04. Contenu du premier paragraphe
Le premier paragraphe, « Chéma » (Dt 6, 4-9) est composé de trois parties : 1) le fondement de la foi ; 2) la signification de ce fondement dans notre vie ; 3) des instructions pour enraciner la foi dans notre vie.
- Dans le premier verset, « Ecoute Israël, l’Eternel est notre Dieu, l’Eternel est Un », nous apprenons le fondement de la foi juive unitaire : Dieu, béni soit-Il, est le maître de tout, et il n’est aucune force dans l’univers en dehors de Lui. Et bien qu’il nous semble y avoir dans le monde des forces différenciées et séparées les unes des autres, la vérité est que Dieu est Un, qu’Il insuffle la vie à chacune d’entre elles, et que rien n’existe indépendamment de Lui.
- La signification de cette foi dans notre vie est qu’aucune valeur dans le monde ne peut s’abstraire de l’attachement à Dieu béni soit-Il. Aussi, le Chéma se poursuit-il par : « Tu aimeras l’Eternel ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. » Les sages expliquent (Berakhot 54a) :
- « De tout ton cœur : avec tes deux penchants[c], le penchant au bien et le penchant au mal ». Car le penchant au mal lui-même doit être assujetti au service de Dieu, que ce soit en le contraignant ou en l’inversant dans le sens du bien.
- « De toute ton âme : même si l’on enlevait ton âme », car on doit être prêt au sacrifice de sa vie au nom de sa foi en Dieu.
- « Et de tout ton pouvoir : avec toute ta fortune », car l’argent et les possessions eux-mêmes doivent servir de base et de moyen au service de Dieu ; et si l’on exige d’un Juif de transgresser sa religion sauf à perdre tout son argent, il devra renoncer à son argent et ne pas renier sa foi. Les sages expliquent également : « De tout ton pouvoir : quelle que soit la mesure[d] qu’Il t’attribue, sois-Lui extrêmement reconnaissant. »
- Dans la troisième partie, la Torah nous enseigne comment enraciner en nous les principes de la foi que nous venons de mentionner. Premièrement : « ces paroles que je t’ordonne en ce jour seront dans ton cœur » ; de plus : « tu les enseigneras à tes enfants ». Même après avoir très bien appris les principes de la foi, et à moins de les répéter et de les rappeler chaque jour à son souvenir, les soucis et les occupations du quotidien risquent de faire oublier à l’homme sa foi. Aussi, la Torah prescrit-elle : « Tu en parleras, assis dans ta maison, en marchant en chemin, à ton coucher et à ton lever. » Là se trouve la base de l’obligation de lire le Chéma le matin et la nuit. Cependant, la Torah ne s’est pas contentée de la seule lecture du Chéma ; elle a ajouté le commandement de placer les paragraphes de la foi à l’intérieur des téphilines et de les attacher à son bras et sur sa tête : « Tu les attacheras en signe sur ton bras et ils seront un fronteau entre tes yeux. » Ce n’est pas tout : la Torah a encore ordonné de fixer ces paragraphes sur les poteaux des portes de sa maison : « Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes », de façon qu’à tout moment où nous entrons ou sortons de nos demeures, nous remarquions la mézouza[e] et nous nous ressouvenions des principes de la foi d’Israël.
[d]. Mida, mesure, jeu de mot avec meod, pouvoir : « Pour toute mesure que Dieu t’attribue, mesure de bienfait ou mesure d’adversité ».
[e]. Mézouza : étui fixé aux poteaux de nos portes, contenant un parchemin sur lequel sont écrits les deux premiers paragraphes du Chéma, où il est précisément question de la mitsva de fixer « ces paroles » sur les poteaux de nos portes.