida, on revient au début de la bénédiction Retsé, où l’on inclut Yaalé véyavo, et l’on poursuit la récitation, depuis cette bénédiction, jusqu’à la fin de la ‘Amida. De même, à Roch ‘hodech (néoménie), on récite Yaalé véyavo. Si l’on a oublié de le dire à l’office du matin (Cha’harit) ou de l’après-midi (Min’ha), on doit répéter sa ‘Amida. Mais si l’on a oublié de dire Yaalé véyavo à l’office du soir (Arvit) de Roch ‘hodech, on ne répète pas sa ‘Amida. En effet, à l’époque où le Sanhédrin proclamait le nouveau mois d’après le rapport de témoins (qui déclaraient avoir aperçu la nouvelle lune), cette proclamation ne se faisait pas de nuit ; par conséquent, la sainteté de Roch ‘hodech n’est pas encore présente le soir (Choul’han ‘Aroukh 422,1).

A l’issue du Chabbat, on ajoute à la bénédiction Ata ‘honen (« Tu dispenses la sagesse à l’homme… ») un texte de séparation entre le Chabbat et la semaine. Si l’on a oublié de le dire, on ne revient pas à ce passage, puisque l’on est amené à s’acquitter, par la suite, de l’obligation de marquer cette séparation, par la cérémonie de Havdala[c], dite sur une coupe de vin (Choul’han ‘Aroukh 294, 1).

A ‘Hanouka et à Pourim, on ajoute, au sein de la bénédiction de reconnaissance (Modim), le passage Al hanissim (« Pour les miracles… »). Si l’on a oublié de dire ce passage, on ne revient pas en arrière, car ces fêtes sont d’institution rabbinique, si bien que l’omission du texte s’y rapportant dans la ‘Amida n’invalide pas celle-ci (Choul’han ‘Aroukh 682, 1).

Les jours de jeûne, le particulier ajoute le passage ‘Anénou (« Réponds-nous… ») à la bénédiction Choméa’ téphila (« … qui écoutes la prière »). D’après la coutume ashkénaze, on ne dit ce passage qu’à l’office de Min’ha (Rama 565, 3). Selon la coutume séfarade, le passage se dit tout au long du jeûne : le 9 av (jeûne commençant le soir), à Arvit, Cha’harit et Min’ha, et pour les autres jeûnes (qui commencent le matin), à Cha’harit et à Min’ha (Kaf Ha’haïm 565, 17). Certains ont l’usage de dire ce passage à ‘Arvit pour tous les jeûnes (Rav Raqa’h, Maharits). D’après tous les usages, si l’on a oublié de dire ‘Anénou, on ne se reprend pas.

Durant les dix jours de pénitence (entre Roch Hachana et Kippour), qui sont des jours de jugement, où se dévoile la royauté de Dieu dans le monde, on ponctue la troisième bénédiction par la formule « Roi saint » (Ha-Mélekh haqadoch). Dans la bénédiction où l’on demande la restauration de la justice, on ponctue : « Roi de la justice » (Ha-Mélekh hamichpat). Si, par erreur, on a dit dans la troisième bénédiction « Dieu saint » (Ha E-l haqadoch) au lieu de « Roi saint » (Ha-Mélekh haqadoch), et que l’on ne se soit pas repris immédiatement (avant l’expiration du temps nécessaire pour dire les mots Chalom alékha Rabbi = « Salut à toi, mon maître »), on reprend la ‘Amida au début. Nous avons en effet déjà vu que les trois premières bénédictions constituent un seul et même bloc et que, si l’on se trompe dans la récitation de l’une d’entre elles, on reprend au début de la ‘Amida. Si l’on se trompe dans la bénédiction de la restauration de la justice, en disant, comme toute l’année, « Roi qui aimes la justice et le droit » (Mélekh ohev tsédaqa ou-michpat) au lieu de « Roi de la justice » (Ha-Mélekh hamichpat), et que l’on ne se soit pas corrigé avant l’expiration du temps nécessaire pour dire Chalom alékha Rabbi, l’usage diffère selon les communautés. Suivant la coutume ashkénaze et celle d’une partie des Séfarades, on est quitte a posteriori, puisque le texte de toute l’année mentionne lui aussi le mot Mélekh (Roi) (Rama 118, 1 ; Kaf Ha’haïm 1 ; Ben Ich ‘Hai, Nitsavim 19). Selon la coutume d’autres communautés séfarades, on n’est pas quitte, puisque le texte que l’on a récité n’était pas le texte spécifiquement conçu pour les jours redoutables. Si donc on n’a pas encore terminé sa ‘Amida, on doit revenir au début de la bénédiction de la justice (Hachiva chofténou,  « Fais revenir nos juges… »), que l’on conclut comme il convient, puis on continue, de là, jusqu’à la fin de la ‘Amida. Si en revanche on a déjà terminé la ‘Amida, on reprend celle-ci au début, et l’on émet en son for intérieur la condition selon laquelle, dans le cas où l’on ne serait pas obligé de répéter la ‘Amida, cette seconde ‘Amida constituerait une prière additionnelle volontaire (Tephilat nédava)[d] (Choul’han ‘Aroukh 118, 1 ; Ye’havé Da’at 1, 57).

Aux jours redoutables, on insère encore quatre ajouts : Zokhrénou (« Souviens-toi de nous… ») dans la première bénédiction, Mi kamokha (« Qui est comme toi ?… ») dans la deuxième, Oukhtov (« Inscris tous les enfants de ton alliance… ») dans Modim, et Ouvséfer ‘haïm (« Dans le livre de la vie… ») dans la bénédiction de la paix (Sim chalom). Si l’on oublie de réciter ces ajouts, on ne revient pas en arrière (Choul’han ‘Aroukh 682, 5).

Si l’erreur a consisté à dire, un jour ordinaire, le passage Yaalé véyavo, ou Zokhrénou (qui se dit aux dix jours de pénitence), ou encore Al hanissim, on retourne au début de la bénédiction considérée. Mais si l’on a déjà commencé à dire la bénédiction suivante, on continue malgré l’erreur[2].


