Puisque l’on a pris l’usage, durant la période de l’omer, de ne pas organiser de réunions trop joyeuses, les A’haronim écrivent qu’il faut interdire, à ce titre, les rondes et danses facultatives (par opposition aux danses faites à l’occasion d’une mitsva ; Maguen Avraham 493, 1). De même, on a coutume d’interdire de jouer des instruments de musique et de les écouter.
Suivant la coutume séfarade, quoique les jours de deuil se poursuivent jusqu’au trente-quatrième jour au matin, il est permis, à Lag ba’omer, en l’honneur de la hiloula de Rabbi Chimon bar Yo’haï, de jouer de la musique et de danser. Après Lag ba’omer, l’interdit reprend dans la nuit du trente-quatrième jour, puis, dès après le commencement de la matinée, les usages de deuil prennent fin.
Suivant la coutume ashkénaze, l’interdit court jusqu’à l’expiration du trente-deuxième jour de l’omer ; et dès le début de Lag ba’omer, il devient permis de jouer de la musique, de danser et de se réjouir en l’honneur de la hiloula de Rabbi Chimon bar Yo’haï. Après cela, la coutume observée par la majorité des Ashkénazes est de s’abstenir, jusqu’à Chavou’ot, d’organiser de grandes réunions joyeuses, telles qu’une réception donnée pour la clôture de l’étude d’un traité talmudique, si cette réunion prend un caractère festif, ou de joyeuses soirées de danse. Il est en revanche permis de jouer ou d’écouter des instruments de musique. Un groupe d’aérobic, dont le propos essentiel est l’entraînement gymnastique, peut tenir ses séances, même avant Lag ba’omer. Mais on s’efforcera d’atténuer le volume sonore de la musique, afin qu’il soit reconnaissable que le propos est ici de s’entraîner et non de se réjouir[10].
À ‘Hol hamo’ed, jours intermédiaires de la fête de Pessa’h, on a coutume de jouer de la musique et de danser, car c’est une mitsva que de se réjouir à ‘Hol hamo’ed (Michna Beroura 529, 16 ; cf. Pisqé Techouvot 493, 6). Simplement, on ne célèbre pas de mariage à ‘Hol hamo’ed, car nous avons pour principe halakhique que l’on ne mélange pas une joie à une autre (Choul’han ‘Aroukh, Ora’h ‘Haïm 546, 1). De même, si nos sages ont interdit de se couper les cheveux à ‘Hol hamo’ed, c’est afin qu’on se les fasse couper avant la fête (ibid. 531, 2).
Il est permis à un Juif qui tire sa subsistance de la pratique instrumentale de jouer de son instrument dans le cadre de fêtes des non-Juifs, pour les besoins de sa subsistance. De même, il est permis d’apprendre et d’enseigner son instrument, durant l’omer, puisque cet apprentissage n’est pas source de joie (Sidour Pessa’h Kehilkhato 12, 16 ; cf. Pisqé Techouvot 493, 4). Mais si l’élève n’a de toute façon pas l’habitude d’étudier son instrument de façon continue tout au long de l’année, il sera bon, si possible, de programmer les vacances de cette activité pendant le deuil de l’omer. Si l’on ne prévoit qu’une seule période de pause au cours de l’année, il sera préférable de la programmer pendant les trois semaines (cf. ci-après chap. 8 § 2).
La distinction entre grande réunion joyeuse et réunion joyeuse ordinaire n’est pas très définie. Les soirées de danse sont considérées comme de grandes réunions joyeuses, de même qu’une clôture de traité talmudique, quand elle prend un caractère festif. Quand la chose est douteuse, on pourra être indulgent si l’on associe au thème de la réunion la clôture d’un traité, ou quelque autre mitsva.
Suivant les coutumes séfarades, tout est permis ; quand, parmi le groupe, se trouvent de nombreux Séfarades, on pourra tendre à l’indulgence, conformément à leur tradition. Malgré cela, il sera bon d’associer à la réunion une clôture de traité ou quelque autre mitsva.