Pniné Halakha

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Chapitre 20 – Quelques règles relatives à la prière en minyan

01. Obligation des hommes de prier en communauté et à la synagogue

Nos sages ont décrété que les hommes doivent prier en minyan et à la synagogue. Ils ont enseigné, de plus, que la Présence divine réside en tout lieu où dix Juifs sont assemblés, quand ils se livrent à une occupation sainte, comme il est dit : « Dieu se tient dans l’assemblée divine » (Ps 82, 1), or un groupe de dix Juifs constitue ce que nous appelons assemblée (‘eda). Il est vrai que, même lorsqu’un seul Juif prie ou étudie, la Présence divine réside auprès de lui ; mais il y a en cela différents degrés, et le degré supérieur est atteint lorsque dix Juifs se livrent ensemble à une occupation sainte, car alors la sainteté se révèle davantage dans le monde (cf. Berakhot 6a). D’après ce principe, nos sages ont décidé qu’un quorum de dix personnes (minyan) serait requis pour toutes les prières et bénédictions ayant pour objet de sanctifier le nom de Dieu (devarim chébiqdoucha[a]). Parmi ces paroles consacrées, on trouve la répétition de la ‘Amida par l’officiant, la bénédiction des prêtres (Birkat cohanim)[b], Barekhou[c], le Qaddich et la Qriat Ha-Torah, lecture du rouleau de la Torah (Méguila 23b)[1].

Nos maîtres enseignent encore que la prière de celui qui prie au sein d’un minyan est entendue. Quand bien même le fidèle ne se concentrerait pas tellement dans sa prière, celle-ci serait écoutée dès lors qu’elle serait dite en communauté (Berakhot 8a).

Il se trouve donc que le minyan présente deux avantages : le premier est que la Présence divine repose sur l’assemblée, grâce à quoi la prière est agréée ; le second est que, en son sein, on peut dire toutes les paroles consacrées que nos sages ont réservées à la prière communautaire (La Prière d’Israël 2, 1-3).

Du fait que, par l’intermédiaire du minyan, la Présence divine réside sur l’assemblée, il convient que chaque homme s’efforce de figurer parmi les dix premiers arrivés, car c’est par leur biais que réside la Présence divine.

Quand c’est à la synagogue que le minyan est constitué, son avantage est double, car il se trouve en un lieu qui a pour vocation d’être le cadre des paroles consacrées (cf. Berakhot 6a ; 8a). La synagogue est appelée « petit temple » (miqdach me’at), car sa sainteté s’apparente à celle du Temple (Beit hamiqdach), comme il est dit : « Je leur ai été un petit sanctuaire » (Ez 11, 16). Rabbi Yits’haq commente : « Il s’agit des synagogues et des maisons d’étude » (Méguila 29a).

Nous voyons donc que la prière collective à la synagogue remplace, dans une certaine mesure, le service du Temple. En effet : en un lieu où dix Juifs sont présents, la Présence divine demeure ; la sainteté de la synagogue s’apparente à celle du Temple ; et les prières publiques ont été instituées en référence aux sacrifices publics.

Rabbi Chimon ben Laqich a dit : « Celui qui a une synagogue dans sa ville et ne va pas y prier est appelé mauvais voisin. Non seulement cela, mais il provoque l’exil, pour lui et ses enfants. Tandis que ceux qui viennent en avance à la synagogue pour l’office de Cha’harit et qui tardent à sortir après l’office d’Arvit méritent la longévité » (Berakhot 8a ; Choul’han ‘Aroukh 90, 11).


[a]. Au singulier, davar chébiqdoucha : « parole relevant de la sainteté » ; nous traduisons parole consacrée. Catégorie de prières et de bénédictions qui requièrent, en raison de leur importance, un quorum de dix personnes.

[b]. Nb 6, 22-26.

[c]. Bref passage dialogué entre l’officiant et les fidèles.

[1]. Dans le traité talmudique Méguila 23b et la Michna Sofrim 10, 7, sont mentionnés ceux des textes qui doivent se dire en minyan. Nos sages disent (Méguila et Berakhot 21b) : « “Je serai sanctifié (véniqdachti) parmi les fils d’Israëlˮ (Lv 22, 32) : toute parole ayant trait à la sainteté (davar chébiqdoucha, parole consacrée) ne peut être prononcée à moins de dix personnes. » Selon le Ran (ad loc.), ainsi que d’autres Richonim et A’haronim, il s’agit d’une règle rabbinique, puisque la récitation même de ces textes est une pratique ordonnée par les sages. À la vérité, la règle du minyan possède un fondement toranique, reposant sur la sanctification du nom divin : si des non-Juifs contraignent un Juif à profaner le nom divin par quelque transgression, et que dix Juifs soient présents, il est interdit de commettre cette transgression : il faudra préférer renoncer à sa vie (Sanhédrin 74b). Il semble qu’en cette matière les femmes soient aussi comptées parmi les dix (les responsa Dvar Chemouel de Rabbi Chemouel Abouhav 63 et Pit’hé Techouva, Yoré Dé’a 157, 7 éprouvent des doutes à ce sujet).

