Pniné Halakha

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02 – Calcul des horaires du matin

D’après de nombreux avis, l’intervalle entre l’aube (‘amoud hacha’har) et le lever du soleil (hanets ha’hama) équivaut, en Israël, au temps nécessaire pour marcher quatre milles, soit environ soixante-douze minutes. Plus précisément, durant les mois de nissan et de tichri, soixante-douze minutes s’écoulent entre le moment où l’orient s’éclaire et celui où le soleil se lève.

Il faut savoir que cette mesure temporelle change au gré des saisons. C’est au printemps et en automne (les 5 mars et 5 octobre) que le processus est le plus rapide : le soleil se lève à l’expiration de soixante-douze minutes après l’aube. Mais en hiver, pour des raisons qui n’ont pas lieu d’être exposées ici, le processus du lever du soleil s’allonge, au point que, au plus fort de l’hiver (le 22 décembre), soixante-dix-huit minutes s’écoulent entre l’aube et l’apparition du soleil. En été, le processus est encore plus long et, à son apogée (le 22 juin), ce sont quatre-vingt-huit minutes qui s’écoulent de l’aube à l’apparition du soleil. Afin de déterminer le moment précis de l’aube selon cette conception, il faut calculer chaque jour en combien de temps le soleil parvient à 16,1 degrés au-dessous de l’horizon ; ce moment est celui de ‘amoud hacha’har.

Ce qui vient d’être dit est conforme à l’opinion selon laquelle l’aube est le moment où le ciel s’est quelque peu éclairci dans la direction de l’est. Mais pour ceux qui pensent que l’aube est le moment où l’on voit poindre la première lumière ténue à l’est, l’horaire est plus précoce : c’est l’instant où le soleil arrive à 17,5 degrés au-dessous de l’horizon. Toutefois, pour ne pas entrer dans un sujet de controverse, il est souhaitable d’adopter l’horaire plus tardif (16,1 degrés au-dessous de l’horizon), et de considérer que le moment de ‘amoud hacha’har n’arrive que lorsque le côté oriental du ciel est un peu éclairé. À ce moment, on peut, en cas de nécessité impérieuse, lire le Chéma Israël et réciter la ‘Amida[1]

En ce qui concerne l’horaire de michéyakir, un doute plane également car, bien que nos sages aient défini ce moment comme celui où l’on peut distinguer le bleu du blanc et reconnaître à une distance de quatre coudées une personne que l’on n’est pas habitué à voir, il subsiste une incertitude quant à l’identification exacte de ce temps. En pratique, il est admis de situer ce moment environ cinquante minutes avant le lever du soleil. Sur la détermination précise de cet horaire, voir la note 2[2].


[1]. Les sages sont partagés, dans le Talmud Pessa’him 93b-94a, sur la question de savoir combien de temps s’écoule entre ‘amoud hacha’har et hanets ha’hama. Selon Oula, cette période équivaut au temps nécessaire pour marcher cinq milles, et selon Rabbi Yehouda, à la durée d’une marche de quatre milles. Les Richonim sont, quant à eux, partagés sur la définition d’un mille : certains disent qu’il s’agit de la distance que l’on parcourt en 18 minutes (Maïmonide, Commentaire de la Michna, Berakhot 1, 1), d’autres disent 22,5 minutes, et d’autres encore 24 minutes (cf. Choul’han ‘Aroukh, Ora’h ‘Haïm 459,2 et Béour Halakha). En pratique, il y a deux systèmes principaux en la matière : a) 72 minutes, durée d’une marche de quatre milles, chaque mille équivalant à 18 minutes ; b) 90 minutes, chaque mille équivalant à 22,5 minutes. C’est ce que retiennent de nombreux calendriers. Cf. Hazmanim Bahalakha du Rav Haïm Beinish.

