Pniné Halakha

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02. Les trente-neuf travaux du Tabernacle et leurs dérivés

Les travaux dont l’exécution est interdite le Chabbat sont l’ensemble des travaux qui furent exécutés pour les besoins de la construction du Tabernacle. En effet, juxtaposé au paragraphe relatif à la construction du Tabernacle, se trouve le verset suivant : « Toutefois, vous garderez mes Chabbats » (Ex 31, 13), afin de nous apprendre que, bien que la construction du Tabernacle soit une grande mitsva, il faut s’abstenir, pendant Chabbat, de l’ensemble des travaux nécessaires à cette construction. C’est ce qu’expriment nos sages : « On n’est punissable que pour l’exécution d’un travail assimilable à l’un des travaux nécessaires à la construction du Tabernacle » (Chabbat 49b). Il est écrit, de même : « Mes Chabbats, vous les garderez, et mon Sanctuaire, vous le craindrez ; Je suis l’Eternel » (Lv 19, 30) ; ce que Rachi commente : « Bien que Je vous mette en garde au sujet du Sanctuaire, vous garderez mes Chabbats : la construction du Temple ne repousse pas le Chabbat. »

Cela signifie que l’homme, créé à l’image de Dieu, a pour mission fondamentale de s’associer à Dieu dans le parachèvement[f] du monde. Or le parachèvement essentiel du monde réside dans la construction du Sanctuaire, dans lequel réside la Présence divine. Du Tabernacle (michkan), la lumière rayonne sur le monde entier ; il apparaît alors que l’univers entier est propre à constituer un Tabernacle, c’est-à-dire un lieu où réside la Présence divine. Car en tout lieu où l’homme accomplit son ouvrage au nom du Ciel, avec droiture et miséricorde, afin d’ajouter au bien du monde, réside la Présence divine, et la sainteté du Tabernacle s’étendra jusqu’à lui. Nous voyons donc que toutes les réalisations qui sont au monde ont pour but, dans leur essence, de faire de ce monde un Sanctuaire où repose la Présence divine. Or malgré toute la valeur de cette œuvre, nous avons ordre de nous en dessaisir le jour de Chabbat. De même que le Saint béni soit-Il créa le monde en six jours et cessa l’œuvre créatrice le septième jour, conférant en cela une signification profonde aux six jours de l’action, ainsi nous est-il ordonné de cesser notre œuvre, le Chabbat, ce par quoi il nous est donné de révéler la valeur profonde de tous nos travaux (cf. supra chap. 1 § 10).

Nous tenons qu’il fut dit à Moïse notre maître, sur le mont Sinaï, que le nombre des travaux du Tabernacle était de trente-neuf (Chabbat 70a). En voici la liste : 1) semer ; 2) labourer ; 3) moissonner ; 4) mettre en gerbe ; 5) battre les céréales ; 6) vanner ; 7) trier ; 8) moudre ; 9) tamiser ; 10) pétrir ; 11) cuire ; 12) tondre la laine ; 13) blanchir la laine ou le lin ; 14) carder ; 15) teindre ; 16) filer ; 17) ourdir ; 18) introduire deux fils de chaîne à l’intérieur des anneaux d’un métier à tisser ; 19) tisser deux fils de trame dans la chaîne ; 20) ôter deux fils de trame de la chaîne, ou deux fils de chaîne de la trame ; 21) nouer ; 22) dénouer ; 23) coudre deux points ; 24) déchirer pour recoudre deux points ; 25) chasser un cerf ; 26) l’égorger ; 27) le dépecer ; 28) saler et tanner la peau ; 29) tracer des traits ; 30) racler ; 31) découper ; 32) écrire deux lettres ; 33) effacer afin d’écrire deux lettres ; 34) construire ; 35) démolir afin de construire ; 36) éteindre un feu ; 37) allumer ou attiser un feu ; 38) donner à un ouvrage un dernier coup de marteau pour en achever la fabrication ; 39) transférer un objet d’un domaine à un autre (Chabbat 73b).

Ces trente-neuf travaux sont appelés travaux-principes (av mélakha, pluriel avot mélakhot) ; les travaux qui leur sont semblables sont, eux aussi, appelés travaux-principes. En revanche, des travaux qui ne ressemblent à un travail-principe que partiellement sont appelés dérivés (tolada, pluriel toladot). Il n’y a pas, en pratique, de différence de régime entre le principe et son dérivé : tous deux sont interdits par la Torah, et la peine encourue est identiques pour l’un et pour l’autre. Simplement, tout travail qui est semblable à ce que l’on faisait dans le cadre de la construction du Tabernacle se nomme av mélakha, tandis qu’un travail dont la ressemblance avec l’un des travaux du Tabernacle est plus éloignée se nomme tolada (Maïmonide, Commentaire de la Michna, Chabbat 7, 2).

La conséquence halakhique de la division des travaux sabbatiques en trente-neuf est que, si un même homme a fauté par erreur et a exécuté l’ensemble des trente-neuf travaux, il devra apporter au Temple trente-neuf sacrifices expiatoires. S’il a fait cinq travaux différents, il devra cinq expiatoires. Mais s’il a accompli plusieurs ouvrages relevant du même travail-principe et de ses dérivés, il ne devra qu’un seul expiatoire (Maïmonide op. cit. 7, 7-9).


[f]. Tiqoun : littéralement réparation. Amendement, processus visant à amener le monde à son but et à sa perfection.
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