02. Les femmes sont dispensées de prier à la synagogue et en communauté

Comme nous l’avons vu (chap. 11 § 1), les femmes ne sont pas tenues de prier au sein d’un minyan, ni à la synagogue. En effet, toutes les prières synagogales sont fixées selon des horaires déterminés, or les femmes sont dispensées des commandements positifs qui dépendent du temps. Et bien qu’il y ait – nous l’avons vu – un grand avantage à la prière publique, les femmes ont d’autres missions, non moins importantes (comme nous l’expliquons au chap. 3) ; aussi ne sont-elles pas tenues de prier à la synagogue, ni en communauté.

Toutefois, il est bien certain qu’une femme qui prierait au sein d’un minyan et à la synagogue y aurait un mérite, car elle prierait en un lieu consacré, sur lequel réside la Présence divine. Elle aurait aussi le mérite de répondre amen au Qaddich et à la répétition de la ‘Amida, de dire la Qédoucha, le Modim derabbanan, et d’écouter la bénédiction sacerdotale.

De même, nous trouvons dans le Midrach (Yalqout Chim’oni, ‘Eqev 871) : « Une femme était fort âgée, au point d’être dégoûtée de sa vie. Elle se présenta à Rabbi Yossef ben ‘Halafta et lui dit : “Mon maître, je suis trop âgée ; à présent, c’est une vie de disgrâce que je vis, où je ne sens plus le goût de la nourriture et de la boisson ; je demande donc à être délivrée de ce monde.ˮ Il lui demanda : “Quelle mitsva as-tu l’habitude d’observer scrupuleusement chaque jour ?ˮ Elle répondit : “Même dans le cas où je suis occupée à une activité qui m’est chère, j’ai l’habitude de la laisser de côté pour me hâter de me rendre à la synagogue, chaque jour.ˮ Il lui dit : “Abstiens-toi d’aller à la synagogue durant trois jours consécutifs.ˮ Elle partit et suivit ce conseil. Le troisième jour, elle tomba malade et mourut. » Nous apprenons de là que l’assiduité dans la fréquentation quotidienne de la synagogue apporte la longévité, et que les femmes, elles aussi, bénéficient de cet avantage.

De même, nos maîtres, de mémoire bénie, racontent l’histoire d’une certaine femme qui habitait dans le voisinage d’une synagogue, mais qui se rendait chaque jour à la lointaine synagogue de Rabbi Yo’hanan. Rabbi Yo’hanan l’interrogea : « Ma fille, n’y a-t-il pas une synagogue dans ton quartier ? Pourquoi viens-tu jusqu’ici ? » Elle lui répondit : « Mon maître, n’est-il pas vrai que je bénéficie ainsi du salaire de chaque pas ? » (Sota 22a). Nous apprenons de cela une règle : quand une synagogue éloignée présente un avantage sur une autre, plus proche, celui qui s’y rend se voit récompensé pour les pas supplémentaires qu’il doit faire (Maguen Avraham 90, 22 ; La Prière d’Israël 3, note 3)[2].

Malgré cela, il est clair que, pour une femme, la mitsva de prier en communauté est d’importance secondaire par rapport aux soins à apporter à sa famille. Et dès lors qu’il existe un antagonisme entre la prière à la synagogue et les soins à donner aux enfants et à la famille, la famille a priorité. Néanmoins, il est bon que des jeunes filles célibataires, de même que des femmes dont les enfants ont grandi et qui n’ont pas de petits-enfants à la maison, s’efforcent d’aller à la synagogue le Chabbat et les jours de fête. Il convient donc que nous étudions quelques-uns des principes et règles applicables à la prière publique.


[2]. Cf. Halikhot Beitah 6, 13 et Peta’h Habaït 24-25. Il est évident que celle qui prie dans la galerie des femmes (‘ezrat nachim) bénéficie de l’avantage de prier à la synagogue. Et ceux qui estiment que la galerie des femmes n’a pas le même degré de sainteté que la pièce où prient les hommes (‘Hokhmat Adam 86, 15), s’accorderaient eux-mêmes à dire, semble-t-il, qu’à l’heure de la prière publique la sainteté du minyan s’étend à la galerie des femmes, qui n’est rien d’autre qu’une dépendance de la synagogue. Quant au ‘Aroukh Hachoul’han 154, 7, il estime que la galerie des femmes a le même degré de sainteté que la synagogue ; et telle est l’opinion de la majorité des décisionnaires, comme le rapporte le Tsédaqa oumichpat 12, 21.