Pour le Maguen Avraham et le Peri Mégadim, ‘amoud hacha’har est le moment de l’apparition de la première lueur à l’est ; pour le Elya Rabba et le Gaon de Vilna, ‘amoud hacha’har arrive un peu plus tard, lorsque « s’illumine la face de l’orient » (kché-héïrou pné hamizra’h) ; le Béour Halakha incline dans ce sens (58, 4 et chap. 89, 1). Il faut savoir que, pour l’une et l’autre de ces opinions, il n’est question que d’une lumière très ténue qui paraît à l’est ; or si l’on se trouve dans un lieu où l’éclairage est électrique, ou dans un endroit éclairé, les pupilles se rétractent, et il est impossible de distinguer les changements qui se produisent à l’est. De même, celui qui n’a pas l’habitude d’observer l’aube ne remarque pas cette première lueur ténue, ni même la première extension de cette lumière « sur la face de l’orient ».

L’estimation de 72 minutes est bien compréhensible, car à Jérusalem, au printemps et en automne, une luminosité s’étend à l’orient 72 minutes avant le lever du soleil. Le soleil se trouve alors à 16,1° sous la ligne d’horizon. Et il faut procéder à un calcul analogue tout au long de l’année, selon la position du soleil durant ces périodes, comme nous l’avons écrit ci-dessus. Certes, certains pensent que la mesure de 72 minutes est fixe, et valable toute l’année ; la preuve qu’ils invoquent provient de la Guémara Pessa’him, qui cite une mesure fixe de quatre milles. Cependant, cette position est difficile à tenir, car c’est le critère variable de l’aube – « l’illumination de l’est » – qui est décisif, et non un calcul temporel constant. Le Béour Halakha 261, 2 (passage débutant par שהוא) se prononce en ce sens. On est donc obligé de dire que la différence entre l’aube et le lever du soleil change au gré des saisons de l’année. Cf. Hazmanim Bahalakha, où est expliqué pourquoi cet écart change en fonction des saisons.

Il faut signaler que tous ces calculs sont valables pour Jérusalem et pour tout endroit qui se trouve sur la même latitude ; plus on se rapproche des pôles, plus l’écart entre l’aube et le lever du jour se creuse. Même en Israël, il existe des différences : à Safed, qui est plus au nord, cet écart est plus long d’environ une minute et demie qu’à Jérusalem.

Dans de nombreux calendriers, on détermine le moment de l’aube en soustrayant 90 minutes au moment du lever du soleil aux mois de nissan et de tichri, ce qui situe le soleil à 19,75° sous l’horizon. D’après ce même calcul, au plus fort de l’été, l’aube paraît 112 minutes avant le lever du soleil. Cette position est très difficile à soutenir, car à ces différents moments, aucune lueur n’est perceptible à l’est. Selon le calcul des astronomes, avant que le soleil n’arrive à 18° sous l’horizon, même les meilleurs yeux ne peuvent distinguer la moindre lumière ; à plus forte raison lorsque le soleil est encore à 19,75° sous l’horizon. Par conséquent, il est en pratique très difficile de se baser sur ces calendriers.

Certes, on peut tenter d’expliquer l’opinion selon laquelle la mesure de quatre milles équivaut à 90 minutes, en disant qu’il s’agit là du plus fort de l’été, car alors, l’orient s’éclaire environ 90 minutes avant le lever du soleil. On peut encore dire que, selon ce système, ‘amoud hacha’har se définit comme l’apparition de la première lueur ténue à l’est, laquelle est visible lorsque le soleil se trouve environ à 17,5° au-dessous de l’horizon ; l’aube précède alors le lever du soleil d’environ 78 minutes au printemps et en automne, de 85 minutes au plus fort de l’hiver, et de 96 minutes au plus fort de l’été. Peut-être a-t-on voulu dire par là que l’écart moyen entre l’apparition de la première lueur et le lever du soleil est de 90 minutes. (Il se peut, de plus, que l’on tienne compte des avis qui retardent le lever du soleil de quelques minutes, car ils prennent en considération les collines, cf. § 6 ; alors, en effet, l’aube paraît en moyenne 90 minutes avant le lever du soleil. L’opinion selon laquelle un mille équivaut à une marche de 24 minutes et quatre milles à 96 minutes peut, elle aussi, être expliquée comme se rapportant au plus fort de l’été).

