[a]. Dispositif de jonction des domaines permettant, à l’intérieur du périmètre ainsi délimité, de porter des objets le Chabbat (cf.
Pniné Halakha, Lois du Chabbat vol. II chap. 29).
[3]. Traité Méguila 3b : « Un Tanna [maître de la Michna] enseigne : “Un quartier proche d’une ville fortifiée, du moment qu’il lui est contigu, lui est assimilé, bien qu’il ne soit pas visible depuis la ville ; s’il est visible depuis la ville, il lui est assimilé, même s’il n’est pas contigu.” » Rachi, Rabbénou ‘Hananel, le Raavan, Rabbi Yecha’ya A’haron zal, le Rachba, le Méïri et le Ritva expliquent que si le quartier n’est pas visible, il reste assimilé à la ville jusqu’à la distance d’un mille ; et que, s’il est visible, même s’il est distant de plus d’un mille, il est assimilé à la ville.
On pose la question : si le quartier est très éloigné, et qu’on puisse y voir la ville, sera-t-il, même alors, considéré comme faisant partie de la ville ? Le Méïri explique que l’intention des sages, quand ils assimilent le quartier à la ville, est de dire qu’il lui est accessoire (tafel), et qu’on doit le considérer comme faisant partie de son secteur. Dans le même sens, le Ritva écrit que de tels quartiers s’adjoignent à la ville, quant à leur gestion.
Face à ces auteurs, Maïmonide estime que même un lieu d’où l’on voit la ville fortifiée, dès lors qu’il est distant de plus d’un mille, n’est pas assimilé à la ville. Il faut établir la distinction suivante : quand la cité est visible, on mesure le mille à vol d’oiseau ; si elle n’est pas visible, on le mesure en ligne droite par voie terrestre (Maharitats 120) ; ou (selon le Maharam Alachkar), on mesure un mille quand la ville est visible, et, quand elle ne l’est pas, on n’assimile le quartier à la ville que lorsqu’il la jouxte véritablement, telle une banlieue. En d’autres termes, s’il y a une distance de soixante-dix amot et deux tiers, et que la ville ne soit pas visible, la ville et le quartier ne sont pas considérés comme un seul lieu. S’il y a là deux quartiers, la mesure est double : 141 ama et 1/3. C’est aussi l’avis du Ran, du Roqéa’h et du Ohel Mo’ed. Les A’haronim sont partagés quant à la position du Choul’han ‘Aroukh 688, 2 : selon le Maguen Avraham et ceux qui se rangent à ses côtés, le Choul’han ‘Aroukh partage l’opinion de Rachi et de la majorité des Richonim ; selon le Peri ‘Hadach et ceux qui partagent son avis, il s’accorde avec l’opinion de Maïmonide.
La raison pour laquelle les quartiers proches et visibles ont même statut que la ville est qu’ils lui sont accessoires et dépendent d’elle. C’est ce que l’on peut inférer des propos du Ritva, selon qui les habitants de tels quartiers hors-les-murs viennent s’abriter, en temps de détresse, derrière les fortifications. Le Touré Even 3, 2 et le ‘Hatam Sofer, Ora’h ‘Haïm 193 expliquent que cette unité de statut répond à la volonté de ne pas faire de distinctions entre populations proches l’une de l’autre. Cf. Miqraé Qodech du Rav Frank, p. 121.
En pratique, pour le Michna Beroura 688, 6 et le Cha’ar Hatsioun 7, l’opinion décisive est la première. Pour le Yabia’ Omer VII 58-59, il y a lieu de tenir compte de la seconde, d’autant plus que les habitants des villes fortifiées qui liraient la Méguila le 14 seraient quittes a posteriori.
Quant à la mesure de la distance séparant un quartier de la ville visible, certains auteurs estiment qu’elle ne se prend qu’à partir de l’endroit même où se dresse la muraille (Yabia’ Omer VII 59, 1) ; d’autres estiment que la mesure se prend depuis l’extrémité de la ville au sens large, c’est-à-dire depuis l’extrémité de l’agglomération qui lui est assimilée. Les décisionnaires débattent également quant au fait de savoir s’il faut que la ville soit visible en totalité, ou en majorité (c’est ce qui ressort du Méïri, et c’est la position de Rabbi ‘Haïm Falagi), ou s’il suffit d’en voir une minorité (Maharil Diskin, Miqraé Qodech du Rav Frank, chap. 24).
