Pniné Halakha

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09. Les deux boucs et le taureau

C’est un fait merveilleux que nous trouvons, dans le rituel d’expiation de Yom hakipourim. Le taureau et le bouc, seuls sacrifices de l’année dont le sang fût aspergé dans le saint des saints, expiaient « l’impureté du sanctuaire et des offrandes » ; c’est-à-dire l’impureté causée par ceux qui savaient être impurs, et qui, malgré cela, avaient pénétré dans le sanctuaire, ou avaient mangé de la chair de sacrifices. Le taureau faisait expiation sur les prêtres, et le bouc sur Israël. Face à cela, l’autre bouc, qui était envoyé à la vallée d’Azazel, expiait toutes les autres fautes. La question est de savoir comment il se peut que le taureau et le bouc dont le sang était aspergé dans le saint des saints expiaient un seul péché, tandis que le bouc émissaire expiait toutes les autres fautes[2].

Il y a là une idée très profonde et importante. La racine de toutes les fautes provient d’un défaut que l’on a dans sa foi (émouna) ; un défaut dans le lien que l’on a avec son Créateur, source de sa vie. Le sanctuaire et ses saintetés révèlent la foi dans le monde ; aussi, le fondement de l’expiation dépend-il de la réparation de la foi en sa racine suprême, au saint des saints. Après que la foi elle-même se trouve purifiée de l’impureté qui s’y agrège, toutes les autres fautes vont se séparant de l’homme, parce que celui-ci se lie de nouveau à Dieu, désire ardemment s’attacher à la Torah et à ses mitsvot, et comprend que toutes ses fautes émanaient d’une erreur, de séductions extérieures. Aussi les fautes n’appartiennent pas en propre à l’homme, et leur place est en un lieu abandonné : elles sont toutes envoyées à la vallée d’Azazel.

Le bouc voué à l’Éternel apportait l’expiation à Israël ; mais les cohanim, qui ont pour responsabilité que le lien unissant Israël à Dieu soit maintenu, requéraient une expiation supplémentaire ; aussi leur sacrifice était-il plus grand : un taureau expiatoire. En premier lieu, le Grand-prêtre devait expier ses propres fautes et celles de ses frères, les cohanim, pour tout abus qu’ils auraient pu commettre dans le cadre de leurs saintes fonctions ; ce n’est qu’après cela qu’il pouvait poursuivre, et donner expiation à Israël pour l’impureté causée au sanctuaire et aux offrandes.

C’est à ce propos qu’il est dit :

Il prendra du sang du taureau et en fera l’aspersion, de son doigt, sur la face du propitiatoire, à l’est ; et devant le propitiatoire il fera de son doigt sept aspersions du sang. [Après cela] il égorgera le bouc expiatoire qui est pour le peuple, et apportera son sang de l’autre côté du voile, et il fera, avec son sang, ce qu’il aura déjà fait avec celui du taureau : il l’aspergera sur le propitiatoire et devant le propitiatoire. Et il fera expiation, sur le sanctuaire, des impuretés des enfants d’Israël et de leurs péchés, selon toutes leurs fautes. Ainsi procèdera-t-il pour la tente d’assignation, qui réside avec eux parmi leurs impuretés. (…) Il sortira en direction de l’autel qui est devant l’Éternel, et fera expiation sur lui (Lv 16, 14-18).

Après que l’expiation de l’impureté causée au sanctuaire et aux offrandes était achevée, l’ensemble des autres transgressions étaient traitées à part, et le Grand-prêtre pouvait les envoyer à Azazel, au désert, comme il est dit :

Lorsqu’il aura achevé l’expiation pour le sanctuaire, pour la tente d’assignation et pour l’autel, il présentera le bouc vivant [que l’on s’apprête à envoyer à Azazel]. Aaron imposera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et il confessera sur lui toutes les iniquités des enfants d’Israël et tous leurs péchés, selon toutes leurs fautes, et il les mettra sur la tête du bouc, qu’il renverra par le biais d’un homme préparé à cela, au désert. Le bouc portera sur lui toutes leurs iniquités en une terre inhabitée ; et l’on renverra le bouc dans le désert (ibid. 20-22).


[2]. Le taureau apporte l’expiation aux cohanim, pour la faute commise contre le sanctuaire et contre ses offrandes. Selon Rabbi Yehouda, dans la michna Chevou’ot 2b, le bouc émissaire apportait l’expiation aux cohanim et à Israël pour toutes les autres fautes. C’est aussi ce qu’écrivent Maïmonide (Chegagot 11, 9 ; c’est encore ce qui ressort des Hilkhot téchouva 1, 2) et le Méïri, ‘Hibour Hatéchouva 1, 2. Toutefois, selon Rabbi Chim’on , toutes les fautes des cohanim sont expiées par le taureau. C’est aussi l’opinion du Radbaz (IV 1, 108) et du Peri ‘Hadach (Maïm ‘Haïm).

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