En résumé, la détermination de l’aube est liée au mouvement du soleil, et l’on distingue deux systèmes : a) depuis le moment où l’orient s’éclaire, quand le soleil est à 16,1° au-dessous de l’horizon ; au printemps et en automne, l’aube paraît 72 minutes avant le lever du soleil ; b) depuis la première lueur, quand le soleil est à 17,5° au-dessous de l’horizon ; au printemps et en automne, l’aube précède le lever du soleil de 78 minutes. J’ai retenu comme principale l’opinion selon laquelle l’aube se lève lorsque l’orient s’éclaire, quand le soleil est à 16,1° sous l’horizon, car c’est en ce sens que penche le Béour Halakha, et c’est aussi ce qu’écrit le Ye’havé Da’at 2, 8 d’après Maïmonide et le Choul’han ‘Aroukh. De plus, en ce qui concerne la lecture du Chéma et la ‘Amida, celui qui s’en tient à cette opinion est quitte d’après tous les avis, car il est alors évident que le jour a commencé ; tandis qu’avant ce moment, la période est sujette à controverse. Pour pouvoir calculer exactement ces horaires en tout endroit, on peut s’aider du programme ‘Hazon Shamaim du Rav Eytan Tzakoni.

[2]. Dans les livres récents de halakha, plusieurs opinions sont rapportées quant à l’horaire de michéyakir : pour le Ye’havé Da’at, 66 minutes avant le lever du soleil ; pour le Kaf Ha’haïm, 60 minutes ; mais à Jérusalem, on a l’usage de fixer ce moment 50 à 55 minutes avant le lever du soleil, et en certains endroits de Bné-Brak, 45 minutes avant le lever du soleil. En pratique, de nombreux livres mentionnent 50 minutes avant le lever du soleil. C’est ce qu’écrivent le Téphila Kehilkhata et le Iché Israël. Simplement, nous avons déjà appris qu’il y avait des différences entre les saisons de l’année, et il est difficilement compréhensible que l’on n’ait pas tenu compte de ces différences. Certains des décisionnaires qui retiennent des horaires différents les uns des autres n’ont peut-être aucune divergence réelle, chacun se référant à une autre période de l’année. Voir Hazmanim Bahalakha 23, 6.

Selon les différentes observations, certains distinguent le bleu du blanc (ou reconnaissent leur prochain à 4 coudées de distance) quand le soleil atteint 12° au-dessous de l’horizon, d’autres y parviennent à 11°, et d’autres encore à 10°. En pratique, il semble que l’on doive établir son calcul selon la position du soleil à 11° sous l’horizon. Michéyakir précède alors de 48 minutes le lever du soleil aux mois de nissan et de tichri, de 52,5 minutes au plus fort de l’hiver (22/12), et de 58 minutes au plus fort de l’été (22/6). La moyenne se situe donc autour de 50 minutes durant la majorité de l’année. Quoi qu’il en soit, il est bon, a priori, de retarder le temps de michéyakir de cinq minutes supplémentaires. En cas de nécessité impérieuse, on peut au contraire l’avancer de cinq minutes.

Il faut ajouter qu’autrefois, quand on n’avait pas de montres, on se fondait évidemment sur la vision et, si le jour était nuageux, on devait attendre, afin de sortir du doute. Mais maintenant que nous avons des montres, on se fonde sur la montre, comme le disent les responsa Choel Ouméchiv 2, 162.

Signalons que, d’après la majorité des décisionnaires, le moment où se reconnaît son prochain à 4 coudées et le moment où se distingue le bleu du blanc ne font qu’un, comme l’écrit le Michna Beroura 58, 2.

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