Pniné Halakha

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08 – Heure limite de lecture du Chéma et de la prière d’Arvit

Selon la Torah, le temps de récitation du Chéma du soir s’étend toute la nuit. Il est en effet écrit que ce commandement s’accomplit durant le temps du coucher (be-chokhbekha) ; or la période où les gens sont d’ordinaire couchés dans leurs lits est la nuit. Cependant, les sages ont établi une haie protectrice autour de la mitsva, et ont fixé son terme au milieu de la nuit, afin que l’on n’en vienne pas, en repoussant la lecture du Chéma, à  s’endormir et à manquer l’accomplissement de cette mitsva. Quoi qu’il en soit, a posteriori, si l’on a transgressé la décision des sages et que l’on n’a pas lu le Chéma avant le milieu de la nuit, on doit le lire avant l’aube (‘amoud hacha’har) puisque, selon la Torah, la période propre à la lecture du Chéma s’étend toute la nuit[8].

Si, en raison d’un empêchement, on n’a pas récité le Chéma avant l’aube, on peut le réciter jusqu’au premier rayon du soleil (hanets ha’hama) (ces horaires ont été définis au chap. 11 § 1). Dans le cas où on lit ainsi le Chéma après l’aube, on récite les trois premières bénédictions du Chéma, mais non la quatrième (Hachkivénou, « Fais-nous reposer, notre Père, en paix ») : puisque l’aube s’est déjà levée, l’heure n’est plus celle du coucher. On ne dira pas non plus la ‘Amida d’Arvit une fois l’aube apparue. En effet, cette ‘Amida a été instituée pour la nuit, or après le lever de l’aube, le jour a déjà commencé (Michna Beroura 235, 34 ; Chaar Hatsioun 41)[9].

A priori, il vaut mieux réciter le Chéma et la prière d’Arvit dès l’apparition des étoiles, car les serviteurs zélés s’empressent d’accomplir les mitsvot. Toutefois, si l’on est en train d’étudier la Torah, on est autorisé a priori à repousser sa prière après la conclusion de son étude. Et tel est l’usage dans les yéchivot : on fixe l’office du soir à la fin du temps d’étude, et non immédiatement à l’apparition des étoiles. De même, si l’on préfère prier au sein d’un minyan plus tardif, parce que l’on pense pouvoir s’y mieux concentrer, on peut a priori retarder sa prière. Il est clair, par ailleurs, qu’il vaut mieux prier au sein d’un minyan tardif que de prier seul dès l’apparition des étoiles[10].


[8]. La Michna Berakhot 2a rapporte à cet égard deux opinions : selon les ‘Hakhamim (la communauté des sages), le temps de la lecture du Chéma s’étend jusqu’à minuit ; selon Rabban Gamliel, il se prolonge jusqu’à l’aube. La Guémara Berakhot 8b dit que la halakha suit l’opinion de Rabban Gamliel. C’est en ce sens que tranchent le Roch et le Rachba, selon lesquels, même a priori, on peut lire le Chéma jusqu’à l’aube. Cependant, pour le Rif, Maïmonide, le Séfer Mitsvot Gadol (Smag) et la majorité des décisionnaires, le terme de la lecture du Chéma est à minuit, et ce n’est que si l’on a transgressé cette limite en ne lisant pas le Chéma avant minuit, qu’on le lira avant l’aube. Selon ces Richonim, c’est un tel cas que vise la Guémara lorsque celle-ci dit que la halakha suit l’opinion de Rabban Gamliel (et peut-être est-ce l’opinion de Rabban Gamliel lui-même). C’est aussi en ce sens que tranche le Choul’han ‘Aroukh 235, 3 ; le Béour Halakha ad loc. appuie cette décision. (Les Richonim discutent de l’intention réelle des ‘Hakhamim : pour les élèves de Rabbénou Yona, les ‘Hakhamim pensent que l’on ne récite pas le Chéma après la limite de minuit ; selon le Smag, a posteriori, on récite le Chéma après minuit. Le Gaon de Vilna explique que cette controverse oppose déjà le Talmud de Babylone à celui de Jérusalem : selon le Talmud de Babylone, les ‘Hakhamim pensent que, a posteriori, on récite le Chéma après le milieu de la nuit, tandis que selon le Talmud de Jérusalem on ne le récite pas. Cf. Bérour Halakha, Berakhot

Heure limite de la ‘Amida : selon le Dérekh Ha’haïm, il faut également réciter la ‘Amida d’Arvit avant le milieu de la nuit ; selon le Peri Mégadim, elle se récite toute la nuit, même a priori. Ces opinions sont rapportées par le Michna Beroura 108, 15. (Cf. ci-dessus chap. 17 § 13, le cas du voyageur qui doit terminer son voyage après minuit). Selon Or lé-Tsion II 15, 9, il vaut mieux prier seul avant minuit qu’en communauté après minuit. (cf. Pisqé Techouva 235, 10. L’opinion que l’on doit tenir pour essentielle est celle du Or lé-Tsion, afin de prier selon l’ordre institué a priori par les sages).

[9]. Si, en raison d’un empêchement, on n’a lu le Chéma du soir qu’après le lever de l’aube, on ne pourra, ce même jour, s’acquitter du Chéma du matin en le récitant avant le lever du soleil. En effet, une fois que l’on a considéré la période séparant le lever de l’aube du lever du soleil comme « heure du coucher », on ne peut plus le considérer à la fois comme « heure du lever » (Choul’han ‘Aroukh 58, 5 ; Michna Beroura 22). Cependant, certains disent que l’on peut, dans un tel cas, réciter le Chéma du matin dès le moment de michéyakir (où l’on peut distinguer le bleu du blanc ; Kaf Ha’haïm 58, 21).

D’après le Michna Beroura 235, 30, il aurait été possible selon la Torah de réciter le Chéma du soir jusqu’au lever du soleil. En effet, il y a encore des gens qui sont couchés jusqu’à ce moment ; par conséquent, aux instants qui précèdent s’applique encore l’expression be-chokhbekha (« à ton coucher »). Cependant, puisqu’à l’apparition de l’aube commence déjà le jour, les sages ont décidé qu’on ne lirait pas le Chéma du soir après l’apparition de l’aube. Ce n’est que si l’on n’a pu lire le Chéma avant l’aube en raison d’une contrainte, que l’on est autorisé à le lire jusqu’au lever du soleil. Selon le Rav Avraham Yits’haq Kook, dans Tov Roï 55, la limite toranique de récitation du Chéma du soir est l’apparition de l’aube, et ce sont les sages qui ont décrété, pour ceux qui auraient été contraints, la possibilité de rattraper cette lecture jusqu’au lever du soleil.

[10]. Le fondement de cet embellissement apporté à la mitsva [consistant à lire le Chéma et à prier dès l’apparition des étoiles] se trouve dans les écrits des élèves de Rabbénou Yona, et il est cité par Choul’han ‘Aroukh 235, 3 et Michna Beroura Néanmoins, d’autres Richonim ne citent pas cet embellissement et, selon le ‘Aroukh Hachoul’han 235, 18, certains sont même opposés à cela. Aussi, nombreux sont ceux qui n’exigent pas d’eux-mêmes de dire ‘Arvit dès que possible. Cf. Beit Baroukh 34, 17, Pisqé Techouva 235, 9.

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