Pniné Halakha

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02. Malade dont l’état n’est pas dangereux

Quand bien même un malade est accablé de souffrance, et tant qu’aucun danger n’est prévisible pour sa vie, il lui est interdit de manger et de boire, même en très faible quantité. Cela, parce que le jeûne de Kipour est une obligation de la Torah ; aussi, seuls les cas de danger pour la vie ont priorité sur lui. Ici réside la différence entre le jeûne de Kipour et les autres jeûnes. Les malades eux-mêmes ont l’obligation d’observer le jour de Kipour, puisque les interdits de manger et de boire sont alors toraniques ; tandis que les malades sont dispensés de jeûner le 9 av, et que, s’agissant des jeûnes courts, même les femmes enceintes ou qui allaitent sont dispensées (Pniné Halakha, Zemanim – Fêtes et solennités juives I, 10, 2-4).

Par conséquent, les personnes grippées, angineuses ou souffrant de quelque autre maladie de ce genre, ont l’obligation de jeûner à Kipour, puisqu’aucun danger vital n’est à prévoir de leur état. Il est préférable qu’un malade soit couché toute la journée dans son lit, et n’aille pas à la synagogue, pourvu qu’il ne boive rien, même une quantité infime. La mitsva essentielle du jour réside en effet dans le jeûne, par le biais duquel Dieu purifie Israël de ses fautes. On s’efforcera alors, quand on sera sur son lit, de prier selon ses possibilités ; et s’il est difficile de lire dans son rituel de prières, on s’efforcera de formuler, en son cœur et par ses lèvres, des prières personnelles, pourvu que l’on ne boive ni ne mange rien. De même, un homme dont la femme est enceinte, ou allaite, et ne peut pas, en raison de son état, s’occuper de ses enfants et jeûner à la fois, restera à la maison et s’occupera lui-même des enfants, afin que son épouse puisse accomplir la mitsva du jeûne, mitsva toranique ; car le jeûne importe davantage que le fait de prier en minyan et à la synagogue.

Il est permis à un malade qui souffre à cause de sa maladie d’avaler des comprimés curatifs. Cela, à la condition que ces comprimés n’aient pas bon goût, et qu’on ait soin de les avaler sans eau. Si l’on ne peut pas les avaler sans eau, on mâchera ce remède amer et on l’avalera, ou l’on mêlera à un peu d’eau une goutte de savon qui en dénaturera beaucoup le goût, et, grâce à ce peu d’eau, on avalera le comprimé.

De même, à ceux à qui le jeûne cause une grande souffrance, il est permis d’avaler des comprimés ayant pour effet d’alléger leur douleur. Par conséquent, à ceux qui souffrent de forts maux de tête en raison du manque de café, il est permis d’avaler des comprimés contenant de la caféine, ou des comprimés atténuant les maux de tête. Il est de même permis à ceux qui souffrent de migraine (dans le sens de « violent mal de tête ») d’anticiper le mal, et de prendre des comprimés prévenant l’apparition des douleurs[3].


[3]. Nos sages ont interdit de prendre des médicaments pendant Chabbat, de crainte d’en venir, ce faisant, à broyer des plantes médicinales. Les décisionnaires controversent au sujet des médicaments qui sont produits aujourd’hui en laboratoire, médicaments que le simple particulier n’a pas l’usage de fabriquer. En pratique, en cas de souffrance, il est permis de prendre de tels comprimés, mais, quand il s’agit d’une indisposition qui, pour être dérangeante, n’est pas accompagnée de véritable douleur, c’est interdit (Pniné Halakha – Les Lois de Chabbat II 27, 4-5, note 3). De même, il est permis de prendre, le Chabbat, des comprimés que l’on a l’habitude d’avaler tous les jours, tels que des comprimés pour dormir, ou des médicaments qu’il faut prendre de manière suivie pendant plusieurs jours (ibid. 28, 6).

La règle est la même s’agissant de Yom Kipour. Certes, comme nous l’avons vu, il est rabbiniquement interdit de manger, le jour de Kipour, une chose qui n’a pas bon goût ; mais dans le cas présent, où l’on n’a pas l’intention de manger, mais seulement de prendre un médicament afin d’alléger sa douleur, il n’y a pas d’interdit (Igrot Moché, Ora’h ‘Haïm III 91, Min’hat Chelomo II 58, 25, Chemirat Chabbat Kehilkhata 39, 8). Si l’on souffre beaucoup du manque de café, et que l’on n’ait pas de comprimés contenant de la caféine, on est autorisé à avaler des grains ou granules de café : puisque leur goût est amer comme l’absinthe, leur statut est comparable à celui d’un médicament.

Si la personne souffrante a besoin d’un médicament dont le goût est doux, elle y mêlera une chose amère afin d’en altérer le goût, puis l’avalera sous cette forme. Il est préférable d’y mélanger la chose amère avant l’entrée de Kipour. Quand ce n’est que la surface externe du médicament qui est douce au goût, on broiera le comprimé – si, d’un point de vue médical, cela est permis – ; alors, l’amertume du médicament altérera totalement la douceur de l’enrobage, et, de cette façon, il sera permis de l’avaler. Cela n’est pas non plus constitutif de l’interdit de moudre, car nous avons pour principe qu’il n’y a pas mouture après mouture (Les Lois de Chabbat I 12, 1). Si le contenu du comprimé est doux, lui aussi, on y mêlera une substance amère, qui en altérera entièrement le goût ; il sera préférable de faire cela avant l’entrée de Kipour.

Si l’on est migraineux (dans le sens de « sujet à de forts maux de tête »), et que le jeûne risque de provoquer le déclenchement d’une telle migraine, on a cependant l’obligation de jeûner à Yom Kipour, puisqu’il n’y a pas là de danger pour la vie du malade. Il faut savoir que, dans la majorité des cas, il y a des médicaments qui préviennent l’apparition des migraines provoquées par le jeûne. Il y a cependant des cas rares, dans lesquels la migraine risque de provoquer un accident cérébral. Dans un tel cas, un danger pour la vie est à craindre, de sorte qu’un tel malade est dispensé de jeûner à Yom Kipour. Il faut cependant la réunion de trois conditions : 1) qu’il ait été diagnostiqué, par le passé, que le jeûne entraîne chez le sujet de telles migraines ; 2) la migraine apparaît après un phénomène d’aura (perturbations visuelles précédant l’apparition de la migraine), l’aura se poursuivant elle-même plus d’une heure ; 3) il n’existe pas de traitement (tel que des suppositoires ou un pulvérisateur) qui puisse prévenir l’apparition de la migraine. Puisque le malade n’a pas besoin de manger beaucoup en une fois pour prévenir l’apparition du mal, il est juste de se contenter de boire par très petites quantités (chi’ourim) (ce passage a été écrit avec le concours du docteur Rafy Cayam et du docteur Rahel Harring).

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