En pratique, s’agissant des quartiers de Jérusalem, les Grands-rabbins de la ville, le Rav Messas (Chémech Oumaguen I 51-52, II 16-17) et le Rav Kolitz – que la mémoire des justes soit bénie – estimaient que tous les quartiers attachés à Jérusalem quant aux impôts versés à la municipalité, devaient lire la Méguila le 15 seulement. C’est l’instruction qu’ils donnèrent aux habitants de Ramot et de Har Nof. Et telle est l’opinion de Rabbi Chelomo Zalman Auerbach, qui ajoute que, à son avis, puisqu’il y a un érouv qui les réunit, ces quartiers forment avec la ville une même entité ; et ce serait le cas, dit-il, même s’ils étaient imposés par des municipalités différentes (Halikhot Chelomo 20, 8-9). De plus, ces décisionnaires s’appuient sur la majorité des Richonim, d’après lesquels, quand un quartier est proche et visible, on mesure sa distance depuis l’extrémité de la ville, extensivement comprise. Le Kaf Ha’haïm 688, 10 propose une nouvelle conception : selon lui, la mesure appelée mille est une mesure temporelle : le temps qu’il faut pour parcourir un mille. Le Rav Messas le cite à l’appui de sa démonstration. Notre maître le Rav Shapira ainsi que le Rav Mordekhaï Elyahou et le Rav Chaoul Israeli ont, eux aussi, en pratique, couvert de leur autorité la décision consistant à unir tous les quartiers de Jérusalem : dans tous, on lit la Méguila le 15, assortie de ses bénédictions (Miqraé Qodech du Rav Harari, chap. 5, 11, note 43).
Face à ces autorités, plusieurs grands décisionnaires soutiennent le principe selon lequel, depuis la muraille, on mesure un mille, même si tout l’espace intermédiaire est désert. Mais, à partir de l’agglomération bordant la ville, s’il se trouve un territoire vide de 141 amot et un tiers, cela constitue une interruption entre Jérusalem et le quartier considéré ; on doit donc y lire la Méguila le 14, avec ses bénédictions. C’est la position du Yabia’ Omer VII 58 et du Or lé-Tsion I 45. C’est aussi ce qu’écrivent le ‘Hazon Ich 153, 2-3 et le Miqraé Qodech du Rav Frank, chap. 23, qui donnent en revanche pour instruction de lire le 15 dans le quartier de Guivat Chaoul, bien que des centaines de mètres inhabités séparassent, à leur époque, ce quartier du reste de la ville. À ce qu’il semble, s’ils ont donné cette instruction, c’est parce que les habitants de ce quartier étaient dépendants, en toutes leurs affaires, de la ville. Le Min’hat Yits’haq VIII 62 donne pour directive de lire le 14 à Ramot. C’est aussi ce qu’on rapporte au nom du Rav Elyachiv. Cependant, après plusieurs années, quand le quartier de Ramot s’étendit davantage, le Rav Elyachiv revint sur son propos, et dit que l’on devait lire le 15 (bien qu’un territoire vide, de plus de 141 amot, séparât la ville de ce quartier). Cf. Torat Hamo’adim 6, 5-6, Pisqé Techouvot 688, 2-4, Hilkhot ‘Hag Be’hag 8, 9.
Une question, plus grande encore, s’est posée au sujet de Mévasseret Yerouchalaïm, agglomération qui, certes, est reliée à Jérusalem par un érouv, mais qui constitue une municipalité indépendante. Si l’on se place du point de vue de la seconde opinion, il est évident que l’on doit y faire la lecture le 14 ; et certains le font en pratique. Mais si l’on s’en tient au premier avis, il faut faire la lecture le 15, car, depuis une petite partie de la localité, on peut voir l’extrémité de Jérusalem, extensivement comprise ; et ses habitants, dans une certaine mesure, sont assimilés à ceux de Jérusalem. De plus, nous l’avons dit, un érouv les rassemble. C’est la directive donnée par le Rav Messas, et c’est aussi ce qu’ordonnait le Rav Ouri Cohen, directeur de Mérets, l’institut d’étude talmudique de cette localité. Cf. Ora’h Michpat 146, qui défendait une même position à l’égard du quartier de Baït Vegan, en 5680 (1919-1920) ; or Baït Vegan, à cette époque, était comme Mévasseret Yerouchalaïm de nos jours.
Entre les années 5708 (1947-48) et 5727 (1966-67), la Jérusalem antique était sous occupation jordanienne. La question suivante s’est donc posée : les Juifs habitant les quartiers hors-les-murs doivent-ils, même quand la vieille Ville entourée de muraille est vide de Juifs, fêter Pourim le 15 ? Selon le Massat Moché 2, 3 et le Birké Yossef, dans une telle situation, on doit lire le 14. Toutefois, selon le Gaon de Vilna, se fondant sur le Talmud de Jérusalem, on doit assurément lire le 15. C’est aussi l’opinion du Rachba et du Ritva, et tel était l’usage à Jérusalem. De plus, les auteurs défendant cette solution présentaient un autre argument : la Jérusalem de l’Antiquité était plus grande que la vieille Ville telle que nous la voyons aujourd’hui. C’est ce que concluent, en pratique, le Har Tsvi II 131 et le Miqraé Qodech du Rav Frank, chap. 25. On peut ajouter, croyons-nous, que toute la raison pour laquelle des Juifs vinrent s’installer dans la Jérusalem nouvelle était de se rapprocher de la Jérusalem antique et sanctifiée ; aussi leurs quartiers s’assimilèrent à elle à tous égards.