[b]. ‘Hol hamoed : jours intermédiaires non chômés, à l’intérieur des fêtes de Pessa’h et de Soukot.
[c]. Havdala: littéralement « distinction ». Brève cérémonie du samedi soir, marquant la séparation entre le Chabbat et la semaine, et qui comprend quatre bénédictions.
[d]. Puisque la question de savoir si l’on est quitte a posteriori est sujette à controverse, et bien que, dans ces communautés, on suive l’opinion rigoureuse en répétant la ‘Amida, on tient néanmoins compte de l’opinion indulgente : de crainte de dire en vain les bénédictions de cette seconde ‘Amida, on stipule préalablement que, dans le cas où la vérité de la halakha se trouverait du côté de l’opinion indulgente, la seconde ‘Amida ne serait pourtant pas dite en vain puisqu’il s’agirait alors d’une prière additionnelle volontaire. Voir paragraphe suivant.
[2]. Certains disent que, dans la mesure où l’on a récité un passage hors-sujet, on doit revenir au début de la bénédiction dans laquelle on s’est trompé ; et que, si cette erreur concerne l’une des trois premières bénédictions ou l’une des trois dernières, on revient au début de ce bloc de bénédictions ; enfin, si l’on ne s’aperçoit de l’erreur qu’après avoir terminé la ‘Amida, on reprend au début. Cela, à condition que les mots prononcés soient entièrement hors de propos : par exemple, si l’on a dit le passage Yaalé véyavo jusqu’aux mots « en ce jour de néoménie » (ביום ראש החודש הזה) un jour où ce n’est pas la néoménie, ou si l’on a dit « Souviens-toi de nous pour la vie » ou « Inscris-nous », alors que la période n’est pas celle de l’inscription. Mais si l’on n’a dit que le début de Yaalé véyavo, ou un autre passage qui n’est pas une contre-vérité dans le cadre du jour présent, cela ne constitue pas une interruption, et l’on poursuit sa prière. C’est ce qu’écrivent le Knesset Haguédola, le Peri ‘Hadach et le Michna Beroura 108, 37-38.

Face à cela, pour le Choul’han ‘Aroukh 108, 12, même si l’on a dit les mots « en ce jour de néoménie » ou quelque autre erreur substantielle, cela ne constitue pas une interruption, quoiqu’on se soit trompé. Plusieurs A’haronim parmi les plus grands partagent son opinion, parmi lesquels le Maguen Avraham 693, 1 et le Da’at Torah 668. C’est aussi ce qu’écrivent le Kaf Ha’haïm 108, 58 et le Yalqout Yossef I p. 238 (bien que celui-ci écrive qu’il est bon de répéter sa prière, tout en spécifiant intérieurement qu’il s’agit éventuellement d’une prière additionnelle volontaire).

Iché Israël 32, 23 tranche comme le Michna Beroura 108, 37. Toutefois, en pratique, il semble que, selon le Michna Beroura lui-même, on ne revienne pas pour autant sur des bénédictions dont on a terminé la récitation (par la formule Baroukh Ata Ado-naï…). Simplement, si l’on n’a pas terminé la récitation de la bénédiction dans laquelle l’erreur a été commise, on reprend sa lecture au début. En revanche, si l’on a déjà terminé la bénédiction, on ne la répète pas. De même, pour les trois premières ou les trois dernières bénédictions, on ne reprend pas leur lecture au début du groupe de trois, mais seulement au début de la bénédiction considérée. En effet, au chapitre 104, 19-20, le Michna Beroura tient compte de l’opinion du Rachba, selon lequel, pour peu que l’on ne se soit pas interrompu durant un temps équivalent à celui qui est nécessaire pour réciter toute la ‘Amida, on ne reprend jamais qu’à l’endroit où l’on s’était interrompu. Cf. Chaar Hatsioun 108, 60. Il se trouve donc, en pratique, que le Michna Beroura n’est pas opposé au Choul’han ‘Aroukh dans le cas où revenir en arrière signifierait répéter la formule finale de bénédiction. C’est en ce sens que nous nous sommes prononcé plus haut.

03 – Prière additionnelle volontaire (téphilat nédava) et cas de doute

Nos sages ont institué trois offices quotidiens : Cha’harit, en regard du sacrifice journalier du matin, Min’ha en regard du sacrifice journalier de la fin de l’après-midi, ‘Arvit en regard de la combustion des membres et des graisses sacrificiels sur l’autel. Et comme à l’époque du Temple, où tout particulier qui le souhaitait pouvait apporter volontairement des offrandes additionnelles, le particulier est autorisé à dire une ‘Amida supplémentaire à titre volontaire (téphilat nédava). Or pour qu’il soit perceptible à sa propre conscience que cette prière est volontaire, il faut y ajouter, en dehors du texte fixé par les sages, quelque demande personnelle et spécifique. De même qu’on n’apporte pas une offrande de Moussaf par don volontaire, on n’ajoute pas non plus de façon individuelle une ‘Amida de Moussaf. Et de même que l’on n’apporte pas d’offrande volontaire les jours de Chabbat et de fête, on ne récite pas de ‘Amida additionnelle durant ces jours (Choul’han ‘Aroukh 107, 1-2). Si l’on souhaite dire une ‘Amida additionnelle, il faut bien connaître sa capacité d’attention et être sûr de pouvoir se concentrer sur les mots de la prière, du début à la fin. Mais si l’on ne peut se concentrer comme il faut, mieux vaut ne pas ajouter de ‘Amida additionnelle (Choul’han ‘Aroukh 107, 4). De nos jours, il est convenu de dire que nous ne nous concentrons pas comme il convient, et l’on donne donc pour consigne de ne pas ajouter de ‘Amida volontaire.

Si l’on ne se souvient plus d’avoir dit ou non l’une des trois prières quotidiennes, et dans la mesure où le temps de récitation de la prière considérée n’est pas expiré, on doit redire la ‘Amida en raison du doute. On formule alors intérieurement la condition suivante : dans le cas où j’aurais déjà prié, la présente ‘Amida constituerait une prière additionnelle volontaire, et dans le cas où je n’aurais pas encore prié, cette ‘Amida aurait valeur de prière régulière obligatoire. Dans un tel cas, il n’est pas nécessaire d’ajouter de requête personnelle, car le fait même de sortir du doute constitue pour le fidèle un élément de renouveau. Et bien que, de nos jours, la ‘Amida volontaire ne soit plus en usage, l’usage reste actuel quand il s’agit de sortir du doute. Si, après avoir ainsi entamé une ‘Amida additionnelle, on se souvient que l’on avait en réalité déjà dit la ‘Amida, on doit poursuivre sa prière additionnelle jusqu’à la fin. En effet, il avait été préalablement stipulé que, dans le cas où l’on aurait déjà prié, la présente ‘Amida aurait valeur de prière additionnelle volontaire. Simplement, en ce cas, on ajoutera une demande personnelle, afin de manifester qu’il s’agit effectivement d’une prière personnelle.

Si, croyant n’avoir pas encore prié, on entame la ‘Amida en pensant qu’il s’agit d’une prière obligatoire, et que l’on se souvienne soudain, au milieu de cette ‘Amida, que l’on avait en réalité déjà prié, on interrompt immédiatement sa prière. Il est impossible de poursuivre cette prière en stipulant intérieurement que la suite de celle-ci aurait le caractère de prière volontaire. En effet, de même qu’un sacrifice ne peut appartenir en partie à la catégorie de sacrifice obligatoire et en partie à celle de sacrifice volontaire, de même une prière ne peut commencer en tant qu’obligation et se terminer en tant que bénévolat (Choul’han ‘Aroukh 107, 1).