03. Le Qaddich

Le Qaddich a ceci de particulier que, dans sa majeure partie, il traite de l’honneur du Ciel. Aussi faut-il être très attentif quand on y répond, et à plus forte raison prendre garde de bavarder quand il est récité (Choul’han ‘Aroukh 56, 1, Michna Beroura 1). Nos sages disent que, lorsqu’une personne répond Amen, yehé chemeh rabba mévarakh lé’alam oul’almé ‘almaya (« Amen ; que Son grand nom soit béni à jamais, pour l’éternité ») de toute la force de son esprit, on déchire l’éventuel mauvais décret qui pouvait avoir été promulgué à son encontre pour soixante-dix ans (Chabbat 119b ; élèves de Rabbénou Yona). Nos sages disent également que, lorsque les Juifs entrent dans les synagogues et disent Yehé chemeh rabba mévarakh à voix haute, de durs décrets sont annulés à leur profit (Pessiqta citée par Tossephot ad loc.). Ils disent encore que le fait de répondre au Qaddich éveille la miséricorde divine à l’égard d’Israël en exil. Car lorsque les Juifs entrent dans les synagogues et les maisons d’étude et répondent Yehé chemeh hagadol mevorakh[d], leur souvenir est rappelé devant le Saint béni soit-Il. À ce moment, si l’on peut s’exprimer ainsi, le Saint béni soit-Il secoue la tête en signe d’affliction et dit : « Heureux le Roi que l’on glorifiait ainsi en Sa demeure » ; la volonté de délivrer Israël s’éveille alors en Lui (cf. Berakhot 3a).

Puisque, par le Qaddich, nous sanctifions le nom de l’Eternel, il faut le dire au sein d’un minyan, car le Saint béni soit-Il se sanctifie par le biais d’une assemblée (‘eda) d’Israël.

Le Qaddich est rédigé en langue araméenne, qui était la langue en usage à l’époque du Deuxième Temple parmi tout le monde juif, de façon que les ignorants eux-mêmes pussent le comprendre et, en y répondant, appliquer leur pensée au sens des mots. En voici la traduction :

Que soit élevé et sanctifié Son grand nom

Dans le monde qu’Il créa selon Sa volonté ; qu’Il y établisse Son règne, qu’Il fasse germer Son salut et rapproche la venue de Son messie

Durant votre vie et de vos jours (ceux de l’assemblée des fidèles), et du vivant de toute la maison d’Israël, promptement, en un temps prochain, et dites amen.

L’assemblée répond :

Yehé chemeh rabba mévarakh lé’alam oul’almé ‘almaya, ce qui signifie :

Que Son grand nom soit béni à jamais, pour l’éternité

L’officiant poursuit :

Que soit béni, loué, magnifié, élevé, exalté, glorifié, vénéré, célébré le nom du Saint béni soit-Il

Au-delà de toute bénédiction, cantique, louange et consolation qui se disent dans le monde, et dites amen.

Telle est la partie principale du Qaddich, appelée couramment ‘Hatsi-Qaddich (« demi-Qaddich » ou Qaddich abrégé) ; y répondre importe davantage que de répondre à la Qédoucha (Michna Beroura 56, 6)[3].


[d]. Version hébraïque de la phrase araméenne Yehé chemeh rabba mévarakh (« Que Son grand nom soit béni »).

[3]. Il y a des différences de coutume quand il s’agit de répondre Amen, yehé chemeh rabba mévarakh Suivant la coutume ashkénaze et yéménite Baladi, les derniers mots prononcés par le fidèle doivent être lé’alam oul’almé ‘almaya ; selon l’usage ‘hassidique et yéménite Chami, on ajoute encore le mot yitbarakh ; et selon l’usage séfarade, on continue jusqu’à daamiran bé’alma. Autre différence : après que l’officiant a ponctué sa phrase par les mots berikh Hou, les Ashkénazes répètent berikh Hou, tandis que, pour les Séfarades, si l’on a eu le temps de réciter jusqu’aux mots daamiran bé’alma, on répond amen, et si l’on n’en a pas eu le temps, on ne répond pas à la suite de berikh Hou. Il faut encore savoir que, lorsqu’on répond Amen ; yehé Chemeh rabba…, on doit faire une pause entre le mot amen et les mots yehé chemeh rabba…, car le mot amen se rapporte à ce que l’officiant a dit auparavant, tandis que yehé chemeh rabba… est une louange en soi (Michna Beroura 56, 2).

04. Les différentes sortes de Qaddich

Il existe quatre versions du Qaddich, que nous signalerons nommément : 1) Qaddich abrégé (‘Hatsi-Qaddich) : c’est l’essentiel du Qaddich ; on l’appelle ainsi pour le distinguer des autres versions du Qaddich, qui sont augmentées d’autres passages. Quand il faut dire le Qaddich au cours de l’office, mais que l’on ne veuille pas trop prolonger l’interruption, on dit le Qaddich abrégé. 2) Qaddich Yehé chelama[e], également appelé Qaddich complet (Qaddich chalem). On le dit après la récitation de versets de la Bible ; il s’y ajoute la demande que nous, ainsi que tout le peuple d’Israël, bénéficions de la paix et d’une bonne vie. Il se conclut par la formule : ‘Ossé chalom bimromav, Hou (béra’hamav) ya’assé chalom ‘alénou vé’al kol (‘amo) Israël véimrou amen (« Celui qui fait régner la paix dans ses cieux, qu’Il fasse régner la paix sur nous et sur tout Israël, et dites amen »). Dans la mesure où ce Qaddich est généralement récité par des personnes ayant perdu un parent, il est également appelé Qaddich des orphelins (Qaddich yatom). 3) Qaddich Titqabal[f] : il est prononcé par l’officiant après la conclusion de la ‘Amida[g]. C’est un Qaddich complet, auquel s’ajoute la demande que notre prière soit agréée. 4) Qaddich derabbanan (« Qaddich des rabbins ») : on le dit après l’étude des paroles des sages. Avant le passage Yehé chelama, également inclus ici, on insère une requête pour les étudiants de la Torah, afin qu’ils bénéficient d’une bonne et longue vie.

