Pniné Halakha

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08 – Plats que l’on aurait pu préparer à la veille du Yom tov

La raison fondamentale pour laquelle il est permis d’accomplir certaines mélakhot le Yom tov, c’est de permettre de préparer les mets, de les améliorer et d’ajouter ainsi à la joie de la fête. En effet, le goût du pain chaud, sortant du four, ne ressemble pas à celui du pain de la veille ; et le goût d’un schnitzel poêlé du jour, ou de pommes de terre au four cuites du jour, ne ressemble pas aux mêmes plats cuisinés la veille. Les mets cuisinés aujourd’hui sont meilleurs que ceux cuisinés hier. Or, puisqu’il permis de cuisiner le Yom tov afin d’ajouter à la joie de la fête, il n’est pas nécessaire de s’efforcer de cuisiner la veille. Même le soir de Yom tov, il est permis de cuisiner pour le repas du soir, bien que, si l’on eût cuisiné ces plats à l’approche de l’entrée de la fête, ils eussent été presque aussi bons, une fois servis le soir. En effet, on ne fait pas de différence entre les repas : tout mets dont le goût est meilleur lorsqu’on le cuisine près du repas où il est servi, il est permis de le cuisiner pendant Yom tov. Même de nos jours, où nous disposons de réfrigérateurs, qui permettent de conserver de façon satisfaisante les plats cuisinés, les pains et les gâteaux, la permission demeure, puisque ces aliments, quand ils sont rendus à eux-mêmes, sans intervention de quelque ustensile extérieur, sont meilleurs quand ils viennent d’être faits.

Tout cela est vrai des mets dont le goût est quelque peu altéré quand ils ont été cuisinés la veille ; mais les mets dont le goût ne s’altère pas du tout en un jour, il faut les préparer la veille du Yom tov. Par exemple, si l’on prévoit de manger, le Yom tov, de la glace, ou des fruits cuits, il faut les préparer à la veille de la fête, puisque leur goût n’en sera pas du tout altéré. Mais si on ne les a pas préparés la veille, il sera permis de les préparer pendant Yom tov en apportant un certain changement (chinouï) à l’exécution. Il n’est pas nécessaire que le changement soit grand, car tout le propos de ce changement est de rappeler que l’on se trouve un Yom tov, cela afin de ne pas en venir à accomplir des mélakhot interdites (Levouch 504,1). Par exemple, si l’on a l’habitude de préparer le mets sur une table, on modifiera la manière habituelle en plaçant sur la table une nappe ou un plateau, sur lesquels on accommodera le mets. Si c’est à cause d’un cas de contrainte que l’on a omis de préparer ces mets la veille de Yom tov, on pourra les préparer pendant Yom tov sans changement (Michna Beroura 495, 10, Cha’ar Hatsioun 8).

La règle est la même s’agissant de la mélakha de trier (borer) et des autres mélakhot dont l’exécution est permise pour les besoins de l’alimentation : tant qu’il est possible de les exécuter la veille de Yom tov sans que le plat n’en soit affecté, c’est la veille de Yom tov qu’il faut les exécuter. Et si on ne les a pas exécutées la veille de Yom tov, il sera permis de les exécuter pendant Yom tov en y apportant un changement[5].


[5]. Certes, pour Na’hmanide, le Rachba et le Roch, il est permis de cuisiner, le Yom tov, même des mets qui, si on les avait cuisinés la veille, n’en eussent pas du tout été altérés. Mais pour la majorité des décisionnaires, la chose est interdite. Certains pensent que l’interdit est toranique (Séfer Mitsvot Gadol, et c’est aussi ce qui ressort du Or Zaroua’), nombre d’autres estiment qu’il est rabbinique (Yeréïm, Ritva, Maharil, Raavia, Roqéa’h, Rabbi ‘Haïm Eliézer Or Zaroua’ ; le Cha’ar Hatsioun 495, 1 note qu’il s’agit de l’opinion de la majorité des décisionnaires).

Il ressort des termes du Choul’han ‘Aroukh (495, 1) que celui-ci est indulgent, tandis que le Rama tranche selon l’avis rigoureux. C’est en ce dernier sens que se prononcent tous les A’haronim ashkénazes. Parmi les décisionnaires séfarades eux-mêmes, nombreux sont ceux qui partagent la position rigoureuse : ainsi du Cheyaré Knesset Haguedola (495, Hagahot Beit Yossef 4-6 ; l’auteur ajoute que le Choul’han ‘Aroukh lui-même n’a pas tranché explicitement dans le sens de l’indulgence), du Peri ‘Hadach (495, 1), du Birké Yossef (495, 2) et du ‘Hazon ‘Ovadia (p. 8). Mais le Or lé-Tsion (III 19, 1) autorise cela a priori aux Séfarades. Puisque tous les décisionnaires ashkénazes et de nombreux décisionnaires séfarades sont rigoureux, c’est en ce sens que nous nous prononçons ci-dessus. Simplement, si l’on n’a pas préparé les mets en question à la veille de Yom tov, et quoique certains auteurs soient sévères à cet égard (Or Zaroua’ et Maharil, cités par le Darké Moché 495, 2), le Rama suit, en pratique, le Séfer Mitsvot Gadol, le Yeréïm et le Roqéa’h, selon qui on pourra les cuisiner, le Yom tov, en y imprimant un changement.

De même que, à l’époque des sages du Talmud, ceux-ci n’avaient pas interdit de cuisiner après l’entrée de la fête pour le repas du soir, bien qu’il eût été possible de le faire peu avant que la fête ne commençât, sans que le goût n’en fût altéré – cela, parce que l’on va d’après la généralité, selon laquelle il est permis de cuisiner, pendant Yom tov, tout mets dont le goût s’altère quelque peu au cours de la journée –, il est ainsi permis, même de nos jours où nous disposons de réfrigérateurs, de cuisiner ces plats, car d’eux-mêmes, sans ustensile extérieur, ils s’altèreraient pendant la journée (Chemirat Chabbat Kehilkhata, introduction 3, note 26 ; Hilkhot Hamo’adim 2, 5, note 37).

En pratique, presque tous les plats sont meilleurs quand on les prépare le jour même. Mais quand le fait d’être préparés la veille ne les altère pas du tout, il faut les préparer la veille du Yom tov.

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