Pniné Halakha

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05. L’usage de s’associer à la clôture d’un traitétalmudique (siyoum)

Dans leur majorité, les premiers-nés ont l’usage de s’associer, la veille de Pessa’h après l’office du matin, à un siyoum massékhet (« clôture de traité »), c’est-à-dire à la clôture de l’étude d’un traité talmudique. Après ladite clôture, on sert une collation, et tous les participants y mangent ; cela est permis aux premiers-nés eux-mêmes, car cette collation a le statut de sé’oudat mitsva (repas donné à l’occasion d’une mitsva) : on participe en effet à la joie de la mitsva d’étudier la Torah, et à la joie d’achever l’étude d’un traité. Or, dès lors qu’on a déjà rompu le jeûne à cette occasion, on est ensuite dispensé de jeûner.

Il est vrai que, dans les générations précédentes, les décisionnaires étaient partagés sur cette question. Certains, rigoureux, professaient que seul celui qui achève, lui-même, l’étude d’un traité talmudique est autorisé à manger lors de la sé’oudat mitsva qui suit, tandis que les autres premiers-nés, qui ne sont pas tellement partie prenante à la joie en question, ne peuvent rompre le jeûne lors du repas de clôture de leur ami. C’est particulièrement vrai lorsque, tout au long de l’année, ceux qui achèvent l’étude d’un traité n’ont pas l’habitude d’organiser une sé’oudat mitsva, que les premiers-nés n’ont pas non plus l’habitude de participer aux clôtures de traités de leurs amis, et que ce n’est qu’à l’approche de la veille de Pessa’h que l’on organise un siyoum à l’intention de tous les premiers-nés : il semble alors que ceux-ci ne viennent pas, en réalité, pour se réjouir à la sé’oudat mitsva, mais pour se dispenser du jeûne. De plus, il est fréquent que celui qui achève l’étude d’un traité ne l’ait pas exactement achevée à la veille de Pessa’h, mais une semaine ou deux avant cela, et qu’il ait simplement repoussé le siyoum à la veille de Pessa’h afin de se dispenser du jeûne par le biais du repas offert à cette occasion. Or, de l’avis des décisionnaires rigoureux, il ne convient pas de procéder ainsi, car l’essentiel de la joie a lieu au moment même où l’on achève l’étude du traité, et non au moment où l’on donne lecture des dernières lignes afin de faire un siyoum à la veille de Pessa’h (Techouva Méahava II 262, Noda’ Biyehouda).

Cependant, en pratique, l’usage est de s’appuyer sur les décisionnaires indulgents, qui permettent à tous les participants au repas de clôture de se dispenser du jeûne, même si l’on n’a pas l’habitude, durant l’année, d’organiser de tels repas de clôture, et même si l’on a repoussé à la veille de Pessa’h la clôture de l’étude du traité. La raison en est que, en pratique, lorsqu’on termine l’étude d’un traité, il convient de s’en réjouir, or la sé’oudat mitsva est l’expression de cette joie. De plus, le principe même du jeûne des premiers-nés repose sur la coutume, et non sur une directive rabbinique contraignante ; dans le Talmud de Babylone, comme dans les écrits de Maïmonide, il n’est aucunement question de ce jeûne, et certains Richonim parmi les plus grands estimaient que les premiers-nés n’ont pas l’obligation de jeûner à la veille de Pessa’h. Par conséquent, en toute occasion de controverse, l’avis indulgent prévaut. En outre, dans les dernières générations, nous n’avons pas l’habitude de multiplier les jeûnes ; or si les premiers-nés jeûnaient, il est presque certain que le jeûne nuirait aux préparatifs de la fête. Lors même de la soirée du séder, les premiers-nés auraient tendance à se hâter d’achever la récitation de la Haggada, afin de mettre fin à leur jeûne. Nombreux sont les grands maîtres d’Israël qui ont l’usage de se dispenser du jeûne par le biais de la clôture d’un traité talmudique. Ce n’est que si l’on est certain, dans son for intérieur, que le jeûne ne nuira pas à ses préparatifs de fête, ni à l’accomplissement des  mitsvot du soir du séder, que l’on pourra être rigoureux à l’égard de soi-même, et jeûner à la veille de Pessa’h. Tel était l’usage du Rav Avraham Yits’haq Kook et de son fils, le Rav Tsvi Yehouda Kook, qui étaient premiers-nés, et qui jeûnaient la veille de Pessa’h.

Pour que la clôture soit telle que tous les participants soient dispensés du jeûne, il faut qu’elle porte sur un traité (massékhet) du Talmud de Babylone ou de Jérusalem, ou encore sur l’intégralité d’un ordre (séder) parmi les six ordres qui composent la Michna ; il faut aussi que l’on ait compris l’objet de son étude, traité ou ordre, et que l’on ne se soit pas contenté d’une simple lecture[5].


[5]. Comme nous l’avons vu à la note précédente, la coutume du jeûne des premiers-nés ne fait pas l’unanimité. De l’avis même de ceux qui considèrent cet usage comme obligatoire, elle a seulement rang de norme rabbinique, or en cas de doute portant sur une norme rabbinique, on est indulgent. À plus forte raison le sera-t-on si l’on se place du point de vue de ceux pour qui cet usage n’a rien d’obligatoire, comme le pense le Gaon de Vilna ; et à combien plus forte raison de nos jours, où l’on n’a pas l’habitude de jeûner, et où la pratique de ce jeûne entrerait en conflit avec l’observance des mitsvot de la nuit du séder. C’est l’opinion des responsa ‘Olat Chemouel 58. Aussi a-t-on l’usage de s’appuyer sur la clôture d’un traité. Par cela, les premiers-nés sont incités à se souvenir de leur spécificité, de leur sanctification, et de la responsabilité particulière qui leur incombe. Les responsa ‘Arougot Habossem 139 s’expriment en ce sens.

Si l’on achève l’étude approfondie d’un livre des Prophètes, on peut aussi organiser une sé’oudat mitsva (repas donné à l’occasion d’une mitsva) (Igrot Moché, Ora’h ‘Haïm I 157). De même, il semble que quiconque achève l’étude d’une des quatre parties du Choul’han ‘Aroukh, ou de quelque autre livre important, peut faire un tel repas car, dans son fondement, cet usage, tel que défini par les décisionnaires, ne porte pas nécessairement sur un traité du Talmud babylonien. Cf. ‘Havot Yaïr 70. Si le siyoum porte sur une étude importante – selon ce qui est généralement admis parmi ceux qui étudient la Torah –, tous les participants sont dispensés du jeûne. Lorsque le siyoum est important pour celui qui a étudié, mais n’est pas considéré si important aux yeux de la collectivité, on peut faire un repas de clôture pour soi-même, et se dispenser ainsi du jeûne. Par conséquent, si l’on est débutant dans l’étude, et qu’il soit encore difficile d’étudier un traité de Michna de manière approfondie, on pourra néanmoins se choisir un traité de Michna, que l’on étudiera de façon simple, ou quelque autre livre saint, et l’on pourra se donner un repas de clôture ; mais les autres personnes ne pourront, par un tel siyoum, personnel à l’étudiant, se dispenser du jeûne (Yabia’ Omer, Ora’h ‘Haïm 26 ; Pisqé Techouvot 470, 9).

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