Nos sages ont institué la récitation du Qaddich à la fin de chaque section de l’office public. Après le rappel des sacrifices, on dit le Qaddich derabbanan ; après les Pessouqé dezimra, on récite le Qaddich abrégé (‘hatsi-Qaddich) ; après la Nefilat apayim et les Ta’hanounim, le Qaddich abrégé ; les lundis et jeudis, on ajoute un autre Qaddich abrégé après la lecture de la Torah ; après la Qédoucha de-sidra (Ouva lé-Tsion), le Qaddich Titqabal ; après le psaume du jour, le Qaddich des orphelins (Qaddich Yehé chelama) ; et après les paragraphes de l’encens (Pitoum haqetoret) de la fin de l’office, le Qaddich derabbanan (Chibolé Haléqet 8). Par le biais du Qaddich, nous concluons et nous élevons chaque étape de la prière vers sa plus haute vocation, l’honneur dû à Dieu. De là, nous poursuivons vers l’étape suivante.

On a coutume de confier aux endeuillés la récitation du Qaddich complet (Qaddich Yehé chelama) qui se dit après la lecture de versets, ainsi que le Qaddich derabbanan qui se dit après l’étude de paroles des sages. En effet, c’est une source de bienfait et d’élévation pour l’âme des défunts qu’un Qaddich récité à leur mémoire (comme nous l’expliquerons aux paragraphes 18-19). Quand il ne se trouve pas d’endeuillé parmi les fidèles, ces Qaddich sont récités par un fidèle qui n’a plus ni père ni mère. S’il ne se trouve aucun orphelin, l’usage répandu est qu’on ne les récite pas (La Prière d’Israël 23, 8, note 9).


[e]. Il tire son nom des premiers mots de la partie ajoutée au Qaddich de base : Yehé chelama rabba min Chema’ya…(« Qu’une grande paix nous soit accordée du Ciel… »).

[f]. Ainsi appelé d’après les premiers mots du passage qui y est ajouté : Titqabal tselotehon ouva’outehon… (« Que soient agréées les prières et les requêtes de toute la maison d’Israël… »).

[g].Comprise extensivement : la ‘Amida, conclue par les éventuelles supplications (Ta’hanounim), la lecture de la Torah, Achré/Tehila lé-David et Ouva lé-Tsion.

05. Barekhou

Avant les bénédictions du Chéma, l’officiant dit :

ברכו את ה’ המבורך

Barekhou et Ado-naï hamevorakh

« Bénissez l’Eternel, qui est béni. »

L’assemblée répond :

ברוך ה’ המבורך לעולם ועד

Baroukh Ado-naï hamevorakh lé’olam vaed

« Béni soit l’Eternel, qui est béni pour l’éternité. »

L’officiant, lui aussi, répète à la suite de l’assemblée : Baroukh Ado-naï hamevorakh lé’olam va’ed (Choul’han ‘Aroukh, Ora’h ‘Haïm 57,  1).

Lorsque l’officiant dit Barekhou, il s’incline légèrement, puis se relève en disant le nom divin. En ce qui concerne les fidèles, les usages divergent : certains ont coutume de s’incliner, comme on le fait pendant la ‘Amida, d’autres ne s’inclinent que légèrement, et d’autres encore ne s’inclinent  pas du tout. Chacun continuera d’observer la coutume de ses ancêtres. Dans un endroit où prient ensemble des fidèles de coutumes différentes, il convient que tous s’inclinent légèrement (cf. La Prière d’Israël 17, note 3).

La fonction essentielle de Barekhou est d’introduire les bénédictions du Chéma. En effet, en annonçant « Bénissez… », l’officiant appelle les fidèles à réciter les bénédictions qui encadrent le Chéma. De même, durant la lecture de la Torah, les appelés disent Barekhou en tant qu’introduction à la bénédiction de la Torah.

On a l’usage de redire Barekhou à la fin de l’office, afin que les retardataires, qui seraient arrivés après le début des bénédictions du Chéma, aient eux aussi le mérite d’y répondre (cf. La Prière d’Israël 16, 3, note 2 et 23, 9).

