Si l’on a oublié que c’était jour de jeûne, et que l’on ait mangé, on devra reprendre le jeûne dès qu’on s’en aperçoit. En effet, ces jours ont été désignés par nos sages pour y jeûner en souvenir des malheurs qui, à ces dates, ont frappé notre peuple. Même si l’on a mangé ou bu une quantité suffisante pour qu’il soit considéré qu’on a rompu le jeûne, et que, en conséquence, on ne puisse plus réciter le passage propre aux jeûnes – ‘Anénou – dans la ‘Amida (comme nous le verrons au § 10), l’interdit de manger et de boire ne continue pas moins de s’appliquer ; et le fait d’avoir commis une faute n’autorise pas à commettre des fautes supplémentaires (Choul’han ‘Aroukh 567, 1). Il n’est pas nécessaire, en revanche, de jeûner un autre jour en compensation du jeûne rompu, car l’obligation du jeûne nous incombe précisément les jours désignés par nos sages pour y jeûner. Certaines personnes, il est vrai, ont l’usage, en un tel cas, de prendre sur elles d’observer un jeûne supplémentaire, afin d’expier le fait d’avoir mangé pendant un jour de jeûne ; mais ce n’est pas une obligation (Michna Beroura 568, 8). Il est préférable d’expier cette faute en ajoutant à la mitsva de bienfaisance (tsédaqa) et à son étude de Torah.
Si, oubliant que c’était jour de jeûne, on a prononcé la bénédiction Chéhakol nihya bidvaro sur un verre d’eau, puis que l’on se soit souvenu soudain du jeûne, les décisionnaires sont partagés sur la conduite à tenir. Selon certains, l’interdit de prononcer une bénédiction vaine est de rang toranique, tandis que l’interdit de boire, les jours de jeûne (autres que Kipour), est de rang rabbinique. Aussi est-il préférable de boire un peu de cette eau : de cette façon, on se préservera de l’interdit d’une bénédiction vaine. D’autres estiment que, puisque la majorité des Richonim considèrent la bénédiction vaine comme un interdit rabbinique, il est préférable de ne pas boire du tout. De plus, on ne saurait réparer une faute par le biais d’une autre faute. C’est, à ce qu’il semble, la conduite à tenir[7].