Selon Maïmonide, la règle du second jour de Yom tov en diaspora ne dépend pas de la proximité du lieu avec Jérusalem : tout dépend de la coutume d’Israël, à l’époque où les émissaires partaient faire connaître la date de la sanctification du mois. En tout lieu où les émissaires arrivaient avant le premier jour de Soukot, même s’il se trouvait en dehors de la terre d’Israël, on continue d’observer un seul jour. En tout lieu où ils n’y parvenaient pas, même si ce lieu fait partie de la terre d’Israël, on continue de marquer deux jours. Dans le cas même où, du point de vue de la distance, les émissaires eussent pu arriver à temps, mais où, en pratique, ils ne s’y rendaient pas, parce qu’il ne s’y trouvait pas de communauté juive, ou en raison de l’endommagement des routes, il faut continuer d’observer deux jours, puisque, en fait, ceux qui se trouvaient là devaient marquer deux jours de Yom tov (Maïmonide, Qidouch ha’hodech 5, 9-12).
Mais selon le Ritva, depuis que fut annulée la procédure de consécration du mois au beth-din, la règle ne dépend plus des émissaires, mais des frontières d’Erets Israël. En effet, puisque la majorité des communautés de diaspora pratiquaient deux jours, et que la majorité des lieux inscrits à l’intérieur des frontières d’Erets Israël pratiquaient un seul jour, le beth-din du prince Hillel décida, au moment où il consacra les mois et les années d’avance pour toutes les générations, que l’on observerait systématiquement deux jours de Yom tov en diaspora, et que l’on observerait dans tous les cas un seul jour dans l’ensemble d’Erets Israël (Ritva sur Roch Hachana 18a, Souka 43a).
Bien que, au long des générations, il se trouva différents lieux d’Erets Israël qui eussent pour coutume d’observer deux jours de Yom tov, conformément à l’opinion de Maïmonide, la coutume qui fut adoptée, en halakha, est conforme à l’avis du Ritva ; et c’est aussi ce qui ressort des propos d’autres Richonim[3].
S’agissant de la ville d’Eilat, un doute est apparu quant au fait de savoir si elle fait partie des frontières de la terre d’Israël, car, selon quelques commentateurs, ce que la Bible appelle Na’hal Mitsraïm (torrent d’Égypte) s’identifie avec le cours d’eau d’El-Arich, de sorte qu’Eilat se trouve au sud de sa partie principale. Mais en pratique, la halakha a été tranchée : Eilat fait partie des frontières d’Erets Israël, et l’on y fait un seul jour de Yom tov ; en effet, de l’avis même de ceux qui estiment que le Na’hal Mitsraïm est le cours d’eau d’El-Arich, il est vraisemblable qu’Eilat s’inscrive encore dans les frontières d’Erets Israël ; à plus forte raison la règle sera telle pour la majorité des commentateurs, qui pensent que le Na’hal Mitsraïm se situe au niveau du golfe de Suez (cf. Pniné Halakha – Ha’am Véhaarets 3, 15). C’est ce qu’écrivent en pratique le Rav Herzog dans Hékhal Yits’haq, Ora’h ‘Haïm 55, le Rav Frank en Miqraé Qodech, Pessa’h 2, 58, le Michpeté ‘Ouziel VIII 47, le Tsits Eliézer III 23.