Pniné Halakha

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23. Calcul de la mesure d’un kazaït, pour l’accomplissement de la mitsva au sens toranique

À la suite des différents exils, un doute est apparu quant à ce qu’est exactement la mesure de kazaït. Selon Maïmonide, c’est un peu moins du volume du tiers d’un œuf. Selon les tossaphistes, c’est l’équivalent du volume de la moitié d’un œuf. En pratique, dans le doute, on a l’usage d’être rigoureux, et de suivre l’avis des tossaphistes : la mesure d’un kazaït équivaut au volume de la moitié d’un œuf. On a mesuré le volume de la moitié d’un œuf, et l’on a trouvé que cela correspondait au tiers d’une matsa faite à la machine ; quand on prend des matsot dures (kachot) faites main[o], matsot dont l’épaisseur est équivalente à celle des matsot faites à la machine, le kazaït fera une semblable taille : l’équivalent du tiers d’une matsa faite à la machine.

Ce que nous venons d’indiquer est admis par tous les décisionnaires séfarades et par une majorité de décisionnaires ashkénazes. Mais l’un des plus grands A’haronim ashkénazes, l’auteur du Noda’ Biyehouda[p], se fondant sur des calculs qu’il a effectués, a conclu que les œufs, de nos jours, sont bien plus petits que jadis : de nos jours, estime-t-il, leur volume est environ de moitié plus petit qu’à l’époque talmudique. Dès lors, la mesure de kazaït ne correspond plus à la moitié d’un de nos œufs, mais bien à un œuf entier. L’auteur du ‘Hazon Ich approuve cette estimation. De sorte que, si l’on s’en tient à la mesure dite « ‘Hazon Ich », il faut, pour accomplir la mitsva au sens toranique, manger une quantité de matsa équivalente au volume d’un œuf. Or, bien qu’en général on ait l’usage de trancher la halakha suivant les mesures communément admises, et de ne pas tenir compte des estimations faites par le ‘Hazon Ich, il convient, a priori, s’agissant de la mitsva de consommer la matsa – mitsva toranique –, d’être quitte selon tous les avis, et de manger, au début du repas, un kazaït de matsa conforme à la mesure dite ‘Hazon Ich, ce qui correspond à deux tiers de matsa faite à la machine.

Cependant, il n’y a pas là une si grande rigueur. En effet, nous avons pour coutume, en tout état de cause, de manger, dès le début du repas, deux kazaït : l’un au titre de la bénédiction Hamotsi, l’autre au titre de la bénédiction ‘Al akhilat matsa (Choul’han ‘Aroukh 475, 1). Si bien que, en mangeant ces deux kazaït, on parvient à la mesure d’un kazaït tel que le ‘Hazon Ich l’évalue, de sorte que l’on accomplit la mitsva toranique[q] conformément à tous les avis.

Celui à qui il est difficile de manger l’équivalent de deux-tiers de matsa faite à la machine pourra manger l’équivalent d’un tiers. En effet, suivant la mesure communément admise, le tiers d’une matsa représente un kazaït[r] ; on dira, même en ce cas, la bénédiction ‘Al akhilat matsa. La coutume est en effet si forte et si bien établie, faisant de ladite quantité la mesure admise, que ce cas n’est pas considéré comme un cas douteux, qui justifierait l’annulation de la seconde bénédiction[20].


[o]. Il existe aussi des matsot « tendres » (rakot) faites main, pour lesquelles l’évaluation d’un kazaït se fait différemment, puisqu’elles sont plus épaisses.

[p]. Rabbi Ye’hezkel Landau (1713-1793).

[q]. Laquelle n’impose, rappelons-le, que de manger un kazaït.

[r]. Et, comme nous le verrons à la fin de la note 20, la majorité des Richonim n’exigent pas qu’il soit mangé deux kazaït, au début du repas, mais un seul.

[20]. La mesure de kazaït est un assez long sujet, que nous exposons dans le volume de Pniné Halakha consacré aux Bénédictions, chap. 10, 5-6, ainsi que dans le volume d’approfondissement de l’édition hébraïque. En voici le résumé : le Choul’han ‘Aroukh 486, 1 adopte, en matière de consommation de la matsa, la position de Tossephot, selon laquelle un kazaït équivaut à la moitié du volume d’un œuf. Selon le Choul’han ‘Aroukh Harav 486, 1, s’agissant d’une mitsva de rang toranique, il faut être rigoureux, et adopter le point de vue de Tossephot ; mais, pour une mitsva de rang rabbinique, telle que le ‘érouv tavchilin [c’est-à-dire pour la quantité de matsa à prévoir pour le ‘érouv tavchilin dans le cas où Chabbat suit immédiatement Yom tov], on est indulgent, conformément à la position de Maïmonide, pour qui un kazaït est un peu moins du volume du tiers d’un œuf.

Selon le Michna Beroura 486, 1, il est un autre cas où l’on doit être rigoureux et adopter la position de Tossephot : c’est celui où une bénédiction doit être dite – par exemple, la bénédiction finale sur la consommation d’un kazaït – puisque, en cas de doute portant sur une bénédiction, on devrait s’abstenir de réciter celle-ci. En effet, a priori, il ne convient pas d’entrer dans un cas douteux. Quels sont donc les cas non douteux ? Celui où l’on mange moins du tiers du volume d’un œuf, car alors tout le monde s’accorde à dire que l’on ne devra pas réciter de bénédiction finale ; et celui où l’on mange plus de la moitié du volume d’un œuf, car en ce cas on sera, de l’avis de tous, tenu de réciter la bénédiction finale.