Quand l’esprit vagabonde au milieu de sa prière, au point de ne plus savoir à quelle bénédiction l’on se trouve – par exemple, quand on ne sait plus si l’on en est à la sixième bénédiction ou à la dixième – on doit, selon la majorité des décisionnaires, reprendre sa récitation à la première des bénédictions faisant l’objet de l’hésitation ; dans l’exemple cité, pour sortir du doute, on reprendra sa lecture à partir de la sixième bénédiction[3].


[3]. Certes, selon le ‘Hayé Adam 24, 21, on reprend sa lecture à partir de la bénédiction que l’on est certain de ne pas avoir dite. Toutefois, selon la majorité des décisionnaires, on reprend sa lecture à partir de la bénédiction que l’on est certain d’avoir dite, afin que ne subsiste aucune possibilité d’omission de l’une des bénédictions. C’est ce qu’écrivent le Kaf Ha’haïm 119, 20, le Yabia’ Omer 2, 9 et le Yalqout Yossef I p. 206. Cf. Iché Israël 31, 2.

Nous avons rapporté la règle selon laquelle, quand on ne sait plus si l’on a prié ou non, on doit dire une ‘Amida en spécifiant qu’il peut s’agir le cas échéant d’une ‘Amida volontaire. Le Béour Halakha 107,1 cite à ce sujet le ‘Hayé Adam, selon lequel, de nos jours, on ne fait plus de prière additionnelle volontaire, même quand le caractère volontaire est conditionnel. Toutefois, l’opinion du ‘Hayé Adam à ce sujet n’est pas partagée par la majorité des décisionnaires.

04 – La mention des pluies et la prière pour la pluie

Pendant la période hivernale, nous mentionnons la pluie par deux fois au cours de la ‘Amida. Dans un premier temps, nous mentionnons la pluie afin de louer Dieu, qui fait pleuvoir ; dans un second temps, nous demandons à Dieu de nous bénir par la rosée et par la pluie.

Ainsi, dans la deuxième bénédiction de la ‘Amida, Mé’hayé hamétim (« qui ressuscites les morts »), nous disons la louange Machiv haroua’h oumorid haguéchem (« Tu fais souffler le vent et tomber la pluie »). Nos sages ont inséré la louange dite pour la pluie au sein de la bénédiction « qui ressuscites les morts », car la pluie amène la vie au monde.

Puis dans la neuvième bénédiction, Birkat hachanim (bénédiction des années), nous demandons la pluie. Selon l’usage séfarade, tout le texte de la bénédiction des années diffère selon que l’on est en hiver ou en été : en hiver, on commence par les mots Barekh alénou (« Bénis, pour nous, cette année et toutes ses récoltes… »), tandis qu’en été, on commence par Barkhénou Ado-naï Elo-hénou (« Bénis-nous, Eternel, notre Dieu »). Selon l’usage ashkénaze, le texte de la bénédiction des années est semblable en été comme en hiver ; simplement, en hiver, on insère les mots Véten tal oumatar (« Envoie la rosée et la pluie »), tandis qu’en été, on dit Véten berakha (« Envoie la bénédiction »).

Certes, la mention de la pluie et la demande de la pluie se font l’une et l’autre en hiver, mais il y a une différence entre elles : la mention de la pluie se dit durant toute la période où la pluie est susceptible de tomber[e], tandis que la demande de la pluie ne se dit qu’à partir du moment où nous souhaitons que la pluie commence à tomber.

La mention de la pluie commence à Chemini ‘atseret[f]. Il est vrai qu’il y aurait eu lieu de mentionner la pluie dès le début de la fête de Soukot, car c’est dès ce moment que commence la saison des pluies. Mais puisque la pluie est considérée comme un signe de malédiction à Soukot – car lorsque la pluie tombe, on ne peut accomplir le commandement de résider dans la souka –, on ne mentionne pas la pluie durant la fête de Soukot. Nos maîtres ont décidé que l’on commencerait à mentionner la pluie lors de la ‘Amida de Moussaf de Chemini atseret car, à ce moment, toute la communauté se trouve à la synagogue, et l’on peut alors annoncer, en présence de tous les fidèles, que l’on commence à mentionner la pluie. En revanche, tout le monde ne se rend pas à l’office du soir (Arvit) ; quant à l’office de Cha’harit, on ne peut y faire une telle annonce, puisqu’il ne faut pas marquer d’interruption entre la bénédiction de la Délivrance (qui suit la lecture du Chéma) et la ‘Amida (Beit Yossef et Choul’han ‘Aroukh, Ora’h ‘Haïm 114, 1-2 ; cf. ci-dessus chap. 16 § 7).

En revanche, en ce qui concerne la demande de la pluie, nos maîtres ont repoussé de quinze jours cette requête, au 7 du mois de ‘hechvan au soir (pour la diaspora, cf. ci-après § 7) . Cela, afin que le dernier des pèlerins, qui viendrait de la lointaine rive de l’Euphrate pour célébrer la fête de Soukot au Temple de Jérusalem, ait le temps, une fois la fête terminée, de rentrer chez lui sans être mouillé par la pluie en chemin (Choul’han ‘Aroukh 117, 1). Même après la destruction du Temple, la coutume n’a pas été suspendue, car toute coutume qui rappelle les jours glorieux où le Temple se dressait sur son enceinte est très chère à notre cœur, et nous ne voulons pas en suspendre l’application. Ce n’est que lorsque le Temple sera reconstruit, bientôt et de nos jours, que le Sanhédrin pourra décider s’il faut modifier le moment à partir duquel on prie pour la pluie, en considération des nouveaux moyens de transport.

On continue de mentionner la pluie jusqu’au premier jour de Pessa’h. A l’office de Cha’harit, on mentionne encore la pluie, et à Moussaf, on mentionne la rosée. En ce qui concerne la demande de la pluie, puisque celle-ci ne se dit que les jours ouvrables, la dernière fois où l’on prie pour la pluie est nécessairement à l’office de Min’ha de la veille de Pessa’h.


[e]. Le lieu de référence étant la terre d’Israël.
[f]. Fête de clôture, au lendemain du dernier jour de Soukot. Soukot est la fête des cabanes : durant sept jours, on réside dans une cabane (souka).

05 – Quand on se trompe dans la mention des pluies ou dans la prière les concernant

Quand l’erreur a consisté à mentionner la pluie en été : puisque, à pareille époque, cela ne constitue pas une louange, on doit revenir en arrière et rectifier son erreur. Si l’on n’a pas encore terminé la bénédiction, on retourne au début de celle-ci et l’on dit Morid hatal (« Tu fais venir la rosée »), suivant le rituel de l’été. Si l’on a déjà terminé la récitation de la bénédiction, celle-ci n’aura pas été valablement dite ; et puisque les trois premières bénédictions de la ‘Amida sont considérées comme un seul et même bloc (voir ci-dessus § 1), il faut recommencer la ‘Amida afin de la réciter comme il convient (Choul’han ‘Aroukh 114, 4).

