Pniné Halakha

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01. Ce qu’est une ville « entourée de murailles »

Comme nous l’avons vu (chap. 15 § 4), deux dates ont été fixées pour la fête de Pourim : dans la plupart des lieux, on fête Pourim le 14 adar ; dans les villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Josué, fils de Noun, ainsi qu’à Suse, capitale de l’ancien empire perse, Pourim se fête le 15 adar.

Il n’y a pas de différence, à cet égard, entre une ville de la terre d’Israël et une ville située en terre étrangère : toute ville qui était entourée de murailles à l’époque de Josué, bien que ses murailles puissent être à présent détruites, a le statut de ville fortifiée, « entourée de murailles » (‘ir mouqéfet ‘homa). Seule Suse, capitale de l’ancien empire perse, où se produisit le miracle, a même statut que les villes entourées de murailles, bien que, à l’époque de Josué, fils de Noun, la ville ne fût pas encore bâtie (Choul’han ‘Aroukh 688, 1)[1].

À l’époque où les membres de la Grande Assemblée (anché Knesset Haguedola) instituèrent les jours de Pourim, on trouvait de nombreuses villes, principalement en terre d’Israël, qui disposaient d’une tradition attestant que, à l’époque de Josué, des murailles les entouraient ; on y fêtait donc Pourim le 15. Cependant, les années – nombreuses – passant, ces villes furent détruites, et la tradition qu’elles avaient détenue se perdit. Il est certaines cités antiques qui, cela est connu, étaient fortifiées à l’époque de Josué ; par ailleurs, de nos jours encore, on peut trouver des villes portant le même nom que ces cités antiques, comme Lod, par exemple. Mais nous ne savons pas avec certitude si la ville d’aujourd’hui se trouve sur le site même où se dressait la cité, du temps de Josué, ou bien si la Lod contemporaine porte simplement le même nom que la cité ancienne, mais qu’elle se trouve en réalité sur une zone simplement proche.

Dans d’autres cas, une cité antique a été dépeuplée de ses Juifs, et la tradition s’est perdue à son égard, de sorte que l’on ignore si elle existait à l’époque de Josué. Dans d’autres cas encore, nous savons que la cité existait à cette époque, mais nous ignorons s’il s’y trouvait alors des murailles ; c’est le cas, par exemple d’Hébron. Il n’est qu’une ville pour laquelle une tradition claire a subsisté, attestant qu’elle était fortifiée à l’époque de Josué : c’est bien sûr Jérusalem, ville de notre sanctuaire et de notre gloire. C’est seulement en cette ville que, de nos jours, on fête Pourim le 15. Nous étudierons en premier lieu les règles applicables à Jérusalem, puis les règles afférentes aux villes pour lesquelles il existe un doute[2].


[1]. Selon le traité Méguila 3b, une ville entourée de murailles (‘ir mouqéfet ‘homa) est une ville où l’on avait d’abord construit les fortifications, et ensuite les habitations. La règle est la même si l’on a construit d’abord les habitations dans l’intention de fortifier la ville ensuite, par la construction de murailles. Mais si l’on a construit simplement la ville, et qu’on l’ait fortifiée ensuite, elle n’est pas considérée – à l’égard des lois de Pourim – comme ville entourée de murailles (Choul’han ‘Aroukh 688, 1). Le Talmud ajoute : « Une ville où ne se trouvent point dix batlanim (notables, littéralement désœuvrés), est traitée comme un village [c’est-à-dire une ville ouverte]. » Selon le Cheïltot et Na’hmanide, telle est la règle à l’égard de Pourim. Selon Maïmonide, Tossephot, le Roch et de nombreux autres Richonim, cette distinction n’est faite qu’à l’égard des autres règles applicables aux villes entourées de murailles, mais, pour ce qui concerne Pourim, il n’est pas nécessaires que soient présents dix notables ainsi qualifiés. C’est en ce sens que tranche le Choul’han ‘Aroukh 688, 1 ; cf. Michna Beroura 2.

Qu’appelle-t-on batlanim ? Selon Rachi, il s’agit de gens dégagés de leurs obligations professionnelles, et entretenus par la communauté afin qu’ils puissent participer assidument aux prières synagogales ; c’est aussi l’opinion du ‘Itour, de Maïmonide, du Nimouqé Yossef et d’autres. Selon Na’hmanide, le Rachba et le Ritva, il n’est pas nécessaire qu’ils soient affranchis de leur travail pour que ce titre s’applique à eux ; il suffit qu’ils assistent régulièrement aux offices de Cha’harit et d’Arvit, à la synagogue. Cf. Bérour Halakha 3b.

[2]. Selon les responsa Divré Yossef du Rav Yossef Schwartz, chap. 2, ce n’est qu’à l’égard de Jérusalem que l’on sait avec certitude que la ville était entourée de murailles à l’époque de Josué. En effet, le Radbaz 2, 681 estime, par exemple, qu’Hébron n’était pas fortifiée (cf. revue Te’houmin 1, pp. 122-123), tandis que le ‘Hida écrit que l’on y avait coutume de lire également la Méguila le 15 (Kaf Ha’haïm 688, 17). Le traité Méguila 4a explique que Lod était fortifiée, mais il n’est pas sûr que la Lod contemporaine se trouve au même emplacement que la ville antique ; aussi, son statut est-il douteux, comme l’écrit le Yabia’ Omer VII 60. S’agissant de Tibériade, selon Méguila 5a, le cas est douteux, car un côté de la ville n’était pas entouré, si ce n’est pas le lac. Même si des vestiges de muraille antique, datant de Josué, se trouvaient dans une ville, il ne serait pas certain que cette ville avait été construite dans l’intention d’y bâtir des fortifications ; or ce n’est que dans ce cas qu’une ville est considérée comme fortifiée, au sens des lois de Pourim.

La thèse proposée par le Rav Chaoul Israeli – que la mémoire du juste soit bénie – est que, si les murailles ont été recouvertes de terre, et que, de nos jours, les habitations ont été construites au-dessus de la hauteur des murailles, il n’y a pas lieu de considérer ces habitations comme étant établies sur le site d’une cité entourée de murailles ; cet avis est rapporté dans Te’houmin 1, p. 126. Cf. cet article, qui traite longuement de la ville de Béthel, située à environ un kilomètre du site des fouilles de la Béthel antique ; p. 128, le même article indique que, selon le Rav Deblitsky, s’appuyant sur le Igrot Reïya 423, il ne faut pas trancher la halakha d’après des découvertes archéologiques ; puis, p. 130, la décision de notre père et maître, d’après laquelle, dans la moderne ville de Béthel, on fêtera Pourim le 14 uniquement.

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