[5]. La règle des priorités est la suivante : l’essentiel de la prière consiste dans : les bénédictions matinales suivies des bénédictions de la Torah, le premier verset du Chéma Israël, la ‘Amida. Si l’on dispose de plus de temps, il est préférable de dire la bénédiction
Emet véyatsiv, qui suit le Chéma Israël, car il s’y trouve la mention de la sortie d’Egypte, événement dont le rappel est une obligation toranique pour les hommes, et même, de l’avis de certains auteurs, une obligation pour les femmes. De plus, en récitant cette bénédiction, on a l’avantage de juxtaposer la mention de la délivrance d’Israël (par laquelle se conclut
Emet véyatsiv) à la prière par excellence qu’est la ‘Amida, comme nous l’avons vu plus haut, chap. 8 § 3, note 4.
Après cela, par ordre d’importance, viennent les Pessouqé dezimra, c’est-à-dire, plus précisément, la bénédiction Baroukh chéamar suivie des six Alléluias et de Yichtaba’h. Il est vrai que le Bérour Halakha du Rav Zilber, Ora’h ‘Haïm I, 60 et le Iché Israël 7, 18 estiment, en matière de priorité que, dès lors qu’une femme a le temps de réciter Baroukh chéamar, Achré et Yichtaba’h, elle devra réciter la suite du Chéma Israël et ses bénédictions, et que, si elle dispose de plus de temps, elle récitera le reste des Pessouqé dezimra. Toutefois, cette position est difficile à défendre, car certains décisionnaires estiment que les femmes ont l’obligation de réciter les Pessouqé dezimra, et, selon tous les avis, ces louanges constituent une préparation à la prière ; or les femmes ont l’obligation de prier, et la partie essentielle des Pessouqé dezimra est bien constituée par les six derniers chapitres du livre des Psaumes, comme le disent le Rif et le Roch (cf. La Prière d’Israël 14, note 3, ainsi que la fin de la note 1 et la note 10). Dans ces conditions, pourquoi la femme donnerait-elle priorité aux bénédictions du Chéma dont elles sont assurément dispensées, et qui ne constituent pas une préparation à la prière ? (Le Avné Yachfé 16, 7 laisse la question en suspens pour cette raison.) Par conséquent, il semble que l’ensemble des six Alléluias ait priorité sur les bénédictions du Chéma, comme nous le disons ci-dessus, chap. 8 § 3, note 4.
Nous trouvons également que l’auteur du Halikhot Bat Israël 2, note 21, écrit au nom du Rav Sheinberg que les femmes doivent réciter les Pessouqé dezimra, et qu’elles peuvent se contenter peut-être de Baroukh chéamar, Achré et Yichtaba’h. De nouveau, cet avis semble difficile à défendre : comment peut-on recommander d’omettre de façon permanente la partie essentielle des Pessouqé dezimra ? Peut-être cet avis s’explique-t-il par l’influence du Michna Beroura, qui infère des propos de Rabbi Aqiva Eiger que les femmes sont tenues de réciter les Pessouqé dezimra, si bien que le Halikhot Bat Israël donne aux femmes pour consigne permanente de les réciter, même de la façon la plus abrégée, en se fondant sur les élèves de Rabbénou Yona, qui écrivent que les Pessouqé dezimra ont été principalement institués en vue de la récitation d’Achré-Tehila lé-David. Toutefois, l’opinion de la majorité des décisionnaires est que les femmes sont dispensées de la récitation des Pessouqé dezimra, comme nous l’avons vu en note 2 ; par conséquent, pourquoi les réciteraient-elles de la manière la plus abrégée ? Si une femme souhaite apporter à sa prière un supplément de perfection en les récitant, il est nécessaire qu’elle les récite comme il convient, c’est-à-dire avec l’ensemble des six psaumes, qui constituent la partie essentielle des Pessouqé dezimra, comme l’écrivent le Rif et le Roch (et sauf mention contraire, il n’y a pas de raison de penser que les élèves de Rabbénou Yona ne s’accordent pas avec cela), et qu’elle ne se contente pas de dire, à la hâte, un seul psaume. Le Rav Na’houm Eliézer Rabinowitz – qu’il soit distingué pour une bonne et longue vie –, auteur du Yad Pechouta sur Maïmonide, s’accorde avec notre position à ce sujet.
De plus, le Ye’havé Da’at III 3 décide qu’il est interdit aux femmes de dire les bénédictions des Pessouqé zimra, car celles-ci sont dépendantes du temps. Et bien que l’on n’ait pas coutume de le suivre à ce sujet, comme expliqué plus haut, chap. 2, note 10, il est juste de tenir compte de son opinion en ne récitant pas lesdites bénédictions pour la récitation d’un seul psaume. Du reste, même s’agissant des hommes, il serait peut-être souhaitable de ne pas enseigner de réciter régulièrement ces bénédictions pour n’encadrer qu’Achré/Tehila lé-David. En revanche, après avoir dit les six psaumes qui constituent l’essentiel des Pessouqé dezimra, la femme doit donner priorité au Chéma Israël et à ses bénédictions, en raison de leur importance, puis au paragraphe du sacrifice perpétuel et aux versets de l’encens, qui ont préséance sur les autres paragraphes des Pessouqé dezimra, comme nous l’expliquons dans La Prière d’Israël 13, 1, note 2. Les règles de préséance dans leurs généralités sont exposées ci-dessus, chap. 8 § 3, note 4.