Quand l’erreur a consisté à ne pas mentionner la pluie en hiver : si l’on a mentionné la rosée, comme on le fait en été (Morid hatal), on ne doit pas revenir en arrière, puisque l’on aura dit une certaine louange liée au don de l’eau. Mais si l’on n’a pas non plus mentionné la rosée, on revient en arrière, puisqu’on aura manqué de prononcer une louange aussi importante (Choul’han ‘Aroukh 114, 5).

Si l’erreur a consisté à demander la pluie en été : puisque la requête n’est pas d’actualité, on aura désorganisé le contenu de la bénédiction des années, et l’on devra donc revenir en arrière pour corriger son erreur. Par conséquent, si l’on n’a pas encore terminé la ‘Amida, on revient au début de la bénédiction des années (Barkhénou), et on la prononce comme il faut. De là, on poursuit la récitation de l’ensemble des bénédictions qui suivent, jusqu’à la fin de la ‘Amida. Si l’on a déjà terminé la ‘Amida, on reprend au début de celle-ci en priant comme il convient (Choul’han ‘Aroukh 117, 3).

Quand l’erreur a consisté à ne pas demander la pluie en hiver : si l’on n’est pas encore arrivé à la bénédiction Choméa’ téphila (« qui écoutes la prière »), on continue la récitation de la ‘Amida, et lorsqu’on arrive à la bénédiction Choméa’ téphila, au sein de laquelle il est permis de présenter des requêtes additionnelles, on prie alors pour la pluie (en intercalant les mots Véten tal oumatar livrakha : « Envoie la rosée et la pluie bienfaisantes », avant le mot Oumiléfanékha ou avant les mots Ki Ata Choméa’, selon le rite) ; de cette façon, on rectifie son erreur. En revanche, si l’on a déjà dépassé la bénédiction Choméa’ téphila, on a manqué l’endroit où il était encore possible de se reprendre et, de ce fait, la récitation de toutes les bénédictions dites après celle des années se trouve invalidée. Dans un tel cas, il faut revenir au début de la bénédiction des années, la dire comme il convient et, de là, poursuivre sa prière dans l’ordre, en redisant l’ensemble des bénédictions suivantes. Mais dans le cas où l’on a déjà terminé sa ‘Amida, et où l’on a déjà formé l’intention de reculer de trois pas, cette prière est défectueuse, puisque l’on a oublié de prier pour la pluie. Il faut alors reprendre sa ‘Amida depuis le début, selon les règles (Choul’han ‘Aroukh 117, 4-5).

06 – Conseil pour éviter de se tromper

L’erreur la plus fréquente, dans la ‘Amida, est celle qui touche à la mention des pluies et à la demande de la pluie. En effet, tous les six mois, le texte change : dans la mesure où l’on s’est habitué à un texte déterminé durant six mois, l’automatisme nous conduit à répéter ce texte habituel. Or, comme nous l’avons vu, trois des quatre erreurs possibles en la matière obligent à se reprendre (cf. note 4).

Si l’on doute d’avoir dit le texte qui convient, et tant qu’on est encore dans les trente jours qui suivent le changement de texte – au début de l’été ou de l’hiver –, il faut considérer que l’on s’est probablement trompé, car l’habitude est encore rivée au texte de la période précédente. Si donc il s’agit de l’une des trois erreurs obligeant à se reprendre, il faut se reprendre et prier comme il convient. Mais si trente jours sont déjà passés, on présume que la bouche s’est déjà habituée au changement de texte et que l’on a probablement prié correctement ; aussi ne doit-on pas reprendre sa prière.

Afin de lever ce type de doute, en raison duquel on doit souvent répéter sa ‘Amida, il est bon que chacun s’habitue au nouveau texte, le jour du changement, en le répétant quatre-vingt-dix fois[g], afin que ce nouveau texte soit courant dans sa bouche et que l’on ne se trompe pas. De cette façon, même si l’on doute, par la suite, d’avoir dit le texte adéquat lors d’une ‘Amida, on présumera que cela a bien été le cas, dans la mesure où l’on avait déjà habitué sa langue à dire ce texte quatre-vingt-dix fois ; et l’on n’aura pas, par conséquent, à reprendre sa prière (Choul’han ‘Aroukh 114, 8-9).

Aussi, selon la coutume séfarade, dans laquelle tout le texte de la bénédiction des années est renouvelé, quand arrive la nuit du 7 ‘hechvan, on s’habitue à entamer la bénédiction comme il convient, en répétant quatre-vingt-dix fois l’enchaînement entre la bénédiction précédente (celle de la guérison) et celle des années : Rofé ‘holé ‘amo Israël / Barekh alénou (« qui guéris les malades de Ton peuple Israël / Bénis, en notre faveur… »). Selon la coutume ashkénaze, on dira : Vé-et kol miné tévouata létova, véten tal oumatar livrakha (« … et toutes sortes de récolte, pour le bien ; et amène la rosée et la pluie, pour la bénédiction »). À l’approche de l’office de Moussaf du premier jour de Pessa’h, on dira quatre-vingt-dix fois : Mé’hayé métim Ata, rav léhochia, morid hatal (« Tu ressuscites les morts, Ton secours et grand, Tu envoies la rosée »). A la sortie du jour de fête, avant la prière d’Arvit de ‘Hol hamoed, on dira selon l’usage séfarade : Rofé ‘holé amo Israël / Barkhénou (« Qui guéris les malades de Ton peuple Israël / Bénis-nous ») ; selon l’usage ashkénaze, on dira : Vé-et kol miné tévouatah létova, véten berakha (« Et toutes sortes de récolte, pour le bien ; et amène la bénédiction ») (Michna Beroura 114, 40 ; Kaf Ha’haïm 60)[4].


[g]. Nombre correspondant aux trois offices quotidiens multiplié par le nombre de jours nécessaires pour prendre un nouvel automatisme. Cet exercice se fait en-dehors des offices.
[4]. Mais quand il s’agit du passage de l’été à l’hiver, en ce qui concerne la mention des pluies, on ne doit pas se reprendre dans le cas où l’on s’est trompé. Nous avons vu, en effet, que si l’on a omis de dire Machiv haroua’h oumorid haguéchem (« Tu fais souffler le vent et tomber la pluie »), on est quitte, du moment que l’on a mentionné la rosée (Morid hatal : « Tu fais tomber la rosée ») ; et puisque nous disons précisément Morid hatal en été, on sera quitte, même si l’on a dit en hiver le texte prévu pour l’été. (Le Rama 114, 3 écrit certes que l’on ne dit pas Morid hatal en été, mais la coutume ashkénaze en terre d’Israël est de le dire). En revanche, en ce qui concerne le passage de l’hiver à l’été, l’erreur invalide la prière, car elle consiste alors à dire Morid haguéchem (« Tu fais tomber la pluie ») en été. Quant à la demande de la pluie, toute erreur a un effet invalidant. En résumé, sur les quatre possibilités d’erreur, trois obligent à se reprendre, et dans un seul cas il n’est pas nécessaire de se reprendre.