Sur la question de savoir s’il faut se lever lorsqu’on répond au Qaddich et à Barekhou, les usages divergent. D’après l’usage en vigueur chez la majorité des Séfarades, il n’est pas nécessaire de se lever lorsqu’on s’apprête à répondre à des paroles consacrées (devarim chébiqdoucha) ; mais si l’on est déjà debout, on doit le rester pendant le Qaddich et Barekhou (Maharil, Kaf Ha’haïm 56, 20 et 146, 20-21 ; Ye’havé Da’at 3, 4). Suivant l’usage observé par une majorité d’Ashkénazes, il convient de se lever pour répondre au Qaddich et à Barekhou, car ce sont des paroles consacrées (Michna Beroura 56, 7-8 et 146, 18). Toutefois, en ce qui concerne Barekhou, qui ne se dit qu’en un bref instant, de nombreux Ashkénazes ont l’usage de ne pas se lever complètement, mais plutôt de se lever légèrement de leur siège en inclinant la tête, dans les cas où l’on se trouve déjà assis – par exemple au moment de la lecture de la Torah (lorsque l’appelé dit Barekhou avant de prononcer la bénédiction), ou au début de l’office d’Arvit. De cette manière, on se lève et se prosterne quelque peu. C’est ce même usage que beaucoup observent lorsqu’ils répondent au zimoun[h] en présence de dix personnes ; or, bien qu’un tel zimoun appartienne à la catégorie des paroles consacrées et que, selon la coutume ashkénaze, il soit juste de se lever en son honneur, on se contente de se lever sommairement et non pleinement, puisqu’il se dit en un temps bref.


[h]. Introduction dialoguée à la Birkat hamazon, actions de grâce après le repas.

06. Répétition de l’officiant

Les membres de la Grande Assemblée (anché Knesset Haguedola) ont décrété qu’une fois la ‘Amida récitée par les fidèles, l’officiant répéterait celle-ci à voix haute, afin d’acquitter de leur obligation ceux qui ne savent pas prier par eux-mêmes (Roch Hachana 34b). Mais pour l’office d’Arvit, ils n’ont pas institué de répétition car, dans son fondement, cet office est facultatif, aussi n’est-il pas besoin d’en rendre quitte ceux qui ne sont pas versés dans le rituel.

Les sages ont décrété que l’officiant devait lui-même prononcer préalablement la ‘Amida à voix basse, avec les autres membres du minyan, afin d’en bien ordonner le texte dans sa bouche avant d’entamer sa répétition. Ils ont encore décrété que ceux qui savent prier par eux-mêmes doivent, eux aussi, écouter la répétition de l’officiant et répondre amen aux bénédictions.

Or, dans la mesure où ce sont les sages qui ont institué la répétition de l’officiant, il faut la réciter, même en un endroit où tous les fidèles savent prier par eux-mêmes. Même après que l’on eut autorisé de porter à l’écrit la Torah orale, dont fait partie le texte de la prière, et que les livres de prière se furent répandus, au point que presque aucun minyan ne comportait de membre comptant sur la répétition pour  se rendre quitte, le décret des sages ne fut pas révoqué. Car le principe veut que, une fois que les sages ont pris une décision, celle-ci n’est pas susceptible d’être modifiée en raison des circonstances (Choul’han ‘Aroukh 124, 3 d’après un responsum de Maïmonide). De plus, les sages ont institué, au sein de la répétition, la Qédoucha et la bénédiction sacerdotale ; or, si l’on ne disait plus la répétition de la ‘Amida, ces deux cérémonies sortiraient de l’usage (Tour).

Selon la Kabbale, il apparaît qu’en plus de sa signification première – rendre quitte ceux qui ne sont pas versés dans le rituel –, la répétition possède une signification mystique profonde. D’après cela, l’une et l’autre des récitations de la ‘Amida sont nécessaires – celle qui se dit à voix basse et celle de l’officiant –, car par leur biais la prière agit davantage. Aussi, même en un lieu où il n’est pas nécessaire d’acquitter d’éventuels « non-experts », il reste nécessaire de réciter la répétition de la ‘Amida, pour le motif profond que nous avons évoqué. La valeur de la répétition est même considérée comme plus élevée que celle de la ‘Amida dite à voix basse, en ce qu’elle est une prière plus collective, et en ce que le public répond amen à ses bénédictions. Aussi, bien que le contenu de la ‘Amida soit profond et suprêmement élevé, et que, pour respecter son élévation, le particulier doive la réciter à voix basse, la répétition, quant à elle, se dit à haute voix : en raison de sa haute valeur, il n’est pas à craindre que les écorces impures[i] aient prise sur elle (cf. Choul’han ‘Aroukh 124, 7, Kaf Ha’haïm 124, 2 et 16).


[i]. Ecorces (hébreu qlipa, plur. qlipot) : désigne, dans la mystique juive, les forces du mal, en ce qu’elles voilent le bien.

07. Quelques règles relatives à la répétition de l’officiant et au fait de répondre amen

Trois conditions doivent être rassemblées pour que le particulier puisse se rendre quitte de son obligation par l’écoute de la répétition de l’officiant : 1) Ne pas être capable de réciter soi-même la ‘Amida. Si l’on sait réciter cette prière, on s’oblige à le faire et à demander miséricorde par soi-même, et l’on ne peut s’acquitter par l’écoute de l’officiant. 2) Il faut encore qu’un minyan de dix hommes soit présent. En effet, si les sages ont établi que les particuliers pouvaient s’acquitter de leur obligation par l’écoute de l’officiant, ce n’est que dans le cadre d’un minyan. 3) L’auditeur doit comprendre les paroles de l’officiant. Si l’on ne comprend pas l’hébreu, on ne peut s’acquitter par cette répétition.