Par conséquent, s’agissant du kazaït de matsa que la Torah prescrit de manger au séder, il faut adopter la position rigoureuse de Tossephot. De même, pour la consommation du maror, puisque celle-ci fait l’objet d’une bénédiction. Tandis que, s’agissant du kazaït du korekh, ou celui de l’afikoman, on pourra adopter la position indulgente de Maïmonide. C’est l’opinion du Michna Beroura 486, 1.

Le système du Noda’ Biyehouda est expliqué par le Béour Halakha 271, 13. Le Michna Beroura 486, 1 indique, d’après le Cha’aré Techouva, qu’en ce qui concerne les mitsvot de rang toranique il convient d’être rigoureux, et de tenir compte du Noda’ Biyehouda ; de même s’il s’agit de mitsvot dont le fondement est toranique, comme le Qidouch. Mais pour les mitsvot rabbiniques, comme les quatre coupes, il n’y pas lieu d’adopter la position rigoureuse du Noda’ Biyehouda. Même en matière de bénédiction finale, le Michna Beroura soutient qu’il n’est pas nécessaire de tenir compte de l’avis du Noda’ Biyehouda : on dira la bénédiction finale dès lors que l’on aura mangé le volume de la moitié d’un œuf, comme le disent Tossephot. La coutume séfarade est de ne tenir compte en rien de la position du Noda’ Biyehouda, car la tradition des mesures s’est poursuivie dans les pays proches de la terre d’Israël, de manière ininterrompue.

On trouve deux manières de comprendre la position du Noda’ Biyehouda – selon lequel un kazaït, suivant Tossephot, correspond au volume d’un œuf de notre temps. Selon le Michna Beroura, ce que vise le Noda’ Biyehouda est un œuf avec sa coquille, et l’air que celle-ci renferme. Selon le ‘Hazon Ich, il s’agit d’un œuf sans sa coquille. La différence entre les deux avis est d’environ dix pour cent.

Toutes ces mesures sont des mesures de volume. Ce n’est que lorsqu’il y a de grands vides que l’on peut « compresser » ceux-ci afin d’en estimer la mesure ; mais la texture naturelle de la nourriture ne doit pas être compressée. Aussi, dans certains cas, la mesure d’un kazaït pèse plus que dans d’autres : tout dépend de la densité de l’aliment, comme l’explique le Michna Beroura 486, 3 (cf. Pniné Halakha, Bénédictions 10, 6).

Selon les estimations, la mesure de kazaït selon Tossephot – qui est, pour la majorité des décisionnaires, de la moitié du volume d’un de nos œufs –, représente tout au plus le tiers d’une matsa faite à la machine. Si l’on double les mesures pour se conformer à l’avis du Noda’ Biyehouda – selon la compréhension rigoureuse qu’en a le Michna Beroura –, le kazaït représente donc le volume d’un œuf entier d’aujourd’hui, avec sa coquille ; on arrive ainsi à près de deux tiers de matsa faite à la machine. Tandis que, selon le ‘Hazon Ich, il faut manger un peu plus de la moitié d’une matsa faite à la machine. En tout état de cause, si l’on mange l’équivalent de deux-tiers de matsa faite à la machine, on est quitte, suivant tous les modes de calcul, d’après la position la plus rigoureuse (le poids de la matsa faite à la machine est d’environ trente-trois grammes).

On mange deux kazaït après les bénédictions, comme l’écrit le Choul’han ‘Aroukh 475, 1, qui se base sur le Roch et sur le Mordekhi : un kazaït de la matsa du dessus, qui est entière, correspondant à la bénédiction Hamotsi, un autre, pris dans la matsa médiane, brisée, au titre de la bénédiction ‘Al akhilat matsa. Il est vrai que le Béour Halakha s’étonne de cette exigence, car les autres Richonim n’ont pas prescrit de manger, après avoir récité les bénédictions, deux kazaït. Mais telle est la coutume, conforme à ce qu’a tranché le Choul’han ‘Aroukh. Toutefois, il n’est pas nécessaire d’adopter une position rigoureuse quant à la mesure de ces deux kazaït. Aussi, dès lors que l’on a mangé un seul kazaït tel que le conçoit le Noda’ Biyehouda, on a par-là même mangé deux kazaït tel qu’on les mesure communément en se fondant sur Tossephot, et plus de trois kazaït suivant l’avis de Maïmonide.

Celui à qui il est difficile de manger l’équivalent de deux tiers de matsa faite à la machine pourra, au lieu de cela, en manger l’équivalent d’un tiers seulement. Même dans ce cas, il pourra dire la bénédiction ‘Al akhilat matsa. Nous avons vu, en effet, que l’on tient essentiellement compte de la mesure communément admise [1 kazaït = ½ œuf = ⅓ de matsa faite à la machine] ; même en matière de bénédiction finale, on ne tient pas compte de la mesure dite « ‘Hazon Ich » (en dehors des disciples du ‘Hazon Ich eux-mêmes). Quant au fait même de manger deux kazaït après les bénédictions, nous avons vu que cette exigence n’est pas partagée par tous les Richonim. De plus, avec le tiers d’une matsa faite mécaniquement, on parvient à près de deux kazaït si l’on s’en tient à l’opinion de Maïmonide, et à bien plus encore d’après les Guéonim. On prendra donc l’équivalent d’un tiers de matsa, dont une partie sera prise dans la matsa entière, la matsa supérieure, et une autre partie dans la matsa brisée, celle du milieu.

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