Pniné Halakha

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37. S’il est permis de boire du café ou du jus de fruit après la fin du séder

Nous l’avons vu, les sages ont prescrit de manger, à la fin du séder, l’afikoman, en souvenir du sacrifice pascal que l’on consommait une fois rassasié. Et de même qu’il était interdit, après avoir mangé de la viande du sacrifice pascal, de manger autre chose, cela afin que le goût nous en restât en bouche, de même les sages interdirent-ils de manger après l’afikoman[34].

De même, il est alors interdit de boire du vin, ce pour différentes raisons : si l’on n’a pas terminé la récitation de la Haggada, il est à craindre que l’on ne soit gris, et que l’on ne puisse terminer convenablement la lecture du Hallel. De plus, en buvant une coupe de vin supplémentaire, on semblerait ajouter aux coupes prescrites par les sages.

Même après l’achèvement du séder, il reste interdit de boire du vin, car il y a alors une mitsva de se livrer à l’étude des lois de Pessa’h, et de la sortie d’Egypte, jusqu’à ce que le sommeil nous gagne. Or, si l’on buvait du vin, ou quelque autre boisson alcoolisée, on ne pourrait étudier (Rabbénou Yona, Roch). De plus, si l’on buvait d’autres coupes de vin, et quoique le séder soit déjà terminé, il serait encore à craindre que l’on paraisse ajouter au nombre des coupes décrété par nos sages, ou que l’on paraisse amorcer un second « séder »et recommencer la série des quatre coupes (Na’hmanide, Ran).

Il est même interdit, selon plusieurs décisionnaires, de boire du café ou du jus de fruit après l’afikoman car, selon eux, tout aliment, toute boisson qui a du goût, atténue le goût de la matsa en notre bouche. Et de même qu’il est interdit de manger après l’afikoman, de même est-il interdit de consommer, après l’afikoman, une boisson qui ait du goût. Il est vrai que l’on boit encore deux coupes de vin après l’afikoman ; mais puisqu’elles font partie de la mitsva des quatre coupes, elles ne sont pas considérées comme facteur d’atténuation du goût de la mitsva. Selon cette opinion, il est seulement permis de boire de l’eau, après l’achèvement du séder.

Mais face à ces décisionnaires, de nombreux autres estiment qu’il est permis de boire du café ou du jus de fruit, car seul ce qui se mange est considéré comme susceptible d’atténuer le goût de l’afikoman ; la boisson, en revanche, n’est pas incluse dans l’interdit.

En pratique, ceux qui veulent boire du café ou du jus de fruit après l’achèvement du séder y sont autorisés, puisque telle est l’opinion de la majorité des décisionnaires. Mais a priori, il est bon d’être rigoureux, en s’abstenant de boire quelque autre boisson que de l’eau. Si la raison pour laquelle on veut boire du café est de pouvoir poursuivre son étude des lois de Pessa’h, ou du thème de la sortie d’Egypte, on pourra en boire, même a priori[35].


[34]. Si, par mégarde, on a mangé après l’afikoman, on devra, tant que l’on n’a pas récité le Birkat hamazon, remanger un kazaït de matsa chemoura au titre de l’afikoman (Michna Beroura 478, 1). Si l’on a déjà dit le Birkat hamazon, il ne sera pas nécessaire de répéter l’ablution des mains suivie de la consommation de l’afikoman (Michna Beroura 477, 12).

[35]. Selon le Maor et d’autres Richonim, une fois le séder terminé, il est permis de boire du vin, même si l’on devient gris. Le Mordekhi et le Hagahot Maïmoniot, par contre, citent une opinion selon laquelle il est interdit de boire, même de l’eau. La majorité des Richonim estiment que l’interdit porte sur le vin et sur les autres boissons alcoolisées (‘hémar médina, « boissons du pays »), de crainte de se griser et de ne pouvoir poursuivre son étude des questions relatives à Pessa’h (Roch), et de crainte de sembler ajouter au nombre des coupes (Na’hmanide). Certains décisionnaires tranchent conformément au Rif et au Mahari Weil, qui pensent que seule l’eau est autorisée, car elle n’a guère de goût, de sorte qu’elle n’atténue pas le goût de l’afikoman. C’est la position du Knesset Haguedola et du Maamar Mordekhaï, qui interdisent de boire du café ou quelque autre jus après le séder.

Face à eux, certains A’haronim estiment que, de l’avis même du Mahari Weil, une boisson possédant un goût léger est permise, l’interdit ne portant que sur une boisson au goût fort. C’est ce qu’écrit le Maguen Avraham 481, 1. Quant au fait de savoir quel serait, d’après cette opinion, le statut du café, la question mérite approfondissement. Quoi qu’il en soit, selon la majorité des Richonim, il est permis de boire du café et des jus, car ceux-ci ne grisent pas, et ils ne paraissent pas non plus ajouter au nombre des coupes prescrites par les sages. On rapporte que le ‘Hatam Sofer buvait du café, chaque année après le séder. Le Choul’han ‘Aroukh Harav 481, 1, le Michna Beroura 481, 1 et le Ben Ich ‘Haï, Tsav 35 écrivent que l’on doit, a priori, être rigoureux et s’abstenir de boire du café ou un jus possédant un goût ; mais ils le permettent en cas de grande nécessité. Il semble que, pour ceux que le café aide à étudier la Torah, il soit bon, a priori, d’en prendre.

Selon le ‘Hoq Ya’aqov 481, 1, puisque le motif essentiel de l’interdit de boire une boisson alcoolisée est d’éviter que le sommeil nous gagne, il devient permis, après avoir été gagné par le sommeil, de prendre toute boisson. Plusieurs A’haronim citent ses paroles. Le Choul’han ‘Aroukh Harav 481, 1 le cite également, et ajoute que, d’après ceux qui interdisent les boissons parce qu’elles atténuent le goût de l’afikoman, l’interdit dure nécessairement toute la nuit. D’après cela, il est certain que manger est interdit toute la nuit, car manger atténue, selon tous les avis, le goût de l’afikoman. En cas de nécessité pressante, on pourra cependant être indulgent, en se fondant sur le raisonnement du Avné Nézer, Ora’h ‘Haïm 381, qui pense que, selon Rabbi Eléazar ben ‘Azaria – pour qui l’heure limite de consommation du sacrifice pascal est le milieu de la nuit (‘hatsot) –, l’interdit de manger après l’afikoman ne s’étend que jusqu’à ‘hatsot. En cas de nécessité pressante, puisqu’il s’agit d’une règle de rang rabbinique, on pourra s’appuyer sur l’explication que donne le Avné Nézer de l’opinion de Rabbi Eléazar ben ‘Azaria, et manger après ‘hatsot.

Si l’on veut boire de l’eau entre la troisième coupe et la quatrième : suivant la coutume séfarade, selon laquelle on ne récite pas de bénédiction initiale sur la quatrième coupe, la bénédiction Haguéfen dite sur la troisième couvre toutes les boissons. Par conséquent, si l’eau était devant soi, ou qu’on ait eu l’intention d’en boire, il n’est pas nécessaire de réciter, sur l’eau, la bénédiction Chéhakol. Suivant la coutume ashkénaze, selon laquelle la bénédiction initiale dite sur la troisième coupe ne couvre pas la quatrième, il faudra, dès lors que l’on aura versé la quatrième, réciter Chéhakol sur la consommation de l’eau, même si celle-ci se trouvait devant soi ; en effet, on a déjà détourné son esprit de la bénédiction Haguéfen dite sur la troisième coupe.

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