Les sages ont interdit de faire publiquement, à ‘Hol hamo’ed, toute action qui requière un effort excessif et qui ne réponde point aux besoins de la fête, quoiqu’elle n’entraîne pas de mélakha. Cela, afin que l’on se réjouisse pendant la fête, et qu’on ne la déconsidère pas. Les sages ont donc interdit de faire passer des meubles ou autres biens d’une maison à l’autre (Mo’ed Qatan 13a). Lorsque les deux maisons se jouxtent l’une l’autre, de manière telle qu’il n’est pas nécessaire de passer par une rue ouverte au public, la chose est permise, puisque cet acte ne requiert pas tellement d’effort, et qu’il s’accomplit discrètement. De même, lorsque deux appartements se trouvent dans le même immeuble, il est permis de faire passer des meubles et des objets de l’un à l’autre (Choul’han ‘Aroukh 535, 1, Levouch 1, Michna Beroura 6). Le déménagement d’un appartement complet, même à l’intérieur du même immeuble, est interdit, puisque cela requerrait un grand effort[10].
Lorsqu’il faut porter des objets pour les nécessités de la fête – par exemple des tables, des chaises ou un ventilateur, pour les besoins d’un repas, ou encore un lit pour des invités –, la chose est permise, s’il est probable que les témoins de la scène penseront qu’on fait cela pour les besoins de la fête. Mais s’il est probable que les observateurs pensent que l’on fait cela pour les besoins des jours profanes – par exemple, si l’on déplace une armoire –, c’est interdit (Choul’han ‘Aroukh 535, 1, Michna Beroura 4).
Il est interdit aux étudiants de yéchiva, qui s’apprêtent à rendre visite à leur yéchiva pendant ‘Hol hamo’ed et ont l’intention de rentrer chez eux[g], de profiter du voyage[h] pour prendre avec eux des accessoires de literie ou des livres destinés aux jours profanes qui suivront la fête. Cependant, s’ils peuvent, à ‘Hol hamo’ed, amener leurs affaires grâce au concours d’une personne qui se rend à la yéchiva dans sa voiture, tandis qu’ils devraient, après la fête, louer une voiture à cette fin, il leur sera permis d’apporter leurs affaires à ‘Hol hamo’ed, puisqu’il s’agit d’un cas de davar ha-aved (Choul’han ‘Aroukh 538, 3).
Nos sages ont également interdit d’apporter de chez un artisan des vêtements, des meubles ou des ustensiles qui ne sont pas nécessaires à la fête, car les porter suscite un effort qui n’a pas de nécessité pour la fête ; de plus, il est à craindre que les témoins de la scène ne pensent que l’on a demandé à l’artisan de les réparer pendant la fête[11].
Mais quand ces objets sont nécessaires à la fête, il est permis de les transférer de chez l’artisan à chez soi. Par conséquent, il est permis d’apporter des chaises pour le repas, une couverture pour s’en couvrir pendant la fête, et même un réfrigérateur ou un four pour les besoins alimentaires de la fête (il est même permis de les porter à réparer, comme on l’a vu ci-dessus, § 4).
Nos sages ont interdit, à ‘Hol hamo’ed, de débarrasser une cour des ordures qui s’y trouvent, pour les jeter à la poubelle centrale : cela requérait en ce temps-là un grand effort sans nécessité. Si les ordures étaient en quantité telle que la cour s’en trouvait salie, ils permettaient de les jeter à la poubelle de la collectivité (Pessa’him 55b, Choul’han ‘Aroukh 535, 3). De nos jours, où les cours sont petites, et où les déchets domestiques sont nombreux, il est indispensable d’assurer le fonctionnement du système d’enlèvement des ordures à ‘Hol hamo’ed : cela fait partie des besoins collectifs et des nécessités de la fête (cf. chap. 12 § 9).
[g]. Avant le dernier Yom tov.
[h]. Qui les conduit à la yéchiva.
[11]. Si l’artisan n’a pas de quoi manger pendant la fête, on lui paiera son travail, et on laissera chez lui les objets qu’il a préparés. Si l’on préfère ne pas les laisser chez lui, de crainte qu’il les vende à un tiers et que l’on perde ainsi son argent, on apportera les objets au domicile d’un ami habitant près de chez l’artisan. Si l’on n’a pas de telle possibilité, on les apportera chez soi discrètement (Mo’ed Qatan 13a, Choul’han ‘Aroukh 534, 3).