La source de la règle selon laquelle on doit se reprendre durant les trente premiers jours après le changement de saison se trouve dans le Talmud de Jérusalem, Taanit I, 1. C’est le Maharam de Rothenburg qui conseille d’habituer sa bouche en répétant les enchaînements quatre-vingt-dix fois. Bien que Rabbénou Pérets s’oppose à lui sur ce point, le Roch s’accorde avec son opinion, et c’est en ce sens que tranche le Choul’han ‘Aroukh. Cela reste cependant un peu problématique car, pendant trente jours, c’est une centaine de fois que se dit la deuxième bénédiction de la ‘Amida, en raison des offices additionnels de Moussaf, les jours de Chabbat, de fête et de ‘Hol hamoed. À l’inverse, la bénédiction des années, dans sa nouvelle version, se dit moins de quatre-vingt fois en trente jours, puisqu’on ne la dit pas durant les offices réguliers de Chabbat, ni à Moussaf. De fait, certains pensent que le principe consiste à s’habituer au nouveau texte dans le cadre de quatre-vingt-dix prières. C’est ce qu’écrivent Elya Rabba et Dérekh Ha’haïm. D’après le Taz, le Gaon de Vilna et d’autres A’haronim, le fait de s’habituer dépend essentiellement des prières s’inscrivant dans une période de trente jours, même si le nombre de répétitions n’atteint pas nécessairement quatre-vingt-dix. Cf. Michna Beroura 114, 37. Au paragraphe 41, le Michna Beroura écrit en ce sens, au nom du ‘Hatam Sofer, qu’il est bon, a priori, de s’habituer à dire le nouveau texte cent-une fois. Toutefois, en pratique, le Michna Beroura conclut que si l’on s’est contenté de quatre-vingt-dix répétitions, il n’est pas en notre pouvoir de prescrire, contre l’avis du Choul’han ‘Aroukh, de se reprendre en cas de doute. Il semble que, dans la pensée du Maharam de Rothenburg, il n’y ait pas de différence significative entre quatre-vingt, quatre-vingt-dix ou cent fois, et que plus on récite de répétitions, plus on habitue sa bouche. Et dans la mesure où le Talmud de Jérusalem a établi qu’après trente jours on ne se trompe probablement plus, le Maharam a décidé qu’avec quatre-vingt-dix répétitions, moyenne du nombre de mentions et de prières pour la pluie prononcées en un mois, on peut habituer sa langue aux textes nouveaux.

07 – Règle applicable en diaspora

Nos sages ont repoussé le début de la prière pour la pluie, dans les communautés babyloniennes, au soixantième jour de l’équinoxe d’automne (ce qui correspond au 4 ou au 5 décembre). Cela en raison du fait que l’eau y abonde, en provenance du Tigre et de l’Euphrate, et qu’il n’y a donc pas besoin, dans ces régions, de multiplier les prières pour la pluie dès le début de l’hiver. Toutes les autres communautés en-dehors d’Israël sont rattachées à la règle régissant la Babylonie, et l’on y prie pour la pluie à partir du soixantième jour de l’équinoxe (Choul’han ‘Aroukh 117, 1)[5].

Quand un habitant de la terre d’Israël se rend à l’étranger pour une période de plusieurs mois : d’après certains, il doit prier pour la pluie conformément à l’usage d’Israël, puisque c’est là qu’il est établi (Peri ‘Hadach). Selon d’autres, il doit prier conformément à l’usage du lieu où il se trouve présentement (Birké Yossef). Afin d’être quitte aux yeux de tous les décisionnaires, en tout cas de doute, on intercalera la prière pour la pluie à l’intérieur de la bénédiction Choméa’ téphila et non dans la bénédiction des années. Voir la note pour les détails de cette règle[6].

Dans les contrées où l’on a besoin de pluie au printemps, on ne continue pas pour autant à prier pour la pluie dans le cadre de la bénédiction des années : la règle qui s’applique à ces lieux est semblable à celle qui régit les particuliers en voyage, et l’on doit prier pour la pluie dans le cadre de la bénédiction Choméa’ téphila (« qui écoutes la prière »), au sein de laquelle chacun peut ajouter des demandes particulières (Choul’han ‘Aroukh 117, 2)[7].

Même dans les pays situés en-deçà de l’équateur, comme l’Argentine, le Brésil ou l’Australie, on prie pour la pluie quand c’est l’hiver en terre d’Israël. Et bien que, à pareille époque, ce soit l’été dans ces pays, on prie néanmoins pour la pluie selon l’hiver israélien, car la terre d’Israël est le pilier du monde, et le reste du monde y est rattaché.

Mais dans les pays où la pluie cause des dommages en été, la règle ne se rattache pas à celle qui s’applique à la terre d’Israël, afin que l’on ne prie pas pour une chose susceptible de constituer une malédiction pour les habitants du pays. On dira toute l’année, dans de tels cas, le texte de l’été dans la bénédiction des années, et dans la bénédiction Choméa’ téphila, on demandera toute l’année la pluie : pendant l’hiver de ces contrées, on pensera à la pluie au lieu où l’on habite, et pendant l’hiver israélien, on pensera à la terre d’Israël[8].

Un habitant d’Israël ou de l’un des pays de l’hémisphère nord qui quitte le sol de son pays de résidence pour visiter un pays de l’hémisphère sud, continuera à prier pour la pluie selon les dates de l’hiver israélien, même si la pluie est source de dommage dans le pays où il se trouve (puisque ce voyageur oriente sa pensée vers le pays où il est établi de façon permanente) (Chiourim Hametsouyanim Bahalakha 19, 3).


[5]. Dans les pays proches de la terre d’Israël, dont le climat est aride et qui ont davantage besoin d’eau, on commence la prière pour la pluie en même temps que les habitants de la terre d’Israël, le soir du 7 ‘hechvan (Yalqout Yossef I p. 251).
[6]. Cette controverse entre décisionnaires est expliquée par le Michna Beroura 117, 5. Le Kaf Ha’haïm 11 penche du côté du Birké Yossef, d’après lequel on doit prier selon l’usage de l’endroit où l’on se trouve. Nombreux sont les décisionnaires qui rapportent le conseil consistant à inclure la demande de la pluie dans la bénédiction Choméa’ téphila (Téphila Kehilkhata, Yalqout Yossef I p. 263, Iché Israël 23, 37). Ce faisant, on se rend quitte d’après toutes les opinions. En effet, même si l’on est tenu de demander la pluie, on peut rattraper cette demande au moment de la bénédiction Choméa’ téphila ; et à l’inverse, même quand il n’y a pas lieu de demander la pluie, on ne doit pas se reprendre si l’on a inclus cette demande dans la bénédiction Choméa’ téphila.

