Pniné Halakha

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04. La coutume des cent sonneries

C’est une coutume très ancienne, attestée dès l’époque des Guéonim, que de faire entendre cent sonneries. À l’époque des Richonim, la majorité des communautés n’avaient pas adopté cet usage : on faisait entendre trente sonneries[g] à l’assemblée assise, avant Moussaf, puis, à Moussaf même, on faisait entendre dix sonneries dans certaines communautés, et dans d’autres trente. À l’époque des A’haronim, sous l’influence de Rabbi Isaac Louria – qui a formulé des kavanot (pensées à entretenir pendant que l’on entend le chofar) conformes à l’enseignement de la mystique juive, cela pour cent sonneries –, la coutume se répandit dans toutes les communautés juives de produire cent sonneries en tout ; au point que, de nos jours, on a coutume de produire cent sonneries dans presque toutes les communautés[2].

Les cent sonneries sont ainsi ordonnancées : pendant les « sonneries que l’on fait assis », avant la prière de Moussaf, on produit trente sonneries, réparties en trois fois tachrat, trois fois tachat, trois fois tarat. On exécute encore trente sonneries lors de la répétition de la ‘Amida de Moussaf ; elles s’ordonnancent ainsi : à la suite de la bénédiction des Malkhouyot, dix sonneries, que sont tachrat, tachat, tarat ; même chose après la bénédiction des Zikhronot, et même chose après celle des Chofarot.

S’agissant de la ‘Amida de Moussaf dite à voix basse, les usages divergent : certains ont coutume de sonner y compris à ce moment, de même que l’on sonne pendant la répétition de la ‘Amida ; la raison en est que, lorsque la sonnerie du chofar se mêle à la prière, l’une et l’autre sont davantage agréées. Tel est l’usage des Séfarades et des Hassidim. Pour ceux qui partagent cet usage, c’est le sonneur (le toqéa’) qui fixe le rythme de la prière, et les fidèles s’efforcent de prier au même rythme que lui, afin d’écouter les différentes sonneries à l’endroit propre à chacune d’entre elles, en conclusion des trois bénédictions centrales. À cette fin, le toqéa’ doit prier à un rythme modéré et constant ; et le fidèle qui termine une bénédiction avant le toqéa’ fera bien d’attendre, avant de poursuivre, que le toqéa’ fasse entendre le chofar. Quoi qu’il en soit, ceux qui veulent prier plus vite ou plus lentement y sont autorisés ; ils diront alors Hayom harat ‘olam (« Aujourd’hui est la naissance du monde… ») en conclusion de chacune des trois bénédictions centrales ; et, lorsqu’ils entendront le chofar, ils s’interrompront pour l’écouter, bien qu’ils se trouvent au milieu de quelque autre bénédiction, puis ils poursuivront leur prière (cf. Maté Ephraïm 591, 13).

D’autres ont coutume de ne pas faire entendre le chofar au moment de la ‘Amida à voix basse, car, selon eux, la directive consiste essentiellement à sonner du chofar pendant la prière de la communauté elle-même, c’est-à-dire pendant la répétition de l’officiant. De plus, la nécessité d’ajuster le rythme de la prière aux sonneries successives risque de perturber la concentration des fidèles, leur kavana. Telle est la coutume ashkénaze[3].

Pour ceux qui ont coutume de sonner également pendant la ‘Amida dite à voix basse, on aura donc produit, jusqu’à la fin de la répétition de l’officiant incluse, quatre-vingt-dix sonneries. On y ajoute dix sonneries au moment du Qaddich Titqabal.

Pour ceux qui n’ont pas coutume de sonner pendant la ‘Amida dite à voix basse, il manque encore quarante sonneries après l’achèvement de la répétition de l’officiant : on en fait trente après ‘Alénou léchabéa’h, et dix encore après le cantique An’im zémirot (Michna Beroura 592, 4).


[g]. Cf. § 2 ci-dessus.