Les auditeurs, même s’ils ont prié par eux-mêmes, doivent avoir grand soin de répondre amen à chaque bénédiction récitée par l’officiant. Nos sages ont dit (Berakhot 53b) : « Celui qui répond amen est plus grand que celui qui prononce la bénédiction. »

On répond amen en y mettant toute son attention. En disant amen, on pensera que ce que vient de dire l’officiant est vérité[j]. Par exemple, quand on écoute la bénédiction « Béni sois-Tu, Eternel, le Dieu saint » (Baroukh… haE-l haqadoch), on doit penser : « C’est vrai qu’Il est le Dieu saint ». Quand la bénédiction comprend également une requête, on pensera aussi : « Plaise à Dieu que notre requête soit agréée devant Lui. » Par exemple dans la bénédiction ‘Honen hada’at (« … qui dispenses la sagesse »), on orientera sa pensée vers ces deux aspects : 1) c’est vrai que la sagesse vient de Dieu ; 2) plaise à Dieu de nous gratifier de sagesse (Choul’han ‘Aroukh 124, 6 ; Michna Beroura 25).

C’est ici le lieu d’approfondir quelque peu les règles relatives au mot amen, qu’il s’agisse de répondre amen à la répétition de la ‘Amida ou aux autres bénédictions. On répond amen d’une voix agréable, sans élever la voix plus que ne le fait l’officiant qui dit la bénédiction (Choul’han ‘Aroukh 124, 12). Le mot amen ne doit pas être trop court : on le prolongera quelque peu, de telle façon qu’il dure un temps équivalent à celui qu’il faut pour dire les mots E-l Mélekh Nééman (« Dieu, Roi fidèle »)[k]. À l’inverse, on ne prolongera pas ce mot plus qu’il ne faut.

Il ne faut pas précipiter le mot amen, en le disant avant que l’officiant ne termine la bénédiction. Il ne faut pas non plus escamoter le mot amen, en avalant l’une de ses lettres ou en le bredouillant d’une langue lâche et d’une voix faible. On ne retardera pas non plus le mot amen en l’éloignant de la fin de la bénédiction, car cela s’appellerait alors un amen yetoma (« amen orphelin ») (cf. Berakhot 47a ; Choul’han ‘Aroukh 124, 8).

Le fait de répondre amen à la suite des bénédictions est l’expression du lien  de l’homme avec la foi en Dieu, béni soit-Il. Or puisque notre vie dépend de Lui, un défaut affectant la foi entraîne une altération de la vie même. Ben ‘Azaï dit en ce sens : « Si l’on prononce un “amen orphelin”, on expose ses enfants à devenir orphelins ; un amen précipité – on expose sa vie à être abrégée ; un amen escamoté – on expose sa vie à être coupée. Mais si l’on prolonge le mot amen, ses jours et ses années se voient prolongés » (Berakhot 47a).

Les plus grands maîtres parmi les Richonim avaient coutume de dire Baroukh Hou ouvaroukh Chémo (« Béni soit-Il et béni soit Son nom ») après la mention du nom divin prononcé dans les bénédictions, et cet usage s’est répandu parmi le peuple juif. Cependant, cette formule ne se dit que lorsqu’il s’agit de bénédictions par lesquelles l’auditeur n’a pas à s’acquitter de sa propre obligation ; par exemple, dans la répétition de l’officiant, pour un fidèle qui a lui-même prononcé la ‘Amida à voix basse. En revanche, pour des bénédictions par lesquelles l’auditeur doit lui-même, en répondant amen, s’acquitter de son obligation, telles que celles du Qidouch ou de la sonnerie du chofar, on a l’usage de ne pas répondre Baroukh Hou ouvaroukh Chémo, afin de ne pas interrompre la bénédiction par une parole que les sages du Talmud n’ont pas instituée. A posteriori, si l’on a répondu Baroukh Hou ouvaroukh Chémo après une bénédiction par laquelle on comptait s’acquitter soi-même, on est quitte, car par cette incise, on n’a pas détourné son esprit de la bénédiction (Michna Beroura 124, 21 ; Kaf Ha’haïm 26 ; dans certaines communautés d’Afrique du Nord, cependant, on a l’usage de répondre Baroukh Hou ouvaroukh Chémo, même dans celles des bénédictions par lesquelles on compte s’acquitter soi-même ; quant aux Yéménites, ils n’ont pas du tout l’usage de dire cette formule)[l].


[j]. Le mot amen (« qu’il en soit ainsi ») est forgé sur la racine א.מ.ן, qui traduit une idée de force, de constance, de stabilité. Dans sa première acception, amen signifie : vérité, droiture, loyauté (Even-Shoshan, Hamilon hé’hadach).

[k]. Ces trois mots ont pour initiales les lettres aleph, mem, noun, qui forment ensemble le mot amen.