Détails d’application :

    Habitant de la terre d’Israël séjournant à l’étranger : 1) Si l’on a quitté la terre d’Israël avant le 7 ‘hechvan, on inclura la prière pour la pluie (en disant Véten tal oumatar livrakha – « Donne une rosée et une pluie de bénédiction ») à l’intérieur de la bénédiction Choméa’ téphila, cela à partir du 7 ‘hechvan. 2) Si l’on a quitté Israël après le 7 ‘hechvan, puisqu’on a déjà commencé à prier pour la pluie, on continue à le faire à l’intérieur de la bénédiction des années (Kaf Ha’haïm 13 au nom du Qécher Godel). 3) Si l’on a quitté Israël avec sa famille pour plus d’un an, on est considéré, durant cette période, comme résidant en-dehors de la terre d’Israël, et l’on adopte immédiatement l’usage local.
    Habitant de diaspora séjournant en Israël : il est préférable qu’il se conforme à l’usage des habitants d’Israël. Aussi, s’il a l’intention de repartir à l’extérieur d’Israël après le jour de l’équinoxe, il priera pour la pluie comme les habitants d’Israël. S’il a l’intention de repartir avant l’équinoxe, il devra, selon certains, inclure la prière pour la pluie à l’intérieur de la bénédiction Choméa’ téphila (cf. Iché Israël 23, 37). Selon d’autres, il priera pour la pluie selon l’usage des habitants de la terre d’Israël ; une fois revenu à l’extérieur d’Israël, il ne sera pas obligé de continuer à prier pour la pluie, mais il sera bon de le faire à l’intérieur de la bénédiction Choméa’ téphila (Yalqout Yossef I p. 265).

En toutes ces matières, il semble que, si l’on s’est involontairement comporté suivant l’une des opinions en présence (au lieu de prier pour la pluie dans la bénédiction Choméa’ téphila), il ne soit pas nécessaire de se reprendre (cf. Iché Israël 23, note 149). Un officiant, quoiqu’il prie pour la pluie dans la bénédiction Choméa’ téphila quand il s’agit de la ‘Amida dite à voix basse, doit prier selon l’usage local quand il récite la répétition de la ‘Amida, car celle-ci est dite pour l’assemblée (Iché Israël 23, 39).

[7]. Si, après avoir terminé la ‘Amida, on s’aperçoit que, par erreur, on a prié pour la pluie à l’intérieur de la bénédiction des années dans une région où l’on a besoin de pluie après Pessa’h, on doit, selon le Choul’han ‘Aroukh 117, 2, répéter sa ‘Amida, en stipulant intérieurement que, dans l’hypothèse où la halakha serait conforme à l’opinion du Roch – selon lequel il est permis, dans un tel cas, de prier pour la pluie dans la bénédiction des années –, cette deuxième ‘Amida constituerait une prière additionnelle volontaire. D’après le Rama, a posteriori, on n’est pas obligé de répéter sa prière. Si c’est au milieu de sa ‘Amida que l’on s’aperçoit que l’on a inclus la prière pour la pluie à l’intérieur de la bénédiction des années alors que ce n’en était pas la saison, on doit, selon le Yabia’ Omer II Ora’h ‘Haïm 9, 17 se fondant sur le Choul’han ‘Aroukh, revenir immédiatement au début de la bénédiction des années et corriger l’erreur. Toutefois, pour le Michna Beroura 10, dans la mesure où, a posteriori, on peut être quitte malgré cette erreur, on terminera sa ‘Amida. Si on le veut, on dira une ‘Amida additionnelle, en stipulant que c’est à titre volontaire. Selon le Kaf Ha’haïm 25, on termine d’abord sa ‘Amida en cours et, seulement après, on répète la ‘Amida en stipulant qu’il s’agit d’une prière additionnelle et volontaire.
[8]. La différence à faire entre la situation ordinaire, pour laquelle on va d’après la règle en vigueur en terre d’Israël, et une situation où la pluie est source de dommage, est expliquée par Torat ‘Haïm 3, 7, Kaf Ha’haïm 117, 17 et Iché Israël 23, 42. Or lé-Tsion II 7, 30 ajoute que, même lorsque la pluie est source de dommage, il est bon de prier, durant l’été de ces contrées, pour que la pluie tombe en terre d’Israël [puisque l’intention n’est évidemment pas d’entraîner un dommage là où l’on se trouve, mais de prier pour la pluie en Israël].

08 – Procédure de remplacement d’une ‘Amida que l’on aurait oubliée

Si l’on a oublié, ou encore si l’on a été empêché de réciter l’une des trois prières quotidiennes, on doit la remplacer, à la suite de la prochaine prière. Si l’on a oublié de dire la prière de Cha’harit, on remplacera la ‘Amida omise, en récitant une seconde ‘Amida à la suite de l’office de Min’ha. On fera d’abord la prière de Min’ha puis, après le dernier Qaddich, on dira une seconde ‘Amida à titre de remplacement (Tachloumin) pour celle de Cha’harit. Si l’on préfère, on peut réciter la seconde ‘Amida en même temps que la répétition de l’officiant, mais on devra alors avoir soin de marquer, entre la première ‘Amida et la seconde, une pause correspondant au moins au temps nécessaire pour parcourir quatre amot (environ deux mètres).

Si l’on a oublié de réciter la prière de Min’ha, on la remplacera à la suite de l’office d’Arvit : après le dernier Qaddich, on répétera la ‘Amida, à titre de remplacement pour celle de Min’ha. Si l’on a oublié de dire la prière d’Arvit, on remplacera la ‘Amida à la suite de la prière de Cha’harit : on pourra réciter la ‘Amida de remplacement, soit simultanément avec la répétition de l’officiant, soit après le dernier Qaddich de l’office[9][h].

