Pniné Halakha

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03 – Obligation de célébrer, par-delà les générations, deux jours en diaspora

Après la destruction du deuxième Temple, la présence juive en terre d’Israël alla en diminuant ; à l’inverse, la grande communauté juive de Babylonie alla en se renforçant. Malgré cela, l’autorité des sages d’Erets Israël en matière de sanctification des mois et de fixation des années embolismiques se maintenait. Ce n’est qu’en de rares circonstances – comme pendant la grande révolte –, lorsque la situation en terre d’Israël était terrible, au point que l’on ne pouvait plus consacrer les mois, que des juges (dayanim) ordonnés en terre d’Israël quittaient le pays, pour gagner un lieu où l’on n’avait pas promulgué de décrets funestes contre le peuple juif ; là, ces juges consacraient les mois et décidaient que telle année serait embolismique.

Avec le temps, les décrets romains s’accrurent ; dans de nombreux cas, ils visaient directement les sages d’Israël et la mitsva de sanctifier le mois ; jusqu’à ce que, vers la fin de l’époque des Amoraïm, à la fin de la vie d’Abayé et de Rava, le second Hillel parvînt à la conclusion que l’on ne pouvait plus continuer à ordonner des sages et à consacrer les mois par le biais du grand beth-din siégeant en Erets Israël. Et puisque cette autorité était placée entre ses mains – il avait en effet hérité la présidence du beth-din, en ligne directe, depuis Rabbi Yehouda Hanassi – il décida, avec son beth-din, de calculer d’avance les mois et les années, et ils les consacrèrent jusqu’à la fin des générations. Ainsi, en l’an 4119, suivant notre calendrier (359 selon le calendrier civil), le peuple juif commença à compter les mois suivant le calendrier hébraïque tel que le prince Hillel l’avait calculé et institué (cf. Zemanim – Fêtes et Solennités juives I, chap. 1 § 3, note 3).

À cette même époque, la question suivante se posa : puisque le calendrier annuel était à présent répandu parmi toutes les communautés juives dispersées en diaspora, il n’était plus à craindre qu’ils en vinssent à se tromper ; peut-être donc était-il possible de ne plus observer, en diaspora, qu’un seul jour de Yom tov, comme on le faisait en Erets Israël ? Mais les sages d’Erets Israël envoyèrent leur instruction aux juifs de Babylonie : prenez soin de continuer à observer la coutume de vos pères, de crainte que le pouvoir ne prenne contre vous de durs décrets et que les comptes ne se brouillent ; tandis que, en maintenant la coutume du second jour de Yom tov, vous ne pourrez faire erreur (Beitsa 4b). Les sages ont donc donné pour directive explicite de continuer à appliquer la coutume du second jour de fête de diaspora (Maïmonide, Qidouch ha’hodech 5, 5). Rav Haï Gaon a expliqué que, en plus de la crainte d’un décret hostile du royaume, la raison essentielle était que telle était la directive des prophètes que de toujours faire, en diaspora, deux jours de Yom tov. Or aucun beth-din ne peut annuler leurs paroles, parce que l’on ne connaît pas tous les motifs de leur directive. De plus, seul un beth-din supérieur – en nombre et en sagesse – à celui qui prit cette décision aurait autorité pour annuler celle-ci (Otsar Haguéonim, Yom tov 4, 2).

Comme dans toute la Torah, à l’aspect juridique correspond un aspect spirituel. En effet, en Erets Israël la sainteté se révèle davantage. Aussi, les fêtes peuvent-elles s’y manifester durant un seul jour, comme le prescrit la Torah. Mais ceux qui se trouvent en diaspora sont plus éloignés du dévoilement de la sainteté ; et pour intégrer la lumière spirituelle que portent les fêtes, ils ont besoin de deux jours, conformément à la directive des sages. Parabole d’une lampe-torche : lorsqu’elle éclaire un endroit proche, sa lumière est forte, et focalisée sur un petit périmètre ; tandis que, lorsqu’elle éclaire un endroit éloigné, sa lumière est faible et se disperse en une grande superficie. Ainsi de la lumière des fêtes : elle se révèle en terre d’Israël en un jour unique et concentré, tandis que, en diaspora, elle est plus faible et s’étend sur une durée de deux jours (Dérekh Mitsvotékha 114, 1).

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