Puisqu’il est de coutume de réciter la bénédiction Leichev ba-souka avant de se restaurer, la question s’est posée de savoir par quelle bénédiction commencer. La coutume ashkénaze, et d’une partie des communautés séfarades, est de réciter en premier lieu la bénédiction de la nourriture, ensuite Leichev ba-souka. En effet, par le biais de la nourriture, on contracte l’obligation de s’asseoir dans la souka ; aussi, la bénédiction de la nourriture a-t-elle priorité sur celle de la souka. Et il n’est pas nécessaire de se lever au moment où l’on récite la bénédiction de la souka. Selon d’autres communautés séfarades, il est préférable de commencer par Leichev ba-souka, que l’on récite debout ; après cette bénédiction, on s’asseoit pour réciter celle de la nourriture. Il convient à chacun de poursuivre la coutume de ses pères[8].
Si l’on a oublié de réciter Leichev ba-souka au début du repas, on récitera cette bénédiction au cours du repas, puis on continuera de manger. Si l’on ne s’en souvient qu’après avoir terminé le principal de son repas, mais que l’on puisse encore manger ou boire quelque chose avant le Birkat hamazon, on dira la bénédiction Leichev ba-souka, puis on mangera ou boira quelque chose. Si l’on s’en souvient après le repas, la majorité des décisionnaires estiment que l’on devra dire la bénédiction, bien que l’on n’ait pas l’intention de continuer de manger (Michna Beroura 639, 48) ; mais la coutume séfarade est de ne point dire la bénédiction en ce cas (Ye’havé Da’at V 48).
Tant que l’on reste dans la souka, la bénédiction que l’on a récitée sur elle au début reste efficace. Même si l’on prend un repas supplémentaire, on ne répétera pas Leichev ba-souka avant de manger. Même si l’on s’interrompt quelques instants pour aller aux toilettes, ou que l’on sorte pour apporter quelque objet ou pour converser avec un ami, on ne répétera pas la bénédiction quand on reviendra dans la souka ; car celle que l’on a récitée au début est encore efficace (Michna Beroura 639, 47). Mais si l’on sort pour quelque importante nécessité – par exemple pour prier, ou pour se livrer à ses affaires – on répétera la bénédiction de la souka quand on y reviendra. Et même si l’on en est sorti sans qu’il y eût à cela d’importante nécessité, si l’absence a duré plus d’une heure, on répétera la bénédiction à son retour (Choul’han ‘Aroukh Harav 639, 13)[9].
Si l’on a commencé à manger dans sa souka et que l’on ait l’intention de poursuivre son repas dans la souka de son ami, la règle est la suivante : si, au moment où l’on a dit la bénédiction Hamotsi, on a formé l’intention d’inclure ce que l’on continuerait à manger au repas de son ami, on s’est acquitté aussi, ce faisant, de la bénédiction Leichev ba-souka dans la souka de l’ami. Si l’on n’a pas formé cette intention, on doit réciter le Birkat hamazon avant de sortir de sa propre souka ; puis, dans la souka de son ami, de même que l’on devra dire les bénédictions relatives à la nourriture, de même devra-t-on dire la bénédiction relative au séjour dans la souka (chacun selon ce que sa coutume lui fait obligation de réciter)[10].
[9]. Selon le Baït ‘Hadach et le Touré Zahav 639, 20, si l’on a prononcé la bénédiction à l’occasion de son repas, et que l’on soit resté dans la souka de manière continue, puis que l’on s’apprête à prendre un nouveau repas régulier, on répétera Leichev ba-souka ; car, de prime abord, quand on a récité la première bénédiction, on n’avait l’intention de s’en acquitter que jusqu’au repas suivant non inclus. Selon le Levouch, le Chné Lou’hot Habrit et le Maguen Avraham 17, on ne doit pas répéter la bénédiction, puisque l’on n’aura pas détourné son esprit [de la souka] entre-temps. C’est aussi l’avis du Choul’han ‘Aroukh Harav, du ‘Hayé Adam, du Michna Beroura 47 – Cha’ar Hatsioun 86. Telle est la halakha, puisque, en cas de doute portant sur une bénédiction, on est indulgent. S’il se trouve là une personne qui doit réciter la bénédiction, il sera bon de lui demander de former l’intention de nous en acquitter. Certains auteurs estiment que si, entre un repas et un autre, on est sorti de la souka pour un temps bref, et bien qu’une telle sortie ne soit pas considérée comme une interruption, on devra répéter la bénédiction dans le cas présent, où l’on s’apprête à commencer un nouveau repas régulier (Ya’avets, Bikouré Ya’aqov). D’autres disent que, même en ce cas, on ne répétera pas la bénédiction (Dérekh Ha’haïm, Choul’han ‘Aroukh Harav et d’autres). Là encore, s’applique le principe : « en cas de doute portant sur une bénédiction, on est indulgent » (Cha’ar Hatsioun 86).
[10]. Certes, pour le Maguen Avraham et le Choul’han ‘Aroukh Harav, si l’on s’est rendu dans la souka de son ami au milieu de son repas, on devra redire la bénédiction de la souka. Cependant, selon le Touré Zahav et le Levouché Serad, si l’on a formé cette intention au moment où l’on a récité la bénédiction Leichev ba-souka, il n’est pas nécessaire de la répéter. Dans le doute, le Michna Beroura 639, 48 (Cha’ar Hatsioun 93-94) tranche en disant de ne pas la répéter. Si l’on s’est rendu dans la souka de son prochain après avoir fini son repas et récité le Birkat hamazon, c’est, de prime abord, que l’on n’avait pas l’intention d’inclure la souka de son prochain dans la bénédiction Leichev ba-souka ; dans ces conditions, si l’on veut y manger, on y dira Leichev ba-souka. Cf. en Pniné Halakha – Lois des bénédictions, chap. 3 § 11, le cas de celui qui veut poursuivre son repas chez son prochain ; cf. encore Pisqé Techouvot 639, 19 (3-5).