Si l’on a oublié de réciter la ‘Amida de Tachloumin après la ‘Amida principale, on peut, a posteriori, la réciter tant que le délai de récitation de la ‘Amida principale n’est pas expiré. Ainsi, si l’on a oublié ou été empêché de réciter la prière de Min’ha, et que l’on n’a pas réparé cette omission immédiatement après l’office d’Arvit, on peut a posteriori réciter la ‘Amida de Tachloumin jusqu’au milieu de la nuit (‘Hatsot), qui est le terme a priori de la prière d’Arvit. Certains permettent même, a posteriori, de réparer son omission jusqu’à l’aube (‘amoud hacha’har). Si l’on a manqué de réparer l’omission de la ‘Amida d’Arvit immédiatement après avoir fait la prière de Cha’harit, on peut, a posteriori, réciter la ‘Amida de remplacement jusqu’à la fin de la quatrième heure solaire. Si l’on a manqué de réparer l’omission de la ‘Amida de Cha’harit immédiatement après l’office de Min’ha, on peut, a posteriori, réciter la ‘Amida de remplacement jusqu’au coucher du soleil (cf. Michna Beroura 108, 15 ; Kaf Ha’haïm 11). On n’attendra cependant pas le dernier moment avant le terme, mais on dira la ‘Amida de remplacement dès que l’on se sera aperçu qu’on ne l’a pas encore récitée, cela afin de ne pas prolonger davantage l’interruption entre la ‘Amida principale et la ‘Amida de Tachloumin. Et même si l’on a commencé à manger, on interrompra son repas pour prier, dès que l’on s’apercevra que l’on doit réciter la ‘Amida de Tachloumin (Michna Beroura 108, 10).

Il faut avoir soin de réciter la ‘Amida de Tachloumin seulement après la ‘Amida principale du présent office. Si l’on a eu pour intention de dire la première ‘Amida à titre de Tachloumin, et la seconde à titre de prière principale, on n’est pas quitte, par la première, de son obligation de Tachloumin. Par conséquent, on devra réciter une troisième ‘Amida, à titre de Tachloumin. Par exemple : si l’on a oublié de dire la prière de Min’ha le jour de Chabbat, et qu’à l’issue de Chabbat, durant l’office d’Arvit, on ait volontairement omis d’inclure dans sa première ‘Amida le texte additionnel de séparation entre le Chabbat et la semaine (Ata ‘honantanou : « Tu nous as gratifiés… »), en raison du fait que l’on a pensé que cette ‘Amida était dite à titre de Tachloumin pour Min’ha, incluant par ailleurs ce texte additionnel dans la seconde ‘Amida, on devra répéter la ‘Amida de remplacement pour Min’ha. En revanche, si l’on a simplement oublié de dire Ata ‘honantanou dans la première ‘Amida, que l’on s’en est souvenu dans la seconde et que l’on y a inclus ce texte, on est quitte, dès lors que l’on a eu l’intention, dans la première, de dire la ‘Amida d’Arvit, et dans la seconde, de dire la ‘Amida de Tachloumin[10].


[9]. Les A’haronim sont partagés sur la question de savoir s’il est possible de se rendre quitte de la prière de Tachloumin par l’écoute de la répétition de l’officiant. Selon le Peri Mégadim et le Michna Beroura 108, 5, puisque la récitation d’une ‘Amida de Tachloumin constitue une obligation, on ne peut se rendre quitte par l’écoute de l’officiant, dès lors que l’on appartient soi-même à la catégorie de Baqi (personne qui sait prier en s’aidant de son livre de prières). Selon le ‘Hida, en revanche, on peut réparer l’omission de la ‘Amida d’Arvit par l’écoute de l’officiant durant la répétition de la ‘Amida de Cha’harit, puisque, à l’origine, l’office d’Arvit a un caractère facultatif (voir chap. 24 § 2). C’est également ce que décide le Kaf Ha’haïm 108, 6. Cependant, il faut vérifier que l’officiant a effectivement l’intention d’acquitter les auditeurs par sa répétition. C’est également ce qu’écrit le Yalqout Yossef I p. 226. Le Michna Beroura est lui-même indulgent a posteriori : si un fidèle a eu l’intention de se rendre quitte en écoutant la répétition de l’officiant à Cha’harit, il est quitte. Le ‘Aroukh Hachoul’han 108, 16 est totalement indulgent, laissant entendre que l’on pourrait procéder de la sorte également pendant la répétition de Min’ha (pour réparer l’omission de la ‘Amida de Cha’harit). En ce qui concerne l’officiant lui-même, si celui-ci a manqué de dire la prière précédente, par oubli ou contrainte, tout le monde s’accorde à dire que la répétition qu’il fait de la ‘Amida peut, en ce qui le concerne, constituer efficacement une ‘Amida de Tachloumin (Michna Beroura 108, 4).

Lorsque le Choul’han ‘Aroukh 108, 2 écrit que la ‘Amida de Tachloumin venant remplacer celle d’Arvit doit se dire « après la ‘Amida de Cha’harit », il semble que cette disposition concerne précisément le particulier lorsqu’il prie seul. En revanche, si l’on prie au sein de l’assemblée, il est préférable de réciter la seconde ‘Amida simultanément avec la répétition de l’officiant, ou encore après le dernier Qaddich. En effet, si l’on disait la seconde ‘Amida après la fin de la répétition, il s’ensuivrait que l’on ne pourrait répondre à un certain nombre de Qaddich, ni à la Qédoucha qui se dit dans Ouva lé-Tsion (cf. chap. 23 § 2). Toutefois, Iché Israël 30, 6 comprend le Choul’han ‘Aroukh littéralement, même pour une prière publique. Voir Yalqout Yossef I p. 222 s.

[h]. La seconde ‘Amida, dite à titre de Tachloumin, suit le modèle de la première, dite à titre principal (voir § 10).
[10]. Selon la majorité des décisionnaires, tout dépend de la kavana (l’intention) (Michna Beroura 108, 28, contrairement au Taz). [Du point de vue factuel, les mêmes textes ont été dits, dans les deux cas, dans le même ordre. Seule l’intention associée à la récitation a pour effet de rendre juridiquement valide ou non la prière prononcée.] Le Maguen Avraham et le Taz hésitent, dans le cas où : a) l’intention aurait consisté à faire une première ‘Amida à titre de Tachloumin et une seconde à titre principal ; b) mais où aucun texte tel qu’Ata ‘honantanou ne marquerait de différence visible entre les deux récitations. Peut-être, dans un tel cas, n’y aurait-il pas besoin, selon ces auteurs, de refaire sa ‘Amida de Tachloumin. Toutefois, l’opinion du Choul’han ‘Aroukh et de la majorité des décisionnaires est que l’on doit en effet refaire la ‘Amida de Tachloumin, et telle est la règle. Il est bon, néanmoins, d’émettre intérieurement la condition selon laquelle, si jamais on n’avait pas réellement besoin de refaire cette ‘Amida de Tachloumin, la ‘Amida que l’on s’apprête à dire aurait valeur de prière additionnelle volontaire (nédava) (Michna Beroura 108, 7 ; Yalqout Yossef I p. 214).

09 – Quand ne peut-on pas remplacer une prière omise ?

