[e]. Littéralement, « plénitude de bouche ». Majorité de la quantité de liquide que peut contenir la bouche.
[5]. Selon Na’hmanide, cité comme opinion alternative par le Choul’han ‘Aroukh 472, 9, il est obligatoire de boire la majorité de la coupe, même si celle-ci est grande ; mais pour la majorité des décisionnaires, cela n’est pas indispensable. A priori, il est bon, cependant, de tenir compte de l’opinion de Na’hmanide, comme l’explique le Michna Beroura 33.
Quoique la position principale de la halakha suive l’usage habituel, nous avons davantage mis l’accent, ci-dessus, sur le hidour consistant à tenir également compte de la position du ‘Hazon Ich ; en effet, le supplément de boisson constitue ici un supplément de perfection apporté à la mitsva de la joie ; la mesure de revi’it est petite, et ceux qui veulent embellir la mitsva boivent davantage. Aussi, pour être quitte aux yeux de tous, on prendra a priori une coupe d’une capacité de 150 ml, et l’on en boira la majorité ; de cette façon, on aura bu la mesure de melo lougmav suivant tous les avis, et, puisque l’on aura bu la majorité du verre, on sera également quitte d’après Na’hmanide.
S’il est difficile de boire toute la coupe, quand elle est de taille « ‘Hazon Ich » (150 ml), on perdra certes le bénéfice du hidour consistant à boire tout le verre – mais nous avons vu que l’on pouvait, a priori, se rendre quitte en consommant la mesure habituelle de 75 ml. Quoi qu’il en soit, si l’on veut embellir la mitsva, il semble préférable de s’accorder, prioritairement, avec toutes les opinions, plutôt que de s’attacher à boire l’intégralité d’un verre de taille standard, perdant ainsi le bénéfice de s’acquitter selon le ‘Hazon Ich. Toutefois, si l’on est heureux de boire du vin, le mieux est certes de boire l’intégralité d’un verre de taille « ‘Hazon Ich » (150 ml). Si l’on craint d’être enivré, on y mêlera, si l’on veut, du jus de raisin ou de l’eau : ainsi, on pourra boire.
[f]. Précision de l’auteur pour l’édition française : l’âge de l’éducation (guil ‘hinoukh) débute quand l’enfant commence à développer sa compréhension. Dans de nombreux domaines, on vise par-là l’âge de six ou sept ans, mais dans les domaines où les enfants comprennent plus tôt, l’âge de l’éducation commence lui aussi plus tôt.
[6]. Pour plus de précisions : la mesure dite akhilat pras est une mesure de temps nécessaire à une consommation continue. La controverse porte sur le fait de savoir si la règle, en matière de boisson, est semblable à celle qui s’applique aux aliments solides. Selon Maïmonide, puisqu’on a l’habitude de boire plus vite qu’on ne mange, la règle de la boisson est différente : seule une consommation assez continue du liquide peut être considérée comme constituant un seul ensemble. Selon le Raavad, la boisson a même règle que les solides : dès lors que l’on a bu dans le délai d’akhilat pras, la consommation est considérée comme faisant un seul ensemble.
A priori, il faut boire de façon continue, conformément aux vues de Maïmonide. Si l’on a bu dans le délai d’akhilat pras, on ne sera pas quitte aux yeux de Maïmonide, mais on le sera aux yeux du Raavad. Toutefois, suivant le principe qui veut que, en cas de doute portant sur une règle rabbinique, on suive la voie indulgente, il ne sera pas nécessaire de reboire. C’est la position du ‘Aroukh Hachoul’han 472, 13 et des responsa ‘Hazon ‘Ovadia 12. Bien plus, selon certains, les propos de Maïmonide ne visent que la boisson d’une chose interdite : on ne sera passible de sanction (malqout) que dans le cas où l’on aura consommé une boisson interdite de façon continue ; mais pour ce qui concerne les questions ayant trait aux bénédictions de jouissance, Maïmonide, lui aussi, reconnaîtrait que les différentes gorgées, absorbées dans le délai d’akhilat pras, s’associent les unes aux autres, puisque, dans un tel cas, on jouit de la boisson. C’est l’opinion du Knesset Haguedola, du Choul’han ‘Aroukh Harav et du ‘Hatam Sofer. Selon eux, il se peut bien que, dans notre cas également, Maïmonide reconnaîtrait que les différentes gorgées s’associent les unes aux autres.
Cependant, nous trouvons dans d’autres sources que, lorsqu’il est facile d’être quitte selon toutes les opinions, certains décisionnaires prescrivent, même en cas de doute portant sur une norme rabbinique, d’être rigoureux. Aussi, le Maguen Avraham, le Choul’han ‘Aroukh Harav 472, 20 et le Michna Beroura 34 estiment-ils que, s’il s’agit de la deuxième coupe, on devra reboire. En revanche, s’agissant des deux dernières coupes, on ne reboira pas, car on semblerait alors ajouter au nombre de coupes prescrites par les sages ; on s’appuiera donc, pour ces deux coupes, sur l’opinion du Raavad – pour lequel on est quitte, même quand on s’est interrompu –à condition de ne pas avoir dépassé le délai d’akhilat pras. (Concernant, la première coupe, cf. Michna Beroura 472, 21.) Si l’on se place du point de vue de ceux qui, comme le Choul’han ‘Aroukh, estiment qu’il n’est pas à craindre de paraître ajouter au nombre de coupes, il conviendrait cependant d’être rigoureux pour chacune des quatre coupes, et de boire de nouveau, comme l’écrit le Ben Ich ‘Haï 96, 29. Aussi écrivons-nous ci-dessus que certains sont rigoureux, bien que nous soyons dans le cas d’un double doute (sfeq sfeqa) en matière rabbinique. En effet, pour le Raavad, on est évidemment quitte ; et pour Maïmonide lui-même, il se peut qu’on le soit (certains auteurs ont peut-être tendance, pour cette mitsva spécialement, à pousser la rigueur au-delà des principes généraux de la halakha, parce que cette mitsva exprime la joie).
Cf. encore ci-après, § 25 et note, où sont rapportées différentes opinions quant à l’évaluation du délai d’akhilat pras, la mesure moyenne étant de six à sept minutes. Mais a priori, il est bon de suivre l’évaluation rigoureuse : quatre minutes ; a posteriori, on est quitte jusqu’à neuf minutes.