[l]. L’auteur rapporte, dans La Prière d’Israël 19, 3 note 2 : « Selon le ‘Hayé Adam et le Choul’han ‘Aroukh Harav 124, 2, si l’on a répondu Baroukh Hou ouvaroukh Chémo, on n’est pas quitte ; c’est aussi ce que pense le Igrot Moché, Ora’h ‘Haïm II 98. En revanche, d’après le Rav Messaoud ‘Haï Raqa’h (de Libye), on doit répondre Baroukh Hou ouvaroukh Chémo. » C’est aussi l’avis du Rav Chalom Messas pour les communautés du Maroc et d’Algérie. Cf. Divré Chalom vé-Emet du Rav Chelomo Tolédano, p. 152, qui justifie longuement cet usage, citant entre autres sources le Roch, le Tour, le Choul’han ‘Aroukh, Ora’h ‘Haïm 124, 5, le Qitsour Choul’han ‘Aroukh du Rav Raphaël Baroukh Tolédano et le Rav Pé’alim, lequel signale que cet usage, mentionné dans les Kavanot de Rabbi Isaac Louria, est fondé sur une source midrachique.

08. Qédoucha, Modim

Avant la troisième bénédiction, on inclut la Qédoucha. L’essentiel de la Qédoucha réside dans le fait de répondre Qadoch, qadoch, qadoch, Ado-naï Tséva-ot, melo khol haarets kevodo (« Saint, saint, saint est l’Eternel, Dieu des Légions, toute la terre est emplie de Sa gloire », Is 6, 3), Baroukh kevod Ado-naï mimeqomo (« Bénie soit la gloire de l’Eternel depuis Son Lieu », Ez 3, 12), et Yimlokh Ado-naï lé’olam, Elo-haïkh Tsion lédor vador, Alléluia (« L’Eternel régnera à jamais, ton Dieu, Sion, d’âge en âge, Alléluia », Ps 146, 10). De nos jours, l’usage veut, suivant la voie de Rabbi Isaac Louria, de mémoire bénie, que l’assemblée dise également les phrases de transition qui relient ces versets, après quoi l’officiant prononce lesdites phrases de transition à voix haute ; puis l’assemblée lui répond par les versets de la Qédoucha (Michna Beroura 125, 2, Kaf Ha’haïm 2).

Il est bon de se tenir debout, pieds joints, pendant la Qédoucha, car nous la prononçons sur le modèle des anges dont les jambes sont jointes, au point qu’elles semblent constituer une seule et même jambe (Choul’han ‘Aroukh 125, 2). Certains ont soin d’ajouter un supplément de perfection en restant pieds joints jusqu’à la fin de la bénédiction HaE-l haqadoch (Elya Rabba 125, 6) ; cela n’est toutefois pas obligatoire.

On a coutume de surélever un peu les talons quand on dit Qadoch, qadoch, qadoch, ainsi que Baroukh et Yimlokh, et d’élever les yeux, paupières closes, afin d’exprimer sa volonté de s’élever et de tendre vers les hauteurs (Beit Yossef et Rama 125, 2 ; cf. Michna Beroura 6 et Kaf Ha’haïm paragraphes 2 et 9, qui rapportent que, selon certains avis, on ouvre les yeux).

Quand l’officiant arrive à Modim (bénédiction de la reconnaissance), toute l’assemblée se prosterne avec lui et récite le Modim derabbanan, dont le texte diffère du Modim principal, comme l’explique le Talmud (Sota 40a). Cette prosternation doit être semblable à celle de la bénédiction Modim prononcée durant la ‘Amida dite à voix basse (Michna Beroura 127, 2, Kaf Ha’haïm 1 ; cf. ci-dessus chap. 12 § 5).

09. À quels moments il est permis de s’interrompre pour répondre à des paroles consacrées

Comme nous l’avons vu, il est interdit de s’interrompre par des paroles au cours de la récitation des Pessouqé dezimra, du Chéma et de ses bénédictions ; toutefois, pour un motif urgent – pour empêcher un dommage ou une offense –, il devient permis de s’interrompre (chap. 16 § 14 ; chap. 15 § 6). Dès lors, de même qu’il est permis de s’interrompre pour une grande nécessité, de même est-ce permis pour répondre à des paroles consacrées (devarim chébiqdoucha). Par conséquent, si l’on est en train de réciter les Pessouqé dezimra ou le Chéma Israël et ses bénédictions, et que l’on entende le Qaddich, Barekhou, la Qédoucha ou encore Modim, on est autorisé à y répondre. Toutefois, ce n’est pas obligatoire, car réciter les Pessouqé dezimra, c’est déjà s’appliquer à des paroles saintes, et il n’y a aucune atteinte à l’honneur du Ciel à continuer sa prière. Cependant, si l’on se trouve parmi des femmes qui répondent à la Qédoucha ou à Modim, il convient de s’interrompre pour répondre avec elles, car les paroles qu’elles prononcent alors sont accompagnées de gestes : durant la Qédoucha on se tient pieds joints, pendant Modim on se tient debout et l’on s’incline ; or si l’on ne se levait pas, on semblerait se mettre en marge des autres fidèles, aussi est-il préférable de se lever avec l’assemblée ; et puisque l’on se sera déjà interrompu pour se lever comme les autres, il sera aussi préférable de répondre avec elles.