Nos sages ont décrété qu’il est possible de rattraper une prière omise quand celle-ci précède immédiatement l’office présent. Aussi, si l’on a été contraint de manquer les prières de Cha’harit et de Min’ha, on récitera, après l’office d’Arvit, une seule ‘Amida à titre de Tachloumin, pour remplacer celle de Min’ha. Si on le souhaite, on pourra cependant ajouter après cela une ‘Amida additionnelle volontaire, en raison du fait que l’on a manqué la prière de Cha’harit (Choul’han ‘Aroukh 108, 4-5). Toutefois, de nos jours, on n’a pas l’usage de réciter la ‘Amida à titre volontaire (nédava)[11].

Si l’on a oublié de réciter la ‘Amida de Moussaf (prière additionnelle des jours de Chabbat et de fête), on ne peut la remplacer, du fait que les offrandes de Moussaf ne sont offertes que le jour même du Chabbat ou de la fête. Si l’on a oublié de dire la ‘Amida de Cha’harit un jour où l’on dit également Moussaf : bien que, comme nous l’avons vu, on ne puisse en principe remplacer d’autre ‘Amida que celle précédant immédiatement, on ne tient pas compte à cet égard de la prière de Moussaf, et l’on dit une ‘Amida de Tachloumin après la prière de Min’ha.

Si c’est intentionnellement que l’on a omis de réciter l’une des trois prières quotidiennes, on ne peut la remplacer. Les Richonim écrivent cependant que, si on le souhaite, on peut en ce cas dire une ‘Amida supplémentaire à titre volontaire (Choul’han ‘Aroukh 105, 7). Or nous avons déjà vu que, de nos jours, nous n’avons pas coutume de réciter la ‘Amida à titre de prière volontaire. En effet, si l’on fait une telle ‘Amida, il faut être sûr de pouvoir se concentrer sur le sens des mots durant toute cette prière, du début à la fin (Kaf Ha’haïm 108, 31).

En revanche, si l’on a manqué de dire Min’ha ou ‘Arvit quand on en avait encore le temps, parce que l’on estimait qu’après avoir terminé l’activité à laquelle on avait commencé à se livrer il resterait du temps pour prier, et qu’en fin de compte on s’est laissé entraîner par ladite activité au point que l’heure limite de la prière a expiré, on n’est pas considéré comme ayant intentionnellement annulé sa prière. Dans un tel cas, on dira une ‘Amida à titre de Tachloumin après la prière suivante. De même, si l’on a commencé à manger avant de prier, en pensant avoir le temps de prier après son repas, et qu’en fin de compte on a oublié de prier, on dira une ‘Amida de Tachloumin après la prière suivante, bien que l’on ait commencé à manger de façon interdite à l’heure de la prière. En effet, ce n’est pas par mépris de la mitsva que l’on a omis de prier (Choul’han ‘Aroukh 108, 8). Si l’on se livrait à un jeu, par exemple le football, que l’on nous ait appelé pour venir prier et que, dans sa grande passion pour le jeu en cours, on ait répondu : « J’arrive dans un instant ! » ; si l’on a continué à jouer et qu’entre-temps l’heure limite de la prière ait expiré, on ne peut remplacer la prière négligée par une ‘Amida de Tachloumin. Et bien que, s’il n’y avait eu ce jeu, on aurait été très heureux de prier, on est considéré comme ayant annulé sa prière par mépris de la mitsva. En effet, on savait pertinemment que le terme de la prière était sur le point d’expirer.


[11]. Selon Maïmonide, le Roch, les élèves de Rabbénou Yona, le Rachbam et le Choul’han ‘Aroukh, on ne peut rattraper que la dernière prière. D’autres disent que l’on peut rattraper toutes les prières que l’on a manquées. C’est ce qu’écrivent le Rachba et un second avis mentionné par les élèves de Rabbénou Yona. Le Choul’han ‘Aroukh écrit qu’il est bon de compléter toutes les prières manquées par autant de récitations de la ‘Amida à titre de prière volontaire. Seulement, puisque de nos jours nous n’avons pas l’usage de réciter la ‘Amida à titre volontaire, il semble que seul un fidèle certain de se concentrer comme il convient tout au long de la ‘Amida, pourra prier à titre volontaire aux fins de remplacer une ‘Amida manquée.

10 – Règles supplémentaires et cas de doute

Si l’on a oublié de dire la prière de Min’ha à la veille de Chabbat, on dira deux fois la ‘Amida d’Arvit de Chabbat : la première fois pour Arvit même, la seconde à titre de Tachloumin pour Min’ha. Certes, la ‘Amida de Min’ha aurait dû compter dix-neuf bénédictions (et non sept seulement, comme celle du vendredi soir) ; mais puisque le moment du remplacement tombe le Chabbat, on doit prier selon le rituel propre à la prière de Chabbat (Choul’han ‘Aroukh 108, 9).

Si l’on a oublié de dire le passage Yaalé véyavo à l’office de Min’ha de la néoménie (Roch ‘hodech), on n’est pas quitte de son obligation. Si le jour suivant se trouve être un second jour de Roch ‘hodech, il est clair que l’on devra réciter, après la ‘Amida d’Arvit, une seconde ‘Amida à titre de Tachloumin pour Min’ha et que, dans les deux prières, on mentionnera Yaalé véyavo. En revanche, si le jour suivant est un jour ordinaire, un doute apparaît. D’un côté, on peut soutenir que le seul défaut de la ‘Amida dite à Min’ha était l’omission de Yaalé véyavo ; par conséquent, en quoi sera-t-il utile d’ajouter, après l’office d’Arvit, une seconde ‘Amida sans Yaalé véyavo ? D’un autre côté, la raison pour laquelle on ne s’est pas rendu quitte lors de l’office de Min’ha est qu’à ce moment, c’était Roch ‘hodech, et que l’on a alors omis d’inclure Yaalé véyavo ; en revanche, lors de la prière de Tachloumin, on se rend quitte dès lors que l’on prie selon les règles en vigueur au moment présent. En pratique, il a été décidé que l’on réciterait deux fois la ‘Amida d’Arvit, tout en émettant intérieurement la condition selon laquelle, dans le cas où l’on n’aurait pas l’obligation de remplacer la ‘Amida omise, la seconde ‘Amida aurait valeur de prière additionnelle volontaire (nédava). Pour autant, il n’est pas nécessaire d’inclure quelque demande additionnelle à l’intérieur de cette seconde ‘Amida, comme le voudrait l’usage des prières volontaires.

Dans le même sens, si l’on se trompe pendant le Chabbat, et qu’au lieu de la ‘Amida de Min’ha de Chabbat on récite la ‘Amida des jours ouvrables sans mentionner la sainteté du jour, on devra réciter deux fois, à l’issue du Chabbat, la ‘Amida des jours ouvrables. On émettra alors intérieurement la condition selon laquelle, dans le cas où l’on ne devrait pas remplacer la ‘Amida omise, la seconde ‘Amida que l’on s’apprête à dire aurait valeur de prière volontaire (Choul’han ‘Aroukh 108, 11).