Depuis le midi solaire, on doit prendre garde d’oublier la prière de Min’ha ; il ne faut donc pas commencer un grand repas avant de faire cette prière. Ce qu’on appelle « grand repas » est un repas où s’attablent de nombreux convives, tel qu’un repas donné à l’occasion d’une circoncision, des sept jours de festin à la suite d’un mariage, ou du rachat d’un premier-né. En revanche, un repas de Chabbat n’est pas considéré comme un « grand repas ». En cas d’urgence, on peut commencer un grand repas avant de faire la prière de Min’ha, à condition qu’il soit clair que les convives pourront terminer leur repas avant l’expiration du temps de Min’ha ; de même devra-t-on se rappeler mutuellement de prier après le repas.
Depuis la demi-heure précédant Min’ha qétana, environ trois heures avant le coucher du soleil, on ne commence pas à prendre un petit repas si l’on n’a pas encore dit la prière de Min’ha. Mais s’il se trouve à cet endroit une personne qui puisse nous rappeler qu’il est temps de prier, prendre ce petit repas devient autorisé. On peut programmer un réveil afin que celui-ci sonne à l’heure où l’on doit se disposer à la prière, ce qui peut efficacement remplacer le rappel humain. Il faut toutefois exiger de soi-même que, dès l’instant où la sonnerie retentit, on arrête son repas et l’on aille prier (Rama 232, 2, Béour Halakha, passage commençant par Véyech, Halikhot Chelomo 2, 12).
Certains s’efforcent a priori de ne pas manger, même un petit repas, après le midi solaire tant qu’ils n’ont pas fait la prière de Min’ha. Aussi a-t-on l’usage, dans de nombreuses académies talmudiques (yéchivot), d’avancer l’office de Min’ha à la mi-journée, afin que l’on puisse déjeuner en se conformant à tous les avis[8].
En cas d’urgence, on peut être indulgent et prendre son déjeuner habituel au cours des trois heures qui précèdent le coucher du soleil, même quand il n’y a ni ami ni réveil pour rappeler l’heure de la prière. Cela, à condition que l’on ait l’habitude de prier au sein d’un minyan régulier, suivant le raisonnement du ‘Aroukh Hachoul’han 232, 16 ; c’est aussi ce que pense Rabbénou Yerou’ham (cité par Michna Beroura 232, 26).