Lorsque nous disons qu’il est permis de s’interrompre pour répondre au Qaddich, nous visons la première partie de celui-ci (le « Qaddich abrégé », cf. supra § 4). En revanche, on ne répond pas aux phrases supplémentaires, car celles-ci ne ressortissent pas à la partie principale du Qaddich. De même, il est clair que l’on ne s’interrompt pas pour répondre Baroukh Hou ouvaroukh Chémo, car cette incise est seulement coutumière.

Quant au fait de répondre amen aux bénédictions, par exemple à celles que dit l’officiant lors de la répétition de la ‘Amida : si l’on est en train de réciter les Pessouqé dezimra, il est permis d’y répondre, mais si l’on se trouve dans la lecture du Chéma ou ses bénédictions, on n’y répondra pas (cf. La Prière d’Israël 14, 4, note 7 ; 16, 5, note 4)[4].


[4]. Suivant la coutume ashkénaze, quand on est au milieu des bénédictions du Chéma, on répond amen aux bénédictions HaE-l haqadoch et Choméa’ téphila (que l’on dit, pour cette dernière, les jours ouvrables), car ces bénédictions ont un statut plus élevé que les autres, en vertu du fait que, par elles, on conclut les bénédictions de louange, d’une part, et les bénédictions de requête, d’autre part. Suivant la coutume séfarade, le statut applicable à ces deux bénédictions est semblable à celui des autres, et l’on n’y répond pas. De même, selon la coutume séfarade, si l’on achève la lecture d’une des bénédictions du Chéma avant l’officiant, on ne répond pas amen à sa suite, non plus qu’à aucune autre bénédiction. Selon la coutume ashkénaze, en revanche, on répond amen : puisqu’il s’agit d’une bénédiction du Chéma, le fait d’y répondre ne constitue pas une interruption (Michna Beroura 59, 24-25, Kaf Ha’haïm 26, 28).

10. Passages où l’on ne s’interrompt pas

Lorsque nous disons qu’il est permis de répondre à des paroles consacrées alors que l’on est en train de lire l’une des bénédictions du Chéma, ce n’est que si l’on récite le contenu de ladite bénédiction : du début de celle-ci à la phrase qui précède la formule finale (Baroukh Ata Ado-naï…). En revanche, si l’on a déjà dit la formule Baroukh Ata Ado-naï qui ponctue la bénédiction, et qu’il ne reste que quelques mots à dire pour la conclure, on ne s’interrompt pas. En effet, si l’on s’interrompait, ce serait amputer la bénédiction (Béour Halakha 66, 3).

De même, quand on dit le verset Chéma Israël ou la phrase Baroukh chem kevod malkhouto lé’olam va’ed, par lesquels on reçoit le joug de la royauté du Ciel, on ne s’interrompt pour aucune parole, car la règle qui s’applique à ces passages est semblable à celle qui régit la ‘Amida (Choul’han ‘Aroukh 66, 1).

Si, au cours de sa lecture des bénédictions du Chéma ou des Pessouqé dezimra, on doute d’être autorisé à répondre à quelque parole, il est préférable de s’en abstenir car, comme nous l’avons vu, dans les cas même où il est permis de répondre, ce n’est pas une obligation ; aussi, en tout cas de doute, il vaut mieux ne pas répondre (La Prière d’Israël 16, note 4).

Quand on récite la ‘Amida, il est interdit de répondre à quelque parole consacrée que ce soit, y compris au Qaddich et à la Qédoucha. Mais il est permis, en se taisant, de porter son attention sur le Qaddich et sur la Qédoucha récités par l’officiant et de s’y associer en pensée, car l’écoute, investie d’une intention, est considérée comme tenant lieu de réponse ; et tel est l’usage. Toutefois, si le fait de s’interrompre pour écouter l’officiant a pour effet de perturber la concentration de la fidèle, il est préférable que celle-ci continue sa prière (La Prière d’Israël 17, 15).

Les jours de semaine, entre la fin de la bénédiction Gaal Israël (« qui délivras Israël ») et le début de la ‘Amida, on ne doit s’interrompre pour aucune parole consacrée, car juxtaposer la mention de la Délivrance à la prière contribue à nous préserver de souffrances. Mais le jour de Chabbat, qui n’est pas appelé jour de détresse, il n’est pas si nécessaire de juxtaposer la mention de la Délivrance à la prière, et, de l’avis de la majorité des décisionnaires, il est permis de s’interrompre afin de répondre à des paroles consacrées. Les jours de fête, qui sont des jours de jugement (à Soukkot, on est jugé sur l’eau, à Pessa’h sur la récolte céréalière, à Chavouot sur les fruits de l’arbre, comme l’indique le traité Roch Hachana 16a), il est interdit de s’interrompre entre la mention de la Délivrance et la prière (Choul’han ‘Aroukh 66, 9 ; Rama 111, 1 ; La Prière d’Israël 16, note 7).