Comme nous l’avons vu, c’est une mitsva que d’apporter à la pratique un supplément de perfection et de beauté, comme il est dit : « C’est mon Dieu et je le magnifierai » (Ex 15, 2), ce que les sages traduisent en pratique : « Pare-toi devant Lui dans l’accomplissement des commandements. Fais en son honneur une belle souka, choisis un beau loulav, un beau chofar, de beaux tsitsit, un beau rouleau de la Torah, où le texte sera écrit en son nom avec une belle encre et avec une bonne plume, par un scribe artiste, et enveloppe-le de belle et fine soie » (Chabbat 133b). De même, nous voyons que Dieu a agréé l’offrande d’Abel, qui lui avait sacrifié des premiers-nés de son troupeau et de leurs graisses, tandis que l’offrande de Caïn, qui limita son don et apporta des fruits de la terre de qualité rudimentaire, ne futs pas agréée (Gn 4, 3-5, Maïmonide, Issouré Mizbéa’h 7, 10-11).
Nos sages disent que la mitsva du hidour (embellissement, perfectionnement) requiert d’ajouter le tiers du coût de la mitsva (Baba Qama 9a). Si, par exemple, on trouve au marché des loulavim cachères à différents prix, la mitsva du hidour consistera à ajouter un tiers au prix du loulav le plus simple, afin d’acheter un loulav plus beau. Celui qui souhaite porter plus haut l’embellissement de la mitsva, en ajoutant plus du tiers afin d’acheter un loulav supérieur encore, le Saint béni soit-Il le rétribuera pour cela. Ce qui vient d’être dit vaut à condition que ce supplément de hidour, au-delà du tiers, ne vienne pas au détriment d’autres mitsvot, prioritaires par leur importance, ni au détriment du paiement de ses dettes et des dépenses nécessaires à son foyer.
Si donc on se voit proposer trois possibilités : un set de quatre espèces à soixante shekels, un autre, plus beau, à quatre-vingts shekels, et un autre, encore plus beau, à cent shekels, la mitsva du hidour obligera à ajouter un tiers au prix de base, de sorte qu’on prendra le set à quatre-vingt shekels. Et celui qui veut porter plus haut l’embellissement de la mitsva en achetant le set à cent shekels, le Saint béni soit-Il lui paiera sa rétribution.
Tout ce que nous venons de dire concerne l’homme ordinaire ; mais si l’on est dans la gêne, on n’est point soumis à la mitsva d’ajouter un tiers au prix de base (Yam Chel Chelomo, Maguen Avraham, Michna Beroura 656, 6). À l’inverse, si l’on jouit de la richesse, il convient d’embellir la mitsva au-delà d’un tiers supplémentaire. En particulier, si l’on a l’habitude constante d’acheter de beaux vêtements et de beaux meubles pour lesquels on est prêt à payer plusieurs fois le prix ordinaire, on sera tenu d’embellir plus encore l’accomplissement de la mitsva, dans une proportion au moins semblable à ce que l’on ajoute pour ses besoins profanes[9].
Si l’on a déjà acheté quatre espèces de qualité ordinaire, la mitsva du hidour n’oblige à en acheter d’autres, plus chères du tiers, que dans le cas où l’on trouve une personne prête à racheter le premier set. Car si l’on exigeait d’en acheter d’autres, sans avoir trouvé d’acquéreur pour les premières, c’est plus d’un supplément du tiers qu’on ferait en pratique (Gaon de Vilna, d’après le Talmud de Jérusalem ; Michna Beroura 5, Cha’ar Hatsioun 2).