[2]. On recense quatre coutumes, à l’époque des Richonim, quant à l’ordonnancement des sonneries dans la prière de Moussaf : 1) Pendant la bénédiction des Malkhouyot, on sonne suivant le modèle de tachrat ; pendant celle des Zikhronot, suivant le modèle tachat ; pendant celle des Chofarot, tarat (Rif, Maïmonide, Tossephot sur Roch Hachana 33b, Roch, première opinion exposée en Choul’han ‘Aroukh 592, 1). C’est la coutume des Yéménites et de quelques communautés ashkénazes. 2) Pour chacune de ces trois bénédictions, on sonne selon l’ordre tachrat (Rabbénou Tam en Tossephot sur Roch Hachana 33b, Rama 592, 1). L’objection que l’on peut soulever contre ces deux opinions, c’est que la sonnerie essentielle est celle qui se fait debout, pendant la ‘Amida de Moussaf ; or nous avons vu que, en raison du doute qui repose sur l’exacte manière d’exécuter la terou’a, il faut produire trois fois chacun des modèles de sonnerie. Rabbénou Hananel explique, en se fondant sur l’opinion de Rav Haï Gaon, que, si l’on s’en tient à la seule obligation toranique, on peut, même de nos jours, s’acquitter de son obligation par l’une quelconque des trois séries de sonneries. Le Rif et Maïmonide expliquent que, après avoir sonné selon les trois méthodes devant l’assemblée assise, et avoir ainsi accompli la mitsva selon la Torah, il n’est plus nécessaire de lasser le public en suivant chacune des trois méthodes pendant les sonneries écoutées debout (cité par Beit Yossef 590, 2). 3) On sonne trois fois tachrat pendant les Malkhouyot, trois fois tachat pendant les Zikhronot, et trois fois tarat pendant les Chofarot (selon le Choul’han ‘Aroukh 592, 1, telle est la coutume). 4) La coutume aujourd’hui répandue consiste à sonner tachrat – tachat – tarat après chacune des trois bénédictions. Cela, parce que nous voulons sonner, à chaque bénédiction, selon chacune des séries en usage. Telle est l’opinion du ‘Aroukh, du Riaz et du Radbaz.

L’usage de produire cent sonneries est mentionné par le ‘Aroukh au nom du Talmud de Jérusalem (signe 272), et cité par Tossephot sur Roch Hachana 33b, ainsi que par le Raavia et le Chibolé Haléqet. Rabbi Isaac Louria a conçu ses kavanot en fonction de ce modèle, comme l’écrit le Chné Lou’hot Habrit.

[3]. Selon la coutume ashkénaze, on ne sonne pas du chofar pendant la ‘Amida dite à voix basse ; c’est ce qu’écrivent le Maguen Avraham, le Michna Beroura 592, 1, le Avné Nézer, Ora’h ‘Haïm 445. Cela, afin de ne pas introduire de confusion chez les fidèles, dont certains sont lents et d’autres rapides. Bien entendu, selon la coutume des Guéonim (Rav Cherira et Rav Haï), pour lesquels la prière dite à voix basse ne comprend que sept bénédictions, on ne sonnait pas non plus du chofar pendant la prière dite à voix basse. Et même si l’on se réfère à ce que tranchèrent Rabbi Yits’haq Ibn Ghiyat, le Tour et le Choul’han ‘Aroukh 591, 1, d’après lesquels la ‘Amida dite à voix basse comporte neuf bénédictions, nombreux sont ceux qui n’ont point l’usage de sonner pendant ladite ‘Amida, comme l’explique le Choul’han ‘Aroukh 592, 1-2. Le Radbaz et le Knesset Haguedola s’expriment en ce sens. En revanche, conformément au ‘Aroukh et à ceux qui partagent son avis – d’après lesquels on produit cent sonneries –, nombreux sont ceux qui sonnent du chofar également pendant la ‘Amida dite à voix basse. Et tel est l’usage si l’on se réfère aux kavanot de Rabbi Isaac Louria, et au Chné Lou’hot Habrit. Tel est l’usage séfarade et hassidique.

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